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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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commence à être abordée à l’occasion <strong>de</strong> fouilles étendues<br />

(cf. Boës <strong>et</strong> al. 2004).<br />

Deux structures spectacu<strong>la</strong>ires sont recensées, l’une dégagée<br />

anciennement dans le Haut-Rhin avec le grand<br />

tertre <strong>de</strong> Friesen– Goldigberg, tombeau monumental avec<br />

fosse à cendres (Aschengruben), l’autre à Strasbourg<br />

avec le mausolée (inachevé ?) récemment mis au jour<br />

à l’extrémité ouest <strong>de</strong> Koenigshoffen. Les cas où nous<br />

connaissons à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong> tombe <strong>et</strong> <strong>la</strong> partie érigée au<strong>de</strong>ssus<br />

du sol restent extrêmement rares : 3 exemples<br />

sur Strasbourg. La pru<strong>de</strong>nce est <strong>de</strong> mise sur <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

entre le statut social du défunt <strong>et</strong> sa tombe ; ce statut peut<br />

être éventuellement perçu à travers le cérémoniel lié à <strong>la</strong><br />

crémation (lequel échappe encore <strong>la</strong>rgement à l’analyse)<br />

ainsi qu’à travers les inscriptions <strong>et</strong> les monuments funéraires<br />

(une p<strong>et</strong>ite dizaine <strong>de</strong> nouveautés sur les <strong>de</strong>ux<br />

départements) ; une analyse approfondie <strong>de</strong> leur iconographie<br />

peut montrer que <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s défunts, tout en<br />

adoptant une forme romaine pour leur monument funéraire,<br />

ont en même temps tenu à afficher leur i<strong>de</strong>ntité autochtone.<br />

Il semblerait qu’aucune tombe ne soit datée d’avant le<br />

règne <strong>de</strong> Tibère (si ce n’est à Strasbourg où quelques<br />

dépôts <strong>de</strong> crémation ont été attribués aux années 5-15<br />

apr. J.–C.).<br />

III. VERS QUELLES PERSPECTIVES ?<br />

Ce rapi<strong>de</strong> tour d’horizon confirme <strong>la</strong> disparité entre les<br />

<strong>de</strong>ux départements alsaciens. À ce jour, le bi<strong>la</strong>n pour le<br />

Haut-Rhin est particulièrement mince <strong>et</strong> les acquis récents<br />

sont quasi inexistants. Aucun espace funéraire rural<br />

compl<strong>et</strong> n’est connu ; pour les rares tombes exhumées, le<br />

contexte est généralement inconnu ; les récentes opérations<br />

<strong>de</strong> diagnostic n’ont apporté aucune donnée sur l’importance<br />

quantitative ou les données structurelles <strong>de</strong> ces<br />

nécropoles (périmètre, type d’enclos, organisation, cloisonnement,<br />

<strong>et</strong>c.) ; les tombes mises au jour récemment<br />

relèvent <strong>de</strong> pratiques <strong>et</strong> <strong>de</strong> datations diverses ; aucune<br />

analyse anthropologique n’a été menée, ni en cours <strong>de</strong><br />

fouille pour perm<strong>et</strong>tre une analyse <strong>de</strong>s gestes funéraires,<br />

ni après celle-ci afin <strong>de</strong> déterminer le nombre d’individus,<br />

leur sexe <strong>et</strong> âge.<br />

Hors le chef-lieu <strong>de</strong> cité <strong>de</strong>s Triboques, certains vici <strong>et</strong>/ou<br />

agglomérations secondaires, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre habitat <strong>et</strong><br />

sépulture est loin d’être établie ; pour exemple, <strong>la</strong> nécropole<br />

<strong>de</strong> Sierentz est tardive au regard <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase<br />

<strong>la</strong> plus récente d’occupation du vicus. Un grand nombre<br />

<strong>de</strong> nécropoles d’agglomérations sont quasi inconnues :<br />

Horbourg-Wihr, Kembs, Sierentz, Illzach, Wittelsheim ou<br />

Turckheim dans le Haut-Rhin, Bourgheim (1 seule sépulture<br />

recensée) ou Sarre-Union dans le Bas- Rhin.<br />

La répartition <strong>de</strong>s ensembles inventoriés d’après <strong>la</strong><br />

CAG 67/1 confirme l’importance <strong>de</strong> certaines communes<br />

comme Benfeld–Ehl, Brumath, éventuellement<br />

Haguenau, Nie<strong>de</strong>rbronn-les-Bains, Saverne, Seltz,<br />

Wissembourg–Altenstadt mais elle semblerait également<br />

témoigner <strong>de</strong> sites importants encore méconnus comme<br />

Hoerdt ou Nie<strong>de</strong>rroe<strong>de</strong>rn ; dans ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers cas, il<br />

se pourrait que les p<strong>et</strong>its ensembles funéraires reconnus<br />

prolongent les nécropoles, étendues le long <strong>de</strong>s voies, <strong>de</strong><br />

Brumath <strong>et</strong> <strong>de</strong> Seltz ou qu’ils témoignent d’un habitat non<br />

reconnu. Ce<strong>la</strong> mériterait confirmation.<br />

Les données sont encore trop faibles pour pouvoir envisager<br />

certaines synthèses : ainsi le nombre d’inhumations<br />

d’enfants dans l’habitat est très peu élevé – 1 cas<br />

dans le Haut-Rhin, pour 2 tombes d’enfants à Seltz, une<br />

zone d’enfants du V e s. localisée à Erstein <strong>et</strong> à Bischoffsheim,<br />

quelques tombes à Strasbourg–Koenigshoffen. N.<br />

Meyer signa<strong>la</strong>it, en 1991, que l’inhumation <strong>de</strong> nourrissons<br />

ou <strong>de</strong> morts-nés, lorsque <strong>la</strong> pratique dominante est l’incinération,<br />

n’avait pas été encore mise en évi<strong>de</strong>nce dans <strong>la</strong><br />

région ; les observations récentes d’É. Boës sur <strong>la</strong> crémation<br />

<strong>de</strong> jeunes immatures méritent d’être confirmées.<br />

Jusqu’à présent, peu <strong>de</strong> travaux universitaires ont été<br />

consacrés à ce qui touche du domaine funéraire, outre<br />

l’analyse typo-chronologique sur le verre <strong>de</strong> V. Arveiller-<br />

Dulong en 1979 (Arveiller-Dulong 1979) <strong>et</strong> les recherches<br />

<strong>de</strong> N. Meyer (Meyer 1991 : c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> serait à compléter<br />

car elle ne tient pas compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence d’ossements<br />

brûlés au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l’urne cinéraire), M. Herrgott, dans<br />

sa maîtrise sur l’occupation à l’époque gallo-romaine en<br />

territoire rauraque soutenue en 2004, ne consacre aucun<br />

paragraphe <strong>de</strong> synthèse aux données funéraires, tout en<br />

signa<strong>la</strong>nt les découvertes dans son catalogue <strong>de</strong> sites<br />

(Herrgott 2004). Le très faible corpus ne perm<strong>et</strong> pas d’étudier<br />

<strong>la</strong> répartition chronologique <strong>de</strong>s sépultures : tout au<br />

plus peut-on constater l’inégalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> documentation,<br />

avec une n<strong>et</strong>te prépondérance du Bas-Empire avec ses<br />

inhumations <strong>et</strong> <strong>la</strong> très faible représentation <strong>de</strong>s dépôts <strong>de</strong><br />

crémation, à l’inverse <strong>de</strong> ce que l’on observe dans le Bas-<br />

Rhin.<br />

Conclusion<br />

Les souhaits concernent à <strong>la</strong> fois une réelle étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

découvertes anciennes <strong>et</strong> une vigi<strong>la</strong>nce toute particulière<br />

autour <strong>de</strong>s agglomérations antiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s ensembles ruraux<br />

du Haut-Rhin.<br />

La quarantaine <strong>de</strong> tombes découvertes à Biesheim-<br />

Kunheim mériterait d’être étudiée <strong>de</strong> manière scientifique.<br />

Pour le Bas-Rhin, quelques étu<strong>de</strong>s récentes traitant <strong>de</strong><br />

dépôts <strong>de</strong> crémation apportent <strong>de</strong>s éléments nouveaux<br />

pour <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong>s rituels funéraires. Le manque<br />

d’autres références régionales ne perm<strong>et</strong> pour l’instant<br />

aucun essai <strong>de</strong> synthèse.<br />

Si l’on note une certaine disproportion entre les nécropoles<br />

rurales <strong>et</strong> celles en milieu urbain, on peut remarquer<br />

qu’aucune nécropole rurale n’a été fouillée sur <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

surfaces ni exhaustivement.<br />

En ce qui concerne les inhumations, <strong>la</strong> reconstitution <strong>de</strong>s<br />

rites funéraires dans leur totalité doit être aussi détaillée<br />

que possible (B<strong>la</strong>izot <strong>et</strong> al. 2005) ; les obj<strong>et</strong>s recueillis<br />

dans les tombes ne sont pas nécessairement représentatifs<br />

<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s intervenant au cours du<br />

cheminement funéraire. À côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> simple observation<br />

objective <strong>de</strong> l’abondance re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong> mobilier, traduire le<br />

caractère dit «luxueux» <strong>de</strong> certains <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s présents,<br />

en termes <strong>de</strong> «richesse» <strong>de</strong> l’occupant <strong>et</strong>/ou <strong>de</strong> sa famille<br />

relève d’un certain nombre <strong>de</strong> présupposés qui sont loin<br />

d’avoir été établis.<br />

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