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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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Les pratiques funéraires en<br />

Alsace à l’époque romaine<br />

Suzanne PLOUIN, Marie-Dominique<br />

WATON<br />

L’historique <strong>de</strong>s recherches montre un état très contrasté<br />

<strong>de</strong>s résultats entre haute <strong>et</strong> basse Alsace ; en eff<strong>et</strong>, en<br />

ce qui concerne les sépultures découvertes avant 1990,<br />

on ne dénombre que 23 sites funéraires (répartis sur 22<br />

communes) dans le Haut-Rhin (d’après <strong>la</strong> CAG 68 : Zehner<br />

1998) pour plus <strong>de</strong> 195 dans le Bas-Rhin (hors Strasbourg,<br />

d’après <strong>la</strong> CAG 67/1 : Flotté, Fuchs 2000).<br />

Vu <strong>la</strong> faiblesse numérique <strong>de</strong> l’échantillon haut-rhinois, un<br />

rapi<strong>de</strong> r<strong>et</strong>our aux sources a permis un tri sévère <strong>de</strong>s informations<br />

en ne conservant que les tombes assurément<br />

d’époque romaine (cf. tableau en annexe avec 18 sites<br />

répartis sur 16 communes).<br />

C<strong>et</strong>te différence très importante pourrait être, en partie,<br />

expliquée par une mauvaise remontée <strong>de</strong>s informations<br />

<strong>de</strong>s chercheurs dans le Haut-Rhin, dans un réseau moins<br />

actif que dans le Bas-Rhin, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société pour <strong>la</strong> conservation<br />

<strong>de</strong>s monuments historiques d’Alsace ; cependant,<br />

ce<strong>la</strong> ne semble pas être le cas.<br />

I. ÉTAT DES CONNAISSANCES<br />

Si l’on examine <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s informations, on peut remarquer<br />

<strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s très distinctes, <strong>la</strong> première couvrant<br />

le XIX e s. (surtout <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> moitié du siècle) <strong>et</strong> le<br />

début du XX e s., <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> concernant les découvertes<br />

<strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> l’archéologie alsacienne après 1950.<br />

La documentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> «première pério<strong>de</strong>» est souvent<br />

très <strong>la</strong>cunaire (rares croquis...), au point <strong>de</strong> rendre le matériel<br />

issu <strong>de</strong> ces fouilles inutilisable pour <strong>la</strong> recherche<br />

contemporaine ; <strong>de</strong> plus, certaines interprétations apparaissent<br />

erronées. Dans le Haut-Rhin, <strong>de</strong>s auteurs signalent<br />

<strong>la</strong> présence <strong>de</strong> tombes romaines dans <strong>de</strong>s tertres,<br />

ainsi Winkler pour Muntzenheim <strong>et</strong> Algolsheim (1892 <strong>et</strong><br />

1893), Kraus pour Battenheim (1884), Hugot pour Colmar<br />

(1845). Aucune <strong>de</strong> ces informations n’est vérifiable,<br />

mais <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s vestiges découverts alors (tegu<strong>la</strong>e, ossements<br />

<strong>de</strong> faune, tessons grossiers) perm<strong>et</strong> très n<strong>et</strong>tement<br />

<strong>de</strong> rem<strong>et</strong>tre en cause une interprétation funéraire ;<br />

seule <strong>la</strong> découverte d’un gobel<strong>et</strong> à dépressions dans un<br />

tumulus <strong>de</strong> Richwiller (68), fondé au Bronze moyen, pourrait<br />

évoquer <strong>la</strong> réutilisation d’un tertre à l’époque romaine<br />

(simple citation <strong>de</strong> l’auteur, Naue 1905, sans autre information<br />

complémentaire). Pour le Bas-Rhin, <strong>la</strong> réutilisation<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tumuli à Haguenau, constituant un point marquant<br />

du paysage, est assurée.<br />

En raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> disproportion <strong>de</strong>s découvertes inventoriées<br />

entre les <strong>de</strong>ux départements, nous les abor<strong>de</strong>rons<br />

successivement.<br />

I.1. Le Haut-Rhin<br />

Parmi les quelques tombes isolées exhumées anciennement<br />

(avant 1950) en haute Alsace <strong>et</strong> datées avec certitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l’époque romaine (3 sites avec inhumation ; 1<br />

ou 2 sites avec dépôts <strong>de</strong> crémation), seule <strong>la</strong> tombe<br />

<strong>de</strong> Wintzenheim–Freitag apparaît comme bien documentée.<br />

Parmi les «nécropoles» mises au jour (Lutterbach<br />

<strong>et</strong> Rumersheim-le-Haut – 3 inhumations – <strong>et</strong> Éguisheim–<br />

Oberfeld – 10 inhumations), seule <strong>la</strong> nécropole d’Éguisheim,<br />

bien datée du IV e s. par un mobilier funéraire particulièrement<br />

abondant (Bonn<strong>et</strong>, Plouin 1993), a apporté<br />

quelques informations, notamment <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> cercueils<br />

en bois attestés par <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> clous. Une<br />

seule zone cendreuse, découverte en 1901, pourrait être<br />

éventuellement mise en re<strong>la</strong>tion avec un bûcher (Friesen–<br />

Falkenburg).<br />

Pour <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> après 1950, <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s découvertes<br />

n’est guère mieux documentée. Deux sites avec dépôts<br />

<strong>de</strong> crémation sont simplement signalés <strong>et</strong> nous n’avons<br />

guère <strong>de</strong> renseignements sur quelques inhumations <strong>de</strong><br />

l’Antiquité tardive, découvertes dans 3 communes : un<br />

squel<strong>et</strong>te d’enfant, avec quelques tessons, est mentionné<br />

près d’un bâtiment romain à Ensisheim, 2 sépultures du<br />

IV e s. à Ungersheim <strong>et</strong> <strong>de</strong>s tombes à tuiles, également du<br />

IV e s., sont répertoriées à Attenschwiller. Nous n’avons<br />

pas plus <strong>de</strong> précisions sur <strong>la</strong> fouille d’un p<strong>et</strong>it secteur<br />

<strong>de</strong> nécropole tardive à Illzach (une vingtaine <strong>de</strong> tombes<br />

mises au jour en 1971).<br />

Deux communes ont livré <strong>de</strong>s vestiges <strong>de</strong> nécropoles plus<br />

importantes : Sierentz <strong>et</strong> Biesheim–Oe<strong>de</strong>nburg. À Sierentz,<br />

où l’on ne connaît que 7 urnes cinéraires <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

première moitié du III e s., découvertes parmi les structures<br />

d’habitat du vicus, une nécropole plus tardive (<strong>de</strong>rnier<br />

tiers du IV e s.) a été exhumée entre 1979 <strong>et</strong> 1982<br />

(Heidinger, Viroul<strong>et</strong> 1986) ; elle est estimée à 150-200<br />

tombes. 54 tombes à inhumation, toutes orientées N/NO<br />

(sauf l’une d’entre elles, orientée E/NE), ont fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

fouilles, apportant <strong>de</strong>s enseignements sur les pratiques<br />

funéraires. Les tombes sont organisées en rangées, mais<br />

rien ne perm<strong>et</strong> d’affirmer l’existence <strong>de</strong> regroupements familiaux.<br />

Les corps sont déposés dans <strong>de</strong>s fosses <strong>et</strong> l’on<br />

note quelques cas d’utilisation <strong>de</strong> pierres, comme oreiller,<br />

aménagement sous un squel<strong>et</strong>te... De <strong>la</strong> céramique, parfois<br />

brisée intentionnellement, est déposée près du corps,<br />

parfois aussi <strong>de</strong> <strong>la</strong> vaisselle <strong>de</strong> verre, <strong>de</strong>s parures <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> toil<strong>et</strong>te. 7 tombes seulement sont dépourvues<br />

<strong>de</strong> mobilier, 15 sont dotées d’une offran<strong>de</strong> monétaire <strong>et</strong> 8<br />

comportent <strong>de</strong>s offran<strong>de</strong>s alimentaires. L’analyse anthropologique<br />

a permis <strong>de</strong> déterminer le sexe <strong>et</strong> l’âge <strong>de</strong>s défunts.<br />

Quelques tombes supplémentaires ont été dégagées<br />

en 1992.<br />

À Biesheim, <strong>de</strong>ux secteurs ont été très partiellement explorés<br />

à l’ouest <strong>de</strong> l’agglomération antique, le long <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

voie menant à Horbourg-Wihr : le premier (anciennement<br />

connu), au lieudit Unterrömer, a été fouillé en 1983 <strong>et</strong><br />

1987 – du côté sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie ; il a livré 22 dépôts <strong>de</strong><br />

crémation (fin du I er – début du III e s.) <strong>et</strong> 10 inhumations,<br />

d’orientation NS (sauf une) <strong>et</strong> datées <strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> moitié<br />

du III e <strong>et</strong> du IV e s. En re<strong>la</strong>tion avec les dépôts <strong>de</strong> crémation,<br />

du mobilier brûlé sur le bûcher (lui-même non observé)<br />

a été recueilli. Des fossés d’enclos funéraires ont<br />

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