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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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III. DES AXES ARCHÉOLOGIQUES À RECONSIDÉRER<br />

III.1. La chronologie <strong>de</strong>s sites<br />

Le troisième aspect <strong>de</strong> <strong>la</strong> question, après le type d’établissement<br />

<strong>et</strong> ses activités, est celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> chronologie<br />

<strong>de</strong>s sites : <strong>la</strong> continuité <strong>de</strong> l’occupation antique y compris<br />

les transitions La Tène/Haut-Empire, Bas-Empire/haut<br />

Moyen Âge, l’évolution <strong>et</strong> les modifications apportées au<br />

réseau d’occupation <strong>et</strong> à son fonctionnement.<br />

P. Van Ossel tend à démontrer qu’à l’intérieur même d’un<br />

secteur donné, l’existence <strong>de</strong> zones <strong>de</strong> répercussions <strong>de</strong><br />

certains événements reste encore à définir. Par exemple<br />

entre Vosges <strong>et</strong> Sarre, les chronologies <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sites <strong>de</strong><br />

Sarreinsming–Hei<strong>de</strong>nkopf <strong>et</strong> Dehlingen–Gurtelbach sont<br />

simi<strong>la</strong>ires en <strong>de</strong> très nombreux points (instal<strong>la</strong>tion à <strong>la</strong> fin<br />

du I er s., atelier métallurgique avec production monétaire,<br />

réoccupation partielle au IV e s. <strong>et</strong> abandon définitif à partir<br />

du milieu du IV e s. pour Sarreinsming <strong>et</strong> fin IV e s. pour<br />

Dehlingen). C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière observation est le résultat <strong>de</strong>s<br />

fouilles menées sur les <strong>de</strong>ux sites. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> chronologie<br />

<strong>de</strong>s sites, qui découlera <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong> leur mobilier,<br />

perm<strong>et</strong>tra peut-être <strong>de</strong> définir par exemple si l’ensemble<br />

d’une région a réagi <strong>de</strong> manière homogène aux<br />

crises <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du III e s. Souvent les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilier<br />

se limitent, faute <strong>de</strong> temps ou <strong>de</strong> données, aux comparaisons<br />

typologiques qui uniformisent les datations <strong>de</strong> sites.<br />

Les étu<strong>de</strong>s considérant un site comme un ensemble clos<br />

<strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tant d’obtenir une véritable chronologie re<strong>la</strong>tive<br />

du mobilier découvert ne sont pas nombreuses, du moins<br />

sur <strong>la</strong> thématique <strong>de</strong> l’occupation antique rurale.<br />

III.2. Un réseau <strong>de</strong> voies à redéfinir<br />

Il subsiste <strong>de</strong> nombreuses incertitu<strong>de</strong>s concernant les<br />

axes <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tions antiques. La connaissance <strong>de</strong> ces réseaux,<br />

essentiellement celle fondée sur une étu<strong>de</strong> toponymique,<br />

est <strong>de</strong> plus en plus contestée. Si l’origine <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s grands axes sont généralement connues,<br />

leurs tracés le sont beaucoup moins. Le plus souvent, l’on<br />

se fie à <strong>la</strong> rectitu<strong>de</strong> d’un tracé pour l’assimiler à une voie<br />

antique. Ainsi dans le cas du tronçon sud-ouest – nor<strong>de</strong>st<br />

du sentier mosel<strong>la</strong>n n˚1, une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> D. Hemmert<br />

a pu démontrer qu’il s’agissait en réalité d’une route tracée<br />

ex nihilo au XVIII e s. À c<strong>et</strong>te époque, <strong>la</strong> réalisation<br />

<strong>de</strong> voirie s’inspirait <strong>la</strong>rgement du procédé antique (Herzig<br />

1995 : 209). Ainsi, <strong>de</strong>s voies anciennes étaient considérées<br />

comme étant romaines.<br />

Les cartes antiques, telles que <strong>la</strong> Table <strong>de</strong> Peutinger ou<br />

l’Itinéraire d’Antonin, présentent <strong>de</strong>s échelles trop importantes<br />

pour l’étu<strong>de</strong> d’une micro-région. La <strong>de</strong>nsité réelle<br />

d’un réseau régional ou local reste difficile à apprécier.<br />

Si les grands axes apparaissent aujourd’hui c<strong>la</strong>irement, le<br />

réseau <strong>de</strong> voies secondaires est <strong>la</strong>rgement méconnu.<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> du réseau routier, il conviendrait <strong>de</strong><br />

réévaluer le potentiel du réseau fluvial <strong>de</strong>s cours d’eau<br />

moyens. Ainsi, le cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sarre, qui se j<strong>et</strong>te dans <strong>la</strong><br />

Moselle un peu avant Trèves, facilita gran<strong>de</strong>ment <strong>la</strong> communication<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te région avec le Rhin inférieur. C<strong>et</strong>te<br />

liaison fluviale directe perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> présumer <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions<br />

qui liaient l’amont médiomatrique à l’aval trévire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Sarre. La Sarre ouvrait une artère commerciale non négligeable<br />

pour l’artisanat local : par exemple, <strong>la</strong> production<br />

du tuilier <strong>de</strong> Kleinblittersdorf dont les tuiles ont été<br />

découvertes jusqu’à Bonn. Ces quelques indices du commerce<br />

qui existait à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sarre sont confirmés dans<br />

l’autre sens par <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> céramiques communes<br />

issues d’ateliers trévires <strong>et</strong> <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s en verre<br />

issus <strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> Cologne apparaissant sur les sites<br />

d’Alsace Bossue. Par ailleurs, <strong>la</strong> Sarre ne constituait pas<br />

<strong>la</strong> seule liaison directe avec le territoire trévire ; <strong>la</strong> voie <strong>de</strong>s<br />

Salines en usage <strong>de</strong>puis l’âge du Fer <strong>de</strong>vait constituer un<br />

axe commercial prépondérant pour rallier le Rhin inférieur.<br />

Selon C. Raynaud 19 , nous avons aujourd’hui tendance «à<br />

négliger le réseau fluvial contrairement à nos prédécesseurs<br />

du début du XX e s. qui avaient sous les yeux un<br />

réseau très actif, tandis que notre perception est probablement,<br />

<strong>de</strong> manière insidieuse, influencée par le déclin<br />

du transport fluvial <strong>de</strong>puis un <strong>de</strong>mi-siècle».<br />

III.3. Nouvelles perspectives sur les re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong><br />

frange est du territoire médiomatrique <strong>et</strong> les<br />

territoires voisins<br />

La réflexion sur les micro-régions peut dans un second<br />

temps être p<strong>la</strong>cée dans une réflexion plus globale, au niveau<br />

<strong>de</strong>s cités. Le carrefour routier <strong>et</strong> le potentiel économique<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> frange sarroise ne semblent pas avoir été<br />

exploités au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité médiomatrique, totalement<br />

concentrée sur l’axe mosel<strong>la</strong>n. L’exploitation <strong>de</strong> c<strong>et</strong> espace<br />

sarrois s’est effectuée <strong>de</strong> manière autonome <strong>et</strong> parallèlement<br />

à l’axe mosel<strong>la</strong>n. Une importante impulsion a<br />

pu venir <strong>de</strong> <strong>la</strong> vallée rhénane.<br />

III.3.1. La vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sarre, interface entre <strong>la</strong> cité médiomatrique<br />

<strong>et</strong> le limes rhénan<br />

La carte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité <strong>de</strong>s médiomatriques établie par Y. Burnand<br />

présente un réseau routier «en étoile» centré sur<br />

M<strong>et</strong>z–Divodorum, chef-lieu <strong>de</strong> cité, <strong>et</strong> dominé par l’axe<br />

mosel<strong>la</strong>n reliant le couloir rhodanien au Rhin inférieur<br />

(Burnand 1990 : 78). C<strong>et</strong>te carte mentionne Bliesbruck<br />

comme un centre <strong>de</strong> production céramique, <strong>de</strong> même que<br />

<strong>la</strong> voisine Blickweiler. Cependant J.-P. P<strong>et</strong>it souligne que<br />

ces <strong>de</strong>ux sites sont isolés, éloignés <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux grands axes<br />

M<strong>et</strong>z–Strabourg <strong>et</strong> M<strong>et</strong>z–Mayence.<br />

J.-P. P<strong>et</strong>it propose <strong>de</strong> réviser ce schéma centralisé, en<br />

considérant les vallées <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sarre <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Blies comme<br />

un axe secondaire important, fonctionnant parallèlement<br />

à celui qui bor<strong>de</strong> <strong>la</strong> Moselle. À c<strong>et</strong>te unité géographique<br />

correspondrait une unité économique sans liens marqués<br />

avec le chef-lieu <strong>de</strong> cité. J.-P. P<strong>et</strong>it avance trois arguments<br />

en faveur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te hypothèse.<br />

Le premier argument est d’ordre démographique, <strong>la</strong><br />

vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sarre présentant une <strong>de</strong>nsité d’occupation<br />

supérieure à celle du reste du p<strong>la</strong>teau lorrain,<br />

organisée autour d’un réseau serré d’agglomérations<br />

secondaires souvent associées à <strong>de</strong> très grands<br />

domaines (Saint-Ulrich–Sarrebourg ; Mackwiller–Sarre-<br />

Union, Bliesbruck/Reinheim–Sarrebruck).<br />

19 Information orale.<br />

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