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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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– aménagements liés à l’habitat ;<br />

– unités <strong>de</strong> production ;<br />

– aménagements cultuels ;<br />

– monnaies <strong>et</strong> trésors monétaires.<br />

La cartographie <strong>de</strong> ces sites par catégorie fit apparaître<br />

<strong>de</strong>s logiques d’imp<strong>la</strong>ntation, <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion mais surtout<br />

<strong>de</strong> nouvelles questions. Les observations faites sur c<strong>et</strong>te<br />

micro-région ont été mises en perspective avec les données<br />

<strong>de</strong>s zones limitrophes. Ce rapport constitue un bi<strong>la</strong>n<br />

<strong>de</strong>s connaissances sur l’occupation antique <strong>de</strong> l’Alsace<br />

Bossue. Il servira <strong>de</strong> base à une analyse systémique, visant<br />

à établir les re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> dépendances réciproques<br />

qui existaient entre les différents aspects <strong>de</strong> l’occupation<br />

humaine. Les problématiques <strong>et</strong> perspectives développées<br />

ci-après sont issues <strong>de</strong> ce bi<strong>la</strong>n.<br />

II. VERS UNE APPROCHE NOUVELLE DES SITES RURAUX<br />

ANTIQUES ET LA NOTION DE RÉSEAU D’OCCUPATION<br />

II.1. Une redéfinition <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>e <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

hiérarchisation <strong>de</strong>s sites<br />

Jusqu’à présent, les étu<strong>de</strong>s sur l’occupation rurale antique<br />

étaient le plus souvent centrées sur un seul aspect<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te occupation <strong>et</strong> <strong>de</strong>meuraient tributaires <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong><br />

conservation <strong>de</strong>s sites. Ces conditions d’étu<strong>de</strong> conduisent<br />

à <strong>de</strong>s démonstrations <strong>et</strong> <strong>de</strong>s schémas centralisateurs autour<br />

d’une gran<strong>de</strong> vil<strong>la</strong>, d’une agglomération secondaire<br />

ou d’un centre cultuel connu <strong>et</strong>/ou particulièrement bien<br />

conservé. Par ailleurs, c<strong>et</strong>te prédilection pour certains suj<strong>et</strong>s<br />

est motivée par une connaissance plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> certains<br />

types <strong>de</strong> structures ayant bénéficié <strong>de</strong> fouilles ou au<br />

moins <strong>de</strong> sondages. Les conditions <strong>de</strong> ce type d’étu<strong>de</strong><br />

sont celles-là même qui amenèrent à ne se concentrer<br />

que sur <strong>de</strong>s sites remarquables. Les schémas qui en ressortent<br />

ne correspon<strong>de</strong>nt pas toujours à une réalité historique<br />

<strong>de</strong> l’occupation.<br />

En outre, c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> conduit souvent à une hiérarchisation<br />

<strong>de</strong>s sites suivant leurs superficies <strong>et</strong> leur état<br />

<strong>de</strong> conservation <strong>et</strong> non selon leur fonction <strong>et</strong> leur intérêt<br />

économique dans un réseau d’occupation donné. Chacun<br />

<strong>de</strong>s établissements doit être présenté <strong>et</strong> considéré <strong>de</strong> manière<br />

égale quant à sa fonction dans ce réseau économique<br />

: agglomération secondaire, grand domaine, vil<strong>la</strong><br />

rustica, site cultuel, site d’occupation indéterminée («sites<br />

à tuiles» = bâtiment agricole, annexes...), nécropoles, tracés<br />

<strong>de</strong> voiries antiques... P. Van Ossel soulignait déjà «les<br />

<strong>la</strong>cunes incontestables <strong>de</strong> l’information disponible, dues<br />

pour une part aux orientations mêmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche,<br />

ainsi qu’à un manque d’intérêt pour un type d’archéologie<br />

s’attachant à <strong>de</strong>s traces mo<strong>de</strong>stes, souvent diffuses <strong>et</strong> difficilement<br />

interprétables <strong>et</strong> tellement moins prestigieuses<br />

...» (Van Ossel 1992 : 35).<br />

Par ailleurs, l’analyse est souvent handicapée par <strong>la</strong> qualification<br />

quasi-systématique <strong>de</strong>puis le XIX e s. <strong>de</strong> vil<strong>la</strong> pour<br />

tout site antique repéré en prospection. L’usage abusif <strong>de</strong><br />

ce terme <strong>de</strong> vil<strong>la</strong> correspond peu à une réalité archéologique,<br />

nous pouvons tout au plus lui donner le sens <strong>de</strong><br />

«site gallo-romain». Bien que <strong>de</strong>s vestiges <strong>de</strong> surface présentant<br />

une superficie re<strong>la</strong>tivement importante <strong>et</strong> un mobilier<br />

caractéristique peuvent éveiller <strong>de</strong>s soupçons quant<br />

aux structures qu’ils révèlent, il <strong>de</strong>meure que les trois<br />

quarts <strong>de</strong>s sites repérés se manifestent en surface uniquement<br />

par <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> moellons <strong>et</strong> <strong>de</strong> terres cuites<br />

architecturales, <strong>et</strong> sont appelés familièrement «sites à<br />

tuiles».<br />

La définition d’un établissement rural antique est à l’image<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> ce type d’occupation, générale<br />

<strong>et</strong> imprécise. Ainsi, P. Van Ossel propose d’y voir «toute<br />

construction ou groupe <strong>de</strong> constructions servant à l’habitation<br />

ou à l’activité <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’époque établie<br />

dans <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces individuelles, dispersées dans<br />

<strong>la</strong> campagne <strong>et</strong> dont le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie n’est pas forcément<br />

<strong>et</strong> uniquement agricole.» (Van Ossel 1992 : 39). L’avantage<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te définition est qu’elle perm<strong>et</strong> d’y regrouper<br />

les nombreuses formes d’occupation que l’on n’arrive pas<br />

encore à définir plus c<strong>la</strong>irement.<br />

En l’absence <strong>de</strong> sondages ou <strong>de</strong> fouilles partielles, toute<br />

conclusion reste vaine. Des sondages perm<strong>et</strong>traient <strong>de</strong><br />

définir <strong>la</strong> nature exacte <strong>de</strong> l’occupation, <strong>et</strong> une fouille<br />

même partielle apporterait un éc<strong>la</strong>irage sur les fonctions<br />

<strong>de</strong>s établissements repérés en prospection.<br />

II.2. Activités domestiques ou activités économiques<br />

secondaires ?<br />

La question du type d’établissements se double <strong>de</strong> celle<br />

<strong>de</strong> leurs activités domestiques <strong>et</strong>/ou économiques. Ce<br />

sont ces productions, probablement diversifiées, qui motivent<br />

les échanges, créent une économie <strong>et</strong> fon<strong>de</strong>nt les<br />

réseaux <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s marchandises.<br />

Il est certain qu’une meilleure connaissance <strong>de</strong>s productions<br />

<strong>de</strong> chaque établissement perm<strong>et</strong>trait d’appréhen<strong>de</strong>r<br />

au mieux les rapports ayant existé entre eux. Mais là encore,<br />

le mobilier ramassé au cours <strong>de</strong> prospections ne<br />

suffit pas pour établir les activités développées sur un site<br />

d’occupation.<br />

Par ailleurs, on considérait jusqu’à présent que seuls les<br />

grands domaines exerçaient <strong>de</strong>s activités polyvalentes.<br />

Or, nous savons dorénavant que, dans le cas <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>e,<br />

l’agriculture <strong>et</strong> l’élevage n’étaient pas les seules ressources<br />

d’un domaine. Ainsi sur <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> vil<strong>la</strong>e qui<br />

purent bénéficier <strong>de</strong> fouilles, il a été observé <strong>de</strong>s structures<br />

<strong>de</strong> productions annexes, secondaires comme <strong>de</strong>s<br />

foyers <strong>de</strong> bronzier, <strong>de</strong>s fours à chaux, <strong>de</strong>s fours <strong>de</strong> tuiliers,<br />

une forge... (Polfer 1999).<br />

Ces découvertes <strong>et</strong> observations ponctuelles invitent à<br />

ouvrir <strong>de</strong> nouvelles problématiques <strong>et</strong> autant <strong>de</strong> perspectives<br />

<strong>de</strong> recherches : s’agit-il d’activités temporaires liées<br />

à <strong>la</strong> construction <strong>de</strong> <strong>la</strong> vil<strong>la</strong> <strong>et</strong> à ses besoins ou s’agit-il<br />

d’une production annexe peut-être même marginale, <strong>de</strong>stinée<br />

à être écoulée sur un marché ? C<strong>et</strong>te activité secondaire<br />

résulterait <strong>de</strong> <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s infrastructures<br />

mises en p<strong>la</strong>ce à l’origine pour les besoins <strong>de</strong><br />

l’instal<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> vil<strong>la</strong>.<br />

C<strong>et</strong>te problématique récente est liée aux nouvelles orientations<br />

<strong>de</strong>s investigations archéologiques qui éten<strong>de</strong>nt <strong>la</strong><br />

fouille aux dépendances. Auparavant, <strong>la</strong> fouille <strong>de</strong> vil<strong>la</strong>e<br />

concernait en premier lieu <strong>la</strong> pars urbana au détriment<br />

<strong>de</strong>s dépendances, pourtant plus propices aux informations<br />

d’ordre économique.<br />

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