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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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parcelles mitoyennes rectangu<strong>la</strong>ires donnant directement<br />

sur <strong>la</strong> rue, où les faça<strong>de</strong>s sont éventuellement précédées<br />

<strong>de</strong> portiques. Les constructions utilisent une architecture<br />

<strong>de</strong> terre <strong>et</strong> <strong>de</strong> bois, à l’exception d’une cave maçonnée qui<br />

date du III e s.<br />

Peut-on généraliser ce type d’organisation à l’ensemble<br />

d’une agglomération, voire à toutes les agglomérations ?<br />

Toujours p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l’Aigle, non loin <strong>de</strong> <strong>la</strong> fouille <strong>de</strong> 2001, E.<br />

Kern a reconnu, entre le II e s. <strong>et</strong> le IV e s., au moins trois<br />

phases d’aménagement <strong>de</strong> caves (sur blocs mortaisés ou<br />

maçonnées) le long d’une voie plus importante (considérée<br />

comme le cardo maximus), dont <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur a été estimée<br />

à 10 m (fouille 1972-1973). Des différences d’aménagement<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> construction sont perceptibles par rapport<br />

à <strong>la</strong> fouille voisine.<br />

Dans l’espace <strong>de</strong> l’ellipse insu<strong>la</strong>ire à Strasbourg, en <strong>de</strong>hors<br />

du camp, <strong>la</strong> physionomie <strong>de</strong> l’agglomération, aux<br />

II e -III e s., semble être différente d’un secteur à l’autre.<br />

Au nord, l’habitat est presque exclusivement construit en<br />

terre <strong>et</strong> bois. Au sud-ouest <strong>de</strong> l’ellipse, n’ont été observées<br />

que <strong>de</strong>s fondations en matériaux pierreux (Baudoux<br />

<strong>et</strong> al. 2002 : 152, fig. 89).<br />

À Sierentz (moitié est <strong>de</strong> <strong>la</strong> bourga<strong>de</strong>), trois quartiers sont<br />

juxtaposés : un <strong>de</strong> type Kembs–Bateliers (lots étroits <strong>et</strong><br />

allongés perpendicu<strong>la</strong>irement à <strong>la</strong> voie), un enclos public<br />

«commercial», un enclos (au sud-est) organisé apparemment<br />

selon <strong>de</strong>s traditions <strong>la</strong>téniennes.<br />

On commence donc à discerner, à l’intérieur <strong>de</strong> l’espace<br />

urbain, un certain nombre <strong>de</strong> variations qu’il s’agit<br />

<strong>de</strong> questionner (variations liées à <strong>de</strong>s aspects socioéconomiques<br />

? à <strong>de</strong>s activités particulières ? à <strong>la</strong> topographie<br />

urbaine ?...). Les étu<strong>de</strong>s quantitatives <strong>de</strong> l’ensemble<br />

du mobilier <strong>et</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s matériaux prennent ici tout leur<br />

sens pour tenter <strong>de</strong> répondre à ces questions.<br />

Des bâtiments se singu<strong>la</strong>risent par leurs dimensions <strong>et</strong><br />

leur agencement. À Kembs, on connaît le p<strong>la</strong>n d’une domus<br />

(milieu I er -milieu II e s.), vaste bâtiment <strong>de</strong> 8 pièces<br />

(24 m sur 27,5 m) comprenant sans doute un étage.<br />

Quelque temps après sa construction, <strong>la</strong> faça<strong>de</strong> donnant<br />

sur <strong>la</strong> rue (<strong>de</strong> même amplitu<strong>de</strong> que les habitations ordinaires)<br />

est équipée d’un portique <strong>et</strong> l’arrière du bâtiment<br />

d’un espace <strong>de</strong> bains chauffé par hypocauste. À Benfeld,<br />

le p<strong>la</strong>n d’un bâtiment (milieu I er s.-II e s.), considéré comme<br />

public par ses inventeurs, pourrait en fait correspondre à<br />

une domus (fouilles L. Helmer, C. Deiber <strong>de</strong> 1969 à 1989).<br />

Tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong>, l’architecture <strong>de</strong>s constructions<br />

ordinaires ou <strong>de</strong> prestige (pra<strong>et</strong>orium <strong>de</strong> Kembs) est principalement<br />

une architecture <strong>de</strong> terre <strong>et</strong> <strong>de</strong> bois, <strong>la</strong> pierre<br />

(calcaire, grès, gal<strong>et</strong>), dans ce cadre-là, servant <strong>de</strong> matériau<br />

d’appoint (comme ca<strong>la</strong>ge ou support). À Kembs, les<br />

parois sont en colombage avec hourdis <strong>de</strong> torchis. Seules<br />

les techniques, liées aux fondations, changent. Au milieu<br />

du I er s., les élévations reposent sur un solin composé <strong>de</strong><br />

tegu<strong>la</strong>e, gal<strong>et</strong>s, pierres calcaires ; celles du début du II e s.<br />

reposent sur une sablière basse. À Brumath, les parois en<br />

terre crue sont associées à un système <strong>de</strong> poteaux directement<br />

p<strong>la</strong>ntés dans le sol ou reposant sur <strong>de</strong>s supports<br />

en grès. Les techniques observées à Strasbourg sont variées<br />

(sablière basse ; mur en terre sur radier <strong>de</strong> gal<strong>et</strong>s ;<br />

blocs en grès servant <strong>de</strong> supports <strong>de</strong> poteaux ; solin <strong>de</strong><br />

pierres sèches supportant une sablière...). La fouille <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

rue <strong>de</strong> Mésange en 1999 a mis au jour un ensemble exceptionnel<br />

<strong>de</strong> pièces d’habitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du I er s.-début<br />

du II e s. où plusieurs techniques d’assemb<strong>la</strong>ge ont pu<br />

être relevées (poteaux corniers verticaux assemblés par<br />

tenons <strong>et</strong> mortaises dans <strong>de</strong>s sablières ; empilement <strong>de</strong><br />

madriers horizontaux maintenus par <strong>de</strong>s poteaux <strong>de</strong> section<br />

circu<strong>la</strong>ire ou technique du Blockbau). Aux III e -IV e s.,<br />

on observe à Strasbourg l’apparition <strong>de</strong> grands bâtiments<br />

sur poteaux dont les traces consistent en alignements <strong>de</strong><br />

pieux ou <strong>de</strong> fosses à graviers supportant <strong>de</strong>s blocs <strong>de</strong><br />

grès. Trois exemples sont répertoriés dans l’espace <strong>de</strong><br />

l’ellipse. C<strong>et</strong>te transformation dans l’architecture, qui ne<br />

s’accompagne pas <strong>de</strong> modifications parcel<strong>la</strong>ires, relève-telle<br />

d’un changement d’activités, <strong>de</strong> modalités d’occupation<br />

<strong>de</strong> l’espace urbain ou tout simplement d’un changement<br />

dans <strong>la</strong> manière d’habiter ?<br />

Le domaine <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> terre <strong>et</strong> <strong>de</strong> bois n’a pas<br />

encore fait l’obj<strong>et</strong> d’étu<strong>de</strong> à part entière dans <strong>la</strong> région.<br />

Pourtant, c<strong>et</strong>te architecture présente une gran<strong>de</strong> variété<br />

<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> construction <strong>et</strong> d’assemb<strong>la</strong>ge (les techniques<br />

sont-elles employées concomitamment d’une agglomération<br />

à l’autre ?) <strong>et</strong> l’exemple <strong>de</strong> quelques fouilles<br />

montre <strong>de</strong>s changements dans <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> construire<br />

sur l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong>. Les aspects techniques sont<br />

évi<strong>de</strong>mment importants à relever, mais ils doivent être envisagés<br />

dans une approche globale, en ne perdant pas<br />

<strong>de</strong> vue les développements urbains <strong>et</strong> les aspects socioéconomiques.<br />

Certaines constructions sont édifiées, au moins en partie,<br />

avec <strong>de</strong>s murs en p<strong>et</strong>it appareil <strong>de</strong> moellons calcaires.<br />

C’est le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> domus <strong>de</strong> Kembs, au milieu du I er s.,<br />

dans un environnement <strong>de</strong> bâtiments en terre <strong>et</strong> en bois.<br />

La pierre semble liée ici à un bâtiment sortant <strong>de</strong> l’ordinaire.<br />

À Sierentz, le bâtiment central (habitation ?) <strong>de</strong><br />

l’enclos sud-est, d’abord construit en bois <strong>et</strong> terre (sous<br />

Tibère–C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>), est remp<strong>la</strong>cé à <strong>la</strong> fin du I er s. par une<br />

construction en dur sur fondation <strong>de</strong> gravier.<br />

Dans les habitats construits en terre <strong>et</strong> en bois, ce sont<br />

<strong>de</strong>s parties spécifiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison, les caves essentiellement,<br />

qui sont maçonnées. On observe <strong>de</strong>s variations.<br />

À Brumath, <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s caves sont maçonnées avec<br />

<strong>de</strong>s matériaux hétérogènes (grès, calcaire, fragments architectoniques,<br />

briques, tuiles...). À Kembs <strong>et</strong> Bourgheim,<br />

quelques caves sont construites en p<strong>et</strong>it appareil <strong>de</strong> moellons<br />

calcaires. À Strasbourg–Koenigshoffen, en revanche,<br />

les caves recensées, qui datent <strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> moitié du<br />

II e s. <strong>et</strong> du début du III e s., possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s aménagements<br />

communs avec l’emploi <strong>de</strong> blocs <strong>de</strong> support mortaisés, <strong>de</strong><br />

sablières basses <strong>et</strong> <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nches.<br />

Contrairement à ce qui se passe le plus couramment<br />

ailleurs (sauf à Sierentz <strong>et</strong> Kembs, où l’architecture <strong>de</strong><br />

terre <strong>et</strong> <strong>de</strong> bois est remp<strong>la</strong>cée par une architecture en<br />

dur, généralement à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du I er s., parfois plus<br />

tôt – dès Tibère–C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> à Kembs), on n’assiste pas en<br />

Alsace à une pétrification généralisée <strong>de</strong>s espaces urbains,<br />

à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> moitié du I er s., alors que<br />

les techniques <strong>de</strong> maçonnerie sont pourtant connues <strong>et</strong><br />

utilisées. Comment expliquer c<strong>et</strong> usage majoritaire <strong>et</strong> durable<br />

<strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> terre <strong>et</strong> <strong>de</strong> bois ? Doit-on seulement<br />

imputer c<strong>et</strong>te particu<strong>la</strong>rité à l’accessibilité <strong>de</strong>s matériaux<br />

? On peut en eff<strong>et</strong> distinguer plusieurs secteurs<br />

d’utilisation <strong>de</strong>s matériaux : le secteur du calcaire (collines<br />

sous-vosgiennes, collines du Sundgau <strong>et</strong> Kembs,<br />

ce <strong>de</strong>rnier exemple fonctionnant à partir <strong>de</strong>s coteaux du<br />

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