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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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Les agglomérations antiques<br />

d’Alsace<br />

Pascal FLOTTÉ, Matthieu FUCHS,<br />

Jean-Jacques WOLF, Matthias<br />

HERRGOTT col<strong>la</strong>b.<br />

Les premières approches sur les agglomérations sont<br />

profondément orientées par <strong>la</strong> volonté d’i<strong>de</strong>ntifier les localités<br />

indiquées sur les Itinéraires antiques (Itinéraire d’Antonin,<br />

Table <strong>de</strong> Peutinger) avec <strong>de</strong>s emp<strong>la</strong>cements précis<br />

sur le terrain. C<strong>et</strong>te volonté a fortement influencé <strong>la</strong> recherche<br />

sur ce thème (<strong>et</strong> celui <strong>de</strong>s voies). Un glissement<br />

s’opère, dans les années 1960 <strong>et</strong> 1970, avec une génération<br />

d’archéologues marquée par <strong>la</strong> figure <strong>de</strong> J.-J. Hatt.<br />

D’autres sites, i<strong>de</strong>ntifiés comme <strong>de</strong>s agglomérations, sont<br />

alors repérés <strong>et</strong> certains explorés dans un contexte <strong>de</strong><br />

sauv<strong>et</strong>age, le plus souvent dans <strong>de</strong>s conditions d’intervention<br />

difficiles, peu propices à <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> fouilles<br />

précises <strong>et</strong> étendues. Dans les années 1980, <strong>de</strong>s fouilles<br />

<strong>de</strong> sauv<strong>et</strong>age réalisées par le CRAS 13 <strong>et</strong> J.-J. Wolf, dans<br />

le Haut-Rhin, constituent une première approche extensive<br />

sur certaines agglomérations, dans <strong>de</strong>s secteurs non<br />

urbanisés, comme à Kembs <strong>et</strong> Sierentz.<br />

La venue d’une nouvelle génération (au SRA <strong>et</strong> à l’AFAN)<br />

<strong>et</strong> le développement <strong>de</strong> l’archéologie préventive, au tournant<br />

<strong>de</strong>s années 1980 <strong>et</strong> 1990, sont une conjonction <strong>de</strong><br />

facteurs qui a sensiblement modifié les conditions <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

recherche. L’opération du tramway à Strasbourg (1992-<br />

1993) en est une illustration. Parallèlement, <strong>de</strong>s synthèses<br />

(Actes du colloque <strong>de</strong> Bliesbruck 1992 : P<strong>et</strong>it, Mangin<br />

1994, CAG 68 : Zehner 1998, CAG 67/1 : Flotté, Fuchs<br />

2000 <strong>et</strong> CAG 67/2 : Baudoux <strong>et</strong> al. 2002) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s approches<br />

monographiques, surtout dans le Haut-Rhin (Wittelsheim,<br />

Horbourg-Wihr, Kembs, Sierentz), ont été développées.<br />

La <strong>de</strong>rnière en date est celle concernant Strasbourg (CAG<br />

67/2).<br />

De nombreuses agglomérations ont fait l’obj<strong>et</strong>, dans le<br />

cadre <strong>de</strong>s prescriptions du SRA liées à l’archéologie<br />

préventive, d’approches systématiques <strong>de</strong>puis 1999, les<br />

apports récents étant tributaires <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s actuels <strong>de</strong><br />

construction <strong>et</strong> d’aménagement. Les interventions ont<br />

principalement eu lieu à Brumath, Horbourg-Wihr, Kembs,<br />

Sierentz, Strasbourg–Koenigshoffen <strong>et</strong> Wittelsheim.<br />

La principale nouveauté <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années 1990 est<br />

le <strong>la</strong>ncement <strong>de</strong> <strong>la</strong> fouille programmée pluriannuelle sur<br />

Biesheim (<strong>de</strong>puis 1998) dans le Haut-Rhin. Il s’agit d’une<br />

approche extensive <strong>et</strong> intégrale d’une agglomération qui<br />

n’a pas connu d’urbanisation ultérieure.<br />

Il n’est pas dans notre propos ici <strong>de</strong> rentrer dans les questions<br />

<strong>de</strong> vocabu<strong>la</strong>ire ni dans celles concernant le statut<br />

juridique. Dans le présent texte, nous désignons les habitats<br />

groupés sous le terme général d’agglomérations,<br />

en r<strong>et</strong>enant quatre critères principaux, simples : le positionnement<br />

sur un carrefour <strong>de</strong> voies <strong>de</strong> communication<br />

(routières <strong>et</strong>/ou fluviales), l’aspect aggloméré <strong>de</strong> l’habitat<br />

au sens <strong>la</strong>rge, l’existence d’au moins un quartier <strong>de</strong><br />

«lots allongés» (critère positif, non exclusif) <strong>et</strong> une re<strong>la</strong>tive<br />

étendue. Même s’ils n’étaient pas explicitement formalisés,<br />

il semble qu’il s’agissait <strong>de</strong>s principaux critères<br />

utilisés par les archéologues alsaciens (E. Kern, F. Pétry,<br />

J.-J. Wolf), lors du colloque <strong>de</strong> Bliesbruck–Reinheim, en<br />

1992. Ce moment charnière a été l’occasion <strong>de</strong> réaliser<br />

un bi<strong>la</strong>n documentaire <strong>et</strong> <strong>de</strong> présenter les résultats <strong>de</strong>s<br />

recherches sur les agglomérations alsaciennes menées<br />

entre les années 1960 <strong>et</strong> <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années 1980.<br />

On considère comme certaines les agglomérations suivantes,<br />

le nom antique <strong>de</strong> quelques-unes étant connu :<br />

Benfeld–Ehl, Biesheim, Bourgheim, Brumath, Horbourg-<br />

Wihr, Kembs, Strasbourg–Koenigshoffen, Nie<strong>de</strong>rbronnles-Bains,<br />

Saverne, Seltz, Sierentz, Strasbourg, Wittelsheim.<br />

D’autres sites ont été proposés pour être l’emp<strong>la</strong>cement<br />

d’agglomérations. Mais les vestiges découverts, même<br />

sur <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s superficies, ne perm<strong>et</strong>tent pas <strong>de</strong> le<br />

confirmer. Ils peuvent en eff<strong>et</strong> correspondre à <strong>de</strong> très<br />

gran<strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>e : Bantzenheim (Rumersheim-le-Haut ?),<br />

Bilzheim, Colmar–Fronholtz, Dachstein, Domfessel, Ensisheim,<br />

Friesen, Grussenheim, Heiteren, Hirsingue, Ingwiller,<br />

Illfurth ( ?), Kingersheim, Lauterbourg, Mulhouse,<br />

Nie<strong>de</strong>rhergheim, Reichshoffen, Rouffach, Sarre-Union,<br />

Sélestat, Soultz ( ?), Turckheim, Ungersheim.<br />

I. SUPERFICIE ET ORGANISATION GÉNÉRALE DES<br />

AGGLOMÉRATIONS<br />

Les estimations <strong>de</strong>s superficies nous donnent un ordre <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>ur. Plusieurs groupes se dégagent. Le premier englobe<br />

<strong>de</strong>s sites dont <strong>la</strong> superficie est comprise entre 15<br />

<strong>et</strong> 25 ha ; il correspond à <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s agglomérations<br />

(15 ha : Friesen ; 20 ha : Benfeld–Ehl, Bourgheim, Seltz,<br />

Sierentz ; 25 ha : Wittelsheim). Un <strong>de</strong>uxième groupe,<br />

entre 30 <strong>et</strong> 35 ha, se détache (Brumath, Horbourg-Wihr <strong>et</strong><br />

Kembs). Il est intéressant <strong>de</strong> remarquer que <strong>la</strong> superficie<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale <strong>de</strong> cité (Brumath) est presque divisée par<br />

<strong>de</strong>ux par rapport à <strong>la</strong> surface relevée pour Strasbourg–<br />

Koenigshoffen. Un troisième groupe totalise une superficie<br />

d’environ 60 ha (Strasbourg–Koenigshoffen <strong>et</strong> Biesheim).<br />

Quelques agglomérations présentent un développement<br />

spatial <strong>de</strong> type vil<strong>la</strong>ge-rue, le long d’une voie principale.<br />

C<strong>et</strong>te configuration est attestée à Benfeld–Ehl, Kembs,<br />

Strasbourg–Koenigshoffen, Saverne (col <strong>de</strong> l’Uspann),<br />

Sierentz (moitié est <strong>de</strong> <strong>la</strong> bourga<strong>de</strong>), <strong>et</strong> ce<strong>la</strong> semble être<br />

le cas à Friesen–Larga <strong>et</strong> peut-être à Horbourg-Wihr. À<br />

Benfeld <strong>et</strong> à Strasbourg–Koenigshoffen, se développe un<br />

réseau secondaire <strong>de</strong> rues ou <strong>de</strong> ruelles perpendicu<strong>la</strong>ires<br />

à l’axe principal. À Kembs, on relève une structure polynucléique<br />

<strong>de</strong> l’agglomération avec <strong>de</strong>s quartiers aux fonctions<br />

différentes géographiquement séparés (à Sierentz,<br />

il y a simple juxtaposition) <strong>et</strong> organisés sur <strong>de</strong>s segments<br />

viaires non conformes.<br />

L’organisation du réseau <strong>de</strong> voirie est différente à Brumath,<br />

Horbourg-Wihr <strong>et</strong> Wittelsheim (il s’agit d’un réseau<br />

13 CRAS : Centre <strong>de</strong> recherches archéologiques du Sundgau<br />

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