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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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Citons Houssen–Thiergarten où P. Biellmann a ramassé<br />

en 1994 cinq tuiles portant l’estampille <strong>de</strong> <strong>la</strong> légion I Martia<br />

à l’emp<strong>la</strong>cement d’une anomalie rectangu<strong>la</strong>ire vue par<br />

photographie aérienne (Biellmann 1994). La nature <strong>de</strong> ce<br />

gisement qui pourrait dater <strong>de</strong> <strong>la</strong> première moitié du IV e s.<br />

d’après les tuiles reste indéterminée en l’absence d’une<br />

fouille. En tous les cas, à <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong>s informations données<br />

par <strong>la</strong> fouille du pra<strong>et</strong>orium routier <strong>de</strong> Biesheim–<br />

Westergass, dont les <strong>de</strong>ux bâtiments sont entourés par un<br />

fossé en V (Seitz 2001 ; Nuber, Reddé 2002 : 218-224), <strong>la</strong><br />

présence d’un re<strong>la</strong>is routier paraît plus p<strong>la</strong>usible que celle<br />

d’un poste militaire.<br />

Enfin, les CAG du Haut-Rhin (Zehner 1998) <strong>et</strong> du Bas-<br />

Rhin (Flotté, Fuchs 2000) n’abor<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> du Bas-<br />

Empire que très succinctement. De plus, les découvertes<br />

les plus importantes pour le Bas-Empire sont, dans<br />

les <strong>de</strong>ux départements alsaciens, plus récentes que les<br />

CAG : on pense aux résultats <strong>de</strong> <strong>la</strong> fouille programmée<br />

menée à Biesheim/Kunheim <strong>de</strong>puis 1998, mais aussi<br />

à ceux <strong>de</strong>s opérations préventives <strong>de</strong> Saverne (Jodry<br />

2004), Brumath (ci-<strong>de</strong>ssus <strong>et</strong> diagnostic <strong>de</strong> R. Nilles en<br />

2005), Rosheim (ci-<strong>de</strong>ssus) ou Illzach (Nilles 2001) par<br />

exemple. En revanche, <strong>la</strong> CAG <strong>de</strong> Strasbourg (Baudoux <strong>et</strong><br />

al. 2002) ainsi que <strong>la</strong> monographie <strong>de</strong> B. Gissinger (Gissinger<br />

2002), fournissent <strong>de</strong> nouvelles synthèses concernant<br />

Strasbourg au Bas-Empire. Ces travaux doivent être<br />

considérés comme <strong>de</strong> très bons points <strong>de</strong> départ pour<br />

<strong>de</strong> nouvelles recherches sur les sites <strong>de</strong> Strasbourg <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> Koenigshoffen au Bas-Empire, aussi bien en ce qui<br />

concerne les recherches <strong>de</strong> terrain que les recherches<br />

thématiques <strong>et</strong> générales.<br />

II. VERS QUELLES PERSPECTIVES ?<br />

Essayons <strong>de</strong> résumer ici les orientations futures pour <strong>la</strong><br />

recherche sur l’occupation militaire <strong>de</strong> l’Alsace romaine.<br />

1. On ne constate pas aujourd’hui d’imp<strong>la</strong>ntation antérieure<br />

à <strong>la</strong> fin du règne d’Auguste : les niveaux les<br />

plus précoces sont ceux <strong>de</strong> Strasbourg ; à Biesheim,<br />

le camp ne semble pas installé avant le milieu du<br />

règne <strong>de</strong> Tibère. Le site le plus ancien est donc<br />

celui <strong>de</strong> Bâle–cathédrale (horizon <strong>de</strong> Dangst<strong>et</strong>ten,<br />

voire plus ancien), mais il n’est même pas sûr qu’il<br />

s’agisse d’autre chose que d’un poste militaire dans<br />

un oppidum comme on le constate aussi pour les niveaux<br />

précoces <strong>de</strong> Windisch (Reddé 2005). Ce phénomène<br />

<strong>de</strong> r<strong>et</strong>ard explique sans doute en partie le<br />

faciès tardo-<strong>la</strong>ténien qui prévaut très longtemps sur<br />

les sites alsaciens.<br />

2. L’existence d’un poste militaire julio-c<strong>la</strong>udien à<br />

Kembs n’est pas formellement prouvée, malgré <strong>la</strong><br />

présence <strong>de</strong> militaria assez nombreux, mais où prédomine<br />

le matériel <strong>de</strong> harnachement, qui pourrait<br />

aussi bien être civil (Fort 2003). Néanmoins, d’un<br />

point <strong>de</strong> vue archéologique <strong>et</strong> historique, Kembs<br />

constitue assurément une zone extrêmement sensible<br />

où toute opération urbanistique, même mineure,<br />

doit absolument faire l’obj<strong>et</strong> d’un suivi archéologique.<br />

On ne voit, en revanche, pas <strong>de</strong> raison<br />

particulière <strong>de</strong> croire à l’existence d’un fortin à<br />

Benfeld–Ehl. Au nord <strong>de</strong> Strasbourg, l’incertitu<strong>de</strong> est<br />

totale.<br />

3. L’enjeu <strong>de</strong>s recherches actuelles à Biesheim porte<br />

sur l’impact écologique <strong>de</strong> l’armée, sur les processus<br />

<strong>de</strong> romanisation, l’appropriation <strong>et</strong> l’aménagement<br />

d’un territoire, le développement <strong>de</strong>s agglomérations<br />

civiles <strong>et</strong> du réseau routier. Toute découverte<br />

d’un nouvel établissement militaire <strong>de</strong>vrait conduire<br />

logiquement à reposer les mêmes questions.<br />

4. Le site majeur reste celui <strong>de</strong> Strasbourg, non seulement<br />

en raison <strong>de</strong> sa taille mais aussi parce qu’il a<br />

été occupé le plus longtemps. Rappelons quelquesuns<br />

<strong>de</strong>s problèmes en suspens :<br />

– l’imp<strong>la</strong>ntation militaire julio-c<strong>la</strong>udienne est très<br />

mal connue. Elle a sans doute subi <strong>de</strong>s interruptions,<br />

mal documentées archéologiquement. La<br />

nature <strong>et</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> <strong>la</strong> garnison jusqu’au règne<br />

<strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> ne sont pas toujours certaines. On<br />

ignore si l’occupation a été effective entre C<strong>la</strong>u<strong>de</strong><br />

<strong>et</strong> Domitien ;<br />

– l’extension du site militaire, sa localisation<br />

précise, ses aménagements à l’époque julioc<strong>la</strong>udienne<br />

constituent encore <strong>de</strong>s points obscurs<br />

;<br />

– les différents états du camp en pierre <strong>et</strong> leur chronologie<br />

sont obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> débat scientifique. La topographie<br />

interne est, pour l’essentiel, inconnue ;<br />

– <strong>la</strong> nature du castrum tardif <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses abords,<br />

voire les systèmes défensifs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>raient <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s approfondies, appuyées sur <strong>de</strong>s fouilles.<br />

Toute occasion <strong>de</strong> mener une recherche <strong>de</strong> terrain,<br />

comme celle qui a eu lieu au Grenier d’Abondance<br />

doit donc impérativement être saisie. S’agissant <strong>de</strong>s<br />

enceintes, un démontage systématique s’impose<br />

dans tous les cas <strong>de</strong> figure, ce qui suscite encore<br />

<strong>de</strong> nombreuses réticences.<br />

D’un point <strong>de</strong> vue plus strictement académique, signalons<br />

que le catalogue <strong>de</strong>s militaria <strong>de</strong> Strasbourg<br />

fait partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> thèse en cours <strong>de</strong> B. Fort (Université<br />

<strong>de</strong> Bourgogne) ; le réexamen systématique<br />

du matériel exhumé par J.-J. Hatt à Strasbourg, réalisé<br />

par J. Baudoux pour <strong>la</strong> CAG <strong>de</strong> Strasbourg, mériterait<br />

d’être publié afin <strong>de</strong> pouvoir tirer, fouille par<br />

fouille, <strong>de</strong>s résultats sur l’occupation militaire. Pour<br />

une bonne compréhension <strong>de</strong> <strong>la</strong> chronologie strasbourgeoise,<br />

mais aussi en raison <strong>de</strong> l’intérêt très<br />

<strong>la</strong>rge d’une telle étu<strong>de</strong>, à l’échelle supra-régionale,<br />

il serait indispensable <strong>de</strong> reprendre l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s estampilles<br />

sur tuiles à partir <strong>de</strong> contextes datés<br />

comme ce<strong>la</strong> a été fait pour Mirebeau. Rappelons,<br />

à ce propos, que plusieurs fouilles préventives, ces<br />

<strong>de</strong>rnières années, ont livré beaucoup d’estampilles,<br />

qui n’ont pas été étudiées, ou du moins pas publiées<br />

(Dardaine, Waton 1987).<br />

5. Le site <strong>de</strong> Horbourg-Wihr, très mal connu, constitue<br />

lui aussi une <strong>la</strong>cune importante dans nos connaissances.<br />

Son i<strong>de</strong>ntification avec l’Argentovaria <strong>de</strong>s<br />

Itinéraires <strong>et</strong> <strong>de</strong> Ptolémée est aujourd’hui remise en<br />

cause par les fouilles d’Oe<strong>de</strong>nbourg, mais rien n’est<br />

encore formellement démontré. Au <strong>de</strong>meurant une<br />

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