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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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sur tuiles <strong>de</strong> <strong>la</strong> XXI e légion r<strong>et</strong>rouvées sur le site. En revanche,<br />

les timbres <strong>de</strong> <strong>la</strong> VIII e légion, nombreux à Oe<strong>de</strong>nbourg,<br />

ne semblent pas témoigner d’une occupation militaire<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te unité, mais <strong>de</strong> constructions à usage civil<br />

effectuées par l’armée. Les militaria du site ont fait l’obj<strong>et</strong><br />

d’un mémoire <strong>de</strong> maîtrise (Fort 2000) ; un catalogue <strong>de</strong>s<br />

estampilles sur tuiles a été réalisé par P. Biellmann (Biellmann<br />

1987).<br />

I.2. L’Antiquité tardive<br />

En 1991, un mémoire <strong>de</strong> maîtrise a été consacré par<br />

G. Kuhnle aux fortifications tardives <strong>de</strong> <strong>la</strong> région en privilégiant<br />

l’unité géographique sur l’organisation administrative<br />

antique (Kuhnle 1991). Sur <strong>la</strong> carte géopolitique<br />

d’aujourd’hui, le tissu <strong>de</strong>s fortifications couvre, pour <strong>la</strong> vallée<br />

du Rhin supérieur, les <strong>de</strong>ux départements <strong>de</strong> l’Alsace<br />

(hors les cantons <strong>de</strong> Drulingen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Sarre-Union, situés<br />

à l’ouest <strong>de</strong>s Vosges), une gran<strong>de</strong> partie du Pa<strong>la</strong>tinat,<br />

quelques secteurs en Hesse <strong>et</strong> en Ba<strong>de</strong>-Wurtemberg, <strong>et</strong><br />

pour <strong>la</strong> vallée du Rhin supérieur une partie <strong>de</strong>s cantons<br />

du p<strong>la</strong>teau nord <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse ainsi que l’extrémité sud<br />

du Ba<strong>de</strong>-Wurtemberg. Il s’agit d’un premier recensement<br />

systématique <strong>de</strong> toutes les fortifications <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

tous les sites <strong>de</strong> hauteur du Bas-Empire. Dans l’ensemble<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> région étudiée ont été r<strong>et</strong>enus près <strong>de</strong> 200 sites,<br />

pour lesquels on reconnaît l’existence d’une fortification<br />

du Bas-Empire ou pour lesquels il existe <strong>de</strong>s indices (par<br />

exemple un matériel significatif en liaison avec une situation<br />

géographique particulière), indiquant qu’ils ont pu servir<br />

d’emp<strong>la</strong>cement à une fortification ou un site <strong>de</strong> hauteur<br />

(ce <strong>de</strong>rnier étant fortifié naturellement <strong>et</strong>/ou à l’ai<strong>de</strong> d’ouvrages<br />

défensifs). Pour l’Alsace seule, 80 sites ont été répertoriés,<br />

49 dans le Bas-Rhin <strong>et</strong> 31 dans le Haut-Rhin.<br />

Depuis 1991, seules <strong>de</strong> rares observations ont malheureusement<br />

pu être rajoutées à ce travail, exception faite<br />

<strong>de</strong> Biesheim–Oe<strong>de</strong>nbourg (ci-<strong>de</strong>ssous).<br />

Il résulte <strong>de</strong> ce travail que l’aménagement militaire <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te nouvelle frontière terrestre <strong>et</strong> fluviale a dû être exécuté<br />

<strong>de</strong> manière p<strong>la</strong>nifiée <strong>et</strong> échelonnée dans le temps<br />

selon les besoins. Les accès aux vallées vosgiennes <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

trouée <strong>de</strong> Belfort ont été sécurisés par diverses fortifications<br />

érigées à l’arrière.<br />

À Biesheim–Oe<strong>de</strong>nbourg, les fouilles menées par l’Université<br />

<strong>de</strong> Freiburg-im-Breisgau dans le cadre du programme<br />

international ont permis <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre au jour <strong>de</strong>ux<br />

importants aménagements datant du Bas-Empire :<br />

– un pra<strong>et</strong>orium routier d’époque constantinienne au lieudit<br />

Westergass, où se trouvaient concentrées les nombreuses<br />

tuiles estampillées <strong>de</strong> <strong>la</strong> légion I Martia (Seitz<br />

2001 ; Nuber, Reddé 2002) ;<br />

– une fortification («pa<strong>la</strong>is-forteresse») valentinienne au<br />

lieudit Altkirch (Nuber 2001 ; Nuber, Reddé 2002 ; Nuber<br />

2003).<br />

Parallèlement aux campagnes <strong>de</strong> fouille, un travail universitaire<br />

a été consacré aux obj<strong>et</strong>s métalliques du Bas-<br />

Empire issus <strong>de</strong>s prospections (119 obj<strong>et</strong>s) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s fouilles<br />

<strong>de</strong> l’équipe alleman<strong>de</strong> jusqu’en 2002 (26 obj<strong>et</strong>s) (Zagermann<br />

2003).<br />

Dans l’état actuel <strong>de</strong> nos connaissances, <strong>la</strong> réoccupation<br />

du site par une garnison n’est donc pas attestée avant<br />

l’époque <strong>de</strong> Valentinien, qui édifia, à c<strong>et</strong> endroit, un pa<strong>la</strong>isforteresse,<br />

appuyé par <strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong> pont sur <strong>la</strong> rive droite<br />

(Breisach <strong>et</strong> Sponeck, <strong>de</strong> chaque côté du Kaiserstuhl). On<br />

peut toutefois s’interroger sur l’occupation militaire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

rive rhénane après <strong>la</strong> chute du limes, en 260, dès lors<br />

que l’on connaît sur le Danube, l’Iller <strong>et</strong> le secteur suisse<br />

du Rhin (Hochrhein) une longue chaîne <strong>de</strong> postes, installés<br />

vers <strong>la</strong> fin du III e s., <strong>et</strong> dont aucun élément correspondant<br />

n’est aujourd’hui repéré sur le territoire français,<br />

ce qui constitue une <strong>la</strong>cune indiscutable <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche<br />

(Nuber 2001 ; Nuber 2003). On doit en outre s’interroger<br />

sur le rôle régional <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle légion (I Martia) basée<br />

à Kaiseraugst au début du IV e s. <strong>et</strong> dont <strong>de</strong> nombreuses<br />

estampilles ont été r<strong>et</strong>rouvées en haute Alsace, sans pour<br />

autant qu’ait pu être mis en évi<strong>de</strong>nce un véritable système<br />

défensif.<br />

À Brumath, les fouilles préventives (AFAN) menées p<strong>la</strong>ce<br />

<strong>de</strong> l’Aigle (p<strong>la</strong>ce Victor Fischer) en 2001 (Saint-Jean-Vitus<br />

2002) ont permis <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce un tronçon long<br />

<strong>de</strong> 22 m <strong>de</strong> l’enceinte du Bas-Empire incluant <strong>la</strong> courtine<br />

<strong>et</strong> l’amorce d’une tour <strong>de</strong>mi-circu<strong>la</strong>ire. Il s’agit d’une tranchée<br />

<strong>de</strong> fondation, profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1,50 à 1,80 m, dont <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur<br />

au fond indique 2,50 m pour le mur <strong>et</strong> 5,50 m pour <strong>la</strong><br />

tour sail<strong>la</strong>nte vers l’extérieur. Les matériaux employés en<br />

fondation ont été quasi entièrement spoliés. Seuls, à <strong>de</strong>ux<br />

endroits, ont pu être observés «les restes d’un lit horizontal<br />

<strong>de</strong> pierres grossièrement éc<strong>la</strong>tées» (Saint-Jean-Vitus<br />

2002 : 102), surmonté d’un fin niveau sableux qui pourrait<br />

plutôt constituer une couche <strong>de</strong> nivellement avant <strong>la</strong> mise<br />

en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> strate <strong>de</strong> pierres suivante. Cependant, l’aspect<br />

qu’avait le fond <strong>de</strong> <strong>la</strong> tranchée <strong>de</strong> fondation reste à<br />

approfondir (absence ou présence d’un système <strong>de</strong> poutrage<br />

?). D’après le contexte archéologique, <strong>la</strong> construction<br />

<strong>de</strong> l’enceinte semble se situer vers <strong>la</strong> fin du III e s. ou<br />

le début du IV e s. En ce qui concerne <strong>la</strong> datation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

spoliation <strong>de</strong> l’enceinte, les fouilleurs suggèrent le IV e s.<br />

en raison du rare mobilier inclus dans le comblement lié<br />

à <strong>la</strong> récupération. Ce matériel doit, selon nous, témoigner<br />

<strong>de</strong> l’occupation du site fortifié comme ce<strong>la</strong> est le cas à<br />

Man<strong>de</strong>ure (Doubs) (Kuhnle <strong>et</strong> al. à paraître).<br />

L’exemple <strong>de</strong> Brumath montre que les fouilles préventives<br />

apportent <strong>de</strong>s avancées primordiales malgré le caractère<br />

très ponctuel <strong>de</strong> ces opérations en milieu urbain. Il montre<br />

aussi que <strong>la</strong> fouille <strong>la</strong> plus exhaustive possible <strong>et</strong> le démontage<br />

systématique <strong>de</strong>s fondations en dur s’imposent<br />

pour pouvoir reconnaître le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> construction <strong>et</strong> récolter<br />

les indices <strong>de</strong> datation, indispensables pour toute interprétation.<br />

En eff<strong>et</strong>, nous avons pu procé<strong>de</strong>r à Strasbourg,<br />

lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> fouille préventive du Grenier d’Abondance, au<br />

démontage <strong>de</strong> <strong>la</strong> fondation d’une tour inédite <strong>de</strong> l’enceinte<br />

du Bas-Empire, ce qui constituait une première pour <strong>la</strong> fortification<br />

tardive (Kuhnle <strong>et</strong> al. 2001).<br />

En ce qui concerne les sites non fortifiés du Bas-Empire,<br />

nos connaissances sont toujours très limitées. De belles<br />

avancées ont cependant été réalisées à Rosheim, où plusieurs<br />

diagnostics <strong>et</strong> fouilles préventives ont livré les vestiges<br />

d’un important établissement rural <strong>de</strong>s III e <strong>et</strong> IV e s.,<br />

dans <strong>la</strong> continuité d’un établissement du Haut-Empire<br />

(Baudoux 1996, Vignaud 1999, Zehner 2000 <strong>et</strong> 2002,<br />

Card 2004).<br />

Des prospections sont toujours utiles, voire importantes<br />

pour reconnaître <strong>de</strong>s sites occupés au Bas-Empire.<br />

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