alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

ALSACE
Conclusion générale
BILAN
SCIENTIFIQUE
HORS SÉRIE
Faisant écho à la circulaire DAPA de programmation
scientifique en date du 1er juin 2004, ce bilan scientifique
régional thématique est le premier de deux volumes à paraître.
Concernant l’archéologie historique, il se veut être
un état des lieux en 2005 à partir des acquis des quinze
dernières années. Clin d’œil de l’Histoire, 2005 correspond
au 150e anniversaire de la Société pour la conservation
des Monuments historiques d’Alsace, institution pionnière
de l’archéologie régionale.
Sous l’égide de l’Inspection générale de l’architecture et
du patrimoine (IGAPA Archéologie), cet ouvrage a été élaboré
par le SRA d’Alsace – il m’est agréable ici de saluer
le très important investissement des membres du service
dans ce projet – et regroupe les contributions des chercheurs
représentant l’ensemble des institutions œuvrant
dans l’archéologie alsacienne : Enseignement supérieur,
Musées, DRAC, INRAP, services des collectivités territoriales,
Antea SARL, autres organismes et bénévoles. Que
tous en soient remerciés.
L’exercice est double. À partir d’un découpage chronologique
et thématique, il se veut en premier lieu présenter
la synthèse des connaissances induites par les différentes
opérations archéologiques qui ont jalonné ces
quinze dernières années. Il est aussi l’occasion de mettre
en exergue les déficits dans la connaissance de certains
thèmes et les aspects méthodologiques.
Une précision doit être apportée : s’il est loisible qu’un déficit
de données sur un aspect particulier demande – si
cela est possible avec les modalités d’investigations actuelles
– que les opérations à venir visent à réduire ce déficit,
il n’est évidemment pas raisonnable d’écarter durablement
du champ de la recherche tel ou tel sujet supposé
connu. Il ne faut pas oublier qu’une découverte peut entraîner
une nouvelle série de questions : ainsi la fouille du
complexe de fabrication de poteries antiques à Dambachla-Ville
nous interroge dès lors sur son intégration dans le
tissu économique régional, mais aussi sur son mode de
fonctionnement dès la phase d’extraction de l’argile. De
même la mise en évidence, à Illzach, d’une implantation
alamane sous Valentinien nous amène à réfléchir sur les
phénomènes d’intégration des populations germaniques
aux IV e et V e s.
Ce travail, mené ici à l’échelle de la région, a pour but
d’élaborer une réflexion d’ensemble dans l’interrégion,
le territoire administratif couvert par la CIRA Grand-Est.
S’il est évident, par exemple, que l’étude de l’occupation
du pays médiomatrique en Alsace Bossue doit être
impérativement corrélée avec l’aire mosellane – mais
l’exercice est également nécessaire pour la Préhistoire,
sans doute aussi l’Antiquité, dans le sud de l’Alsace et
le nord de la Franche-Comté –, la comparaison entre
Reims et Brumath n’est, semble-t-il, pas immédiatement
pertinente. Ne serait-ce que par le déséquilibre des recherches
sur les deux cités. Il y a là un chantier important
où l’on devra faire la part des grandes tendances et
des particularités régionales, voire micro-régionales. De
par sa situation géographique, l’Alsace a également tout
avantage de se tourner vers une archéologie transfrontalière
avec la Rhénanie-Palatinat, le Bade-Wurtemberg et
le nord-ouest de la Suisse. À ce titre, il est intéressant
de constater l’investissement de l’Université de Fribourg,
à Biesheim–Oedenbourg notamment où intervient également
l’Université de Bâle. Des collaborations, dans le
cadre de la carte archéologique par exemple, notamment
au travers de nouvelles technologies comme le laserscanning
ou encore de mise en compatibilité de bases de
données, pourraient à terme se développer dans ce cadre
international.
Les grandes lignes de la chronologie et de la culture matérielle
sont désormais acquises. Quelques domaines sont
encore trop peu exploités cependant, en ce qui concerne
les périodes de transition. Si l’on note l’absence de niveaux
augustéens, avec une réelle romanisation à partir
de 15-20 apr. J.–C., tout en gardant une forte composante
laténienne dans la céramique, il semble que l’on a à faire
ici, au terme de dizaines d’années de fouilles, à une réalité
historique propre à la région. Par contre la méconnaissance
de la céramique pour les transitions Bas-Empire –
Mérovingien, Carolingien – Ottonien, pour les VIII e -IX e s.
dans le sud de l’Alsace, paraît plutôt résulter d’une carence
des données objectives.
Quelques domaines méritent d’être explorés dans les années
à venir, tout en gardant à l’esprit que l’archéologie
préventive est intimement liée à l’aménagement actuel et
évolutif du territoire et non à la géographie historique. La
liste n’est pas exhaustive : je me limiterai ici à quelques
éléments significatifs glanés au fil de la lecture des différentes
contributions de cet ouvrage. On retiendra ainsi la
faiblesse de la connaissance des édifices publics, notamment
de spectacle, dans l’Antiquité, ainsi que celle de la
relation entre habitats et sépultures durant la même période
– les nécropoles d’agglomération étant particulièrement
sous-estimées. Le Bas-Empire nous interpelle sur
l’organisation militaire, l’espace urbain, l’organisation des
activités artisanales. Dans l’espace funéraire, la question
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