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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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– au sud <strong>de</strong> Haguenau enfin, un p<strong>et</strong>it secteur s’étend <strong>de</strong><br />

Bischwiller à Weibruch en passant par Gries <strong>et</strong> Kurzenhouse,<br />

les seules communes connues actuellement<br />

pour abriter <strong>de</strong>s gisements.<br />

L’exploitation <strong>de</strong> tous ces gisements va s’étaler dans le<br />

temps. Leur origine réelle n’est pas connue, quelques<br />

auteurs osent envisager <strong>de</strong>s débuts dès <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> protohistorique<br />

dans le contexte <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Haguenau,<br />

mais aucune preuve n’existe encore. Durant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong><br />

romaine, les sources d’eaux salées étaient connues <strong>et</strong><br />

certaines exploitées. Il est envisageable que d’autres matières<br />

premières, comme les sources bitumineuses <strong>et</strong> le<br />

fer, aient été localisées mais, là encore, aucune certitu<strong>de</strong><br />

n’est avancée concernant <strong>de</strong>s travaux plus spécifiques.<br />

Il faut attendre 1381 pour trouver le premier texte re<strong>la</strong>tant<br />

l’existence d’une concession minière dans le territoire<br />

<strong>de</strong> Zutzendorf. Au XVI e s., les textes parlent davantage <strong>et</strong><br />

nous démontrent un réel démarrage <strong>de</strong> l’industrie minière<br />

du fer, par exemple dès 1528 à Goersdorf, mais aussi dès<br />

1590 à Lamperscloch (zum weissen Schwanen) <strong>et</strong> également<br />

à Schoenau <strong>et</strong> à Bergzabern <strong>la</strong> même année. Pour<br />

le XVII e s., on trouve plusieurs mentions d’exploitations.<br />

Des travaux souterrains sont attestés à Uhrwiller en 1615,<br />

à Goersdorf en 1617. À Gun<strong>de</strong>rsoffen, en 1626, sont évoqués<br />

<strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> boisage d’un puits. En 1627, le<br />

boisage <strong>de</strong>s galeries <strong>de</strong> Griesbach engendre <strong>de</strong>s conflits<br />

forestiers qui <strong>la</strong>issent une trace écrite intéressante. Les<br />

mines <strong>de</strong> Gries apparaissent en 1631, celles <strong>de</strong> Mi<strong>et</strong>eshiem<br />

en 1683, mais ces <strong>de</strong>rnières sont vraisemb<strong>la</strong>blement<br />

plus anciennes <strong>et</strong> prendront beaucoup d’importance<br />

par <strong>la</strong> suite. L’ouverture en 1685 d’un haut-fourneau à Jaegerthal,<br />

près <strong>de</strong> Nie<strong>de</strong>rbronn, provoque davantage <strong>de</strong> recherches<br />

<strong>de</strong> fer dans c<strong>et</strong>te région. C’est au XVIII e s. que<br />

les ouvertures <strong>de</strong> mines se multiplient notamment grâce<br />

aux investissements <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille De Di<strong>et</strong>rich, <strong>et</strong> en particulier<br />

du baron Philippe Frédéric, auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Description<br />

<strong>de</strong>s gîtes <strong>de</strong> minerai dont le troisième volume, publié<br />

en 1789, est consacré à <strong>la</strong> basse Alsace. Près <strong>de</strong><br />

cinquante gisements sont décrits, parfois avec <strong>de</strong> nombreux<br />

détails. Il s’agit principalement <strong>de</strong>s mines <strong>de</strong> fer,<br />

mais l’auteur traite bien sûr aussi <strong>de</strong>s gisements <strong>de</strong> charbon<br />

<strong>de</strong> Dauendorf qui «mériteroi qu’on y fit quelques recherches»<br />

ou <strong>de</strong> Neubourg où «<strong>de</strong>s obstacles majeurs<br />

s’opposent à leur exploitation». Les mines <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Dieffenbach<br />

ouvrent en 1741, Dauendorf en 1761, Schwabwiller<br />

en 1770, Preuschdorf en 1781, Nie<strong>de</strong>rsteinbach en<br />

1788. À Goersdorf, en plus du fer, il parle d’une p<strong>et</strong>ite exploitation<br />

pour l’ocre : «on en fait quelque usage dans<br />

les arts», ainsi que d’une mine vitriol pour <strong>la</strong> fabrique<br />

<strong>de</strong> Huckodt. À Dieffenbach, <strong>de</strong>s mines sont ouvertes en<br />

1741. Plusieurs communes se regroupant autour <strong>de</strong> Mi<strong>et</strong>esheim<br />

possè<strong>de</strong>nt une ou plusieurs minières. Engwiller,<br />

Uttenhoffen <strong>et</strong> Uhrwiller sont régulièrement mentionnées<br />

dans les archives départementales du Bas-Rhin. C<strong>et</strong>te<br />

gran<strong>de</strong> pério<strong>de</strong> verra également <strong>la</strong> construction <strong>de</strong> nombreux<br />

ouvrages liés à l’industrie <strong>de</strong> fer <strong>et</strong> qui ont sans aucun<br />

doute marqué le paysage <strong>et</strong> les consciences à jamais.<br />

Après une courte interruption durant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> révolutionnaire,<br />

les exploitations reprennent au début du XIX e s.<br />

En 1852, A. Daudrée (Daudrée 1852) signale 23 minières<br />

exploitées dans 12 communes. En 1865, on compte une<br />

vingtaine <strong>de</strong> mines ouvertes <strong>et</strong> en 1866 ne subsistent que<br />

5 exploitations. Les problèmes <strong>de</strong> rentabilité ne cessent<br />

<strong>de</strong> grandir, elles ferment les unes après les autres.<br />

Une mine n’est jamais seule. De nombreuses instal<strong>la</strong>tions<br />

<strong>de</strong> surface sont utiles au traitement <strong>de</strong>s matières pour obtenir<br />

les produits désirés. De <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong> <strong>la</strong> galerie jusqu’à<br />

l’obj<strong>et</strong> fini, les étapes <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne opératoire sont encore<br />

nombreuses. Le minerai <strong>de</strong> fer doit être <strong>la</strong>vé à gran<strong>de</strong>s<br />

eaux, transporté jusqu’aux fourneaux <strong>et</strong> aux forges pour<br />

une première transformation <strong>et</strong> ensuite vendu tel quel ou<br />

porté aux usines qui créent <strong>de</strong>s produits finis. En 1696, les<br />

comptes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Mi<strong>et</strong>esheim nous signalent une <strong>la</strong>verie<br />

sur <strong>la</strong> Lutzelbach <strong>et</strong> <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> pollution. En<br />

1779, les minerais <strong>de</strong> Winterhouse, <strong>de</strong> Minversheim notamment<br />

sont traités à Schoenau <strong>et</strong> à Zinwiller. D’autres<br />

forges sont attestées à Lembach, à Mouterhouse, à Nie<strong>de</strong>rbronn,<br />

à Reischoffen (1766). À <strong>la</strong> veille <strong>de</strong> <strong>la</strong> Révolution,<br />

les forges, fon<strong>de</strong>ries <strong>et</strong> autres établissements autour<br />

<strong>de</strong> Nie<strong>de</strong>rbronn-les-Bains emploient <strong>et</strong> font vivre 918<br />

personnes. On ne peut om<strong>et</strong>tre l’existence d’autres <strong>la</strong>veries,<br />

martin<strong>et</strong>s, fon<strong>de</strong>ries <strong>et</strong> toutes sortes d’usines spécialisées.<br />

Le patrimoine minier <strong>et</strong> industriel alsacien est considérable,<br />

mais il est paradoxalement un <strong>de</strong>s premiers à souffrir<br />

du manque <strong>de</strong> données archéologiques face à l’indubitable<br />

aménagement galopant du territoire. Pourtant <strong>la</strong><br />

richesse <strong>de</strong>s différents fonds d’archives est telle qu’une<br />

étu<strong>de</strong> détaillée pourrait assez facilement servir <strong>de</strong> base <strong>de</strong><br />

départ à <strong>de</strong>s recherches sur le terrain <strong>et</strong> un inventaire <strong>de</strong>s<br />

sites. Mieux documentés, disposant d’outils efficaces, les<br />

acteurs <strong>de</strong> l’archéologie préventive seront mieux armés<br />

<strong>et</strong> plus rapi<strong>de</strong>ment à même <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s opérations archéologiques.<br />

Références citées<br />

Daudrée 1852 : DAUDRÉE (A.). – Description géologique<br />

<strong>et</strong> minéralogique du département du Bas-Rhin, Strasbourg<br />

: E. Simon, 1852. XVI-499 p.<br />

Le Minor 1978 : LE MINOR (J.-M.). – Gisements <strong>de</strong> fer<br />

<strong>de</strong> l’Alsace du Nord. Pierres <strong>et</strong> Terre, 15-16, 1978, p. 105-<br />

112.<br />

Vogt 1986 : VOGT (J.). – L’exploitation <strong>de</strong>s gîtes <strong>de</strong> minerai<br />

<strong>de</strong> fer <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ines <strong>et</strong> collines du nord <strong>de</strong> Basse-Alsace<br />

par les Di<strong>et</strong>rich, leurs prédécesseurs <strong>et</strong> leurs concurrents.<br />

Revue d’Alsace, 112, 1986, p. 223-254.<br />

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