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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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L’archéologie minière<br />

préventive en Alsace<br />

Patrick CLERC<br />

Des exploitations minières méridionales <strong>de</strong> <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong><br />

Masevaux aux gisements <strong>de</strong> pétrole <strong>de</strong> Pechelbronn, en<br />

passant par Sainte-Marie-aux-Mines ou le bassin potassique,<br />

l’Alsace possè<strong>de</strong> un patrimoine minier considérable,<br />

richement documenté.<br />

Comme beaucoup <strong>de</strong> ces nouvelles sciences, l’archéologie<br />

minière <strong>et</strong> ses acteurs sont en train <strong>de</strong> s’adapter à<br />

une nouvelle légis<strong>la</strong>tion en matière d’archéologie préventive.<br />

Le développement économique <strong>et</strong> social alsacien engendre<br />

logiquement, comme partout en France, le développement<br />

<strong>de</strong> l’aménagement <strong>de</strong> son territoire. Les zones<br />

urbaines s’éten<strong>de</strong>nt, <strong>de</strong> nouvelles routes se construisent,<br />

les anciennes s’é<strong>la</strong>rgissent, les chemins <strong>de</strong> fer se prolongent.<br />

L’impact archéologique qui en découle est important.<br />

Il concerne aussi bien les anciennes mines que tous<br />

les autres types <strong>de</strong> sites archéologiques, toutes pério<strong>de</strong>s<br />

confondues. Jusque-là re<strong>la</strong>tivement épargnés par ces travaux,<br />

les sites miniers ou liés à l’exploitation minière sont<br />

aujourd’hui <strong>de</strong> plus en plus menacés.<br />

En Alsace, les premières opérations d’archéologie préventive<br />

répondant à <strong>la</strong> réglementation en vigueur ont ainsi<br />

été menées ces <strong>de</strong>rnières années. On peut citer, par<br />

exemple, un diagnostic réalisé 78 récemment sur <strong>la</strong> commune<br />

du Bonhomme (Haut-Rhin) préa<strong>la</strong>blement à l’imp<strong>la</strong>ntation<br />

d’un lotissement, qui <strong>de</strong>vait se faire à l’emp<strong>la</strong>cement<br />

d’une fon<strong>de</strong>rie, liée aux mines <strong>de</strong> Sainte-Marie-aux-<br />

Mines <strong>et</strong> localisée quelques années auparavant grâce à<br />

une prospection thématique, menée dans le cadre <strong>de</strong> l’inventaire<br />

<strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> surface liées aux mines <strong>et</strong><br />

<strong>la</strong> métallurgie dans les Vosges centrales. À Sainte-Marieaux-Mines,<br />

un autre grand proj<strong>et</strong> régional en cours a déjà<br />

fait l’obj<strong>et</strong> d’étu<strong>de</strong>s préa<strong>la</strong>bles. Il s’agit du futur Parc touristique<br />

minier du Val d’Argent «Tellure», qui a pour vocation<br />

<strong>la</strong> mise en valeur du riche patrimoine minier <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

vallée bien nommée. Les travaux nécessaires à l’aménagement<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> mine Saint-Jean / Engelsbourg <strong>et</strong> du bâtiment<br />

muséographique engendrent logiquement un impact<br />

certain sur les vestiges archéologiques, aussi bien sous<br />

terre qu’en surface. Ce<strong>la</strong> a été mis c<strong>la</strong>irement en évi<strong>de</strong>nce<br />

lors d’un diagnostic préa<strong>la</strong>ble effectué fin 2003. L’opération<br />

préventive, qui sera réalisée par un nouvel opérateur<br />

technique, <strong>de</strong>vrait apporter <strong>de</strong> nombreuses informations<br />

complémentaires aux étu<strong>de</strong>s déjà réalisées sur le site <strong>et</strong><br />

sans doute aussi du matériel muséographique nouveau.<br />

D’autres proj<strong>et</strong>s miniers, notamment <strong>de</strong> mise en valeur,<br />

commencent à prendre forme ailleurs en Alsace <strong>et</strong> ils <strong>de</strong>vront,<br />

comme les autres, respecter les nouvelles règles<br />

en matière d’archéologie préventive.<br />

Les différentes analyses <strong>et</strong> l’expérience nous ont démontré<br />

que <strong>de</strong> réelles menaces existent encore. L’inventaire<br />

<strong>de</strong>s sites liés aux mines <strong>et</strong> à <strong>la</strong> métallurgie, bien que visant<br />

l’exhaustivité, n’est pas achevé. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s grands<br />

districts miniers comme Sainte-Marie-aux-Mines qui ont<br />

fait l’obj<strong>et</strong> d’attentions particulières <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s différents<br />

protagonistes, <strong>de</strong> vastes secteurs restent, à leur dépens,<br />

pauvres en informations. L’essentiel <strong>de</strong>s données<br />

concerne en eff<strong>et</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> moitié sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> région, soit<br />

du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur historique <strong>de</strong>s sites, soit plus simplement<br />

par l’origine géographique <strong>de</strong>s principaux acteurs <strong>de</strong><br />

ces travaux. De ce fait, un déca<strong>la</strong>ge semble exister entre<br />

les <strong>de</strong>ux départements alsaciens du point <strong>de</strong> vue du traitement<br />

donné aux différents districts miniers. Le nord <strong>de</strong><br />

l’Alsace, par exemple, semble encore re<strong>la</strong>tivement pauvre<br />

en informations <strong>de</strong> terrain alors qu’un potentiel non négligeable<br />

émerge <strong>de</strong> quelques étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> textes d’archive.<br />

Des sites miniers seraient-ils donc menacés par le simple<br />

fait qu’ils n’aient pas été inventoriés ou localisés, même<br />

approximativement ? Dispose-t-on d’outils assez adaptés<br />

pour connaître <strong>et</strong> évaluer rapi<strong>de</strong>ment une éventuelle menace<br />

sur le patrimoine minier ou industriel dans le cas <strong>de</strong><br />

déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> travaux ?<br />

Pour tenter <strong>de</strong> répondre à ces interrogations, il peut être<br />

utile <strong>de</strong> prendre l’exemple <strong>de</strong>s nombreux gisements <strong>de</strong><br />

fer du nord <strong>de</strong> l’Alsace présents notamment en p<strong>la</strong>ine,<br />

entre <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s collines sous-vosgiennes <strong>et</strong> <strong>la</strong> périphérie<br />

ouest <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt d’Haguenau 79 . Le peu <strong>de</strong> documentation<br />

disponible est déjà re<strong>la</strong>tivement ancien <strong>et</strong> n’a pas <strong>la</strong><br />

prétention d’être exhaustif (Le Minor 1978 ; Vogt 1986).<br />

Dans ce secteur, il s’agit essentiellement <strong>de</strong> minerai <strong>de</strong><br />

fer sous forme <strong>de</strong> grains <strong>de</strong> limonite <strong>de</strong> moins d’un <strong>de</strong>micentimètre<br />

<strong>de</strong> diamètre moyen ou <strong>de</strong> fines p<strong>la</strong>qu<strong>et</strong>tes,<br />

contenues dans une gangue d’argile ou parfois <strong>de</strong> sable.<br />

Rarement affleurants, ces terrains sédimentaires ferrugineux<br />

sont parfois recouverts <strong>de</strong> plusieurs mètres <strong>de</strong><br />

couches stériles <strong>de</strong> lœss, d’argile ou <strong>de</strong> limon. L’exploitation<br />

était réalisée à ciel ouvert dans <strong>de</strong> vastes excavations<br />

appelées «minières» ou <strong>de</strong> façon souterraine par<br />

<strong>de</strong>s puits <strong>et</strong> <strong>de</strong>s galeries. Les gisements sont si nombreux<br />

qu’ils ne sont pas tous connus <strong>et</strong> inventoriés. Il serait trop<br />

long d’énumérer ici les communes concernées, en une<br />

liste assurément incomplète. Plusieurs groupes d’exploitations<br />

peuvent cependant êtres dissociés :<br />

– au nord, entre Goersdorf <strong>et</strong> Soultz-sous-Forêt, où <strong>de</strong>s<br />

sources d’eau salée sont exploitées dès l’époque romaine<br />

<strong>et</strong> plus tard par <strong>de</strong>s puits <strong>et</strong> galeries, <strong>de</strong>s gisements<br />

<strong>de</strong> fer sont attestés au XVI e s. <strong>de</strong> Goersdorf jusqu’à<br />

Oberb<strong>et</strong>schdorf, ou encore à Wingen. N’oublions<br />

pas que l’huile minérale <strong>de</strong>s gisements <strong>de</strong> Pechelbronn<br />

est utilisée dès le XVI e s. pour le traitement <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>dies<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> peau <strong>et</strong> le graissage <strong>de</strong>s essieux <strong>de</strong> charr<strong>et</strong>te.<br />

L’exploitation par galeries ici semble débuter au<br />

XVIII e s. (1745) <strong>et</strong> dure jusqu’en 1962. Un <strong>de</strong>s puits atteint<br />

250 m <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur vers 1920 ;<br />

– à l’est <strong>et</strong> au sud, une vaste zone qui s’étend <strong>de</strong><br />

Nie<strong>de</strong>rbronn-les-Bains à Schwindratzheim abrite l’essentiel<br />

du gisement ferrugineux. Plus <strong>de</strong> trente communes<br />

sont concernées par <strong>de</strong>s exploitations à ciel ouverts<br />

ou parfois souterraines ;<br />

78 par l’INRAP<br />

79 D’autres exemples peuvent se trouver en Alsace Bossue, dans le Jura alsacien, <strong>et</strong>c.<br />

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