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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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tée aux résultats obtenus sur <strong>de</strong>s sites simi<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> Forêt-<br />

Noire, perm<strong>et</strong> une première approche <strong>de</strong> ce que l’on a appelé<br />

«<strong>la</strong> métallurgie <strong>de</strong> l’an mil» (Fluck <strong>et</strong> al. 1991 ; Fluck<br />

1992). Un p<strong>et</strong>it ensemble <strong>de</strong> sondages a concerné l’un<br />

<strong>de</strong>s établissements, dit fon<strong>de</strong>rie du Pfaffenloch, m<strong>et</strong>tant<br />

en œuvre <strong>de</strong>s évaluations quantitatives <strong>de</strong>s diverses unités<br />

stratigraphiques <strong>de</strong>s profils rencontrés ; il est apparu<br />

que, seule, <strong>la</strong> fouille extensive perm<strong>et</strong>tra d’en comprendre<br />

l’organisation. C<strong>et</strong>te problématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> métallurgie <strong>de</strong><br />

l’an mil est l’un <strong>de</strong>s principaux enjeux à venir.<br />

La sidérurgie<br />

Les hauts-fourneaux <strong>de</strong> Bitschwiller <strong>et</strong> <strong>de</strong> Masevaux<br />

(XVIII e <strong>et</strong> XIX e s.) n’ont donné lieu qu’à <strong>de</strong>s approches<br />

historiques. Le site du second pourtant a été <strong>la</strong>bouré<br />

(2003) par <strong>de</strong>s engins mécaniques qui ont remué <strong>de</strong>s<br />

tonnes <strong>de</strong> <strong>la</strong>itiers, <strong>et</strong> il est à regr<strong>et</strong>ter qu’aucun sauv<strong>et</strong>age<br />

n’ait pu être entrepris, les autorités locales om<strong>et</strong>tant<br />

assez systématiquement <strong>de</strong> signaler ce genre <strong>de</strong> situations.<br />

À Oberbruck (mais aussi en certains points <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bruche), une reconnaissance rapi<strong>de</strong> a montré<br />

<strong>la</strong> gran<strong>de</strong> abondance <strong>de</strong> <strong>la</strong>itiers assez finement concassés.<br />

Une campagne archéométrique sur ce thème serait<br />

à souhaiter : <strong>la</strong> problématique en est l’apparition <strong>de</strong>s premiers<br />

hauts-fourneaux, dont les résidus peuvent être <strong>de</strong>s<br />

<strong>la</strong>itiers à grenaille (dont on aurait cherché à récupérer <strong>la</strong><br />

grenaille <strong>de</strong> fonte).<br />

III.3. La forge<br />

Le percement <strong>de</strong>s travaux miniers nécessite l’utilisation<br />

massive d’outils métalliques divers, au premier rang <strong>de</strong>squels<br />

figure <strong>la</strong> pointerolle. L’essor <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te activité à l’aube<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance n’est sans doute pas étranger à <strong>la</strong><br />

perfection <strong>de</strong> c<strong>et</strong> outil spécifique (qui, croisé avec le marteau,<br />

est <strong>de</strong>venu l’emblème <strong>de</strong> ce métier). Il a continué à<br />

être utilisé jusqu’au milieu du XIX e s., malgré l’introduction<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> poudre au début du XVII e s. Une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

comptes d’exploitation dans le sud <strong>de</strong>s Vosges montre<br />

une consommation hebdomadaire d’environ 50 pointerolles<br />

par ouvrier, quantité qui pouvait doubler lorsque<br />

<strong>la</strong> roche était très dure. Elles représentent, dans ce cas,<br />

près <strong>de</strong> 75% du travail du forgeron, le reste étant partagé<br />

entre les marteaux, houes, haches <strong>et</strong> diverses ferrures (cf.<br />

Bohly 1990a). C’est dire le rôle essentiel <strong>de</strong> <strong>la</strong> forge pour<br />

le fonctionnement <strong>de</strong> <strong>la</strong> mine ; il n’est dès lors pas étonnant<br />

que chaque exploitation atteignant une certaine importance<br />

se soit dotée d’une forge propre, le plus souvent<br />

construite <strong>de</strong>vant l’entrée, intégrée à un p<strong>et</strong>it complexe<br />

d’ateliers <strong>et</strong> d’habitat. Plusieurs ont fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> fouilles.<br />

L’opération <strong>la</strong> plus riche est sans conteste <strong>la</strong> fouille <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

forge du carreau Samson (district <strong>de</strong> Sainte-Marie-aux-<br />

Mines). Elle se présente comme un bâtiment <strong>de</strong> pierres<br />

<strong>de</strong> 8 × 6,5 m, hébergeant 3 foyers dont 2 présentent une<br />

sole basse. À côté <strong>de</strong> l’un d’eux ont été mis en évi<strong>de</strong>nce<br />

2 trous <strong>de</strong> poteaux d’un éventuel bâti <strong>de</strong> souffl<strong>et</strong>, <strong>et</strong> surtout<br />

le relief en creux d’un bassin <strong>de</strong> trempe, alimenté par<br />

<strong>la</strong> dérivation d’une rigole ; proche du <strong>de</strong>uxième foyer, une<br />

empreinte paraît correspondre au billot d’une enclume. Un<br />

mobilier abondant <strong>et</strong> varié, comprenant surtout <strong>de</strong>s éléments<br />

ferreux, perm<strong>et</strong> d’esquisser l’organisation du travail.<br />

On y relève surtout 495 pointerolles ou fragments <strong>de</strong><br />

pointerolles <strong>de</strong> différentes sortes, dont <strong>la</strong> longue ritzeisen<br />

qui servait à creuser <strong>de</strong>s entailles, <strong>et</strong> dont plusieurs ont<br />

fait l’obj<strong>et</strong> d’étu<strong>de</strong>s métallographiques. À côté d’un foyer,<br />

une caisse en bois contenait <strong>de</strong>s outils brisés <strong>de</strong>stinés à<br />

être recyclés. Attenant à <strong>la</strong> forge, un second bâtiment perm<strong>et</strong>tait<br />

le stockage <strong>de</strong> 20 à 30 m 3 <strong>de</strong> charbon <strong>de</strong> bois. Ce<br />

type <strong>de</strong> forge, à l’organisation complexe, n’équipait que<br />

les plus gran<strong>de</strong>s exploitations.<br />

De dimensions beaucoup plus mo<strong>de</strong>stes, <strong>la</strong> forge fouillée<br />

sur le carreau <strong>de</strong> <strong>la</strong> mine d’antimoine Tiergarten au Silberwald<br />

(Stosswihr) étaient bâtie à côté <strong>de</strong> l’habitat, probablement<br />

abritée par un simple auvent ; elle se présente<br />

comme un foyer <strong>de</strong> pierres <strong>de</strong> 2,2 × 1,8 m avec une sole<br />

à plus d’un mètre <strong>de</strong> hauteur. Sa fonction était double :<br />

d’une part une fonction <strong>de</strong> forge, attestée par les nombreuses<br />

battitures dispersées alentour <strong>et</strong> par une masse<br />

considérable <strong>de</strong> scories en <strong>de</strong>mi sphères exhumées dans<br />

l’environnement ; <strong>de</strong> l’autre une fonction <strong>de</strong> foyer <strong>de</strong> purification<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> stibine !<br />

Trois forges ont fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> fouilles partielles à Fertrupt<br />

(P. Fluck), district <strong>de</strong> Sainte-Marie-aux-Mines. La<br />

première est localisée en contrebas <strong>de</strong> <strong>la</strong> présumée mine<br />

Ulmer Zech, c’est une structure voûtée en briques coiffant<br />

un remplissage stratifié sous une sole, au sein duquel<br />

se trouvent piégées <strong>de</strong>s concentrations <strong>de</strong> battitures<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> scories <strong>de</strong> forge. La céramique est d’époque Renaissance.<br />

Une urbanisation récente empêche d’étendre<br />

l’investigation. Le second site, dit «Forge Zann» du nom<br />

<strong>de</strong> son propriétaire, offre c<strong>et</strong>te même configuration singulière<br />

: un foyer rectangu<strong>la</strong>ire, construit <strong>de</strong> pierres sèches<br />

<strong>et</strong> surmonté d’une coupole faite <strong>de</strong> briques. Le troisième<br />

site est celui du carreau Saint-Jean ; <strong>la</strong> fouille y a livré une<br />

fosse à charbon <strong>et</strong> surtout un ferrier contenant plusieurs<br />

centaines <strong>de</strong> kilos <strong>de</strong> scories caractéristiques.<br />

Ailleurs, ce sont <strong>de</strong>s découvertes <strong>de</strong> scories isolées ou<br />

par concentrations qui ont permis, en localisant ainsi <strong>de</strong><br />

nombreuses forges, un apport à <strong>la</strong> carte archéologique<br />

tant pour le district <strong>de</strong> Sainte-Marie-aux-Mines que pour<br />

le sud <strong>de</strong>s Vosges.<br />

En parallèle, <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s métallographiques<br />

ont été menées sur les outils d’abattage (Fluck <strong>et</strong> al.<br />

1991). En particulier, une série d’analyses réalisées à<br />

l’Institut polytechnique <strong>de</strong> Sévenans, entre 1985 <strong>et</strong> 1990,<br />

sur une quarantaine <strong>de</strong> pointerolles, principalement issues<br />

du massif vosgien, a montré <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> forgeage<br />

qui fait intervenir un insert en acier p<strong>la</strong>nté dans <strong>la</strong><br />

pointe selon une technique en «gueule <strong>de</strong> loup», ou, dans<br />

le cas d’une réparation d’un outil usé, <strong>la</strong> soudure en bout<br />

d’une pointe en acier. C<strong>et</strong>te opération, qui vise à renforcer<br />

<strong>la</strong> dur<strong>et</strong>é <strong>de</strong> l’outil <strong>et</strong> à augmenter sa durée <strong>de</strong> vie, est<br />

suivie d’un trempage (Guillot <strong>et</strong> al. 1995). Une étu<strong>de</strong> i<strong>de</strong>ntique<br />

a été appliquée au fleur<strong>et</strong>, l’outil spécifique du travail<br />

à <strong>la</strong> poudre (Guillot <strong>et</strong> al. 1992).<br />

IV. L’HABITAT ET LA VIE QUOTIDIENNE<br />

En filigrane <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te présentation <strong>de</strong>s techniques d’extraction<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> transformation du minerai évoluent les acteurs<br />

<strong>de</strong> toute c<strong>et</strong>te activité. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s conditions pénibles<br />

<strong>de</strong> leur travail, <strong>de</strong> l’ingéniosité qu’ils <strong>de</strong>vaient déployer<br />

pour surmonter les difficultés qu’ils rencontraient,<br />

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