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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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– <strong>la</strong> mise en communication <strong>de</strong> plusieurs réseaux qui<br />

crée <strong>de</strong>s courants d’air, dont <strong>la</strong> force peut même parfois<br />

constituer une gêne ;<br />

– <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> divers dispositifs <strong>de</strong>vant les porches<br />

d’entrées pour forcer c<strong>et</strong>te circu<strong>la</strong>tion : venti<strong>la</strong>teurs,<br />

souffl<strong>et</strong>s, pièges à vent. Aucun indice n’est venu jusqu’ici<br />

confirmer leur existence, bien que les textes en<br />

fassent mention : S. Munster (1551) parle <strong>de</strong> souffl<strong>et</strong>s<br />

<strong>et</strong> éventoirs pour les mines du Val <strong>de</strong> Lièpvre, <strong>et</strong> les<br />

archives signalent un venti<strong>la</strong>teur aux mines <strong>de</strong> fer <strong>de</strong><br />

Bitschwiller au début du XIX e s. ;<br />

– <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un double p<strong>la</strong>fond d’aérage. Ce dispositif<br />

astucieux, peu cité dans les sources manuscrites,<br />

a pourtant été <strong>la</strong>rgement utilisé à <strong>la</strong> Renaissance<br />

dans les Vosges. Il mérite d’être détaillé : les mineurs<br />

tiraient parti <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> température entre l’air<br />

extérieur <strong>et</strong> l’air dans <strong>la</strong> mine. Un puits ascendant était<br />

percé à peu <strong>de</strong> distance <strong>de</strong> l’entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong> mine ; à partir<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te connexion <strong>la</strong> galerie était partagée en <strong>de</strong>ux<br />

compartiments par un p<strong>la</strong>fond en bois étanchéifié par<br />

<strong>de</strong> l’argile ; <strong>la</strong> partie supérieure était reliée au puits d’aérage<br />

<strong>et</strong> formait jusqu’au front <strong>de</strong> taille un conduit indépendant<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> partie principale, <strong>la</strong>quelle servait au passage<br />

<strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s chariots. En hiver, l’air dans<br />

<strong>la</strong> mine plus chaud (<strong>et</strong> donc plus léger) que l’air extérieur<br />

avait tendance à s’élever dans le puits d’aérage,<br />

amorçant un courant d’air aspirant <strong>de</strong>puis l’entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

galerie ; en hiver ce courant s’inversait.<br />

En 1982 <strong>et</strong> 1983, les traces bien conservées d’un double<br />

p<strong>la</strong>fond d’aérage ont fait l’obj<strong>et</strong> d’un relevé dans <strong>la</strong> galerie<br />

moyenne du Bru<strong>de</strong>rthal à Steinbach (Bohly, Barth 1984).<br />

Elles associent les encoches d’ancrage <strong>de</strong>s poutres <strong>de</strong><br />

soutien <strong>et</strong> le liseré d’argile d’étanchéité, dont le relief<br />

conserve <strong>la</strong> marque <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> bois sur lesquelles il<br />

s’appuyait.<br />

À Sainte-Marie-aux-Mines, <strong>la</strong> lecture pariétale détaillée du<br />

travers-bancs Notre-Dame sur <strong>la</strong> longueur <strong>de</strong> 150 m a fait<br />

ressortir l’existence d’un caisson d’aérage, se greffant loin<br />

<strong>de</strong> l’entrée. Dans le même district, d’autres galeries ainsi<br />

équipées ont été recensées, notamment au Neuenberg :<br />

presque toutes les galeries du filon Saint-Louis en sont<br />

pourvues. Là-aussi dans certains cas, le caisson d’aérage<br />

n’intervient qu’au cœur du réseau, participant à <strong>de</strong>s dispositifs<br />

complexes <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion d’air (Ancel, Fluck 1988).<br />

À Nie<strong>de</strong>rbruck, dans <strong>la</strong> mine Henri I, le système puitscaisson<br />

d’aérage fait l’obj<strong>et</strong> d’une étu<strong>de</strong> à travers le relevé<br />

<strong>de</strong>s encoches <strong>de</strong> poutres <strong>de</strong> soutien du p<strong>la</strong>fond en bois ;<br />

toutes traces d’argile ont ici disparu (Bohly à paraître a).<br />

Un système plus é<strong>la</strong>boré m<strong>et</strong> en connexion le puits avec<br />

une galerie supérieure, séparée <strong>de</strong> <strong>la</strong> galerie principale<br />

par une mince travée rocheuse ; les <strong>de</strong>ux communiquent<br />

au moyen <strong>de</strong> lucarnes successives, qui sont bouchées<br />

au fur <strong>et</strong> à mesure <strong>de</strong> l’avancement du front <strong>de</strong> taille. J.<br />

Gran<strong>de</strong>mange observe <strong>et</strong> décrit ce système, principalement<br />

dans <strong>la</strong> mine dite Fontaine <strong>de</strong>s chou<strong>et</strong>tes (Bois <strong>de</strong><br />

Saint-Pierremont), mais on a pu le m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce au<br />

Neuenberg également (Fluck, Benoît 1993).<br />

C<strong>et</strong>te question <strong>de</strong> l’aérage a donc fait l’obj<strong>et</strong> d’étu<strong>de</strong>s<br />

nombreuses, mais il manque peut-être une synthèse à<br />

l’échelle <strong>de</strong>s grands réseaux, qui m<strong>et</strong>te en évi<strong>de</strong>nce son<br />

organisation évolutive en rapport avec l’avancement <strong>de</strong><br />

l’exploitation. Aucun double p<strong>la</strong>fond n’a été r<strong>et</strong>rouvé entier<br />

; l’absence <strong>de</strong> découvertes <strong>de</strong> pièces tombées au sol<br />

après son pourrissement suggère qu’ils ont été démontés<br />

une fois que <strong>la</strong> connexion avec d’autres galeries les ait<br />

rendus inutiles.<br />

Par contre, <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s fondamentales abor<strong>de</strong>nt c<strong>et</strong>te<br />

problématique sous l’angle <strong>de</strong> <strong>la</strong> modélisation physique<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’expérimentation. La première concerne le système<br />

à puits d’aérage <strong>et</strong> faux p<strong>la</strong>fond du Chêne (Florsch, ASE-<br />

PAM 1995) ; par le décombrage du puits d’aérage <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

réalisation à l’i<strong>de</strong>ntique du dispositif, elle s’apparente à<br />

une opération d’archéologie expérimentale. La <strong>de</strong>uxième<br />

s’attache à une galerie sans dispositif particulier (Florsch<br />

1998). Elles montrent que le moteur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te circu<strong>la</strong>tion<br />

d’air est le gradient vertical <strong>de</strong> température qui dépend<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> température entre l’atmosphère extérieure<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> galerie. L’expérimentation en galerie montre<br />

que <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion naturelle est fortement ralentie au-<strong>de</strong>là<br />

d’une longueur <strong>de</strong> 50 m, alors que c<strong>et</strong>te distance va être<br />

beaucoup plus longue dès lors que c<strong>et</strong>te galerie est équipée<br />

du système à double p<strong>la</strong>fond. Elle montre également<br />

que le système continue à fonctionner même lorsque les<br />

températures extérieure <strong>et</strong> intérieure sont quasi à l’équilibre.<br />

L’expérimentation se poursuit par une modélisation<br />

physique qui précise c<strong>et</strong>te loi. Ce travail remarquable m<strong>et</strong><br />

en pratique <strong>la</strong> complémentarité entre sciences dures <strong>et</strong><br />

sciences humaines.<br />

III.2. La transformation du minerai<br />

III.2.1. Le traitement du minerai : le <strong>la</strong>vage<br />

On appelle également minéralurgie c<strong>et</strong> ensemble d’opérations,<br />

qui ont pour objectif <strong>de</strong> livrer à <strong>la</strong> fon<strong>de</strong>rie un minerai<br />

purifié, c’est-à-dire débarrassé <strong>de</strong> toutes les parties<br />

rocheuses auquel il était mêlé, à l’état brut.<br />

Pour <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> du bas Moyen Âge, le site qui a livré<br />

les résultats les plus spectacu<strong>la</strong>ires est <strong>la</strong> chaîne <strong>de</strong><br />

vasques <strong>de</strong> résidus <strong>de</strong> <strong>la</strong>vage du Haut-Altenberg (Fluck,<br />

Ancel 1985-1986), explorées par divers sondages qui<br />

dévoilèrent d’étonnantes stratigraphies, dont on entreprit<br />

l’étu<strong>de</strong> sédimentologique par le biais <strong>de</strong> spectres granulométriques.<br />

Les matériaux étaient concassés à <strong>la</strong> main.<br />

Un authentique canal d’altitu<strong>de</strong> constitue le fil conducteur<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te chaîne.<br />

L’essentiel <strong>de</strong>s opérations concerne <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions du<br />

XVI e s. Le <strong>la</strong>vage à c<strong>et</strong>te époque consistait en une<br />

suite d’opérations assez complexes, qui nécessitaient un<br />

savoir-faire é<strong>la</strong>boré. Le principe en est simple cependant<br />

: le produit brut est tout d’abord bocardé, c’est-àdire<br />

concassé, à l’ai<strong>de</strong> d’une machine appelée bocard.<br />

On effectue ensuite le tri par l’eau (comme le font les<br />

chercheurs d’or !) pour éliminer les parties plus légères<br />

(<strong>la</strong> gangue <strong>et</strong> les résidus <strong>de</strong> l’encaissant) <strong>et</strong> concentrer<br />

en amont du courant le minerai purifié (les schlicks).<br />

L’inventaire <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> surface (Fédération patrimoine<br />

minier, 1996) recense 23 <strong>la</strong>veries pour le seul district <strong>de</strong><br />

Sainte-Marie-aux-Mines ; <strong>la</strong> plupart se détectent par <strong>de</strong>s<br />

hal<strong>de</strong>s <strong>de</strong> boues <strong>de</strong> <strong>la</strong>vage qui peuvent s’épancher sur<br />

<strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> mètres en fond <strong>de</strong> vallées (certaines ont<br />

été cartographiées par <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> électromagnétique).<br />

La plus complète structure mise au jour est <strong>la</strong> <strong>la</strong>verie <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> mine Samson, fouillée <strong>de</strong>puis 1985 (Gran<strong>de</strong>mange). La<br />

position du site en fond <strong>de</strong> cuv<strong>et</strong>te l’a préservé <strong>de</strong> l’éro-<br />

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