alsace - Ministère de la Culture et de la Communication
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Les structures souterraines sont parfois mieux conservées,<br />
quand elles n’ont pas été démontées lors <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
reprise <strong>de</strong>s exploitations entre 1870 <strong>et</strong> 1914. Deux découvertes<br />
majeures sont à signaler pour le massif vosgien.<br />
La première a eu lieu au Thillot (département <strong>de</strong>s<br />
Vosges) <strong>et</strong> a fait l’obj<strong>et</strong> d’une valorisation après démontage<br />
<strong>et</strong> étu<strong>de</strong>. La <strong>de</strong>uxième se situe à La<strong>la</strong>ye, à <strong>la</strong> mine<br />
Haus Oesterreich, le fleuron <strong>de</strong>s mines d’argent du val <strong>de</strong><br />
Villé. Les textes indiquent ici le fonçage d’un puits d’exhaure<br />
<strong>et</strong> d’extraction sur une profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> 40 toises,<br />
équipé d’une machine hydraulique. Le danger d’effondrement<br />
<strong>de</strong> ce puits situé au cœur du vil<strong>la</strong>ge a suscité une<br />
spectacu<strong>la</strong>ire opération <strong>de</strong> sécurisation : <strong>la</strong> consolidation<br />
<strong>de</strong> sa partie supérieure a permis <strong>la</strong> fouille <strong>et</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
son équipement sur une hauteur <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 12 m (Fluck <strong>et</strong><br />
al. 1993a). Il s’avère totalement boisé, avec un cuve<strong>la</strong>ge<br />
presque jointif, <strong>et</strong> comporte <strong>de</strong>ux compartiments. Celui<br />
dévolu à l’exhaure est équipé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux trains <strong>de</strong> pompes ;<br />
les tiges <strong>de</strong>s pistons sont accrochées à <strong>de</strong>s perches d’engins<br />
en chêne, elles-mêmes actionnées dans leur mouvement<br />
oscil<strong>la</strong>nt vertical par un ba<strong>la</strong>ncier ; ce <strong>de</strong>rnier est<br />
une pièce <strong>de</strong> chêne bardée <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> 2 m <strong>de</strong> longueur,<br />
fixée en son centre, sur un arbre <strong>de</strong> rotation, par un collier<br />
<strong>de</strong> serrage renforcé d’un assemb<strong>la</strong>ge à double queue<br />
d’aron<strong>de</strong>. Une bielle, qui était accrochée à <strong>la</strong> manivelle <strong>de</strong><br />
l’énorme roue disparue, actionnait le ba<strong>la</strong>ncier. Les eaux<br />
pompées s’écou<strong>la</strong>ient par un canal taillé dans un tronc<br />
vers <strong>la</strong> galerie d’exhaure. Parmi l’abondant mobilier exhumé,<br />
une forte pièce <strong>de</strong> granite, l’empoisse ou coussin<strong>et</strong><br />
qui supportait l’axe <strong>de</strong> <strong>la</strong> roue. En profon<strong>de</strong>ur, il a été possible<br />
d’étudier les manchons <strong>de</strong> raccor<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s corps<br />
<strong>de</strong> pompes <strong>et</strong> d’évaluer <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> débattement <strong>de</strong>s<br />
pistons (0,90 m). La datation par <strong>de</strong>ndrochronologie situe<br />
c<strong>et</strong>te instal<strong>la</strong>tion en 1741-1742, mais il est à supposer<br />
que <strong>la</strong> machinerie, installée ici <strong>de</strong>ux siècles auparavant,<br />
était construite sur le même modèle. Une imagerie<br />
<strong>de</strong> synthèse <strong>de</strong> l’ensemble du dispositif a été réalisée à<br />
l’Université <strong>de</strong> technologie <strong>de</strong> Belfort-Montbéliard (Fluck<br />
<strong>et</strong> al. 1993b).<br />
D’autres découvertes se rapportent à <strong>de</strong>s systèmes hydrauliques<br />
dont <strong>la</strong> machinerie a disparu ; en revanche,<br />
les aménagements que leur mise en p<strong>la</strong>ce a nécessités<br />
sont encore discernables. Il en est ainsi <strong>de</strong> <strong>la</strong> salle <strong>de</strong>s<br />
roues, creusée au début du XVII e s. au cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> mine <strong>de</strong><br />
cuivre <strong>de</strong> Château-Lambert (Haute-Saône) dans <strong>la</strong>quelle<br />
jouaient <strong>de</strong>ux roues en casca<strong>de</strong>. En Alsace, <strong>de</strong>ux mines<br />
ayant conservé les marques d’un tel dispositif ont été étudiées<br />
; dans les <strong>de</strong>ux cas, <strong>la</strong> configuration du système<br />
répondait au même problème, qui était celui <strong>de</strong> l’éloignement<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> roue hydraulique par rapport aux pompes<br />
qu’elle animait : un système <strong>de</strong> transmission du mouvement<br />
<strong>de</strong> va-<strong>et</strong>-vient était donc installé dans <strong>la</strong> galerie qui<br />
reliait ces <strong>de</strong>ux éléments du système <strong>et</strong> qui était aménagée<br />
à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> ; <strong>de</strong>s encoches taillées dans les parois<br />
perm<strong>et</strong>taient <strong>la</strong> fixation <strong>de</strong>s pièces qui supportaient<br />
les perches <strong>de</strong> transmission, <strong>et</strong> les courbes <strong>de</strong> <strong>la</strong> galerie<br />
étaient rectifiées pour perm<strong>et</strong>tre leur passage <strong>et</strong> diminuer<br />
<strong>la</strong> gêne qu’elles pouvaient occasionner pour <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion<br />
<strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s chariots. Le relevé minutieux <strong>de</strong> ces<br />
aménagements perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> reconstituer les détails <strong>de</strong> leur<br />
construction.<br />
À <strong>la</strong> mine Chrétien (Sainte-Marie-aux-Mines), un tel système<br />
daté du XVIII e s. fait intervenir une roue souterraine<br />
aujourd’hui inaccessible. En plus <strong>de</strong> divers aménagements,<br />
d’énormes niches ont été relevées dans <strong>la</strong> galerie<br />
<strong>de</strong> liaison, <strong>et</strong> un élément isolé <strong>de</strong> tirant a pu être remarqué<br />
(Goergler).<br />
À <strong>la</strong> mine Saint-Nico<strong>la</strong>s (Steinbach), l’étu<strong>de</strong> archéologique<br />
souterraine a été précédée d’une recherche en archives<br />
qui a permis <strong>de</strong> restituer <strong>la</strong> morphologie du système<br />
<strong>et</strong> surtout <strong>de</strong> r<strong>et</strong>racer les détails <strong>de</strong> sa construction<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> son entr<strong>et</strong>ien (Bohly, Probst 1996). Il s’agit<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième machinerie imp<strong>la</strong>ntée dans c<strong>et</strong>te mine,<br />
entre 1695 <strong>et</strong> 1699. Les relevés <strong>de</strong>s aménagements, réalisés<br />
dans <strong>la</strong> galerie <strong>de</strong> jonction, seront poursuivis dans le<br />
grand puits en cours <strong>de</strong> dégagement ; ils perm<strong>et</strong>tront ainsi<br />
une vision globale du processus <strong>de</strong> transmission du mouvement<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> roue aux pompes (malheureusement enlevées<br />
lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> reprise <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te mine vers 1900).<br />
Ainsi, les travaux développés ces <strong>de</strong>rnières années, autant<br />
au niveau <strong>de</strong>s sources que sur le terrain, apportent-ils<br />
une connaissance approfondie <strong>de</strong>s techniques d’exhaure,<br />
<strong>et</strong> plus particulièrement du pompage <strong>de</strong>s eaux profon<strong>de</strong>s,<br />
pour l’époque mo<strong>de</strong>rne. Les instal<strong>la</strong>tions extérieures cependant,<br />
<strong>et</strong> notamment <strong>la</strong> roue hydraulique <strong>et</strong> son bâti,<br />
n’ont pas survécu au filtre du temps.<br />
Pour l’époque contemporaine, en revanche, le suj<strong>et</strong> n’a<br />
pas été vraiment abordé ; il est vrai qu’il ne faut pas espérer<br />
ici <strong>de</strong> découvertes, les instal<strong>la</strong>tions ayant systématiquement<br />
été démontées à l’abandon <strong>de</strong>s exploitations.<br />
C’est donc plutôt par l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s documents que nous<br />
pourrons connaître les techniques <strong>de</strong> pompage mises en<br />
p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> révolution industrielle.<br />
La gran<strong>de</strong> <strong>la</strong>cune concerne <strong>la</strong> mine médiévale. Quelques<br />
indices montrent que, contrairement aux idées reçues,<br />
c<strong>et</strong>te technique était déjà re<strong>la</strong>tivement é<strong>la</strong>borée à c<strong>et</strong>te<br />
époque ; elle ne se limitait pas au puisage par seaux <strong>et</strong><br />
à <strong>la</strong> collecte <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> ruissellement évoquées pour <strong>la</strong><br />
mine du Donnerloch à Steinbach. Il est quasiment certain<br />
que <strong>de</strong>s dispositifs hydrauliques <strong>de</strong> pompage ont fonctionné<br />
dès c<strong>et</strong>te époque : les volumes conséquents à assécher<br />
<strong>et</strong> <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong> nombreuses poutres <strong>de</strong> chêne<br />
travaillées qui appartenaient visiblement à <strong>de</strong> grosses<br />
constructions, comprenant <strong>de</strong>s pièces mobiles, évoquent<br />
l’existence d’un tel dispositif au Donnerloch dès le XIII e s.<br />
La présence d’un canal d’altitu<strong>de</strong> par-<strong>de</strong>ssus l’alignement<br />
<strong>de</strong> puits du Vieux-Saint-Guil<strong>la</strong>ume à l’Altenberg<br />
(Sainte-Marie-aux-Mines) paraît avoir <strong>la</strong> même signification.<br />
Quels étaient les principes utilisés <strong>et</strong> à partir <strong>de</strong><br />
quelle date exactement a été utilisé le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
pompe à piston ? C’est sur ces questions essentielles que<br />
<strong>de</strong>vra se focaliser <strong>la</strong> recherche dans les années à venir.<br />
III.1.5. L’aérage<br />
Après le problème <strong>de</strong> l’épuisement <strong>de</strong>s eaux, celui du<br />
renouvellement <strong>de</strong> l’air vicié dans les travaux profonds<br />
constitue <strong>la</strong> préoccupation majeure du mineur. Au XVI e s.<br />
déjà Agrico<strong>la</strong> répertorie plusieurs systèmes <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion<br />
forcée dans les mines. En fait, dès que <strong>la</strong> galerie ou le<br />
puits en cours <strong>de</strong> creusement atteignait une certaine longueur,<br />
<strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion naturelle avait atteint sa limite d’efficacité.<br />
Une première mise au point sur ce thème a été<br />
faite pour les mines vosgiennes à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années 1980<br />
(Gran<strong>de</strong>mange 1992). On peut, en schématisant, recenser<br />
3 solutions :<br />
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