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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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parfois aussi l’exhaure, beaucoup rarement l’aérage (Glückauf,<br />

seul exemple à triple compartimentage). La bonne<br />

conservation exigeant que le milieu soit inondé, ces sont<br />

les opérations <strong>de</strong> pompage qui ont livré les résultats les<br />

plus spectacu<strong>la</strong>ires. Nous en dénombrons une quinzaine,<br />

(Fluck, Benoît 1993) dont une à Wegscheid, une à Nie<strong>de</strong>rbruck,<br />

une à Wattwiller <strong>et</strong> les autres à Sainte-Marie-aux-<br />

Mines ; s’y rajoute bien sûr le désormais célèbre puits <strong>de</strong><br />

La<strong>la</strong>ye (voir à propos <strong>de</strong> l’exhaure).<br />

Le prototype le plus simple <strong>et</strong> le mieux représenté comporte<br />

<strong>de</strong>s cadres à intervalle régulier, un p<strong>et</strong>it compartiment<br />

carré équipé d’échelles <strong>et</strong> le compartiment d’extraction<br />

pourvu <strong>de</strong> trains <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nches pour le glissement<br />

<strong>de</strong>s cuveaux (les puits sont plus fréquemment obliques<br />

que rigoureusement verticaux). Le gabarit est souvent réduit<br />

(1 × 1,50 m) (réseau du XVI e s. dans les Mines<br />

<strong>de</strong> plomb). Une variante concerne en particulier le doub<strong>la</strong>ge<br />

<strong>de</strong>s étais transversaux (Brunnengraben, Fontaine<br />

<strong>de</strong>s chou<strong>et</strong>tes sup). À <strong>la</strong> mine Ulmer Zech, a été r<strong>et</strong>rouvé<br />

un puits <strong>de</strong> gabarit exceptionnel (3,70 m × 1,50 m) entièrement<br />

coffré, en tous points conforme au modèle reproduit<br />

dans le Traité d’exploitation <strong>de</strong>s mines <strong>de</strong> Monn<strong>et</strong><br />

(1773), daté sous réserve <strong>de</strong> <strong>la</strong> 2 e moitié du second<br />

XVII e s. (une pério<strong>de</strong> mal représentée pour les mines<br />

vosgiennes). Le treuil<strong>la</strong>ge est le plus souvent documenté<br />

par les encoches <strong>de</strong>s supports du treuil (généralement<br />

hors <strong>de</strong> l’eau), par ses manivelles ou diverses pièces métalliques<br />

attenantes, plus rarement son tambour ou ses<br />

chaînes, ou encore par <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> cuveaux (Vivre<br />

au Moyen Âge 1990). Un riche mobilier a pu être ainsi exhumé<br />

en 2003 <strong>et</strong> 2004, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> fouille <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its puits<br />

comblés dans <strong>la</strong> mine Eisenthür (Clerc <strong>et</strong> ASEPAM).<br />

Concernant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> médiévale, le seul site ayant livré<br />

<strong>de</strong>s boisages <strong>de</strong> puits bien conservés est encore celui du<br />

Donnerloch à Steinbach. Seules, les parties supérieures<br />

<strong>de</strong> 3 puits ont pour l’heure été étudiées : <strong>de</strong> section re<strong>la</strong>tivement<br />

réduite (<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 0,9 à 1,8 m), ils sont formés<br />

<strong>de</strong> cadres assemblés par <strong>de</strong>s tenons <strong>et</strong> mortaises, supportés<br />

par <strong>de</strong>s poutres ancrées dans les parois ; le cuve<strong>la</strong>ge<br />

est constitué <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nches <strong>et</strong> <strong>de</strong> pieux <strong>de</strong> chêne appointés<br />

<strong>et</strong> enfoncés entre les cadres <strong>et</strong> <strong>la</strong> roche ; <strong>la</strong> poursuite<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fouille <strong>de</strong> ces puits <strong>et</strong> <strong>de</strong>s galeries auxquelles<br />

ils mènent est primordiale pour <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> l’exploitation<br />

médiévale.<br />

Le boisage <strong>de</strong>s puits du XIX e <strong>et</strong> du début du XX e s. a pu<br />

être étudié à <strong>la</strong> Mine <strong>de</strong> plomb inférieure <strong>de</strong> Sainte-Marieaux-Mines.<br />

III.1.2. L’organisation évolutive <strong>de</strong> l’espace minier<br />

Les diverses techniques minières, telles qu’elles sont envisagées<br />

dans les développements qui précè<strong>de</strong>nt <strong>et</strong> ceux<br />

qui suivent, ont su engendrer <strong>de</strong>s enquêtes analytiques<br />

appliquées à <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s le plus souvent ponctuels ou au<br />

moins circonscrits. Une question d’une autre envergure<br />

est celle <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong> l’espace, <strong>et</strong> <strong>de</strong> son évolution<br />

à travers le temps.<br />

Une originalité <strong>de</strong> l’archéologie minière est l’étendue du<br />

concept <strong>de</strong> site, propre à décontenancer les rapporteurs<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’opérations plus accoutumés à raisonner<br />

en m 2 <strong>de</strong> fouilles. L’entité géographique, obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> bien <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fouilles, est soit cantonnée à une unité orohydrographique<br />

(une vallée par exemple), soit, lorsque<br />

<strong>la</strong> prospection a pu atteindre un état d’avancement plus<br />

abouti, à une entité géologique en rapport direct avec<br />

l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’opération : le filon (<strong>la</strong> gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s gisements<br />

vosgiens sont <strong>de</strong> nature filonienne). Les expertises<br />

géologiques fréquemment conduites dans le cadre<br />

<strong>de</strong> fouilles programmées (car comment comprendre l’exploitation<br />

en faisant l’impasse sur <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> ce<br />

qui fut son obj<strong>et</strong> ?) ont bien montré <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> variabilité <strong>de</strong><br />

ce qu’on nomme filon, qui peut dans certains cas signifier<br />

<strong>de</strong>s structures d’ampleur kilométrique ou supérieure, assembleuses<br />

d’éléments complexes, <strong>et</strong> organisées ellesmêmes<br />

en réseaux impliquant les filons voisins. C’est à<br />

<strong>de</strong> telles structures d’une ampleur phénoménale que s’attaquaient<br />

les exploitations minières du Moyen Âge <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Renaissance.<br />

Dans les débuts, les exploitants s’attachaient tout naturellement<br />

à s’enfoncer, par minières, par tranchées (Sewen...)<br />

ou plus généralement par alignements <strong>de</strong> puits<br />

(Sainte-Marie-aux-Mines, Urbeis, le Silberwald, Steinbach,<br />

<strong>et</strong> les districts ferrifères <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bruche...), sur les<br />

crêtes <strong>de</strong>s filons, mais seulement là où le minerai affleurait.<br />

À <strong>de</strong> rares exceptions près, <strong>de</strong>s chapel<strong>et</strong>s <strong>de</strong> puits<br />

effondrés, les pingen, sont <strong>la</strong> signature manifeste <strong>de</strong> l’exploitation<br />

médiévale. En profon<strong>de</strong>ur, ces puits se diverticulent<br />

<strong>et</strong> une exploitation opportuniste se m<strong>et</strong> à dévorer<br />

sans p<strong>la</strong>n préconçu les corps minéralisés, comme l’a<br />

montré c<strong>la</strong>irement l’investigation du réseau <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong><br />

fer, à Sainte-Marie-aux-Mines (1989). Au Donnerloch, à<br />

Steinbach, les fouilles récentes montrent que les poches<br />

d’exploitation coalescentes finissent par constituer <strong>de</strong>s<br />

fosses spectacu<strong>la</strong>ires, ne <strong>la</strong>issant en p<strong>la</strong>ce que <strong>de</strong> minces<br />

travées rocheuses instables ; ces fosses sont remplies par<br />

<strong>de</strong>s stériles <strong>de</strong> l’exploitation, maintenant en p<strong>la</strong>ce une véritable<br />

<strong>de</strong>ntelle <strong>de</strong> roche, qui s’est disloquée au fur <strong>et</strong> à<br />

mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> fouille : c<strong>et</strong> indice montre bien que le remplissage<br />

<strong>de</strong> ces amples fosses a été opéré presque simultanément<br />

avec leur creusement, posant <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

dynamique <strong>de</strong> l’exploitation. La galerie <strong>de</strong> drainage <strong>et</strong> le<br />

travers-bancs sont rares à c<strong>et</strong>te pério<strong>de</strong> : un court tronçon<br />

débouchant au niveau du thalweg a été reconnu au<br />

Donnerloch, <strong>et</strong> une topographie atteste <strong>la</strong> présence d’un<br />

tel ouvrage à <strong>la</strong> mine du Sapin vert à Sainte-Marie-aux-<br />

Mines.<br />

À l’aube <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance, le schéma apparaît très différent,<br />

d’abord par l’affirmation d’un droit minier parfaitement<br />

codifié. Dès lors pour le chercheur, le croisement <strong>de</strong><br />

l’archéologie souterraine <strong>et</strong> <strong>de</strong>s sources s’avère excessivement<br />

porteur. Dans <strong>de</strong>s réseaux dispersés comme<br />

ceux <strong>de</strong> Sainte-Marie-aux-Mines, le recensement systématique<br />

<strong>de</strong>s po<strong>la</strong>rités du percement dans les galeries,<br />

les conduits verticaux ou les chantiers conduit à reconstituer<br />

un espace-temps <strong>de</strong>s exploitations, étape par étape.<br />

Celui-ci apparaît tributaire <strong>de</strong> paramètres variés : découpage<br />

<strong>de</strong>s champs (concessions multiples aux premiers<br />

temps, avant les rachats <strong>et</strong> regroupements), architecture<br />

interne du gîte, géographie du gîte par rapport aux caractères<br />

oro-hydrographiques... Si – à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong>s Mines<br />

<strong>de</strong> plomb <strong>et</strong> du filon Saint-Louis –, le filon Saint-Jean a<br />

été l’un <strong>de</strong>s premiers à faire l’obj<strong>et</strong> d’une telle enquête<br />

(Fluck, Ancel 1988b), celles-ci se systématisèrent en s’affinant<br />

dans les années 1990, au Neuenberg principalement<br />

(fouilles programmées Ancel, Fluck, puis Ancel)<br />

mais aussi à l’Altenberg. Les profils <strong>de</strong>s grands filons<br />

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