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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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périmental)... au XIX e s. Beaucoup <strong>de</strong> chercheurs s’accor<strong>de</strong>nt<br />

à l’indiquer comme réelle innovation en 1627 à<br />

Chemnitz (Slovaquie). Dans les Vosges lorraines méridionales,<br />

aux mines <strong>de</strong> cuivre du Thillot, F. Pierre a abordé<br />

c<strong>et</strong>te problématique en croisant une étu<strong>de</strong> très détaillée<br />

du milieu souterrain avec une analyse <strong>de</strong>s sources (Pierre<br />

1992). L’innovation y est attestée sans aucune équivoque<br />

en 1617, <strong>et</strong> l’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> poudre se suit dans les documents<br />

comptables par une courbe très rapi<strong>de</strong>ment croissante.<br />

Sur le terrain, l’équipe a pu étudier, dans l’extrême<br />

détail, diverses galeries datées, percées au moyen d’une<br />

technique mixte, qui <strong>la</strong>isse finalement peu <strong>de</strong> traces visibles<br />

<strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> poudre : un bouchon d’attaque à <strong>la</strong><br />

pointerolle, un abattage <strong>de</strong>s parois à <strong>la</strong> poudre, enfin un<br />

«lissage» à <strong>la</strong> pointerolle. Mais le «fossile directeur» <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> technologie nouvelle reste le trou cylindrique percé à<br />

l’ai<strong>de</strong> d’un outil nommé fleur<strong>et</strong>. F. Pierre a mis au point une<br />

métrologie <strong>de</strong> relevés <strong>de</strong> telles structures, codée en fiches<br />

techniques, systématisée dans le secteur minier du Thillot.<br />

La Fédération patrimoine minier en a fait une <strong>de</strong> ses<br />

actions régionales. Des campagnes <strong>de</strong> mensurations ont<br />

eu lieu notamment dans les districts <strong>de</strong> Giromagny <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

Sainte-Marie-aux-Mines ainsi que dans les mines <strong>de</strong> fer<br />

<strong>de</strong>s Vosges du sud (Steinbach, Wintzfel<strong>de</strong>n) ; l’objectif est<br />

<strong>de</strong> dater les galeries faites à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> poudre, partant<br />

du postu<strong>la</strong>t que l’outil «fleur<strong>et</strong>» a évolué à travers le temps<br />

du début du XVII e à <strong>la</strong> fin du XIX e s., tout comme <strong>la</strong> technique<br />

<strong>de</strong> son utilisation. En particulier à Sainte-Marie-aux-<br />

Mines, il importait <strong>de</strong> ne plus désigner systématiquement<br />

les travaux faits à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> poudre comme portant <strong>la</strong> signature<br />

du XVIII e s. Il apparaît à l’évi<strong>de</strong>nce, à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

sources écrites, que, dans <strong>la</strong> mine Saint-Louis-Eisenthür<br />

par exemple, une légère reprise s’est faite dans les années<br />

qui ont précédé <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> Trente Ans, <strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te<br />

reprise nous a <strong>la</strong>issé les nombreux trous <strong>de</strong> fleur<strong>et</strong> qu’on<br />

montre aux touristes dans ce réseau. Mais l’étu<strong>de</strong> <strong>la</strong> plus<br />

prom<strong>et</strong>teuse est peut-être celle conduite par B. Goergler<br />

dans le filon Chrétien : là, certaines streckes ou galeries<br />

intérieures qui s’achèvent sur <strong>de</strong>s fronts <strong>de</strong> taille effectués<br />

à l’époque <strong>de</strong> <strong>la</strong> poudre sont équipées, peu en <strong>de</strong>çà, <strong>de</strong><br />

voies <strong>de</strong> rou<strong>la</strong>ge qu’il conviendrait <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> dater par<br />

<strong>de</strong>ndrochronologie. Une opération récente dans <strong>la</strong> galerie<br />

inférieure <strong>de</strong> <strong>la</strong> mine Legerstolle, à Steinbach, a montré<br />

une première utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> poudre dans ce secteur, en<br />

appoint du creusement à <strong>la</strong> pointerolle (Bohly) : elle est<br />

antérieure à <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> Trente Ans mais n’a pu malheureusement<br />

être datée plus précisément.<br />

L’étu<strong>de</strong> du percement ne se conçoit pas sans celle <strong>de</strong><br />

son outil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> base. L’investigation souterraine, dans<br />

certains cas <strong>la</strong> recherche au détecteur à métaux, ou <strong>la</strong><br />

fouille du sol <strong>de</strong>s galeries, a livré plusieurs milliers <strong>de</strong> tels<br />

outils, bien plus diversifiés que le seul couple marteaupointerolle.<br />

Mais <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ce matériel a<br />

fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> pil<strong>la</strong>ges systématiques par <strong>de</strong>s collectionneurs<br />

ou <strong>de</strong>s ven<strong>de</strong>urs non déc<strong>la</strong>rés. C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> comporte<br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>scription macroscopique (métrologie, poids,<br />

forme, <strong>de</strong>ssin, photos, observation <strong>et</strong> interprétation <strong>de</strong>s<br />

poinçons...), suivie <strong>de</strong> son examen en section polie. Un<br />

premier at<strong>la</strong>s <strong>de</strong>s outils a été publié dans <strong>la</strong> revue Pierres<br />

<strong>et</strong> terre, 20, 1980 ; un catalogue plus approfondi se trouve<br />

dans <strong>la</strong> publication Vivre au Moyen Âge (Vivre au Moyen<br />

Âge 1990). Pour l’analyse métallographique, nous renvoyons<br />

au paragraphe consacré à <strong>la</strong> forge.<br />

Le thème <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurisation <strong>de</strong>s conduits peut se décliner<br />

en trois composantes : le boisage <strong>de</strong>s porches d’entrées,<br />

celui <strong>de</strong>s galeries intérieures, enfin celui <strong>de</strong>s puits –<br />

qui supporte leur équipement.<br />

Le boisage <strong>de</strong>s porches est en fait celui <strong>de</strong>s couloirs<br />

d’accès à l’entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong> mine. L’enjeu n’est pas négligeable,<br />

car l’iconographie nous présente <strong>de</strong>s indications<br />

peu précises ou fantaisistes <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te interface entre les<br />

milieux extérieur <strong>et</strong> souterrain. Les sites en bon état <strong>de</strong><br />

conservation sont rares, car il est préférable que <strong>la</strong> galerie<br />

soit en charge pour autoriser <strong>la</strong> conservation du bois.<br />

À Sainte-Marie-aux-Mines, quatre opérations ont été couronnées<br />

<strong>de</strong> succès : les porches <strong>de</strong>s mines dites Fontaine<br />

<strong>de</strong>s chou<strong>et</strong>tes (un authentique Erbstollen) <strong>et</strong> Mare<br />

aux Sangliers, <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong>s mines Sainte-Anne <strong>et</strong> Samson.<br />

Dans l’ensemble, ces boisages faits <strong>de</strong> bois ronds<br />

(15 à 20 cm <strong>de</strong> diamètre) ne sont conservés que sur <strong>la</strong><br />

partie <strong>de</strong> leur hauteur qui s’est r<strong>et</strong>rouvée gorgée d’eau. Le<br />

couloir <strong>de</strong> Sainte-Anne (refait en 1723, d’après les résultats<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>ndrochronologie) a été fouillé sur <strong>la</strong> longueur<br />

<strong>de</strong> 11,50 m sans rencontrer le porche en roche, <strong>et</strong> a été<br />

reconstitué à l’i<strong>de</strong>ntique dans le cadre d’un chantier <strong>de</strong><br />

jeunes bénévoles. La <strong>la</strong>rgeur «utile» d’un cadre diminue<br />

<strong>de</strong> 70 à 30 cm, du bas vers le haut. Derrière les cadres<br />

sont adossées <strong>de</strong>s dosses, enfilées horizontalement (il en<br />

est <strong>de</strong> même à <strong>la</strong> Mare aux Sangliers, du XVI e s., alors<br />

que ce sont <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nches à <strong>la</strong> Fontaine <strong>de</strong>s chou<strong>et</strong>tes).<br />

La voie <strong>de</strong> rou<strong>la</strong>ge est apparue suspendue sur <strong>de</strong>s traverses<br />

calées dans <strong>de</strong>s encoches. Le site <strong>de</strong> Samson (2 e<br />

moitié du XVI e s.) est sans conteste le plus spectacu<strong>la</strong>ire,<br />

déjà, <strong>de</strong> par <strong>la</strong> très gran<strong>de</strong> longueur du couloir boisé (plus<br />

<strong>de</strong> 40 m), son gabarit plus important, <strong>et</strong> le doub<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s<br />

cadres. Il a fait l’obj<strong>et</strong> d’une couverture <strong>de</strong>ndrochronologique<br />

très complète.<br />

Au titre <strong>de</strong>s échecs, on relèvera <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction totale par<br />

les engins du site <strong>de</strong> l’Erbstollen <strong>de</strong> l’Altenberg, <strong>la</strong> plus importante<br />

galerie <strong>de</strong> Sainte-Marie-aux-Mines, alors même<br />

que les services <strong>de</strong> l’État avaient été alertés.<br />

Dans les Vosges méridionales d’Alsace, <strong>la</strong> seule opération<br />

notoire a concerné le couloir <strong>et</strong> le porche <strong>de</strong> <strong>la</strong> galerie<br />

Henri I à Nie<strong>de</strong>rbruck.<br />

À l’intérieur même <strong>de</strong>s réseaux, <strong>de</strong> très nombreux bois<br />

sont encore en p<strong>la</strong>ce, dans <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> conservation<br />

souvent médiocres, aussi bien en galeries dans <strong>de</strong>s<br />

portions en roches ébouleuses, que dans les chantiers<br />

d’exploitation dits Fürstenbau (au Neuenberg en particulier),<br />

où <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>fonds soutiennent les stériles entassés,<br />

surtout pour le XVIII e s. Ces boisages n’ont fait l’obj<strong>et</strong><br />

que <strong>de</strong> <strong>de</strong>scriptions partielles au coup par coup, une synthèse<br />

reste sans doute à réaliser. Des conditions tout à fait<br />

particulières <strong>de</strong> fouilles, consistant à libérer <strong>de</strong> vastes <strong>et</strong><br />

profonds volumes d’extraction, ont livré au Donnerloch à<br />

Steinbach <strong>de</strong>s galeries boisées <strong>et</strong> effondrées <strong>de</strong>s XIII e <strong>et</strong><br />

XV e s. Une étu<strong>de</strong> fine <strong>de</strong> leurs structures a mis en évi<strong>de</strong>nce<br />

<strong>la</strong> façon <strong>de</strong> les construire <strong>et</strong> <strong>de</strong> les entr<strong>et</strong>enir, faisant<br />

ressortir <strong>la</strong> qualité d’exécution à l’époque médiévale<br />

par rapport aux pério<strong>de</strong>s suivantes.<br />

Le boisage <strong>de</strong>s puits regroupe les fonctions <strong>de</strong> maintenir<br />

<strong>la</strong> cohésion <strong>de</strong>s roches, <strong>et</strong> <strong>de</strong> support pour l’extraction<br />

(c’est-à-dire <strong>la</strong> remontée <strong>de</strong>s matériaux) <strong>et</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion,<br />

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