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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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Archéologie <strong>de</strong>s mines <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> métallurgie<br />

Bernard BOHLY, Pierre FLUCK<br />

Comme bien <strong>de</strong>s massifs anciens, le socle vosgien recèle<br />

une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> concentrations métallifères essentiellement<br />

filoniennes. Mais, à <strong>la</strong> différence <strong>de</strong>s autres<br />

socles français, c’est le couple cuivre-argent qui prévaut,<br />

au moins pour ce qui concerne l’importance économique<br />

passée <strong>de</strong> ces gîtes, ce qui rapproche les Vosges <strong>de</strong>s<br />

formations anciennes <strong>de</strong> l’Europe centrale. La singu<strong>la</strong>rité<br />

<strong>de</strong>s Vosges repose, en eff<strong>et</strong>, sur <strong>la</strong> renommée <strong>de</strong> ses<br />

mines d’argent, <strong>et</strong> c’est ainsi, dans un tel environnement,<br />

que s’est construite, dès le début <strong>de</strong>s années 1960, une<br />

expérience pilote <strong>de</strong> redécouverte <strong>et</strong> d’étu<strong>de</strong> d’un univers<br />

oublié <strong>de</strong>puis longtemps.<br />

C<strong>et</strong>te discipline, dénommée spéléologie minière, vient ensuite<br />

livrer le champ, à partir <strong>de</strong> 1980, à une archéologie<br />

minière qui affirme ses métho<strong>de</strong>s propres <strong>et</strong> produit,<br />

dès les premières années <strong>de</strong> sa pratique, quelques<br />

démonstrations percutantes <strong>de</strong> l’apport du terrain à <strong>la</strong><br />

connaissance du passé, dans un domaine à <strong>la</strong> fois technique,<br />

économique <strong>et</strong> humain. Et même si c<strong>et</strong>te forme<br />

nouvelle d’archéologie est apparue concurremment en<br />

divers autres pôles, comme à Bran<strong>de</strong>s-en-Oisans ou<br />

dans les Monts du Lyonnais, on peut raisonnablement<br />

parler d’un «modèle sainte-marien» (é<strong>la</strong>boré autour <strong>de</strong><br />

Sainte-Marie-aux-Mines) ; celui-ci voit se succé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>ux<br />

phases exploratoires, <strong>la</strong> première lente, l’autre accélérée,<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s phases d’étu<strong>de</strong> scientifique, souterraine d’abord<br />

puis <strong>de</strong> plus en plus orientée vers les sites <strong>de</strong> surface.<br />

Au reste, c<strong>et</strong>te archéologie peut être considérée comme<br />

une branche très spéciale <strong>de</strong> l’archéologie industrielle :<br />

son obj<strong>et</strong> n’a-t-il pas constitué <strong>la</strong> première gran<strong>de</strong> industrie<br />

<strong>de</strong>s régions rhénanes, dès le Moyen Âge ?<br />

Ehr<strong>et</strong> 1997). Des topographies détaillées, tant en surface<br />

que souterraines, ont concerné plusieurs secteurs<br />

importants (Bourbach-le-Bas, Willer-sur-Thur, Steinbach,<br />

Thann, Wintzfel<strong>de</strong>n...), couvrant près du tiers <strong>de</strong> l’existant<br />

; elles éc<strong>la</strong>irent <strong>la</strong> dynamique <strong>et</strong> l’organisation <strong>de</strong> l’extraction.<br />

Les nouvelles pratiques d’exploitation forestière,<br />

fortement <strong>de</strong>structrices, donnent un caractère d’urgence<br />

à ces approches, notamment pour les secteurs à forte<br />

<strong>de</strong>nsité comme Bitschwiller ou Thann. Quelques réseaux<br />

souterrains ont fait l’obj<strong>et</strong> d’étu<strong>de</strong>s, qui ont montré un<br />

certain archaïsme dans les techniques employées. Les<br />

archives ont été en gran<strong>de</strong> partie dépouillées pour les<br />

Vosges du Sud, <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bruche <strong>et</strong> le nord <strong>de</strong> l’Alsace.<br />

Les pério<strong>de</strong>s antérieures au XVIII e s. sont encore très mal<br />

connues (archives inexistantes, travaux souvent superficiels,<br />

typologie <strong>de</strong>s ouvrages souterrains encore méconnue),<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s territoires entiers n’ont fait l’obj<strong>et</strong> d’aucune<br />

investigation <strong>de</strong> terrain (Sundgau, nord <strong>de</strong> l’Alsace).<br />

Il convient enfin <strong>de</strong> noter qu’aucune <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions <strong>de</strong><br />

surface, pourtant nombreuses, repérées dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

sources n’a été fouillée : celles-ci sont souvent difficiles à<br />

positionner (construction sommaire, <strong>de</strong> structure légère),<br />

<strong>et</strong> suscitent moins d’intérêt du fait <strong>de</strong> leur caractère peu<br />

spectacu<strong>la</strong>ire ; un seul habitat a été fouillé. Un gros travail<br />

reste à faire dans ce domaine.<br />

Le charbon <strong>et</strong> le lignite, qui ont fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> travaux parfois<br />

conséquents (Ro<strong>de</strong>ren, Saint-Hippolyte, Albé, Bouxwiller...)<br />

n’ont donné lieu qu’à quelques étu<strong>de</strong>s d’archives.<br />

Les mines <strong>de</strong> potasse <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine d’Alsace (XX e s.) ne<br />

sont évi<strong>de</strong>mment pas concernées par ce bi<strong>la</strong>n.<br />

I. TYPES DE MÉTAUX OU MATÉRIAUX EXTRAITS<br />

Les métaux nobles <strong>et</strong> leur cortège (Ag, Pb, Cu, As...)<br />

sont majoritairement concernés (39 opérations sur 42) ;<br />

le contexte économique <strong>et</strong> social, <strong>la</strong> qualité <strong>et</strong> <strong>la</strong> perfection<br />

technique <strong>de</strong>s ouvrages que nécessita leur extraction<br />

justifient c<strong>et</strong> intérêt. D’autres substances métalliques<br />

telles que le sulfure d’antimoine ou le smalt ont fait l’obj<strong>et</strong><br />

d’investigations (antimoine au Silberwald à Stosswihr,<br />

1986-1988, <strong>et</strong> smalt à Sainte-Marie-aux-Mines <strong>de</strong> 1989<br />

à 1993) ; l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s techniques extractives avec celles<br />

<strong>de</strong>s métaux précités expliquent en partie que les étu<strong>de</strong>s<br />

ne se soient pas prolongées, d’autant que leur minéralurgie<br />

a été étudiée <strong>et</strong> publiée.<br />

L’extraction du fer dans le massif vosgien a été fortement<br />

éc<strong>la</strong>irée ces <strong>de</strong>rnières années. La vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Bruche a fait l’obj<strong>et</strong> d’une enquête documentaire très<br />

complète – sans qu’il soit procédé à <strong>de</strong>s fouilles –, autant<br />

dans le domaine <strong>de</strong> l’extraction que dans celui <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> transformation du minerai (Leypold 1996) ; dans les<br />

Vosges méridionales, le suj<strong>et</strong> a été défriché lors d’étu<strong>de</strong>s<br />

déjà anciennes (années 1970) <strong>et</strong> <strong>de</strong> travaux <strong>de</strong> prospection<br />

(fin <strong>de</strong>s années 1980, <strong>et</strong> surtout prospection programmée<br />

triannuelle 1994-95-97) (Bohly 1992 ; Bohly,<br />

II. BILAN CHRONOLOGIQUE<br />

Parmi les opérations considérées, une écrasante majorité<br />

concerne <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> Renaissance prise dans son sens<br />

<strong>la</strong>rge (<strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du XV e s. au début <strong>de</strong> <strong>la</strong> Guerre <strong>de</strong><br />

Trente Ans), reconnue comme l’âge d’or <strong>de</strong> l’exploitation<br />

minière dans les Vosges. Pour c<strong>et</strong>te pério<strong>de</strong>, les étu<strong>de</strong>s<br />

embrassent tous les aspects <strong>de</strong> l’univers <strong>de</strong> <strong>la</strong> mine, <strong>de</strong><br />

l’extraction à <strong>la</strong> réduction du minerai, autant dans le domaine<br />

<strong>de</strong>s techniques que dans celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie matérielle.<br />

Et si bien <strong>de</strong>s zones d’ombre subsistent encore, l’état <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> connaissance est globalement bien avancé pour c<strong>et</strong>te<br />

pério<strong>de</strong>.<br />

Les temps qui suivent (<strong>de</strong> 1650 au début du XX e s.) sont<br />

globalement moins documentés, mais beaucoup <strong>de</strong>s vestiges<br />

qui s’y rapportent sont d’accès plus ma<strong>la</strong>isé (travaux<br />

profonds <strong>et</strong> noyés). À Sainte-Marie-aux-Mines, les fouilles<br />

programmées à enveloppe géographique, par entités filoniennes<br />

(<strong>de</strong>s structures d’étendue kilométrique <strong>et</strong> qui<br />

s’éten<strong>de</strong>nt en hauteur sur plusieurs centaines <strong>de</strong> mètres),<br />

ont évi<strong>de</strong>mment englobé les travaux du XVIII e s. présents<br />

presque partout.<br />

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