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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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dans <strong>la</strong> ruine <strong>et</strong> l’oubli, sans avoir jamais été étudiés autrement<br />

que grâce à <strong>de</strong>s initiatives individuelles, donc limitées.<br />

De ce fait, <strong>de</strong>s sites servant <strong>de</strong> référents en raison<br />

<strong>de</strong> leur homogénéité disparaissent dans l’indifférence générale,<br />

sans être systématiquement documentés.<br />

Dans le cadre spécifique <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> consolidations<br />

monuments historiques <strong>et</strong>, <strong>de</strong>puis quelques années, <strong>de</strong><br />

mise en sécurité <strong>de</strong>s ruines, une tendance au ralentissement<br />

<strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> suivi ou d’étu<strong>de</strong>s préa<strong>la</strong>bles<br />

semble se <strong>de</strong>ssiner. Elle est regr<strong>et</strong>table, étant donné que<br />

chaque intervention par travaux <strong>de</strong> réfections crée une<br />

modification structurelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> ruine 77 . Les exemples récents,<br />

comme Kaysersberg ou P<strong>et</strong>it-Koenigsbourg, ont<br />

prouvé combien il était important <strong>de</strong> pouvoir enregistrer<br />

chaque information accessible lors <strong>de</strong> ces interventions.<br />

Des éléments <strong>de</strong> bois prélevés pour analyse <strong>de</strong>ndrochronologique<br />

sans examen archéologique concomitant ont<br />

un intérêt très re<strong>la</strong>tif.<br />

À l’inverse, le bi<strong>la</strong>n montre une stagnation <strong>de</strong>s travaux<br />

sur les sites <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine par rapport aux décennies précé<strong>de</strong>ntes.<br />

Les mottes subissent régulièrement <strong>de</strong>s dégradations<br />

tels que les remb<strong>la</strong>iements ou curages <strong>de</strong> fossés, ou<br />

leur transformation en terrains <strong>de</strong> construction. Ces sites<br />

sortent du champ <strong>de</strong> <strong>la</strong> réflexion à long terme, puisqu’ils<br />

sont immédiatement menacés par les opérations d’aménagement<br />

du territoire. La liaison entre une motte <strong>et</strong> son<br />

environnement a été abordée par les sondages <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle<br />

(castrale ?) <strong>et</strong> du cim<strong>et</strong>ière <strong>de</strong> Bergholtz (Haut-Rhin).<br />

Ce site, localisé en limite <strong>de</strong> bourg, embrasse une problématique<br />

interdisciplinaire (castellologie, religieux <strong>et</strong> funéraire).<br />

III. 2. Les <strong>la</strong>cunes chronologiques<br />

Une secon<strong>de</strong> remarque est appelée par l’analyse <strong>de</strong><br />

l’échantillonnage chronologique <strong>de</strong>s sites. Les <strong>la</strong>cunes<br />

fondamentales se situent dans <strong>la</strong> faible représentativité<br />

<strong>de</strong>s «proto-châteaux» (sites <strong>de</strong> hauteur ou, plus rarement,<br />

urbains) datés <strong>de</strong> l’époque ottonienne en général. Peu <strong>de</strong><br />

sites fortifiés attribués à <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> postérieure à l’émi<strong>et</strong>tement<br />

<strong>de</strong> l’empire carolingien sont connus <strong>et</strong> les rares<br />

exemples n’ont pas été étudiés à ce jour. L’état <strong>de</strong> nos<br />

connaissances <strong>la</strong>isse ouvert le champ <strong>de</strong> <strong>la</strong> réflexion sur<br />

<strong>la</strong> genèse <strong>de</strong>s sites fortifiés servant <strong>de</strong> refuges (Fliehburgen<br />

en Allemagne) <strong>et</strong>/ou leur appropriation par une caste<br />

émergeante au cours du X e s. La même question est ouverte<br />

par rapport aux sites royaux hérités du haut Moyen<br />

Âge.<br />

Sans doute, <strong>de</strong>s recherches é<strong>la</strong>rgies (fouilles programmées),<br />

regroupant <strong>de</strong>s équipes pluridisciplinaires dans le<br />

cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une UMR, trouveraient-elles<br />

là un but <strong>de</strong> travail ? Le cas du Mur païen du Mont Sainte-<br />

Odile constitue un exemple intéressant pour une réflexion<br />

pluridisciplinaire sur <strong>la</strong> continuité d’occupations <strong>de</strong>s lieux<br />

<strong>de</strong> pouvoir <strong>de</strong>puis le haut Moyen Âge jusqu’aux formes<br />

«c<strong>la</strong>ssiques» du château. La <strong>de</strong>ndrochronologie <strong>de</strong> tenons<br />

<strong>de</strong> ce mur, récemment redécouverts, a livré une datation<br />

inédite au VII e s. Mais le Hohenburg, nom du monastère<br />

connu dans les chartes médiévales, a peut-être<br />

été le siège d’un pouvoir comtal à l’époque ottonienne,<br />

d’après <strong>de</strong> rares documents écrits <strong>et</strong> <strong>de</strong> maigres traces <strong>de</strong><br />

constructions, visibles sur le p<strong>la</strong>teau conventuel. Le périmètre<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te gran<strong>de</strong> enceinte englobe plusieurs châteaux<br />

<strong>de</strong>s XII e <strong>et</strong> XIII e s.<br />

III. 3. Le château dans son milieu<br />

L’absence <strong>de</strong> synthèse <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s fouilles, réalisées au<br />

cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies, traduit un inaboutissement.<br />

Le résultat <strong>de</strong>s recherches ne dépasse pas <strong>la</strong> rédaction<br />

du rapport ou <strong>la</strong> publication régulière <strong>de</strong> notices,<br />

rendant compte <strong>de</strong>s découvertes. Les nombreuses données,<br />

particulièrement sur <strong>la</strong> vie matérielle par les étu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> lots <strong>de</strong> mobilier, restent trop peu exploitées à ce jour.<br />

Des pans <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong>s châteaux alsaciens,<br />

qui restent méconnus, concernent l’approche du milieu,<br />

l’environnement ou encore les accès <strong>de</strong>s châteaux. Les<br />

exemples d’étu<strong>de</strong>s spontanées d’enceintes <strong>de</strong> sièges<br />

illustrent c<strong>et</strong>te nécessité d’extension du champ d’investigation,<br />

au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s limites physiques <strong>de</strong>s châteaux. Les<br />

sites <strong>de</strong> hauteur dépendaient <strong>de</strong> réseaux viaires, dont les<br />

inventaires restent à faire.<br />

Dans c<strong>et</strong>te même optique, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s basses-cours<br />

constitue une nouvelle thématique <strong>de</strong> travail. C<strong>et</strong>te partie<br />

d’un site castral constituait <strong>la</strong> zone économique qui,<br />

par extension <strong>et</strong> dans certains cas, pouvait j<strong>et</strong>er les<br />

bases d’une communauté vil<strong>la</strong>geoise. La problématique<br />

<strong>de</strong>s bourgs castraux reste posée ; bien que plutôt liée à<br />

l’archéologie urbaine – nombre d’entre eux ayant évolué<br />

en agglomérations permanentes –, <strong>de</strong> rares cas, comme<br />

Lichtenberg, ont connu une interruption <strong>de</strong> ce processus<br />

par suite d’un abandon <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> fondation. Il est donc<br />

utile d’inventorier ces sites <strong>et</strong> <strong>de</strong> proposer les mesures <strong>de</strong><br />

protections adéquates (c<strong>la</strong>ssements, instructions <strong>de</strong>s permis<br />

<strong>de</strong> construire...). Une échelle plus vaste est atteinte<br />

avec les travaux <strong>de</strong> consolidations ayant cours sur l’enceinte<br />

dite du «cim<strong>et</strong>ière fortifié» <strong>de</strong> Châtenois, en réalité<br />

un château fort épiscopal du milieu du XIII e s. qui englobe<br />

l’église paroissiale antérieure.<br />

La diffusion du savoir : un atout alsacien<br />

La gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong>s apports scientifiques se mesure,<br />

dans <strong>la</strong> région, à l’aune <strong>de</strong>s publications sur le suj<strong>et</strong>. Elles<br />

constituent toujours en Alsace un point d’excellence par<br />

leur qualité <strong>et</strong> leur richesse. Une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> production,<br />

spécificité régionale obligeant, est produite <strong>et</strong> diffusée<br />

outre-Rhin en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration scientifique<br />

entre un chercheur alsacien <strong>et</strong> un confrère allemand. Hors<br />

un grand nombre d’ouvrages grand public dont il ne sera<br />

pas fait référence ici, les supports locaux à dimension régionale<br />

(Cahiers alsaciens, Revue d’Alsace, Publication<br />

<strong>de</strong>s sociétés savantes...) sont régulièrement étoffés par<br />

les résultats <strong>de</strong>s fouilles programmées. La participation<br />

<strong>de</strong> certains acteurs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te archéologie à <strong>de</strong>s colloques<br />

nationaux ou internationaux a é<strong>la</strong>rgi le champ <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

diffusion. Sur un p<strong>la</strong>n plus local, un périodique (Châteaux<br />

77 Le bi<strong>la</strong>n financier m<strong>et</strong> en évi<strong>de</strong>nce que l’impact d’une opération archéologique représente 1,8 à 4 % du montant <strong>de</strong>s travaux (chiffres DRAC<br />

Alsace).<br />

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