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Le funéraire après l’an mil<br />

(hors église)<br />

Marie-Dominique WATON,<br />

Jean-Jacques SCHWIEN<br />

Si, en Alsace comme ailleurs, l’archéologie funéraire du<br />

haut Moyen Âge a <strong>de</strong> tout temps été un <strong>de</strong>s champs privilégié<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche, celle postérieure à l’an mil y a, au<br />

contraire, toujours été le parent pauvre. C<strong>et</strong> état <strong>de</strong> fait<br />

est sans doute dû à <strong>la</strong> spécificité <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> gisement :<br />

absence <strong>de</strong> mobilier, données quantitatives importantes<br />

mais extrême difficulté à les fouiller.<br />

I. ÉTAT DES CONNAISSANCES<br />

Dans les années 1975-1990, l’essentiel <strong>de</strong>s découvertes<br />

avait été le fait <strong>de</strong>s suivis systématiques <strong>de</strong> travaux <strong>de</strong><br />

chauffage <strong>et</strong> autres dans les édifices haut-rhinois par<br />

Pierre Brunel (résumés dans le catalogue d’exposition<br />

Vivre au Moyen Âge : Brunel 1990). Quantitativement,<br />

on peut les p<strong>la</strong>cer dans le champ <strong>de</strong>s découvertes ponctuelles.<br />

Seules, quelques opérations portant sur <strong>de</strong>s rénovations<br />

lour<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ces édifices (comme Saint-Martin<br />

Fouilles d’aires sépulcrales dans le Bas-Rhin avant 1990<br />

Commune Lieudit Type Surface Nbre <strong>de</strong> sép.<br />

Datation<br />

<strong>de</strong> Colmar, Saint-Léger <strong>de</strong> Guebwiller ou <strong>la</strong> comman<strong>de</strong>rie<br />

Saint-Jean à Soultz) avaient pu abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s portions<br />

importantes <strong>de</strong> cim<strong>et</strong>ières, en réalité quasi toujours intra<br />

édifices. Dans le Bas-Rhin, pour <strong>la</strong> même époque, à part<br />

les opérations préventives à Neuwiller-lès-Saverne <strong>et</strong> à<br />

Strasbourg (un cim<strong>et</strong>ière paroissial du XV e -début XVI e s.<br />

a été fouillé dans l’enclos <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fondation Saint-Thomas<br />

ainsi qu’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’aire c<strong>la</strong>ustrale, en 1988-<br />

1989 : Waton 1990), le bi<strong>la</strong>n y est quasi nul. L’ensemble<br />

<strong>de</strong>s recherches dans le Haut-Rhin avait d’ailleurs plus<br />

porté sur les pratiques funéraires que sur l’anthropologie<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> topographie <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions inhumées (Brunel<br />

1987). Seules, les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Jean Lavergne (Strasbourg–<br />

Saint-Thomas [Lavergne 1994] – ainsi qu’une belle étu<strong>de</strong><br />

sur l’ossuaire supposé <strong>de</strong> <strong>la</strong> Guerre <strong>de</strong>s Paysans à Epfig<br />

[Fèvre <strong>et</strong> al. 1977]) avaient apporté <strong>de</strong>s données anthropologiques.<br />

Neuwiller-lès-<br />

Saverne<br />

Strasbourg<br />

Strasbourg<br />

Cour du<br />

chapitre<br />

Fondation<br />

Saint-<br />

Thomas<br />

Fondation<br />

Saint-<br />

Thomas<br />

Cim<strong>et</strong>ière<br />

paroissial ;<br />

ossuaire<br />

Cim<strong>et</strong>ière<br />

paroissial ;<br />

ossuaire<br />

Aire<br />

c<strong>la</strong>ustrale<br />

200 m 2 11 sép.<br />

XII e –XVIII e P.<br />

Prévost-Bouré<br />

500 m 2 275 sép.<br />

1412-1525<br />

Dans les <strong>de</strong>ux communes où un cim<strong>et</strong>ière paroissial a<br />

été partiellement fouillé, il faut noter <strong>la</strong> mise au jour d’un<br />

ossuaire : celui découvert à Strasbourg (Lavergne 1990,<br />

Brunel <strong>et</strong> al. 2005) résulte du dép<strong>la</strong>cement du cim<strong>et</strong>ière<br />

vers 1410.<br />

La comparaison réalisée entre <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion exhumée<br />

dans l’aire cimétériale <strong>et</strong> celle dégagée dans le cloître,<br />

à Strasbourg, a livré quelques indices d’une certaine différence<br />

entre elles : dans le cim<strong>et</strong>ière, les gens se sont<br />

révélés plus p<strong>et</strong>its, <strong>la</strong> <strong>de</strong>ntition était en moins bon état,<br />

les fractures pouvaient ne pas être réduites <strong>et</strong> certains<br />

cas d’arthrose apparaissent plus nombreux ; c<strong>et</strong>te disparité<br />

tient sans doute pour une gran<strong>de</strong> part à une nourriture<br />

différente <strong>et</strong> peut-être à <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie plus ru<strong>de</strong>s.<br />

Dans le cim<strong>et</strong>ière, – outre un exemple <strong>de</strong> lèpre – un cas<br />

<strong>de</strong> syphilis a par ailleurs été remarqué (Lavergne 2005).<br />

D’autre part, toujours sur les sites <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fondation<br />

Saint-Thomas à Strasbourg, l’usage d’épingle 65 a été<br />

RO Année Observations<br />

1988<br />

M.-D. Waton 1988 1 anthropologue<br />

bénévole<br />

400 m 2 112 sép. M.-D. Waton 1988-<br />

XII e –XVI e 1989<br />

65 Dix épingles ont été inventoriées parmi les sépultures du cim<strong>et</strong>ière.<br />

66 Cinquante agrafes ont été recueillies dans l’aire cém<strong>et</strong>ériale <strong>et</strong> trente-cinq dans l’aire c<strong>la</strong>ustrale.<br />

1 anthropologue<br />

bénévole<br />

observé dans le cas d’inhumations en linceul alors que<br />

les agrafes 66 repérées appartenaient, pour <strong>la</strong> plupart, au<br />

vêtement du (<strong>de</strong> <strong>la</strong>) défunt(e).<br />

II. APPORTS RÉCENTS : FORCES ET FAIBLESSES<br />

Depuis les années 1990 où le «suivi archéologique» <strong>de</strong><br />

travaux <strong>de</strong> tous types a été développé, le nombre d’interventions<br />

sur <strong>de</strong>s aires sépulcrales hors église a <strong>la</strong>rgement<br />

augmenté ; à côté <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> drainage comme à Ohlungen<br />

ou <strong>de</strong> travaux <strong>de</strong> pose <strong>de</strong> paratonnerre comme autour<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale <strong>de</strong> Strasbourg, on remarque également<br />

<strong>de</strong> nouveaux types d’aménagement autour <strong>de</strong>s églises<br />

avec restructuration <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ces comme à Sigolsheim ou<br />

Ottmarsheim. En milieu urbain, le moindre espace libre<br />

est investi comme en témoignent <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce Haslinger à Colmar<br />

<strong>et</strong> l’îlot Saint-Quirin à Sélestat.<br />

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