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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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leurs causes doivent être à présent i<strong>de</strong>ntifiées. Elles sont<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ordres.<br />

II.2. Les dispositifs <strong>de</strong> protection patrimoniale<br />

La première cause tient aux insuffisances <strong>de</strong>s dispositifs<br />

<strong>de</strong> protection patrimoniale. De ce point <strong>de</strong> vue, il convient<br />

<strong>de</strong> signaler que les protections au titre <strong>de</strong>s Monuments<br />

historiques (c<strong>la</strong>ssement <strong>et</strong> inscription à l’inventaire supplémentaire),<br />

si elles recouvrent une très gran<strong>de</strong> partie<br />

<strong>de</strong>s édifices publics, religieux <strong>et</strong> castraux, dé<strong>la</strong>issent<br />

presque entièrement les habitats hérités <strong>de</strong> l’Alsace urbaine<br />

médiévale. C<strong>et</strong>te inadéquation tient au fait que les<br />

maisons, parvenues jusqu’à nous dans leur état historique,<br />

ne présentent souvent plus, en faça<strong>de</strong>, que <strong>de</strong><br />

maigres vestiges susceptibles <strong>de</strong> nous éc<strong>la</strong>irer sur leur<br />

ancienn<strong>et</strong>é <strong>et</strong> sur leur potentiel archéologique. Ainsi, une<br />

écrasante majorité <strong>de</strong>s habitats conservés en élévation,<br />

ayant fait l’obj<strong>et</strong> d’une étu<strong>de</strong> archéologique du bâti en Alsace,<br />

était dépourvue <strong>de</strong> toute protection patrimoniale au<br />

titre <strong>de</strong>s Monuments historiques, à l’exception parfois <strong>de</strong><br />

celles qui s’appliquent aux secteurs sauvegardés. Il y a<br />

ici une incohérence, dans <strong>la</strong> mesure où les vestiges d’habitats<br />

urbains médiévaux, en gran<strong>de</strong> partie méconnus <strong>et</strong><br />

par conséquent p<strong>la</strong>cés en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s protections patrimoniales,<br />

sont dès lors les plus fragiles <strong>et</strong> les plus menacés<br />

par l’activité immobilière contemporaine.<br />

II.3. Les dispositifs légaux d’intervention<br />

La <strong>de</strong>uxième cause tient aux insuffisances du dispositif<br />

légal d’intervention en matière d’archéologie du bâti (Négri<br />

1993). Bien que le Co<strong>de</strong> du Patrimoine (livre V, titre<br />

Ier, art. L510-1) n’exclut pas, a priori, les vestiges archéologiques<br />

conservés en élévation <strong>de</strong> <strong>la</strong> définition du<br />

patrimoine archéologique, il importe <strong>de</strong> remarquer qu’il<br />

n’existe pas <strong>de</strong> dispositif règlementaire d’intervention spécifiquement<br />

adapté aux étu<strong>de</strong>s archéologiques du bâti. Il<br />

en résulte que le cadre légis<strong>la</strong>tif perm<strong>et</strong> à l’État <strong>de</strong> prescrire<br />

<strong>de</strong>s diagnostics <strong>et</strong> <strong>de</strong>s fouilles préventives en cas<br />

<strong>de</strong> menace <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> vestiges archéologiques enfouis,<br />

mais qu’il ne l’y incite pas dès lors qu’il s’agit <strong>de</strong><br />

vestiges archéologiques en élévation. Il y a là une incohérence<br />

: <strong>la</strong> loi perm<strong>et</strong> <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>et</strong> l’analyse <strong>de</strong> vestiges<br />

d’habitat conservés en sous-sol dans un état arasé<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong>cunaire ; elle n’encourage pas, en revanche, <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong><br />

<strong>et</strong> l’analyse <strong>de</strong>s habitats conservés en élévation,<br />

dont le potentiel documentaire recouvre <strong>de</strong>s problématiques<br />

significativement plus étendues.<br />

L’inadéquation du dispositif légal d’intervention en matière<br />

<strong>de</strong> patrimoine archéologique en élévation ne perm<strong>et</strong> pas,<br />

en Alsace comme ailleurs en France, l’instruction appropriée<br />

par le SRA <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> permis <strong>de</strong> construire,<br />

<strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong> travaux <strong>et</strong> <strong>de</strong> permis <strong>de</strong> démolir, <strong>et</strong><br />

freine <strong>la</strong> prescription d’étu<strong>de</strong>s préa<strong>la</strong>bles. Les prescriptions,<br />

dès lors peu nombreuses, sont parfois le fruit <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

concertation informelle entre le SRA <strong>et</strong> l’aménageur d’une<br />

part, entre le SRA <strong>et</strong> les autres services patrimoniaux<br />

(Conservation régionale <strong>de</strong>s monuments historiques <strong>et</strong><br />

Service départemental <strong>de</strong> l’architecture <strong>et</strong> du patrimoine)<br />

d’autre part. Dans les faits, seule une pratique administrative<br />

para-réglementaire est actuellement susceptible <strong>de</strong><br />

suppléer partiellement aux carences du droit. L’archéologie<br />

du bâti, dépourvue <strong>de</strong> dispositif règlementaire d’intervention<br />

spécifiquement adapté, se trouve par conséquent<br />

presque entièrement dépourvue <strong>de</strong> moyens humains <strong>et</strong><br />

financiers d’intervention.<br />

II.4. Approche quantitative <strong>et</strong> qualitative <strong>de</strong>s<br />

opérations<br />

Les insuffisances <strong>de</strong>s protections patrimoniales, l’inadéquation<br />

du dispositif légal d’intervention <strong>et</strong> <strong>la</strong> faiblesse <strong>de</strong>s<br />

moyens humains <strong>et</strong> financiers alloués ont eu une conséquence<br />

directe sur le nombre <strong>et</strong> sur les caractéristiques<br />

qualitatives <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s archéologiques du bâti réalisées<br />

en Alsace. Les habitats ayant été l’obj<strong>et</strong> d’une intervention<br />

archéologique du bâti entre 1995 <strong>et</strong> 2004 sont au nombre<br />

<strong>de</strong> 24, ce qui représente en moyenne 2,5 étu<strong>de</strong>s par an à<br />

l’échelle <strong>de</strong> l’Alsace urbaine médiévale.<br />

Il convient par ailleurs <strong>de</strong> pondérer ce chiffre par <strong>de</strong>s critères<br />

qualitatifs. En eff<strong>et</strong>, les étu<strong>de</strong>s ne peuvent, le plus<br />

souvent, être considérées que comme ponctuelles (14<br />

cas) ou partielles (8 cas). Dans le premier cas, elles n’ont<br />

porté que sur une partie <strong>de</strong> l’édifice (telle <strong>la</strong> charpente,<br />

dans le cadre <strong>de</strong> travaux d’aménagement <strong>de</strong>s combles<br />

par exemple) ou n’ont consisté qu’en sondages ponctuels,<br />

sans dégagements extensifs <strong>de</strong>s élévations. Dans le second<br />

cas, elles ont porté sur plusieurs parties <strong>de</strong>s élévations<br />

internes <strong>et</strong>/ou externes (dans le cadre <strong>de</strong> ravalement<br />

<strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s <strong>et</strong> d’aménagement <strong>de</strong>s combles par<br />

exemple). En 10 ans, les sites ayant été l’obj<strong>et</strong> d’une<br />

étu<strong>de</strong> archéologique du bâti pouvant être considérée<br />

comme quasi exhaustive sont exceptionnels (2 cas).<br />

III. LES APPORTS DES ÉTUDES ARCHÉOLOGIQUES DU<br />

BÂTI<br />

Depuis 1991, les habitats étudiés sont, dans une écrasante<br />

majorité, situés à Strasbourg, ville faisant figure<br />

d’exception dans le paysage archéologique urbain alsacien.<br />

C<strong>et</strong>te situation est liée au fait que les carences du<br />

dispositif <strong>de</strong> protection patrimoniale <strong>et</strong> les insuffisances<br />

du dispositif légal d’intervention sont partiellement compensées<br />

par un suivi plus attentif qu’ailleurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s<br />

intervenants. Dans <strong>la</strong> mesure où le réseau urbain alsacien<br />

comptait environ 70 villes à <strong>la</strong> fin du Moyen Âge, il apparaît<br />

c<strong>la</strong>irement que l’archéologie du bâti n’a pas trouvé <strong>de</strong><br />

véritable champ d’application dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche<br />

sur l’habitat médiéval urbain en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> Strasbourg.<br />

III.1. Le p<strong>la</strong>n <strong>et</strong> <strong>la</strong> structure architecturale<br />

L’architecture civile romane en Alsace continue d’être<br />

principalement connue par les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> référence que<br />

constituent les inventaires <strong>de</strong>scriptifs <strong>et</strong> analytiques <strong>de</strong>s<br />

maisons <strong>de</strong> Rosheim (Stahl, Zumstein 1978 ; Poinsot<br />

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