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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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Heiwiller, Ingmarsheim, Oberlin<strong>de</strong>n, Urnheim autour<br />

d’Obernai, Altenwiller, Gisselbach, Gunzenhofen, Neudorf,<br />

Ruprechtshausen, Steinhausen, Oberkirch, Oberthörel<br />

autour <strong>de</strong> Dambach, Appenhofen, Froeschwiller,<br />

Grenwiller, Mittelheim, Sundheim, Tiernheim autour <strong>de</strong><br />

Rouffach. Dans le cas <strong>de</strong> Dambach, Humm (Humm<br />

1971 : 39) n’hésite pas à évoquer un synécisme :<br />

<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s habitats voisins serait venue s’établir<br />

à l’abri <strong>de</strong> l’enceinte. Mais à y regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> plus<br />

près, les choses sont moins simples, car certains <strong>de</strong>s<br />

sites allégués ne sont pas <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>ges 47 <strong>et</strong> d’autres,<br />

n’étant connus que comme simples lieudits, semblent<br />

avoir été désertés avant <strong>la</strong> création <strong>de</strong>s villes 48 . Au total,<br />

celle-ci a certainement provoqué l’abandon <strong>de</strong> certains<br />

habitats, y compris <strong>de</strong> vil<strong>la</strong>ges paroissiaux comme<br />

Ingmarsheim, mais le phénomène n’a pas eu l’ampleur<br />

qu’on lui attribue parfois. Peut-être faut-il plutôt le<br />

considérer comme un cas particulier d’une <strong>de</strong>uxième<br />

vague <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong> l’habitat, après celle postulée<br />

pour le XII e s. Elle correspondrait aux disparitions<br />

attestées aux XIV e <strong>et</strong> XV e s. : après une série<br />

<strong>de</strong> mortalités, les survivants se concentreraient sur les<br />

sites les plus favorables, du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité<br />

(en ville), du ren<strong>de</strong>ment agricole (désertions dans<br />

les Vosges <strong>et</strong> <strong>la</strong> Hardt), ou <strong>de</strong> commodités diverses,<br />

qui nous échappent souvent (proximité <strong>de</strong> l’eau, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

route 49 ...). Mais je n’affirmerais pas que c<strong>et</strong>te théorie<br />

explique toutes les désertions <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te époque.<br />

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES<br />

Humm a souligné à bon droit qu’à toute époque, <strong>de</strong>s habitats<br />

sont nés <strong>et</strong> d’autres ont disparu. Mais ce phénomène<br />

a ses rythmes <strong>et</strong> ses conjonctures. On croit <strong>de</strong>viner<br />

un double mouvement <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong> l’habitat, donc<br />

<strong>de</strong>ux vagues <strong>de</strong> désertions, l’une vers le XII e s., <strong>la</strong> secon<strong>de</strong><br />

aux XIV e <strong>et</strong> XV e s. Les <strong>de</strong>ux ne sont d’ailleurs nullement<br />

comparables, puisque <strong>la</strong> première se produit au<br />

cours d’une phase <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> l’économie <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion, accompagnée <strong>de</strong> grands défrichements, qui<br />

suscitent <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> nombreux vil<strong>la</strong>ges neufs, tandis<br />

que <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> correspond à une phase <strong>de</strong> contraction,<br />

liée à un fort recul démographique <strong>et</strong> à une crise agraire,<br />

qui conduit à l’abandon <strong>de</strong>s terres cultivées les moins fertiles.<br />

Mais les exemples cités plus haut, <strong>et</strong> qui pourraient sans<br />

peine être multipliés, suffisent à montrer que ce modèle<br />

d’une double concentration <strong>de</strong> l’habitat ne saurait être va<strong>la</strong>ble,<br />

au mieux, que dans les gran<strong>de</strong>s lignes. Dans le détail,<br />

chaque cas est particulier <strong>et</strong> mérite une étu<strong>de</strong> approfondie,<br />

attentive aux écarts par rapport à <strong>la</strong> norme postulée<br />

50 . C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>, si elle se limite aux sources écrites,<br />

restera forcément très incomplète, tant sont nombreux les<br />

aspects que les textes passent sous silence. C’est ce qui<br />

rend indispensable l’apport <strong>de</strong> l’archéologie. Celui-ci peut<br />

prendre <strong>de</strong>ux formes : <strong>la</strong> prospection ou <strong>la</strong> fouille.<br />

La prospection, si elle recherche spécifiquement <strong>de</strong>s habitats<br />

disparus, pourra dans certains cas partir d’édifices<br />

qui en gar<strong>de</strong>nt le souvenir : église, chapelle, ermitage,<br />

château, motte, moulin, ferme isolée, croix 51 . À défaut,<br />

le cadastre (<strong>de</strong> préférence napoléonien) révèle <strong>de</strong>s indices<br />

toponymiques : lieudits en -heim, -ingen, -hof(en),<br />

-haus(en), -dorf, mais aussi Altkirch, Kirchhof, Glockenbrunnen,<br />

<strong>et</strong>c. Mais ces indices sont parfois trompeurs 52 ,<br />

<strong>et</strong> inversement, une prospection systématique peut aussi<br />

m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s habitats médiévaux qu’aucun vestige,<br />

aucun lieudit ne <strong>la</strong>issait supposer, par exemple celui<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Schweinau (Baldinger 1986). Comme tous les habitats<br />

disparus ne figurent pas encore sur <strong>la</strong> carte archéologique<br />

<strong>de</strong> l’Alsace, <strong>la</strong> prospection serait un moyen <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

compléter aussi sur ce point.<br />

Bien entendu, <strong>la</strong> prospection ne renseigne que très imparfaitement<br />

sur l’étendue d’un habitat <strong>et</strong> sur sa fourch<strong>et</strong>te<br />

chronologique – même si, dans certains cas, elle perm<strong>et</strong><br />

d’en faire remonter les origines jusqu’à l’époque romaine<br />

53 . C’est pourquoi l’étu<strong>de</strong> approfondie d’un habitat<br />

médiéval, <strong>de</strong> son étendue, <strong>de</strong> son organisation, <strong>de</strong> sa<br />

chronologie, ne peut se passer <strong>de</strong> sa fouille. La fouille<br />

du plus grand nombre possible d’habitats disparus reste<br />

donc le meilleur moyen <strong>de</strong> faire progresser les connaissances<br />

sur <strong>la</strong> maison, le vil<strong>la</strong>ge <strong>et</strong> l’occupation du sol en<br />

Alsace au Moyen Âge.<br />

Références citées<br />

Baldinger 1986 : BALDINGER (J. <strong>et</strong> F.). – Découverte récente<br />

d’un habitat médiéval au lieu-dit Schweinau, comm.<br />

Schirrhein. Annuaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société d’histoire <strong>et</strong> d’archéologie<br />

du Ried-Nord, 1986, p. 89-93.<br />

Burnouf 1986 : BURNOUF (J.). – Butenheim : une motte<br />

castrale en Alsace : bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> quatre campagnes <strong>de</strong> fouilles<br />

archéologiques. Mulhouse : Société d’histoire sundgauvienne,<br />

1986. 189 p. N˚spécial <strong>de</strong> : Annuaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société<br />

d’histoire sundgauvienne, 1986.<br />

Grodwohl 1974 : GRODWOHL (M.). – Les vil<strong>la</strong>ges disparus<br />

dans le Sundgau. Ungersheim : Maisons paysannes<br />

d’Alsace, 1974. (Publications <strong>de</strong> l’Association Maisons<br />

paysannes d’Alsace ; 6).<br />

47 Oberlin<strong>de</strong>n <strong>et</strong> Oberthörel sont <strong>de</strong>s faubourgs, Oberkirch une église paroissiale isolée, sans habitat attesté, Gisselbach un bain, Steinhausen une<br />

maison noble en pierre, apparemment isolée ; dans le cas <strong>de</strong> Tiernheim, une confusion avec l’actuel Tierhurst n’est pas exclue.<br />

48 Cas <strong>de</strong> Gunzenhofen, Ruprechtshausen, Appenhofen <strong>et</strong> Grenwiller.<br />

49 Les noms <strong>de</strong> certains habitats disparus évoquent l’absence d’eau : Dürrenseebach, Dürrenlogelheim, Dürrenbach, Dürrengebwiller – mais Dürrenzenzen<br />

<strong>et</strong> Vil<strong>la</strong>rs-le-Sec (Terr. <strong>de</strong> Belfort, canton <strong>de</strong> Beaucourt) n’ont pas disparu. On explique l’abandon <strong>de</strong> B<strong>et</strong>bur au profit <strong>de</strong> Klein-Goeft par<br />

le fait que ce <strong>de</strong>rnier est à l’écart <strong>de</strong> <strong>la</strong> route Strasbourg-Saverne. B<strong>et</strong>bur, au bord <strong>de</strong> celle-ci, était beaucoup plus exposé aux passages <strong>de</strong> troupes<br />

(Humm 1971 : 83, n˚5).<br />

50 Un travers qui n’est pas si rare dans le milieu archéologique est <strong>de</strong> ramener trop vite les cas nouveaux à un schéma déjà connu ; j’ai déjà eu<br />

plusieurs fois l’occasion <strong>de</strong> le critiquer en ce qui concerne les châteaux <strong>et</strong> autres fortifications médiévales.<br />

51 Le <strong>de</strong>rnier vestige du vil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> Birsbach est ainsi son église Saint-Mathias, dite Hei<strong>de</strong>nkirche (Thomann 2000 ; Thomann 2002a ; Thomann<br />

2002b). Les mottes d’Ostein <strong>et</strong> <strong>de</strong> Butenheim, entre autres, gar<strong>de</strong>nt le souvenir <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>ges du même nom. De celui d’Alt-Beinheim, restent une<br />

chapelle <strong>et</strong> un moulin. Une croix marque par exemple l’emp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Ruschburn, près <strong>de</strong> Fulleren.<br />

52 La terminaison -ingen étant un collectif, certains lieudits en -ingen n’ont rien à voir avec un habitat, Krumlingen désigne par exemple un ensemble<br />

<strong>de</strong> champs courbes. Des noms qui semblent indiquer un habitat médiéval renvoient en fait à une occupation romaine, ainsi Alt-Hagenau à Weyersheim<br />

<strong>et</strong> Altdorf, juste au sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> motte <strong>de</strong> Butenheim, commune <strong>de</strong> P<strong>et</strong>it-Landau. Un lieudit Kirchhof peut désigner une nécropole prémédiévale.<br />

53 Voir les exemples déjà évoqués <strong>de</strong> Butenheim, <strong>de</strong> Heimeldingen <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Weyerkirche, note 30.<br />

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