Le Petit Insolent - Lycée français de Shanghai
Le Petit Insolent - Lycée français de Shanghai
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N°3<br />
<strong>Le</strong> P’tit<br />
<strong>Lycée</strong> Français <strong>de</strong> <strong>Shanghai</strong><br />
<strong>Insolent</strong><br />
Journal <strong>de</strong>s lycéens<br />
Avril 2011<br />
Spécial<br />
mo<strong>de</strong><br />
à<br />
<strong>Shanghai</strong><br />
1
Édito<br />
Par les temps qui courent, consacrer un dossier à la mo<strong>de</strong><br />
pourrait sembler surprenant : la catastrophe au Japon, les révolutions<br />
populaires dans les pays musulmans ainsi que le climat contestataire<br />
qui semble se propager dans le reste du mon<strong>de</strong>, et même jusqu’ici,<br />
auraient pu nous en dissua<strong>de</strong>r. Dans notre petit mon<strong>de</strong> protégé<br />
d’expatriés, conflits et drames semblent se situer à mille lieues <strong>de</strong><br />
notre porte. Et pourtant... La mo<strong>de</strong>, donc, sous toutes ses coutures.<br />
L’expo Chanel, la mo<strong>de</strong> au lycée, l’essor <strong>de</strong>s marques chinoises sont<br />
<strong>de</strong>s thèmes que nous avons choisi d’abor<strong>de</strong>r dans le dossier. Et puis<br />
les visions psychédéliques <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> concert du Yuyingtang,<br />
le plaidoyer en faveur du mariage gay (qui, je n’en doute pas, en<br />
convaincra plus d’un) et le LFSien du mois, cette fois-ci rugbyman !<br />
Merci <strong>de</strong> votre soutien, et bonne lecture !<br />
Actu du <strong>Lycée</strong><br />
Tiphaine Robert<br />
<strong>Le</strong> jeudi 10 Mars, les professeurs <strong>de</strong> musique <strong>français</strong><br />
et allemands nous ont offert à la veille <strong>de</strong>s vacances<br />
un concert. Ont paru sur scène l’ensemble <strong>de</strong><br />
l’orchestre <strong>français</strong> guidé par la main <strong>de</strong> M. Gizisky,<br />
les élèves <strong>de</strong> l’orchestre allemand, et bien sûr, notre<br />
fameuse chorale qui, ne l’oublions pas, s’est produite<br />
lors <strong>de</strong> la première Fête <strong>de</strong> la Musique organisée à<br />
<strong>Shanghai</strong> l’année <strong>de</strong>rnière. Ce concert eu lieu au<br />
théâtre du LFS <strong>de</strong> 19 à 22h30. Un spectacle qui a<br />
valu le coup !<br />
Qui peut conjuguer les verbes à n’importe quel<br />
temps et à n’importe quel mo<strong>de</strong> ? Pas moi, c’est<br />
sûr! Mais ce n’est pas une raison pour ne pas se<br />
mesurer à d’autres personnes. La Dictée <strong>de</strong> Mme<br />
Louis qui a eu lieu le Samedi 26 mars <strong>de</strong> 15 à 18 h<br />
dans la cantine a eu un franc succès. <strong>Le</strong>s candidats<br />
se sont affrontés dans plusieurs catégories : Juniors,<br />
Francophiles, Professionnels, Amateurs… Nous<br />
attendons les résultats avec impatience !!<br />
Dans vos agendas<br />
Un, <strong>de</strong>ux, trois, partez ! Et c’est reparti pour<br />
une nouvelle chance <strong>de</strong> courir, cette fois, pour<br />
la bonne cause. La Course contre la Faim est<br />
une action <strong>de</strong> solidarité à laquelle participent<br />
tous les élèves, chacun à leur façon. <strong>Le</strong> but est<br />
<strong>de</strong> courir en étant sponsorisé pour récolter <strong>de</strong>s<br />
fonds ensuite envoyés à l’organisation Action<br />
Contre la Faim. Tous à vos baskets le 14 avril.<br />
2<br />
mon<strong>de</strong><br />
Ca s’est passé au LFS<br />
1<br />
conflits rev<br />
mo<strong>de</strong> lycée,<br />
expo chanel<br />
concert<br />
LFS orien<br />
rugby<br />
Vendredi 1er avril a eu lieu un festival <strong>de</strong> musique <strong>de</strong> rock<br />
avec l’ensemble <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> rock du collège et du lycée.<br />
A partir <strong>de</strong> 17h dans la Piazza, 8 groupes provenant <strong>de</strong>s<br />
écoles francaise et alleman<strong>de</strong>, ainsi qu’un groupe issu <strong>de</strong><br />
la scène locale en Chine, se sont succedé pour plus <strong>de</strong> 5<br />
heures <strong>de</strong> musique live !<br />
De balla<strong>de</strong>s indie/rock jusqu’au métal rugissant, en<br />
passant par le punk, tous les styles ont été passés en revue.<br />
<strong>Le</strong>s rafraichissements ont été fournis par les élèves <strong>de</strong><br />
terminale alleman<strong>de</strong>.<br />
Un barbecue et <strong>de</strong>s snacks ont été proposés par Eurest<br />
dans la cour.<br />
Un grand nombre d’entre vous sont venus fêter la fin du<br />
bac blanc ou tout simplement le weekend avec ce premier<br />
événement rock <strong>de</strong> l’année à l’Eurocampus !<br />
<strong>Le</strong>s groupes du lycée :<br />
Fire in the hole !<br />
Heavy metal<br />
Antoine Pebayle, Clément Ver<strong>de</strong>il, Jean-Loic Deliers, Alexandre Wang<br />
SNowgold<br />
Emo/Metal<br />
Francois-Guillaume Jaeck, Clément Soulard, Dorian Rachel, Sven Gillet, Thomas Wang<br />
Semi croustillants<br />
Alternative rock<br />
Antoine Pebayle, Pierre Laubriet, Arthur Chen, Flavio D’Andrea<br />
Jimmy’s on<br />
Indie Rock<br />
David Xu, Pierre Pharaon, Moana Son, Maximilien Rouillon, Eran Yu<br />
Before night falls<br />
Indie rock<br />
Julien Salvan, Alexandre Desevedavy, Stacey Rousse, Adam Wei
<strong>Le</strong> “printemps arabe” vu par<br />
une jeune lycéenne<br />
Des révolutions multiples contre <strong>de</strong>s gouvernements<br />
autoritaires et en place <strong>de</strong>puis trop longtemps<br />
touchent le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord <strong>de</strong>puis<br />
trois mois. Yomna Elewa, lycéenne égyptienne,<br />
nous raconte la vie au Caire en temps <strong>de</strong> crise...<br />
Yomna, ex-expatriée à <strong>Shanghai</strong>, est <strong>de</strong> retour en Egypte cette année, en<br />
Terminale au lycée <strong>français</strong> du Caire. Lors <strong>de</strong> la récente révolution du<br />
peuple égyptien, elle a vécu dans un climat d’insécurité et d’instabilité.<br />
J’ai réussi à lui parler sur skype il n’y a pas longtemps - un <strong>de</strong>s seuls outils<br />
<strong>de</strong> communication via internet qui ne soit pas censuré. Côté école, “on n’a<br />
pas eu cours pendant un mois, alors que c’est l’année du Bac !” me dit-elle.<br />
La plupart <strong>de</strong>s expatriés au Caire ont été d’ailleurs rapatriés dans leur pays<br />
d’origine tant la situation est inquiétante.<br />
Yomna, très engagée politiquement, est également <strong>de</strong>scendue dans les rues manifester avec le<br />
peuple arabe. “<strong>Le</strong>s gens prenaient <strong>de</strong>s photos avec moi, c’était pour la plupart <strong>de</strong>s gens assez<br />
pauvres... Mais cela dit, il arrivait qu’on voit <strong>de</strong>s femmes bourgeoises bien habillées au milieu <strong>de</strong><br />
la foule. Cette révolution touche tout le mon<strong>de</strong>!”. Yomna est restée dormir sur place et a continué<br />
à manifester le jour suivant. “C’était très émouvant. Mon père, diplomate, est <strong>de</strong>scendu dans les<br />
rues le jour où la répression <strong>de</strong> l’armée était la plus forte : gaz lacrymogènes, coups <strong>de</strong> feu sur les<br />
civils... J’étais terrorisée quand il me l’a raconté.”<br />
A l’étranger en ce moment, on compare souvent les pays arabes avec la Chine, et certains prédisent<br />
que le phénomène <strong>de</strong> rébellion s’y élargira. Cette hypothèse semble pour le moment réfutée par<br />
les sociologues : la censure chinoise semble en effet bien faire son boulot (plus d’articles sur les<br />
révolutions arabes dans le <strong>Shanghai</strong> Daily !), et <strong>de</strong>s tentatives <strong>de</strong> rassemblement via <strong>de</strong>s réseaux<br />
sociaux, ici même à <strong>Shanghai</strong>, ont été sévèrement réprimandées. Mais pour combien <strong>de</strong> temps<br />
encore ?<br />
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Louis Soulard<br />
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DOssier<br />
Alexan<strong>de</strong>r Wang, symbole <strong>de</strong> l’Orient tendance<br />
Styliste américano-taiwanais <strong>de</strong> 24 ans, Alexan<strong>de</strong>r Wang est l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>signer les<br />
plus prometteurs <strong>de</strong> son époque. Il étudie à la célèbre école d’art <strong>de</strong> Parsons, à New<br />
York (le must <strong>de</strong>s écoles d’art, qui a entre autre révélé Warhol).<br />
<strong>Le</strong> jeune créateur a lancé sa première collection en 2007 et a remporté le prestigieux<br />
CFDA/Vogue Fashion Fund quelque temps après, une bourse <strong>de</strong> 200.000 dollars <strong>de</strong>stinée<br />
à agrandir son entreprise. Son label prometteur incarne un look <strong>de</strong> ville décontracté,<br />
tout en s’inspirant <strong>de</strong>s années 90, chic à la <strong>français</strong>e et une touche <strong>de</strong> grunge rock.<br />
Alexan<strong>de</strong>r Wang surfe sur la nouvelle popularité et l’intérêt porté à la mo<strong>de</strong> chinoise.<br />
Eh oui, les Chinois nous dévorent sur tous les plans, même en mo<strong>de</strong> : la marque Izzue<br />
(<strong>de</strong>puis peu présente aux Galeries Lafayette), Vera Wang, Chris<br />
Liu ont déjà réussi à imposer leur style au sein du mon<strong>de</strong> sans<br />
pitié <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> internationale. <strong>Le</strong> “ma<strong>de</strong> in china” n’est plus<br />
seulement synonyme <strong>de</strong> contrefaçon ou <strong>de</strong> produits « cheap » :<br />
Alexan<strong>de</strong>r Wang<br />
il est aussi tendance.<br />
De nombreuses marques <strong>de</strong> couture occi<strong>de</strong>ntales ont ainsi décidé <strong>de</strong> délocaliser la fabrication <strong>de</strong> leurs<br />
produits en Chine. En plus <strong>de</strong> fabriquer, le pays innove avec <strong>de</strong>s labels écolos et <strong>de</strong>s sources d’inspiration<br />
aussi diverses qu’intéressantes. De nouveaux talents (journalistes, créateurs, mannequins...) pleins <strong>de</strong><br />
niaque, <strong>de</strong>s prix bien plus bas contribuent à faire <strong>de</strong> la Chine, et <strong>de</strong> <strong>Shanghai</strong> en particulier, le Milan,<br />
Paris ou New York <strong>de</strong> <strong>de</strong>main !<br />
Darya Dubois<br />
Où trouver <strong>de</strong> l’Alexan<strong>de</strong>r Wang à <strong>Shanghai</strong> ?<br />
Magasin JOYCE : Shop 225, 2/F, Plaza 66, 1266<br />
Nanjing Xi Lu, near Tongren Lu<br />
Vous êtes passionné par la<br />
1. Central Saint<br />
Martins, Londres.<br />
De loin l'école la plus<br />
réputée et reconnue<br />
internationalement en<br />
matière <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>. Elle<br />
propose une année <strong>de</strong><br />
prépa exclusivement<br />
consacrée à cette<br />
matière (Foundation<br />
in Fashion, qu'il est<br />
possible <strong>de</strong> rejoindre<br />
après le Bac), mais<br />
aussi un Bachelor<br />
et un Master avec<br />
<strong>de</strong>s spécialités<br />
extrêmement variées<br />
(du journalisme <strong>de</strong><br />
mo<strong>de</strong> à la création <strong>de</strong><br />
lignes pour femmes).<br />
Vous connaissez sans<br />
doute quelques-uns <strong>de</strong><br />
ses diplômés, incluant<br />
John Galliano, Stella<br />
McCartney ou encore<br />
Alexan<strong>de</strong>r McQueen.<br />
2. Parsons the New<br />
School for Design,<br />
New York<br />
<strong>Le</strong>s plus grands<br />
artistes et créateurs<br />
américains sont sortis<br />
<strong>de</strong> cette prestigieuse<br />
institution située<br />
sur la 5th Avenue,<br />
en plein cœur <strong>de</strong><br />
Manhattan. Comme<br />
pour Londres,<br />
une large variété<br />
<strong>de</strong> spécialités, du<br />
Bachelor au Master,<br />
et une année <strong>de</strong><br />
Foundation in<br />
Fashion. Cette<br />
université réputée<br />
comme étant la<br />
meilleure école d’art<br />
américaine présente<br />
cependant <strong>de</strong>s frais<br />
d’inscription très<br />
onéreux...<br />
Mais aussi :<br />
-Penninghen, Paris<br />
-Royal College of Art,<br />
Londres<br />
-L’Ecole <strong>de</strong>s Arts<br />
Décoratifs, Paris<br />
Notez que la plupart<br />
<strong>de</strong> ces écoles proposent<br />
<strong>de</strong>s « summer courses »<br />
d’une semaine ou plus;<br />
c’est ainsi l’occasion <strong>de</strong><br />
rencontrer <strong>de</strong>s gens<br />
intéressants venus<br />
du mon<strong>de</strong> entier, <strong>de</strong><br />
développer sa créativité<br />
et <strong>de</strong> se préparer<br />
à l’enseignement<br />
universitaire !<br />
mo<strong>de</strong>, et vous voulez en faire<br />
votre métier ? Vous aurez<br />
besoin <strong>de</strong> passer par une<br />
école d'art - et tant qu'à<br />
faire, par une très bonne !<br />
Voici un listing <strong>de</strong>s meilleures<br />
écoles d'art, reconnues dans<br />
le secteur <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong><br />
Louis Soulard<br />
Louis Soulard<br />
4
Un air <strong>de</strong> Coco Chanel à <strong>Shanghai</strong><br />
La maison Chanel s’apparente à l’ambassadrice du style <strong>français</strong> dans le mon<strong>de</strong><br />
entier. <strong>Le</strong> MoCa Museum vient <strong>de</strong> lui consacrer une magnifique exposition. <strong>Le</strong> P’tit<br />
insolent s’y est rendu pour vous.<br />
On arrive à l’intérieur du bâtiment <strong>de</strong><br />
l’exposition avec le doux sentiment d’être<br />
chez soi. Chanel, c’est la mo<strong>de</strong> et l’esprit<br />
<strong>français</strong> par excellence, le style et l’élégance. On<br />
pénètre donc dans ce grand espace s’étalant sur<br />
<strong>de</strong>ux étages avec le sentiment <strong>de</strong> retrouver une<br />
petite part <strong>de</strong> notre patrie...<br />
L’exposition est divisée en cinq parties,<br />
correspondant chacune<br />
à <strong>de</strong>s thèmes que la<br />
créatrice a abordé à<br />
travers ses différentes<br />
collections : l’origine,<br />
l’abstraction, l’invisible,<br />
la liberté et l’imaginaire.<br />
Une décoration<br />
minimaliste et un espace<br />
ouvert sur l’extérieur<br />
servent <strong>de</strong> cadre à cette<br />
rétrospective. En parallèle<br />
aux cinq “pavillons”,<br />
<strong>de</strong>ux salles digitales nous<br />
plongent dans l’aspect<br />
plus promotionnel <strong>de</strong> la marque (défilés <strong>de</strong><br />
mo<strong>de</strong>, visionnage <strong>de</strong> publicités pour la télévision<br />
<strong>de</strong> 1980 à nos jours...).<br />
Là où rési<strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong> l’exposition est dans la<br />
contextualisation <strong>de</strong> l’oeuvre <strong>de</strong> la styliste avec le<br />
climat parisien arty du milieu <strong>de</strong> siècle. Gabrielle<br />
Chanel, <strong>de</strong> son vrai nom, a fait <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> un art ;<br />
ses relations avec <strong>de</strong>s écrivains, poètes, peintres<br />
et artistes l’ont inspirée et ont contribué à donner<br />
à la maison Chanel un style unique et réfléchi.<br />
Coco a habillé <strong>de</strong>s femmes dans une époque où<br />
elles commençaient à prendre du pouvoir et <strong>de</strong><br />
l’indépendance : elle a participé à ce mouvement<br />
<strong>de</strong> libération en créant une femme nouvelle -<br />
spirituelle, forte, à l’élégance extrême. C’est ainsi<br />
qu’est établi un parallèle entre le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
artistes et l’univers stylistique <strong>de</strong> la créatrice :<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong><br />
Dali et <strong>de</strong> Picasso,<br />
<strong>de</strong>s lettres <strong>de</strong><br />
Stravinski, <strong>de</strong><br />
Cocteau, et <strong>de</strong>s<br />
brouillons <strong>de</strong><br />
romans par Proust<br />
et Dumas...<br />
On <strong>de</strong>meure<br />
étonné <strong>de</strong>vant<br />
la beauté <strong>de</strong>s<br />
lignes épurées,<br />
<strong>de</strong> leur splen<strong>de</strong>ur<br />
glacée; certaines<br />
créations sont<br />
intemporelles: Chanel fait partie <strong>de</strong> ces légen<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> (si ce n’est LA légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>)<br />
qui a réussi à rendre son univers intemporel.<br />
La mo<strong>de</strong> aujourd’hui a changé : la femme<br />
d’aujourd’hui est sûre d’elle, sexy, un peu<br />
androgyne sans doute. Il est pourtant simple<br />
d’apprécier ce voyage dans le temps - les oeuvres<br />
<strong>de</strong> Coco parlent d’elles-mêmes.<br />
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Louis Soulard<br />
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Dossier<br />
“<strong>Le</strong>s Occi<strong>de</strong>ntaux rêvent d’une certaine Chine”<br />
Elise <strong>de</strong> Saint Guilhem est une styliste <strong>français</strong>e qui a créé à <strong>Shanghai</strong> sa marque <strong>de</strong> décoration<br />
intérieure et <strong>de</strong> vêtements, Rouge Baiser. Elle nous explique comment elle a construit son<br />
entreprise et réussi à la faire marcher.<br />
D’où vous est venue l’idée <strong>de</strong> créer une<br />
marque <strong>français</strong>e en Chine?<br />
Je suis arrivée à <strong>Shanghai</strong> en 2001. Je suis<br />
avocate <strong>de</strong> formation mais je voulais faire<br />
quelque chose <strong>de</strong> différent. Or j’ai toujours<br />
été fascinée par la bro<strong>de</strong>rie à la main et l’idée<br />
<strong>de</strong> faire du linge <strong>de</strong> maison <strong>de</strong> cette manière<br />
s’est rapi<strong>de</strong>ment imposée. A l’époque, il n’y<br />
avait pas beaucoup <strong>de</strong> jolies boutiques mais<br />
je suis tombée sur une maison <strong>de</strong>s années<br />
30 et j’en suis tombée amoureuse. Nous<br />
avons ouvert sur la Fuxing Lu en mars<br />
2003, puis une boutique à Pékin en 2006.<br />
L’idée <strong>de</strong> créer du linge <strong>de</strong> maison brodé<br />
à la main s’est imposée d’une part car j’ai<br />
toujours aimé la bro<strong>de</strong>rie, et ensuite parce<br />
qu’il n’y avait pas vraiment <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> la<br />
décoration d’intérieur en Chine il y a 8 ans.<br />
L’idée était <strong>de</strong> partager un goût un style <strong>de</strong><br />
vie “à la <strong>français</strong>e” dans le fait <strong>de</strong> vivre avec<br />
<strong>de</strong>s choses élégantes et raffinées.<br />
Comment définiriez-vous le style <strong>de</strong> la<br />
marque ? La Chine a-t-elle été une source<br />
d’inspiration importante ?<br />
La marque est élégante, sobre, raffinée<br />
plutôt discrète. Elle est créative et artisanale,<br />
en cela Hermès est une référence. Elle est<br />
empreinte d’un classicisme où la bro<strong>de</strong>rie<br />
est cependant mo<strong>de</strong>rnisée. La Chine est<br />
une source d’inspiration, l’Asie dans son<br />
ensemble. C’est surtout l’imaginaire que les<br />
Occi<strong>de</strong>ntaux ont <strong>de</strong> la Chine qui m’inspire.<br />
Cela se voit dans <strong>de</strong>s défilés haute couture<br />
(Galliano par exemple et les années 30 <strong>de</strong><br />
<strong>Shanghai</strong>). <strong>Le</strong>s Occi<strong>de</strong>ntaux rêvent d’une<br />
certaine Chine, faite <strong>de</strong> soie, d’encre, <strong>de</strong><br />
lotus, <strong>de</strong> mandarins bien plus que les<br />
Chinois eux-mêmes.<br />
Il semble qu’il y ait <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> sociétés<br />
chinoises qui sont dirigées par <strong>de</strong>s gens qui<br />
comme vous, sont basés hors <strong>de</strong> Chine. Que<br />
faut-il faire pour que cela marche bien?<br />
Rouge Baiser est une WOFE (Wholly<br />
Owned Foreign Enterprise, ou une société<br />
ayant pour seul propriétaire un étranger)<br />
que j’ai montée en 2007. Pour diriger une<br />
société chinoise <strong>de</strong>puis l’étranger il vous<br />
faut un ou <strong>de</strong>ux collaborateurs <strong>de</strong> confiance<br />
et vous <strong>de</strong>vez vous rendre en Chine tous<br />
les <strong>de</strong>ux mois. J’ai décidé <strong>de</strong> rester la<br />
directrice générale et je suis en contact<br />
quotidiennement avec le bureau. Mais<br />
j’essaie aussi <strong>de</strong> ne pas être trop présente<br />
quand je sais qu’elles sont débordées <strong>de</strong><br />
travail.<br />
Propos recueillis par Louis Soulard<br />
C’est où ? Rouge Baiser :<br />
299-2, Fuxing Xi Lu, <strong>Shanghai</strong> 200031,<br />
tel: 64 31 80 19<br />
Patchwork<br />
<strong>de</strong> styles<br />
au lycée<br />
Des mo<strong>de</strong>s vestimentaires aussi diverses qu’originales donnent au lycée <strong>français</strong> <strong>de</strong> <strong>Shanghai</strong> sa propre<br />
i<strong>de</strong>ntité. Vous pensiez que les uniformes scolaires étaient une bonne idée ? On va vous prouver que non !<br />
Des hippies aux fashionistas, en passant<br />
par les skateurs et les gothiques, les cours<br />
<strong>de</strong> récrés sont remplies d’idées et <strong>de</strong> styles<br />
qui nous en mettent plein les yeux…<br />
La mo<strong>de</strong>, ça fait notamment partie <strong>de</strong><br />
la culture. Ainsi, quand cet article parle<br />
<strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> dans notre école, il n’en vise<br />
que la partie ‘<strong>français</strong>e’. Ah, la France<br />
! Symbole <strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s icônes du<br />
mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> ; Paris, capitale <strong>de</strong><br />
la mo<strong>de</strong>, Chanel, Jean Paul Gauthier,<br />
Zadig et Voltaire, et même Pimkie, nous<br />
ren<strong>de</strong>nt, nous Français, sans doute plus<br />
sensibles à la mo<strong>de</strong> que d’autres cultures.<br />
Et même à <strong>Shanghai</strong> et loin <strong>de</strong> notre<br />
culture, la règle semble s’appliquer.<br />
<strong>Le</strong> lycée <strong>français</strong> <strong>de</strong> <strong>Shanghai</strong>, ça serait<br />
comme un « patchwork », un mélange <strong>de</strong><br />
tous les goûts, tous les styles, un mix entre<br />
différentes philosophies qui s’expriment<br />
physiquement à travers les vêtements.<br />
A l’école, il semblerait qu’on ait en effet <strong>de</strong>ux<br />
catégories : ceux qui s’intéressent peu à<br />
la mo<strong>de</strong> (“la beauté vient avant tout <strong>de</strong><br />
l’intérieur...”), et les fashionistas (cette<br />
expression a pour moi un sens bien<br />
plus large : les gothiques, hippies y sont<br />
inclus).<br />
L’inconvénient ici, à <strong>Shanghai</strong>, c’est<br />
qu’entre ZARA, H&M, Uniqlo, le marché<br />
aux copies et le nouveau GAP, les adresses<br />
se font rares pour s’habiller et trouver <strong>de</strong><br />
l’originalité.<br />
Mais la mo<strong>de</strong>, ce n’est pas juste une paire<br />
<strong>de</strong> chaussures achetées 1000 Kuai dans<br />
un magasin branché, ou une copie <strong>de</strong><br />
sac Louis Vuitton qui a fait toutes les<br />
premières <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong> Vogue ou<br />
Marie Claire. La mo<strong>de</strong>, c’est avant tout le<br />
style, l’attitu<strong>de</strong>, l’expression d’une i<strong>de</strong>ntité<br />
propre.<br />
L’ensemble <strong>de</strong>s styles que l’on remarque au<br />
détour <strong>de</strong> couloirs créent une harmonie<br />
et montrent un certain <strong>de</strong>gré d’ouverture<br />
et d’indépendance d’esprit (non, nous<br />
ne sommes pas tous <strong>de</strong>s clones à la<br />
parisienne !). Pourtant, même si nos<br />
couloirs ne ressemblent pas aux back<br />
stages <strong>de</strong>s défilés d’Isabelle Marant (et<br />
Dieu sait qu’on l’aurait voulu !), on peut<br />
toujours dire que l’originalité <strong>de</strong> notre<br />
école au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la différence <strong>de</strong>s<br />
styles et <strong>de</strong> leur fusion crée ce que j’aime<br />
à appeler : une « école à la mo<strong>de</strong> ».<br />
Cyrielle Descheemaeker<br />
6
BOBO ?<br />
“Toujours une<br />
Si tu <strong>de</strong>vais décrire ton style en quelques mots ?<br />
Tout d’abord je dirais moi-même. Mon style me reflète avant<br />
tout. Je dirais aussi humeur journalière et rock. Mon style dépend<br />
beaucoup <strong>de</strong> mon humeur du moment même s’il y a toujours<br />
une petite touche rock dans la façon dont je m’habille.<br />
De quoi t’inspires-tu pour ton style ?<br />
Principalement <strong>de</strong>s blogs <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>, il y en a beaucoup, mais<br />
je personnalise toujours les inspirations que j’y trouve pour y<br />
ajouter ma touche à moi!<br />
La mo<strong>de</strong> est-ce un domaine dans lequel tu aimerais poursuivre une<br />
carrière?<br />
Oui, mais pas en tant que styliste. J’aimerais bien être chef <strong>de</strong><br />
projet dans l’événementiel <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>, parce que j’aime organiser<br />
et trouver <strong>de</strong>s solutions quand il y a <strong>de</strong>s problèmes, travailler avec<br />
<strong>de</strong> l’adrénaline! En plus, le milieu <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> m’attire beaucoup.<br />
Cela serait un moyen <strong>de</strong> combiner les <strong>de</strong>ux.<br />
Où achètes-tu tes vêtements et tes accessoires?<br />
Zara, H&M surtout. Sinon, j’aime bien retravailler <strong>de</strong>s vêtements<br />
Camille (terminale) : "Je pense pouvoir dire<br />
que j'ai un style assez parisien. J'aime Maje,<br />
Zadig et Voltaire, Repetto... J'aime ce qui est<br />
classe, sobre, avec <strong>de</strong>s petites touches <strong>de</strong> sexy.<br />
Mes vêtements préférés ? mon haut noir, col<br />
en V transparent, mes bottes brunes hautes,<br />
et mes chemises !"<br />
touche rock”<br />
Quand on évoque la mo<strong>de</strong>, beaucoup pensent aux défilés et à la haute couture, mais la mo<strong>de</strong> est<br />
aussi quelque chose du quotidien. Interview avec Anais Xiong, élève <strong>de</strong> première ES, très attirée<br />
par le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>.<br />
D'autres styles décryptés<br />
DECONTRACT’ ?<br />
Rémi (secon<strong>de</strong>) : “Je ne passe pas <strong>de</strong>s<br />
heures à m’habiller, j’essaie juste que ça aille<br />
ensemble ! Je définirais mon style comme<br />
branché/décontracté, d’ailleurs j’aime <strong>de</strong>s<br />
marques comme Celio, Quicksilver, et Zara.<br />
J’apprécie surtout mon tee-shirt gris Agnès<br />
B à col rond, tout simple, et mon caban bleu<br />
marine.<br />
7<br />
que j’ai déjà : les raccourcir, les customiser.<br />
Cela me permet d’avoir plus <strong>de</strong> possibilités<br />
et <strong>de</strong> libertés par rapport au même vêtement <strong>de</strong> départ.<br />
<strong>Le</strong>s 3 must-have en ce qui concerne la mo<strong>de</strong> ?<br />
Des vestes en cuir évi<strong>de</strong>mment, c’est incontournable d’après moi.<br />
Des leggings noirs et <strong>de</strong>s T-shirt avec <strong>de</strong>s imprimés rock’n’roll. Il<br />
faut absolument avoir au moins ça dans son placard, c’est la base!<br />
La mo<strong>de</strong> pour toi, c’est confort ou style avant tout ?<br />
Style avant tout. La mo<strong>de</strong> pour moi c’est personnel. J’ai envie <strong>de</strong><br />
porter <strong>de</strong>s vêtements qui ont du style. Je ne peux pas partir <strong>de</strong><br />
chez moi si, lorsque je me regar<strong>de</strong>, je trouve que ça ne va pas<br />
ensemble. Je préfère rater mon bus et prendre le temps <strong>de</strong> faire<br />
en sorte que le tout ait du style.<br />
Propos recueillis par Margaux Huck<br />
Adresses <strong>de</strong> blog :<br />
http://weheartit.com//<br />
http://street-style-only.sktyrock.com//<br />
D<br />
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CHIC ?<br />
Constance (secon<strong>de</strong>) : “Je suis très<br />
influencée par beaucoup <strong>de</strong> marques <strong>de</strong> luxe<br />
(Louis Vuitton, Louboutin...), elles m’ai<strong>de</strong>nt à<br />
trouver mon style ! Je préfère la simplicité,<br />
les matières nobles comme la fourrure, et<br />
les imprimés (léopard par exemple). J’aime<br />
surtout mon manteau noir en fourrure,<br />
mes ballerines, et m’entourer d’écharpes !
Culture<br />
<strong>Le</strong> charme discret <strong>de</strong> la bourgeoisie<br />
<strong>Le</strong> chef d’œuvre <strong>de</strong> Luis Bunuel conte l’histoire <strong>de</strong> trois couples <strong>de</strong> la haute bourgeoisie parisienne qui tentent vainement<br />
d’organiser un dîner. Onirique, drôle et absur<strong>de</strong>…<br />
Peu après la nomination <strong>de</strong> son film aux Oscars en 1972, <strong>de</strong>s journalistes <strong>de</strong>mandèrent à Luis Bunuel qu’ils interviewaient dans un restaurant<br />
s’il pensait gagner la prestigieuse récompense. Il répondit du tac au tac : “Naturellement ! J’ai déjà versé les 25.000 dollars qu’ils <strong>de</strong>mandaient.<br />
<strong>Le</strong>s Américains ont leurs défauts mais ils tiennent leur promesse”.<br />
Au final, le film fut bel et bien récompensé - et sans doute pour <strong>de</strong>s raisons différentes à l’argent soi-disant versé par Bunuel ! L’univers<br />
étrange et inquiétant du réalisateur est particulièrement<br />
dépeint dans ce film, narrant d’une façon peu<br />
commune l’histoire d’un dîner que trois couples essaient<br />
d’organiser en vain. Lors <strong>de</strong> la première tentative,<br />
ils se retrouvent dans un restaurant dans lequel se<br />
déroule un enterrement. La secon<strong>de</strong>, les hôtes<br />
sont trop occupés à faire l’amour à l’étage pour recevoir<br />
leurs invités - qui finissent par partir. Alors que,<br />
plus tard dans le film, les invités sont enfin assis à table et<br />
semblent commencer à dîner, un <strong>de</strong>s ri<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> la<br />
salle à manger se lève, et on comprend qu’ils sont en fait<br />
sur une scène <strong>de</strong> théâtre, <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s spectateurs.<br />
<strong>Le</strong> thème <strong>de</strong> l’illusion est récurrent dans l’œuvre <strong>de</strong> Bunuel.<br />
Maîtrisant les procédés <strong>de</strong> continuité narrative, le<br />
réalisateur s’amuse à nous tromper, qu’il s’agisse <strong>de</strong> rêves<br />
faits par les protagonistes, d’interminables mises<br />
en abîme ou <strong>de</strong> relations secrètes entre les personnages.<br />
Bien sûr, Bunuel a voulu faire la critique <strong>de</strong> ce<br />
milieu bourgeois basé sur les apparences et les faux-<br />
semblants. Infidélités matrimoniales, trafics <strong>de</strong><br />
cocaïne et affaires politiques servent <strong>de</strong> toile <strong>de</strong> fond à<br />
cette comédie qui dépeint, <strong>de</strong>rrière les visages<br />
lisses et les <strong>de</strong>meures luxueuses <strong>de</strong>s personnages, un<br />
mon<strong>de</strong> en déstructuration.<br />
<strong>Le</strong>s acteurs, <strong>de</strong>s habitués <strong>de</strong> l’univers du réalisateur pour<br />
la plupart (vous retrouverez entre autre Fernando<br />
Rey, qui a joué dans Cet obscur objet du désir), livrent<br />
une performance étonnante, s’amusant à jouer<br />
avec les stéréotypes <strong>de</strong>s comportements bourgeois.<br />
<strong>Le</strong> charme discret <strong>de</strong> la bourgeoisie joue sur les contrastes : comique et légèreté en superficie contre une noirceur et une morbidité sousjacentes.<br />
Intriguant, fascinant et très divertissant, je vous recomman<strong>de</strong> donc gran<strong>de</strong>ment ce film, accessible à – presque – tous !<br />
Fiche technique : “<strong>Le</strong> Charme discret <strong>de</strong> la Bourgeoisie”, réalisé par Luis Bunuel (1972). France/Italie. Avec Fernando Rey,<br />
Paul Frankeur, Delphine Seyrig, Stéphane Audran, Jean-Pierre Cassel. 105 min. Oscar du meilleur film étranger.<br />
Yuyintang<br />
Perdu au milieu d’un parc, dans les recoins <strong>de</strong> la pénombre<br />
shanghaienne se trouve le<br />
temple oriental du rock.<br />
Un endroit où il ne fait ni<br />
bon vivre, ni bon être mais<br />
définitivement rock n’roll.<br />
Logé au détour d’une station <strong>de</strong><br />
métro et 20 mètres sous une gaojia<br />
dominante, ce petit endroit ne paye apparemment pas <strong>de</strong> mine. Une<br />
petite maison, un ornement et une porte en ébène noire. Rentrez<br />
d’un coup ou ne rentrez pas. De jour c’est un lionceau, un chat,<br />
mais la nuit un tigre qui rugit les flammes <strong>de</strong> l’enfer psychédélique.<br />
Débauche, cra<strong>de</strong> et bières. Un endroit véridique dans une ville<br />
artificielle, perdu dans une immensité qui ne fait que s‘étendre, et<br />
s’étendre, et s’étendre. <strong>Le</strong> tigre a craché ses flammes sur les murs où<br />
un flamboyant dragon vous observe, vous guette, vous hâte. Pas <strong>de</strong><br />
verbes pour le décrire, rien que <strong>de</strong>s phrases mal construites, comme<br />
son architecture qui ne tient pas <strong>de</strong>bout, qui semble s’enterrer,<br />
s’enraciner à jamais dans les profon<strong>de</strong>urs. Seule une poignée <strong>de</strong><br />
gens bizarres, différents, se retrouvent ici. C’est un<strong>de</strong>rground, et<br />
pourtant bien au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la gaojia.<br />
A l’intérieur, un petit bar étendu qui vend insolemment <strong>de</strong>s bières,<br />
trop <strong>de</strong> bières. La lumière semble tamisée ? Elle est juste pétée,<br />
comme tout, mais eux, au moins, ils assument. <strong>Le</strong> patron est<br />
souvent là, à traîner. C’est un tatoué, toujours au dragon, toujours le<br />
même, mystérieux (le dragon ou le patron)?<br />
<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux. Lui ressemble à un ex-taulard, difficilement fréquentable,<br />
comme l’endroit dans lequel il vit. Il ne sera pas sympa si vous ne<br />
<strong>Le</strong> Palais De Keith et Joe<br />
3<br />
8<br />
le connaissez pas. Venez souvent, il finira peut-être par vous offrir<br />
une bière. C’est un dragon rock, le dragon du rock. Mais c’est quoi,<br />
rock n’ roll ? C’est ce qui vous attire sans que vous le vouliez, ou c’est<br />
peut-être autre chose - on s’en fout, et le rock aussi.<br />
« Un endroit véridique dans une ville artificielle »<br />
<strong>Le</strong> rock c’est aussi la musique ; et la musique, elle est là, et elle est<br />
rock. C’est une musique pour ceux qui ne sont pas invités à la fête,<br />
qui n’est que rarement belle, juste rock n’ roll. Vous y verrez tout, tout.<br />
Du punk japonais qui joue du pop-manga-psyche<strong>de</strong>lo-jazzo-metal<br />
sur une guitare Fisher-Price, aux trois « laowais » qui passent un<br />
rock calé, dur, franc. Vous découvrirez le vrai visage <strong>de</strong> la rébellion<br />
chinoise, car le punk existe ici aussi, comme partout. Ils balancent<br />
tous leurs riffs sur leur gratte et envoient leurs rythmes foireux, pas<br />
carrés, avec le bassiste qui essaye <strong>de</strong> s’y caler. Il n’y arrive pas, le<br />
chanteur gueule trop fort, trop présent. New York dans les années<br />
70 : la désillusion et la fougue. Enfin, vous verrez bien. Pas d’entrée<br />
<strong>de</strong>s artistes, juste une loge un peu pourrie avec une vitre explosée,<br />
trois canapés sur lesquels <strong>de</strong>s gars se prennent déjà pour <strong>de</strong>s stars.<br />
Oh, c’est bon, tu joues <strong>de</strong>vant cinquante mecs qui puent « l’alcool<br />
et le tabac froid »! Je le répète, ce n’est pas un endroit fréquentable.<br />
C’est un lieu perdu dans <strong>Shanghai</strong> et ses visages enfumés par la<br />
recherche du pognon. Il est si près et ne pourrait pas en être plus<br />
loin, <strong>de</strong> cette ville, <strong>de</strong>s dragons, du patron, <strong>de</strong> la terrasse dans la<br />
forêt <strong>de</strong>rrière, <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs d’urine au premier étage. N’emmenez pas<br />
vos parents là-bas, ne leur dites pas que vous y allez, ne leur dites<br />
pas que leur jeunesse existe encore, ils ne supporteraient pas que les<br />
Chinois leur aient volé leur truc. Sex, Drugs and Rock n’Roll.<br />
Par Julien Renvoisé
Abor<strong>de</strong>r le <strong>français</strong> d’une autre manière<br />
La pièce jouée à <strong>de</strong>ux reprises par les élèves <strong>de</strong> première <strong>de</strong> la Compagnie <strong>de</strong>s<br />
Phasmes <strong>de</strong> M. Kichenin a été saluée par <strong>de</strong>s vagues d’applaudissements lors <strong>de</strong><br />
sa double représentation à l’Art Center. Rencontre avec <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses membres.<br />
Clément Ver<strong>de</strong>il (CV), un <strong>de</strong>s acteurs principaux, et Antoine Pebayle (AP), qui a œuvré<br />
en régie, nous racontent comment ils ont vécu l’incroyable expérience du Mala<strong>de</strong><br />
imaginaire <strong>de</strong> Michaux et nous révèlent quelques anecdotes sur la préparation <strong>de</strong> la pièce.<br />
Comment s’est déroulée la préparation <strong>de</strong> la pièce ?<br />
Clément Ver<strong>de</strong>il<br />
AP : <strong>Le</strong> projet a débuté en novembre. Il ne <strong>de</strong>vait pas durer plus d’un mois au départ mais<br />
avec les contretemps et les idées qui se sont ajoutées, la préparation a duré plus <strong>de</strong> trois mois. Ce qui a pris<br />
beaucoup <strong>de</strong> temps sont les films, les montages vidéo et photo, et surtout le décor.<br />
Qui a décidé <strong>de</strong> la répartition <strong>de</strong>s rôles ?<br />
CV : M. Kichenin nous avait donné un tableau à remplir avec toutes les missions. Ce qui est marrant, c’est que<br />
toutes les cases ont été remplies sauf celles <strong>de</strong>s acteurs. C’est donc lui qui a désigné les acteurs. Certains étaient<br />
contents, d’autres un peu moins (sourire). Moi je l’ai pris comme un challenge à relever.<br />
Comment as-tu fait pour apprendre ton long texte Clément ?<br />
CV : J’avais un monologue <strong>de</strong> 8 pages à apprendre. Au départ, j’ai commencé par apprendre petit bout par petit<br />
bout mais ça ne marchait pas. Alors j’ai tout appris d’un bloc avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ma copine et ça a marché. J’ai une<br />
petite anecdote pour vous : Pierre Roquet, qui avait un long texte lui aussi, s’est enregistré et a écouté son texte<br />
dans son i-pod en s’endormant. Il m’a dit qu’il avait passé la pire nuit <strong>de</strong> sa vie, il en a fait <strong>de</strong>s cauchemars (rires) !<br />
Antoine, quel était ton rôle dans la pièce ?<br />
AP : Je faisais partie <strong>de</strong> la régie, c’est-à-dire que je m’occupais du son, <strong>de</strong>s micros, et <strong>de</strong>s vidéos lors <strong>de</strong>s<br />
représentations. J’étais aussi réalisateur <strong>de</strong>s court-métrages, et créateur <strong>de</strong> costumes.<br />
Comment as-tu vécu cette expérience ?<br />
AP: C’était une belle aventure avec beaucoup <strong>de</strong> rebondissements. Nous sommes partis <strong>de</strong> rien et nous avons<br />
tout fait nous-mêmes. Alors voir le résultat final sur scène, ça fait chaud au cœur. C’était beau.<br />
Et toi Clément ?<br />
CV : La pièce a nécessité beaucoup <strong>de</strong> travail mais le résultat a été extraordinaire. <strong>Le</strong> plus dur, c’était que les autres<br />
cours continuaient et il y avait beaucoup <strong>de</strong> travail. Mais nous avons abordé le <strong>français</strong> d’une autre manière et<br />
c’était une expérience très enrichissante. On s’est vraiment mis dans la peau <strong>de</strong> Michaux, donc si le sujet tombe<br />
au bac <strong>français</strong>, je pense qu’on sera apte à en parler.<br />
Quel a été le rôle <strong>de</strong> M. Kichenin ?<br />
CV : C’est lui qui a rassemblé les textes et fait la mise en scène. Il a porté ce projet et s’est beaucoup investi.<br />
Personnellement, je le remercie <strong>de</strong> m’avoir offert cette opportunité parce que c’est quelque chose que je ne ferai<br />
peut-être qu’une seule fois dans ma vie.<br />
Aviez-vous <strong>de</strong>s souffleurs sur scène ?<br />
CV : Oui, nous avions Nathalie au premier rang, qui parfois nous a soufflé le texte. Nous avions aussi un texte <strong>de</strong><br />
secours dans la maison, sur scène, qui pouvait nous servir en cas d’oubli. Ne le répétez pas (sourire).<br />
Allez-vous rejouer la pièce ?<br />
AP : Je ne pense pas qu’il y aura une troisième représentation. Parce que beaucoup <strong>de</strong> gens ne veulent pas la<br />
rejouer, et parce que nous sommes aussi passés à autre chose.<br />
CV : Je ne sais pas. Il y a le bac à la fin <strong>de</strong> l’année. Personnellement je veux bien la rejouer, surtout dans une autre<br />
dimension, comme à l’Alliance Française. Cela nous a été proposé par un <strong>de</strong> ses membres.<br />
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Propos recueillis par les élèves <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’atelier journalisme<br />
9
Sport<br />
Léopold Georges, le LFSien du mois<br />
<strong>Le</strong> Léo, qu’est ce que c’est ? Eh bien, c’est un belge (et fier <strong>de</strong> l’être), pur fan <strong>de</strong> rugby, sport qu’il pratique <strong>de</strong>puis bien<br />
longtemps.<br />
Ce garçon, belge <strong>de</strong> sang et australien <strong>de</strong> cœur, joue au rugby <strong>de</strong>puis à peu près sept ans.<br />
Dès son arrivée, il y a un an et <strong>de</strong>mi, il a affirmé sa place dans l’équipe du LFS. Pilier<br />
important du « 15 du LFS », il n’est jamais bon <strong>de</strong> l’avoir en face <strong>de</strong> soi sur un terrain (et je<br />
parle en connaissance <strong>de</strong> cause) ! C’est très simple, il donne constamment son maximum<br />
pour le ballon ovale.<br />
« J’ai commencé le rugby à 12 ans en Australie, à Canberra, où j’ai joué talonneur pour<br />
l’équipe ‘East Rugby Club’ pendant trois ans. Nous sommes allés en finale <strong>de</strong> Canberra, que<br />
l’on a gagnée, et ai remporté le titre <strong>de</strong> « joueur ayant le plus progressé <strong>de</strong> l’année ». Je jouais<br />
simultanément dans l’équipe <strong>de</strong> mon école au même poste. Arrivé en Belgique, à 15 ans,<br />
j’ai intégré l’équipe <strong>de</strong> mon école où j’étais capitaine pendant <strong>de</strong>ux ans. L’année d’après, je<br />
suis rentré dans l’effectif <strong>de</strong> La Hulpe Rugby Club où j’ai joué pilier en début <strong>de</strong> saison, puis<br />
numéro 8. Par la suite, on m’a proposé <strong>de</strong> jouer pour l’équipe nationale <strong>de</strong> Belgique <strong>de</strong>s moins<br />
<strong>de</strong> 17 ans. J’y ai joué pendant trois mois et <strong>de</strong>mi au poste <strong>de</strong> pilier, pour ensuite les quitter<br />
– je trouvais l’ambiance mauvaise. Là-bas, c’était chacun pour soi. Je n’étais pas considéré<br />
comme un coéquipier, mais comme un danger. Ici, à <strong>Shanghai</strong>, ça fait <strong>de</strong>ux ans que je suis<br />
dans l’équipe au poste <strong>de</strong> pilier, en plus d’être capitaine. Mes équipes préférées ? <strong>Le</strong>s Wallabies<br />
(les Australiens, incultes !) car ils ont un jeu magnifique, le jeu typique <strong>de</strong> l’hémisphère Sud.<br />
Pour les clubs dans le mon<strong>de</strong>, c’est les Brumbies, l’équipe <strong>de</strong> Canberra, parce que je jouais<br />
dans leur section junior. Pour ce qui est <strong>de</strong> l’Europe, je dirais le Racing Club Toulonnais, le Sta<strong>de</strong> Toulousain et le Sta<strong>de</strong> Français : ils ont<br />
les meilleurs joueurs et supporters ! Cependant, mon joueur préféré <strong>de</strong>meure un néo-zélandais jouant au Sta<strong>de</strong> Phocéen, Jonah Lomu».<br />
Propos recueillis par Alexandre Scifo<br />
Toby Flood, la nouvelle arme fatale <strong>de</strong> l’Angleterre<br />
<strong>Le</strong> <strong>de</strong>mi d’ouverture a crevé l’écran<br />
lors du Tournoi <strong>de</strong>s 6 Nations.<br />
Portrait d’un garçon plein d’avenir<br />
Tout amateur <strong>de</strong> rugby qui a suivi le<br />
Tournoi <strong>de</strong>s 6 Nations reconnaîtra<br />
que ce jeune Anglais a tout d’un grand.<br />
Vous voulez une preuve ? Vous connaissez<br />
beaucoup <strong>de</strong> joueurs qui expédieraient<br />
le grand Jonny Wilkinson, recordman <strong>de</strong><br />
points en sélection, sur le banc ? Et bien<br />
Toby l’a fait, et personne ne trouve à y<br />
redire.<br />
Quatre ans et <strong>de</strong>mi après sa première<br />
sélection, le <strong>de</strong>mi d’ouverture <strong>de</strong>s Tigres <strong>de</strong><br />
<strong>Le</strong>icester se voit confier les comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
la machine Anglaise, et il en profite : vif et<br />
efficace, il sait créer <strong>de</strong>s ouvertures là où il<br />
n’y en a pas et relancer le jeu British en cas<br />
<strong>de</strong> danger.<br />
Pour l’histoire, Tobias est né le 8 août 1985<br />
à Frimley, dans le sud-est <strong>de</strong> l’Angleterre.<br />
Il pratique le rugby dès son plus jeune<br />
âge en intégrant les équipes <strong>de</strong> ses écoles,<br />
notamment celle <strong>de</strong> Kings School,<br />
partiellement entraînée par ce même Jonny<br />
Wilkinson. Il rentre en 2004 dans le<br />
centre <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s Falcons <strong>de</strong><br />
Newcastle (club <strong>de</strong>… Wilkinson)<br />
pour être transféré quatre ans plus<br />
tard au Welford Road Stadium,<br />
l’antre <strong>de</strong>s Tigres <strong>de</strong> <strong>Le</strong>icester, alors<br />
champion en titre, et y acquiert sa<br />
place <strong>de</strong> titulaire très rapi<strong>de</strong>ment.<br />
<strong>Le</strong> fait le plus marquant <strong>de</strong> sa<br />
carrière est probablement son appel<br />
en équipe nationale, seulement <strong>de</strong>ux<br />
ans après son début professionnel<br />
dans la discipline. Grâce à son jeune âge et<br />
à son niveau plus que satisfaisant, il pousse<br />
doucement Wilkinson vers la sortie.<br />
Si l’Angleterre a gagné le Tournoi <strong>de</strong>s<br />
6 Nations, elle le doit notamment aux<br />
performances incritiquables du petit Toby,<br />
auteur d’un bon nombre <strong>de</strong> passes décisives<br />
menant aux essais d’Ashton contre l’Italie<br />
<strong>Le</strong> LFS en forme<br />
et <strong>de</strong> coups <strong>de</strong> pieds dévastateurs face aux<br />
Gallois et aux Français.<br />
Pour résumer en quelques mots<br />
Toby Flood<br />
l’importance <strong>de</strong> ce joueur dans le XV<br />
<strong>de</strong> la Rose, l’hommage <strong>de</strong> la fin revient<br />
au troisième ligne et capitaine <strong>français</strong>,<br />
Thierry Dusautoir : « Floody joue très bien,<br />
et ça fait mal ! »<br />
Alexandre Scifo<br />
Notre équipe masculine <strong>de</strong> football à<br />
7 cartonne avec une série <strong>de</strong> victoires<br />
impressionnantes contre<br />
DSS (10-0) Rego (3-1) Livingston (3-0)<br />
Notre équipe <strong>de</strong> basket est revenue <strong>de</strong> la Suzhou<br />
Singapore International School en remportant le SISAC<br />
D2 Boys Plate Tournament. Espérons que cette DSS (10-0) première<br />
coupe ne sera pas la <strong>de</strong>rnière.<br />
Rego (3-1)<br />
Livingston (3-0)<br />
10
T<br />
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<strong>Le</strong> mariage homo, un débat toujours d’actualité<br />
Cela reste l’un <strong>de</strong>s sujets les plus<br />
tabous <strong>de</strong> notre société. Une bonne<br />
raison pour le P’tit insolent d’en<br />
parler.<br />
Je pense pouvoir dire sans trop me<br />
tromper que le mariage homosexuel<br />
reste est un <strong>de</strong>s sujets les plus tabous<br />
aujourd’hui encore. Avant <strong>de</strong> vous<br />
livrer ma pensée sur la question –<br />
cette rubrique s’appelle « Tu veux mon<br />
avis ? », alors je vous le donne - petite<br />
mise en contexte. Comme son nom<br />
l’indique, le mariage homosexuel (ou<br />
mariage gay) désigne l’union <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
personnes du même sexe. Même si le<br />
mariage homosexuel existe <strong>de</strong>puis bien<br />
longtemps dans certaines ethnies (en<br />
Afrique notamment), ce n’est que <strong>de</strong>puis<br />
le début du XXIe siècle qu’une dizaine <strong>de</strong><br />
pays, tel que les Pays-Bas (premier pays<br />
en 2000), l’Espagne ou encore quelques<br />
Etats <strong>de</strong>s Etats-Unis, ont légalisé<br />
l’union <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux personnes du même<br />
sexe. D’autres pays, comme notre chère<br />
France, résistent encore et toujours.<br />
Tu veux mon avis ? Et bien je vais te le<br />
donner, ami lecteur. Cela me rend fou <strong>de</strong><br />
rage <strong>de</strong> voir que <strong>de</strong>s personnes puissent<br />
s’opposer aux choix librement consentis<br />
d’autres individus. Nous venons <strong>de</strong><br />
passer en 2011 et voir <strong>de</strong>s opposants au<br />
mariage gay limiter encore et toujours<br />
la liberté <strong>de</strong>s couples homosexuels me<br />
met hors <strong>de</strong> moi ! Dois-je vous rappeler<br />
la <strong>de</strong>vise <strong>de</strong> notre pays ? Liberté, égalité,<br />
fraternité…<br />
Liberté ?<br />
Voici la définition <strong>de</strong> la liberté dans la<br />
Déclaration <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme<br />
et du Citoyen (DDHC) <strong>de</strong> 1789 : « La<br />
liberté consiste à pouvoir faire tout ce<br />
qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice<br />
<strong>de</strong>s droits naturels <strong>de</strong> chaque homme<br />
n’a <strong>de</strong> bornes que celles qui assurent<br />
aux autres membres <strong>de</strong> la société la<br />
jouissance <strong>de</strong> ces mêmes droits. » Je me<br />
trompe peut être mais je ne vois pas où et<br />
comment l’union <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux personnes du<br />
même sexe peut nuire à la liberté d’autres<br />
individus. Sérieusement, je n’arrive<br />
pas à comprendre <strong>de</strong> quel droit nous<br />
pouvons interdire à <strong>de</strong>ux personnes<br />
amoureuses cette « union légitime <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux personnes », selon la définition du<br />
« mariage » du <strong>Petit</strong> Robert <strong>de</strong> 2001.<br />
ston (3-0)<br />
Egalité ?<br />
Toujours selon la DDHC, dans sa version<br />
actualisée <strong>de</strong> 1793, « Tous les hommes<br />
sont égaux par nature et <strong>de</strong>vant loi. »<br />
Alors celle-là, c’est ma préférée ! On nous<br />
dit clairement dans un texte fondateur<br />
<strong>de</strong> la République <strong>français</strong>e que tout être<br />
est égal à un autre, mais où est l’égalité<br />
entre <strong>de</strong>ux personnes hétérosexuelles et<br />
homosexuelles face au mariage ? Il n’y<br />
en a pas ! On avance, certes grâce au<br />
Pacs (j’y reviendrai), mais on n’y est pas<br />
encore !<br />
Fraternité ?<br />
Elle est ainsi définie par la Déclaration<br />
<strong>de</strong>s droits et <strong>de</strong>voirs du citoyen <strong>de</strong><br />
1795 : « Ne faites pas à autrui ce que<br />
vous ne voudriez pas qu’on vous fît ;<br />
faites constamment aux autres le bien<br />
que vous voudriez en recevoir. » On<br />
n’aurait pas rêvé mieux pour finir avec<br />
la <strong>de</strong>vise <strong>français</strong>e ! Vous (je m’adresse<br />
aux hétérosexuels un peu bornés)<br />
aimeriez être dans le cas <strong>de</strong>s gays face à<br />
l’interdiction <strong>de</strong> mariage ? Je ne pense<br />
pas non.<br />
Il faut tout <strong>de</strong> même reconnaitre que<br />
la France a créé, sous le gouvernement<br />
Jospin fin 1999, une alternative au<br />
mariage : le Pacte Civil <strong>de</strong> Solidarité<br />
(Pacs) qui, avec un cadre juridique<br />
complet, a pour but d’organiser la vie<br />
commune. Il offre plus <strong>de</strong> souplesse que<br />
le mariage et est autorisé pour les couples<br />
homosexuels qui souhaitent s’unir.<br />
Depuis l’entrée en vigueur <strong>de</strong> cette loi, le<br />
nombre <strong>de</strong> PACS entre <strong>de</strong>ux personnes<br />
<strong>de</strong> même sexe ne cesse d’augmenter : il<br />
est passé <strong>de</strong> 2 600 en 1999 à 8 700 en<br />
2009.<br />
Intéressons nous à présent aux<br />
arguments <strong>de</strong>s opposants. Il s’agit en<br />
majorité <strong>de</strong> principes religieux, selon<br />
lesquels les homosexuels sont présentés<br />
comme « mala<strong>de</strong>s » (j’espère en étonner<br />
plus d’un en écrivant cela !). Au cours<br />
<strong>de</strong> l’histoire, l’Eglise catholique est passé<br />
d’une condamnation <strong>de</strong> l’homosexualité<br />
à une acceptation partielle envers « la<br />
condition ou tendance homosexuelle »<br />
<strong>de</strong> ses croyants tout en continuant <strong>de</strong><br />
rejeter ses « actes » (d’après la <strong>Le</strong>ttre<br />
sur la pastorale à l’égard <strong>de</strong>s personnes<br />
homosexuelles, du cardinal Ratzinger).<br />
Cependant, ce même cardinal Ratzinger,<br />
aujourd’hui plus connu sous le nom <strong>de</strong><br />
Pape Benoit XVI, a rappelé en 1986 et<br />
en 2003, avec la Congrégation pour la<br />
doctrine <strong>de</strong> la foi, aux évêques et autres<br />
législateurs catholique <strong>de</strong> s’opposer au<br />
mariage gay ou au Pacs. <strong>Le</strong>s opposants<br />
suivent alors l’idée papale pour la faire<br />
appliquer en France ? Mais, à moins que<br />
je n’écoute vraiment rien en cours, la<br />
France n’est-elle pas censé être un pays<br />
laïc ? N’est-il est d’ailleurs pas étonnant<br />
<strong>de</strong> constater que le Portugal ou l’Espagne,<br />
où la religion a pourtant un poids plus<br />
important qu’en France, ait franchi, eux,<br />
le pas <strong>de</strong> la légalisation quitte à déplaire<br />
aux institutions catholiques?<br />
Voilà ce que je pense sur le sujet, enfin<br />
plutôt ce que je ne comprends pas. Pour<br />
moi, rien n’est clair ! Vous pensez peutêtre<br />
que ce « pavé » est purement inutile<br />
ou, à l’inverse, que ce que je dis est juste.<br />
Chacun est libre d’en juger.<br />
Précision peut-être stupi<strong>de</strong> pour<br />
certains, mais je suis hétérosexuel<br />
et, sincèrement, je me battrai encore<br />
longtemps pour la cause homosexuelle !<br />
<strong>Le</strong> racisme peut se définir par la mise en<br />
place d’une hiérarchie entre les « races »,<br />
avec du mépris et <strong>de</strong> la haine pour celles<br />
jugées « inférieures ». L’homophobie,<br />
quant à elle, est définie par une hostilité<br />
envers les individus ayant une attirance<br />
amoureuse ou sexuelle à l’égard d’un<br />
autre individu du même sexe. Vous voyez<br />
une différence entre ces <strong>de</strong>ux principes ?<br />
Moi pas.<br />
Alexandre Scifo<br />
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La page <strong>de</strong>s profs<br />
Ren<strong>de</strong>z-vous galant avec… Maria Berthommé<br />
Maria Berthommé est professeur d’Arts Plastiques au<br />
collège et lycée <strong>de</strong> <strong>Shanghai</strong>, où elle est arrivée par<br />
hasard.<br />
Elle a passé un bac ES et a étudié aux Beaux Arts <strong>de</strong> Lyon. Elle a<br />
ensuite obtenu une bourse pour aller à l’université Concordia <strong>de</strong><br />
Montréal avant <strong>de</strong> vivre dans une rési<strong>de</strong>nce d’artistes à Barcelone.<br />
Qu’avez-vous étudié à Montréal ?<br />
A Montréal, j’avais beaucoup <strong>de</strong> cours. J’ai étudié différentes<br />
disciplines comme l’electronic art, soit la création <strong>de</strong>s machines,<br />
programmation pour créer le mouvement, les techniques <strong>de</strong><br />
la machine. J’ai aussi eu <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> site web, <strong>de</strong> production<br />
numérique et aussi <strong>de</strong> l’histoire du film d’horreur.<br />
Quel est votre musée préféré a <strong>Shanghai</strong> ?<br />
C’est le Rock Bund, musée d’art contemporain. Il expose<br />
principalement <strong>de</strong>s artistes chinois très connus.<br />
Quels sont vos artistes préférés ?<br />
Cela varie. En ce moment j’apprécie Cai Guo Qiang et Cao Fei. J’aime bien aussi Edward Ruscha.<br />
Y a-t-il une forme artistique que vous enseignez davantage à vos élèves ?<br />
Au collège, on touche à tout – <strong>de</strong>ssin, photo, création, montage son/vidéo – alors qu’au lycée c’est plus orienté<br />
vers les nouvelles technologies et la création.<br />
Pensez-vous instaurer un bac option arts plastiques dans les prochaines années ?<br />
C’est une décision qui se prend à un niveau supérieur. Moi, j’aimerais que les élèves puissent vali<strong>de</strong>r leurs acquis<br />
en art. Mais les dossiers restent quand même plus importants pour les écoles. <strong>Le</strong>s notes ne valent rien <strong>de</strong>vant les<br />
écoles d’art.<br />
Pensez-vous avoir <strong>de</strong>s élèves intéressants par rapport à votre discipline ?<br />
Oui, il y a <strong>de</strong> bons élèves ! Chaque année, il y a toujours <strong>de</strong>s élèves qui se démarquent avec un potentiel pour<br />
percer dans les étu<strong>de</strong>s d’art.<br />
Propos recueillis par Circé Canivet<br />
Si vous voulez voir <strong>de</strong>s productions<br />
artistiques réalisées par <strong>de</strong>s élèves <strong>français</strong> et allemands<br />
sur le thème « Times Space », courez à l’Ifa gallery à partir<br />
du 16 avril. Attention, l’expo ne dure que quatre jours.<br />
Rédacteurs en chef : Circé Canivet, Louis Soulard<br />
PAO : Marine Laurent, Issey Roquet<br />
Ont participé à ce numéro : Cyrille Descheemaeker,<br />
Darya Dubois, Margaux Huck, Marine Laurent, Julien<br />
Renvoisé, Camille Roger, Alexandre Scifo, les élèves <strong>de</strong><br />
secon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’atelier journalisme<br />
Avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> : Agnès Belotel-Grenié et Clément Dossin<br />
agnes.grenie@ef-shanghai.com<br />
clement.dossin@ef-shanghai.com<br />
Parcours d’une surveillante<br />
Céline Hirrien a 27 ans et elle est assistante d’éducation<br />
polyvalente du primaire et du secondaire. Elle prend<br />
également en charge les AES cuisine. Elle a passé un Bac<br />
Littéraire avant <strong>de</strong> faire un BTS commerce international.<br />
C’est dans ce cadre qu’elle est partie pour la première<br />
fois en Asie, ce qui l’a décidée à aller à l’école Isuga, un<br />
institut <strong>de</strong> management sur l’Asie-Pacifique à Quimper.<br />
En 2004, elle effectue donc un stage à Nanjing, puis en<br />
2007 à <strong>Shanghai</strong>. Apres ses étu<strong>de</strong>s, elle déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> revenir<br />
a <strong>Shanghai</strong> pour trouver un emploi dans le commerce<br />
international, mais trouve finalement un poste au lycée<br />
<strong>français</strong> <strong>de</strong> <strong>Shanghai</strong>.<br />
par Circé Canivet<br />
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