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La Suisse - Un paradis pour les collectioneurs d'art?

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positions sur la valeur de l’art<br />

ICH-STRATEGIEN<br />

L’AUTOPORTRAIT


LA SUISSE – UN PARADIS POUR LES COLLECTIONNEURS ?<br />

Kuno Fischer<br />

En 1671, à Bâle, le cabinet d’art de la<br />

famille bourgeoise Amerbach, dont<br />

l’inventaire était constitué <strong>pour</strong><br />

l’essentiel d’une collection de<br />

monnaies, de peintures de Holbein et<br />

des œuvres posthumes d’Erasme de<br />

Rotterdam, devint une collection<br />

accessible au public. 1 Au cours des<br />

300 ans qui ont suivi, une activité de<br />

collectionneurs vaste et intense s’est<br />

développée en <strong>Suisse</strong>, marquée par la<br />

passion de l’expression artistique et<br />

par un fort engagement <strong>pour</strong> l’art et<br />

<strong>pour</strong> <strong>les</strong> artistes. Cette activité était<br />

portée par des personnalités hors du<br />

commun qui recherchaient souvent<br />

le contact direct avec l’artiste et son<br />

œuvre, prenaient des risques,<br />

collectionnaient avec sagacité et<br />

endurance, et qui rendaient<br />

généralement (tôt ou tard) leur<br />

collection accessible au public.<br />

C’est avant tout à ces collectionneurs, à<br />

leurs personnalités et à leur<br />

engagement que la <strong>Suisse</strong> doit de<br />

disposer aujourd’hui d’autant de<br />

collections d’art connues – privées ou<br />

publiques. En second lieu, il y a bien<br />

sûr des conditions-cadre favorab<strong>les</strong>:<br />

par exemple un marché de l’art actif,<br />

ouvert sur l’international, une<br />

multiplicité de musées attrayants, une<br />

législation relativement libérale dans<br />

divers domaines, un niveau de vie<br />

dépassant la moyenne; il y a la place<br />

financière internationale, le multilinguisme<br />

et <strong>les</strong> réseaux culturels qu’il<br />

tisse, la stabilité politique et la sécurité<br />

juridique. Dans une tradition<br />

démocratique, quelques collectionneurs<br />

ont mis leur intelligence et leur sens<br />

des responsabilités au service de ces<br />

bonnes conditions-cadre, en sachant<br />

qu’el<strong>les</strong> allaient el<strong>les</strong>-mêmes favoriser<br />

<strong>les</strong> arts et leur transmission et susciter<br />

<strong>pour</strong> <strong>les</strong> arts l’intérêt et l’enthousiasme<br />

d’autres gens.<br />

Personnalités de collectionneurs<br />

suisses et collections d’entreprises<br />

En jetant un regard à la liste des<br />

principaux collectionneurs d’art suisses<br />

du XX ème siècle, on voit que derrière la<br />

plupart des collections, il y a une<br />

personnalité marquante. 2<br />

Les collectionneurs suisses du<br />

XIX ème siècle étaient surtout des<br />

commerçants, des fabricants, des<br />

juristes ou des médecins, donc des<br />

membres d’une bourgeoisie aisée et<br />

cultivée, et non pas comme dans le<br />

reste de l’Europe des maisons de la<br />

nob<strong>les</strong>se, dépositaires d’un art de cour<br />

rassemblé au fil des générations. Ils<br />

disposaient de vastes connaissances<br />

culturel<strong>les</strong> et puisaient dans différentes<br />

catégories d’objets ce qu’ils<br />

considéraient comme digne d’être<br />

exposé.<br />

Le type du collectionneur moderne,<br />

par contre, s’est développé à partir de<br />

1910 environ, parallèlement au<br />

commerce moderne de l’art. 3 A cette<br />

époque, l’intérêt des collectionneurs,<br />

principalement de ceux de<br />

Winterthour, se porte surtout sur des<br />

œuvres de l’avant-garde française,<br />

notamment des impressionnistes<br />

français. C’est d’alors que datent <strong>les</strong><br />

collections d’art et <strong>les</strong> groupes célèbres<br />

d’Arthur et Hedy Hahnloser, de<br />

Richard Bühler, Sidney Brown, Georg<br />

et Oskar Reinhart, Josef Müller, Rudolf<br />

Staechelin, Jakob Briner, d’Emil<br />

Bührle, Oscar Miller, Karl et Jürg Im<br />

Obersteg, Othmar Huber, de René et<br />

Madeleine Junod, d’Hermann Rupf,<br />

Raoul <strong>La</strong> Roche, Hélène de Mandrot,<br />

Arthur Stoll, Eduard Sturzenegger,


Robert von Hirsch, Ernst Kofler-<br />

Truniger, Martin Bodmer et du baron<br />

Hans Heinrich Thyssen.<br />

Au centre de l’Europe et entourée<br />

de puissances adverses, la <strong>Suisse</strong><br />

neutre sera dans une large mesure<br />

épargnée par la Seconde Guerre<br />

mondiale. Etant donné la sécurité<br />

relative qui y règne, elle sert de terre<br />

d’asile aussi bien politique que fiscal à<br />

des collectionneurs de toute l’Europe,<br />

et plus particulièrement d’Allemagne.<br />

<strong>La</strong> discrétion observée par <strong>les</strong><br />

galeristes, <strong>les</strong> négociants d’art et <strong>les</strong><br />

organisateurs de ventes aux enchères,<br />

de même que le secret bancaire,<br />

bloquent de surcroît l’accès illégitime<br />

aux biens des personnes en fuite. <strong>La</strong><br />

<strong>Suisse</strong> devient l’un des refuges<br />

possib<strong>les</strong> <strong>pour</strong> d’importantes<br />

collections d’art, ce qui contribuera à<br />

préserver <strong>les</strong> objets eux-mêmes de la<br />

destruction. Les musées suisses, par<br />

exemple, offrent aux collectionneurs la<br />

possibilité de transférer <strong>les</strong> objets d’art<br />

au moyen d’un passavant, en tant<br />

qu’objets prêtés au musée. Cela permet<br />

alors d’éviter non seulement <strong>les</strong> droits<br />

de douanes à l’importation, mais aussi<br />

<strong>les</strong> redevances d’émigrants et d’autres<br />

taxes. On connaît même des cas où des<br />

cantons ont renoncé à plus de 90 % de<br />

l’impôt sur la fortune <strong>pour</strong> décharger<br />

financièrement <strong>les</strong> collectionneurs en<br />

fuite. Parfois, <strong>les</strong> collectionneurs<br />

vendent leurs collection de gré à gré ou<br />

aux enchères; dans la <strong>Suisse</strong> neutre,<br />

contrairement à l’Allemagne, c’est sans<br />

doute par la voie des enchères que l’on<br />

obtenait <strong>les</strong> prix <strong>les</strong> plus proches des<br />

prix du marché. Il n’est pas rare que le<br />

commissaire-priseur suisse accorde aux<br />

vendeurs en fuite des avances sur la<br />

vente aux enchères ainsi qu’un<br />

entreposage gratuit des objets, et qu’il<br />

négocie avec l’Office suisse de<br />

compensation <strong>pour</strong> que le produit de la<br />

vente puisse être payé en devises libres<br />

et ne parte pas <strong>pour</strong> l’Allemagne nazie<br />

par voie de clearing. 4<br />

Pour la période de l’après-guerre et<br />

jusqu’à nos jours, on peut citer <strong>les</strong><br />

collectionneurs suivants: Editha et Fritz<br />

Kamm, Georges Bloch, Angela<br />

Rosengart, Ernst Beyeler, Richard et<br />

Ulla Dreyfus-Best, Werner et Gabrielle<br />

Merzbacher, Esther Grether, Jean<br />

Bonna, Peter Herzog, Gerhard Saner,<br />

Theo Hotz, Christoph Blocher, Uli<br />

Sigg, Bruno Bischofberger, Jean<br />

Krugier, Alexander Schmidheiny,<br />

Friedrich Christian Flick, Peter<br />

Bosshard, Eberhard W. Kornfeld,<br />

Michael Ringier et Donald Hess.<br />

Souvent, ces collections sont<br />

concentrées sur l’art de l’après-guerre<br />

et l’art contemporain.<br />

Même si une collection privée passe<br />

par la suite dans celle d’un musée<br />

public, l’histoire d’un objet reste<br />

directement liée au collectionneur et<br />

aux circonstances par <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il est<br />

parvenu dans sa collection. Dans <strong>les</strong><br />

collections d’entreprises également, on<br />

discerne très bien, dans de nombreux<br />

cas, qui a été la personne déterminante<br />

<strong>pour</strong> le choix des œuvres. Les<br />

entreprises mécènes donnent <strong>pour</strong><br />

principal motif de leurs activités<br />

culturel<strong>les</strong> la responsabilité sociale:<br />

naturellement, ces activités doivent<br />

indirectement profiter à l’entreprise au<br />

sens d’un avantage concurrentiel, sous<br />

forme d’image positive et emblématique<br />

de sa bienveillance sociale.<br />

Selon un sondage, il est frappant que le<br />

motif de l’amour de l’art soit nettement<br />

plus souvent évoqué en <strong>Suisse</strong> qu’en<br />

Allemagne et qu’en Autriche. 5<br />

Les musées<br />

En comparaison internationale, la<br />

<strong>Suisse</strong> est en tête en ce qui concerne la<br />

densité de ses musées: il en existe<br />

environ 1000. Trait caractéristique par<br />

rapport aux pays voisins, la <strong>Suisse</strong> n’a<br />

pas de centre proprement dit absorbant<br />

une partie importante des visites de<br />

musées. <strong>La</strong> répartition géographique


des visiteurs montre un éclatement qui<br />

s’explique, entre autres, par la politique<br />

fédéraliste en matière de musées. Les<br />

musées suisses sont également en tête<br />

en ce qui concerne le nombre de visites<br />

par habitant. 6 Il est frappant de<br />

constater qu’en <strong>Suisse</strong>, <strong>les</strong> personnes<br />

qui s’intéressent à la culture se rendent<br />

quatre fois plus au musée qu’en<br />

France, par exemple. 7 Tout cela<br />

explique sans doute en partie <strong>pour</strong>quoi<br />

de nombreuses personnes en <strong>Suisse</strong><br />

adoptent une attitude active vis-à-vis<br />

de l’art et essaient d’en faire des<br />

collections.<br />

<strong>La</strong> <strong>Suisse</strong>, place du marché de l’art<br />

international<br />

Pendant des années, la place suisse du<br />

commerce de l’art s’est classée au<br />

cinquième rang par son volume de<br />

transactions, derrière <strong>les</strong> Etats-<strong>Un</strong>is, la<br />

Grande-Bretagne, la France et<br />

l’Allemagne. Cette situation a changé<br />

dans un passé récent: la principale<br />

nation émergente en matière d’art est la<br />

Chine, qui en 2006 a délogé la <strong>Suisse</strong><br />

de la cinquième place et qui détient une<br />

part de marché de 5 % sur le marché<br />

international de l’art. Mais la Russie et<br />

l’Inde également se sont fortement<br />

développées ces dernières années. 8<br />

Cette position internationale forte<br />

de la <strong>Suisse</strong> est essentiellement due à<br />

sa situation géographique centrale, à<br />

son multilinguisme, à sa neutralité, à sa<br />

stabilité politique, à son cadre politique<br />

et réglementaire, à sa sécurité<br />

juridique 9 ainsi qu’à l’engagement de<br />

ses galeries, de ses négociants d’art, de<br />

ses maisons de ventes aux enchères<br />

d’art et de ses organisateurs<br />

d’expositions. <strong>La</strong> manifestation «Art<br />

Basel», en particulier, tête de liste des<br />

expositions d’art moderne et<br />

contemporain dans le monde, attire<br />

chaque année en juin plus de 60 000<br />

amateurs d’art à Bâle. 10 Outre cet<br />

aspect commercial, <strong>les</strong> acteurs du<br />

marché tout comme <strong>les</strong> collectionneurs<br />

privés fournissent certainement la<br />

contribution la plus élevée à la<br />

promotion de la culture dans le<br />

domaine des arts plastiques. <strong>Un</strong>e<br />

caractéristique de cette promotion<br />

culturelle est qu’elle provient de<br />

l’économie privée et des entreprises, de<br />

manière décentralisée et non monopolistique,<br />

sans argent des impôts et aux<br />

propres risques des intervenants.<br />

Il s’y ajoute la discrétion que la<br />

<strong>Suisse</strong> privilégie non seulement sur ses<br />

marchés financiers, mais aussi sur son<br />

marché de l’art, au titre de protection<br />

de la sphère privée du client. Les<br />

collections d’art font particulièrement<br />

partie de la sphère privée; souvent,<br />

el<strong>les</strong> reflètent le client avec ses intérêts<br />

et ses souhaits <strong>les</strong> plus intimes, raison<br />

<strong>pour</strong> laquelle une protection bien<br />

comprise de la sphère privée reste<br />

légitime aujourd’hui comme hier et<br />

doit être respectée. 11 Il s’y ajoute<br />

l’intérêt économique du professionnel<br />

présent sur le marché à éviter de<br />

divulguer <strong>les</strong> noms et <strong>les</strong> domaines de<br />

collection de ses clients.<br />

Conditions-cadre juridiques<br />

Sur le plan national comme<br />

international, la démocratie semidirecte,<br />

l’Etat de droit ainsi que <strong>les</strong><br />

droits fondamentaux (notamment la<br />

liberté économique et la liberté de la<br />

propriété) 12 qui règnent en <strong>Suisse</strong> sont<br />

considérés comme très développés et<br />

bien appliqués dans la pratique. Joints<br />

à un degré élevé de stabilité politique<br />

et de sécurité juridique, 13 ils ont été et<br />

restent très importants <strong>pour</strong> <strong>les</strong> acteurs<br />

du marché de l’art et <strong>pour</strong> <strong>les</strong><br />

collectionneurs d’art. En outre, la<br />

<strong>Suisse</strong> dispose de conditions-cadre<br />

relativement libéra<strong>les</strong>. Nous allons en<br />

évoquer certains aspects.<br />

Absence de droit de suite


Dans le domaine des arts plastiques<br />

modernes et contemporains, la<br />

Directive européenne relative au droit<br />

de suite mentionne un droit «à<br />

percevoir un <strong>pour</strong>centage sur le prix<br />

obtenu <strong>pour</strong> toute revente [de l’œuvre]<br />

après la première cession opérée par<br />

l’auteur». 14 Seu<strong>les</strong> sont ici concernées<br />

<strong>les</strong> reventes dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> intervient<br />

«un professionnel du marché de l’art».<br />

Le droit visé est à la charge du<br />

vendeur. L’éventualité d’une perte du<br />

vendeur est sans effet, car le prix de<br />

vente est la seule base pertinente <strong>pour</strong><br />

calculer le droit. Le bénéficiaire du<br />

droit est l’auteur lui-même, ou après sa<br />

mort ses ayants cause, c’est-à-dire ses<br />

héritiers. Le droit de suite n’est jamais<br />

qu’un droit patrimonial (frugifère). Il<br />

est défini comme un droit inaliénable,<br />

auquel l’auteur ne peut pas renoncer,<br />

même de façon anticipée. Cette<br />

réglementation du droit de suite a <strong>pour</strong><br />

but de garantir aux auteurs d’œuvres<br />

d’art plastique une participation<br />

économique au succès de leurs œuvres.<br />

Des études montrent nettement (a)<br />

que le droit de suite ne sert pas <strong>les</strong><br />

intérêts des auteurs d’œuvres d’art<br />

plastique, et (b) qu’il est peu efficace. 15<br />

Selon une opinion très répandue, le<br />

droit de suite rapporte surtout aux<br />

organismes d’exploitation et à leurs<br />

collaborateurs. 16 Même si, à première<br />

vue, le droit de suite n’apporte que des<br />

avantages (financiers) aux auteurs, on<br />

comprend <strong>pour</strong>quoi de nombreux<br />

artistes de renommée internationale,<br />

comme Georg Baselitz, Jörg<br />

Immendorf, Gotthard Graubner,<br />

Markus Lüpertz et David Hockney se<br />

sont exprimés contre l’introduction du<br />

droit de suite dans le cadre des efforts<br />

d’harmonisation avec l’UE. 17 De<br />

même, à l’occasion de la première<br />

révision de la Loi sur le droit d’auteur<br />

en <strong>Suisse</strong>, des artistes de renom tels<br />

que Jean Tinguely, Bernhard<br />

Luginbühl ou Niki de Saint-Phalle se<br />

sont opposés au droit de suite. 18<br />

L’introduction du droit de suite en<br />

<strong>Suisse</strong> avait déjà échoué en 1992,<br />

quand une révision totale de la Loi sur<br />

le droit d’auteur a été entreprise. C’est<br />

notamment à cause des déclarations<br />

très claires des artistes ainsi que des<br />

bases statistiques – surtout cel<strong>les</strong><br />

concernant l’introduction du droit de<br />

suite en Grande-Bretagne 19 – qu’en<br />

2007 la <strong>Suisse</strong> s’est de nouveau<br />

prononcée contre le droit de suite et<br />

reste (avec, entre autres, <strong>les</strong> Etats-<strong>Un</strong>is)<br />

une «zone libre» à cet égard.<br />

Législation en matière de<br />

blanchiment d’argent<br />

Comme tout un chacun, <strong>les</strong><br />

intervenants du marché de l’art et <strong>les</strong><br />

collectionneurs d’art sont soumis à<br />

l’art. 305bis du Code pénal suisse (CP).<br />

Cet article réprime <strong>les</strong> actes propres à<br />

entraver l’identification de l’origine, la<br />

découverte ou la confiscation de<br />

valeurs patrimonia<strong>les</strong> lorsqu’ils sont<br />

commis par une personne qui savait ou<br />

devait présumer qu’el<strong>les</strong> provenaient<br />

d’un crime (art. 305bis, al. 1 CP). Cet<br />

article s’applique aussi lorsque<br />

l’infraction principale a été commise à<br />

l’étranger et qu’elle est également<br />

punissable à l’endroit où elle a été<br />

commise (art. 305bis, al. 3 CP). <strong>La</strong><br />

<strong>Suisse</strong> possède donc une disposition<br />

efficace contre le blanchiment d’argent.<br />

Les experts de la pratique<br />

confirment que l’on ne connaît pas de<br />

cas de blanchiment d’argent via le<br />

marché de l’art; cela n’est pas dû à une<br />

insuffisance dans le dispositif de<br />

répression et dans son application, mais<br />

au fait que le marché de l’art présente<br />

des caractéristiques qui se prêtent mal à<br />

ce genre de manipulations. 20<br />

Transfert international de biens<br />

culturels<br />

<strong>La</strong> <strong>Suisse</strong> a ratifié la Convention de<br />

1970 de l’UNESCO 21 et l’a transposée


en droit suisse dans le cadre de la Loi<br />

sur le transfert de biens culturels. 22 Des<br />

restrictions étrangères en matière<br />

d’importations sont donc respectées<br />

selon le droit suisse lorsqu’il s’agit<br />

d’un «bien culturel d’une importance<br />

significative <strong>pour</strong> le patrimoine culturel<br />

de l’Etat concerné» et que ce<br />

patrimoine est mentionné dans un traité<br />

bilatéral correspondant. 23 Cela permet,<br />

au prix de quelques formalités, des<br />

échanges culturels internationaux<br />

bénéfiques et cela aide la <strong>Suisse</strong> à<br />

mettre en pratique son ouverture sur le<br />

monde. 24 Ce système érigé selon le<br />

modèle américain va toutefois<br />

clairement à l’encontre de dispositions<br />

d’exportation trop protectionnistes et<br />

donc abusives d’autres Etats<br />

(dispositions qui souvent ne sont pas<br />

fondées sur des motifs de politique<br />

culturelle). <strong>La</strong> <strong>Suisse</strong> dispose ainsi<br />

d’une loi communautaire moderne<br />

également en ce qui concerne <strong>les</strong><br />

devoirs de diligence des commerçants<br />

et des organisateurs de ventes aux<br />

enchères; cette loi implique certes des<br />

complications administratives <strong>pour</strong> <strong>les</strong><br />

professionnels du marché, mais tient<br />

largement compte des revendications<br />

internationa<strong>les</strong> d’une «norme<br />

minimale» dans le domaine de la<br />

protection des biens culturels.<br />

Impôts et redevances<br />

En comparaison internationale, <strong>les</strong> taux<br />

des impôts suisses sont bas, en raison<br />

notamment de notre démocratie semidirecte<br />

et du fédéralisme. Souvent, le<br />

citoyen contribuable a le dernier mot en<br />

matière d’impôts et de dépenses<br />

financières ; cela garantit une<br />

imposition mesurée.<br />

Lors de l’importation d’objets d’art,<br />

il n’y a pas de droits de douane à payer,<br />

mais uniquement la taxe sur la valeur<br />

ajoutée, qui est actuellement de<br />

7,6 %. 25 Il en va différemment lorsque<br />

l’objet est directement importé dans un<br />

dépôt suisse «franc sous douane» 26 :<br />

comme <strong>pour</strong> d’autres biens,<br />

l’importateur bénéficie alors du fait que<br />

l’objet peut être directement entreposé<br />

et protégé dans un dépôt franc<br />

d’impôts, bien que sur un territoire<br />

d’Etat suisse, et ne sera imposé qu’au<br />

moment de la mise en circulation dans<br />

le pays, donc de l’exportation officielle<br />

en <strong>Suisse</strong>, au sens technique douanier,<br />

depuis le dépôt franc sous douane. 27 Il<br />

en va de même quand un objet est<br />

transporté depuis la libre pratique<br />

intérieure dans un dépôt franc sous<br />

douane et est alors placé sous le régime<br />

de l’exportation au sens de la Loi sur<br />

<strong>les</strong> douanes. Les ventes d’objets d’art<br />

dans le dépôt franc lui-même sont<br />

exonérées de la TVA. Les collectionneurs<br />

et <strong>les</strong> commerçants utilisent<br />

particulièrement le dépôt franc sous<br />

douane <strong>pour</strong> <strong>les</strong> objets coûteux, en<br />

attendant que leur lieu de destination<br />

définitive soit clair.<br />

Le bénéfice de la vente privée<br />

d’objets d’art est en principe un<br />

bénéfice en capital exonéré d’impôts. 28<br />

A mon avis, il faut aussi considérer<br />

comme privée la «collection<br />

dynamique», c’est-à-dire l’optimisation<br />

constante d’une collection par des<br />

ventes <strong>pour</strong> acquérir du capital <strong>pour</strong> de<br />

nouveaux achats. Considérer cela<br />

autrement reviendrait à ne pas respecter<br />

la tendance du collectionneur, au fil des<br />

années, à affiner son sens de la qualité<br />

et à modifier peut-être son orientation.<br />

Les choses sont différentes lorsque le<br />

collectionneur est véritablement un<br />

« négociant », c’est-à-dire qu’il exerce<br />

le commerce en tant qu’activité<br />

lucrative indépendante. 29 Dans ce cas,<br />

il peut cependant déduire ses pertes de<br />

ses impôts. En revanche, il devra payer<br />

à l’Etat la TVA s’il réalise plus de<br />

100'000 francs suisses de chiffre<br />

d’affaires dans son activité<br />

indépendante.<br />

<strong>La</strong> fortune nette d’un collectionneur<br />

d’art est soumise à l’impôt sur la


fortune. Si toutefois <strong>les</strong> objets d’art<br />

peuvent être rattachés à son mobilier<br />

personnel, ils ne sont pas concernés par<br />

cet impôt. <strong>La</strong> pratique des cantons est<br />

très diverse à ce sujet. Les critères sont,<br />

par exemple: l’utilisation prévue à<br />

l’origine, l’utilisation effective, le<br />

rapport entre la valeur des objets d’art<br />

et la fortune totale, le type<br />

d’assurance. 30<br />

L’impôt sur <strong>les</strong> successions varie<br />

fortement selon le canton où le défunt a<br />

été domicilié en dernier. Certains<br />

cantons ne prélèvent aucun impôt sur<br />

<strong>les</strong> successions, d’autres n’en<br />

exonèrent que <strong>les</strong> descendants directs,<br />

alors enfin que certains cantons<br />

prélèvent des taxes successora<strong>les</strong> sans<br />

tenir compte du degré de parenté. 31<br />

Les donations à des personnes<br />

mora<strong>les</strong> exonérées d’impôts en <strong>Suisse</strong><br />

peuvent être déduites, dans certaines<br />

limites, du revenu ou du bénéfice net<br />

soumis à l’impôt. Ceci est valable non<br />

seulement <strong>pour</strong> <strong>les</strong> dons en espèces,<br />

mais aussi <strong>pour</strong> <strong>les</strong> dons en nature,<br />

donc <strong>les</strong> dons d’objets d’art, par<br />

exemple à une fondation de droit suisse<br />

exonérée d’impôts qui exploite un<br />

musée. Pour l’impôt fédéral direct, le<br />

montant de la déduction est limité à<br />

20 % du revenu net ou du bénéfice<br />

net. 32<br />

Législation en matière de fondations<br />

Pour constituer une fondation, il faut<br />

consacrer un bien à un but déterminé.<br />

Le droit suisse offre une grande marge<br />

de manœuvre à ce sujet. 33 A certaines<br />

conditions, la fondation peut être<br />

exonérée d’impôts. Sur le plan fédéral,<br />

c’est possible lorsque <strong>les</strong> conditions<br />

suivantes sont remplies: service public<br />

ou utilité publique, exclusivité de<br />

l’affectation des fonds et irrévocabilité<br />

de l’affectation aux seu<strong>les</strong> utilisations<br />

prévues. 34<br />

Les très nombreux musées, collections<br />

d’art, <strong>les</strong> galeries, <strong>les</strong> négociants d’art<br />

et <strong>les</strong> organisateurs de ventes aux<br />

enchères ainsi qu’«Art Basel» forment<br />

un environnement qui inspire et attire<br />

d’autres collectionneurs d’art. Ce fait,<br />

joint à la situation géographique<br />

centrale, à la stabilité politique et à la<br />

sécurité juridique du pays ainsi qu’à ses<br />

conditions-cadre juridiques relativement<br />

libéra<strong>les</strong>, font de la <strong>Suisse</strong>, dans<br />

le contexte international, l’une des<br />

places <strong>les</strong> plus attrayantes <strong>pour</strong> <strong>les</strong><br />

collectionneurs d’art. Ces éléments se<br />

sont développés pendant de longues<br />

années, et il est de la responsabilité des<br />

citoyens, des milieux politiques, des<br />

acteurs du marché et enfin des<br />

collectionneurs, de <strong>les</strong> préserver et de<br />

<strong>les</strong> améliorer. <strong>La</strong> situation des<br />

collectionneurs d’art en <strong>Suisse</strong> étant le<br />

résultat d’une série de décisions<br />

raisonnées prises au fil de l’histoire, on<br />

ne peut pas parler d’un «<strong>paradis</strong>» hérité<br />

naturellement des dieux.<br />

Kuno Fischer, docteur en droit<br />

et avocat, est copropriétaire,<br />

administrateur, commissaire-priseur et<br />

directeur du département d’art moderne<br />

et contemporain de la société Galerie<br />

Fischer Auktionen AG à Lucerne. Il est<br />

président du Verband Schweizer<br />

Auktionatoren von Kunst- und<br />

Kulturgut (Association des vendeurs<br />

aux enchères de biens artistiques et<br />

culturels), membre du comité de<br />

l’association Schweizer Antiquare und<br />

Kunsthändler (livres anciens et<br />

négociants d’art), membre de<br />

l’Association du commerce d’art de la<br />

<strong>Suisse</strong> ainsi que de la Confédération<br />

internationale des Négociants en<br />

Œuvres d’Art (CINOA).<br />

Abstract: It is thanks to collectors’<br />

personalities and their commitment to<br />

art that Switzerland is an international<br />

market place for art and the country<br />

with the highest concentration of


museums. This strong international<br />

position can largely be traced back to<br />

the country’s regulatory-political<br />

structure, multilingual character, and<br />

its central geographic location, as well<br />

as its being an international center of<br />

finance. The author addresses the<br />

country’s legal structures and tax laws<br />

in particular. He explains in detail why<br />

there is good reason that the<br />

introduction of the “droit de suite” has<br />

repeatedly failed in Switzerland.<br />

1 Jürg Albrecht, «Die Kunst zu sammeln» –<br />

Streiflichter und Schlagschatten, in: Institut<br />

suisse <strong>pour</strong> l’étude de l’art (éd.), Die Kunst zu<br />

sammeln, Schweizer Kunstsammlungen seit<br />

1848, Zurich 1998, p. 30 sv.<br />

2 Pour un récapitulatif, voir Institut suisse <strong>pour</strong><br />

l’étude de l’art (éd.), «Die Kunst zu sammeln»,<br />

Zurich 1998.<br />

3 Werner J. Schweiger, «Das Kunstinteresse zu<br />

heben und auf bessere Wege zu leiten», Vom<br />

modernen Kunsthandel in Zürich 1910-1938,<br />

ibidem p. 57<br />

4 Esther Tisa Francini, Anja Heuss, Georg<br />

Kreis: «Fluchtgut – Raubgut» (Biens spoliés,<br />

biens pillés), Commission Indépendante<br />

d’Experts <strong>Suisse</strong> – Seconde Guerre Mondiale,<br />

vol. 1, Zurich 2001, p. 25, 59, 156 sv., 165 à<br />

167.<br />

5 Heusser Hans-Jörg / Wittig Martin / Stahl<br />

Barbara, in: Institut suisse <strong>pour</strong> l’étude de l’art<br />

/ Roland Berger Strategy Consultant (éd.),<br />

«Kulturengagement von <strong>Un</strong>ternehmen –<br />

integrierter Teil der Strategie ?», Munich 2004,<br />

p. 8 sv., 24.<br />

6 Kilian T. Elsasser, «Vielfältige, gut besuchte<br />

Schweizer Museumslandschaft», in: Neue<br />

Zürcher Zeitung N° 110 du 14 mai 2008, p. 17<br />

(avec une référence aux statistiques établies par<br />

l’Association des musées suisses).<br />

7 Swissinfo du 12 mars 2004, avec référence à<br />

l’étude d’Arlette Mottaz Baran, directrice de<br />

l’Institut d’anthropologie et de sociologie de<br />

l’<strong>Un</strong>iversité de <strong>La</strong>usanne; à consulter sous<br />

www.swissinfo.ch/ger/kultur/index/Publikum_<br />

zollt_Schweizer_Museen_grosses_Lob.html?ci<br />

d=3812802.<br />

8 The European Fine Art Foundation (éd.), The<br />

International Art Market, Helvoirt 2008, p. 15,<br />

50.<br />

9<br />

Sébastien Guex, «Le marché suisse de l’art:<br />

un survol chiffré», in: Traverse, Revue<br />

d’histoire, vol. 1, 2002, p. 45.<br />

10<br />

Cf. communiqué de presse d’Art Basel de<br />

juin 2009.<br />

11<br />

A la différence du secret bancaire (cf. art. 47<br />

de la Loi fédérale sur <strong>les</strong> banques et <strong>les</strong> caisses<br />

d’épargne [Loi sur <strong>les</strong> banques, LB], RS<br />

952.0), la discrétion sur le marché de l’art n’a<br />

pas de base légale spécifique. Il s’agit plutôt du<br />

droit de la personnalité du client, ainsi que<br />

d’un éventuel devoir de discrétion qui découle<br />

de la relation contractuelle entre le<br />

professionnel du marché et le client. <strong>La</strong> Loi<br />

fédérale sur la protection des données (LPD)<br />

du 19 juin 1992 (RS 235.1) est en outre<br />

applicable à titre général; elle ne l’est pas en<br />

revanche <strong>pour</strong> <strong>les</strong> procédures pendantes civi<strong>les</strong>,<br />

péna<strong>les</strong>, d’entraide judiciaire internationale<br />

ainsi que de droit public et de droit administratif,<br />

à l’exception des procédures de première<br />

instance (art. 2, al. 2 let. c LPD).<br />

12<br />

Ces droits fondamentaux sont d’une<br />

importance essentielle <strong>pour</strong> le collectionneur<br />

d’art. En <strong>Un</strong>ion soviétique, par exemple, la<br />

possession privée d’œuvres d’art tout comme<br />

le commerce d’objets d’art ont été interdits par<br />

décret tout de suite après la Révolution<br />

d’octobre. Il n’était pas rare que des<br />

collectionneurs soient «menacés d’attaques de<br />

la milice ou des services secrets» (Waltraud<br />

Bayer, «Gerettete Kultur. Private<br />

Kunstsammler in der Sovjetunion 1917-1991»,<br />

Vienne 2006, p. 15.<br />

13<br />

Cf. Markus T. Schweizer / Dominik Nuergy,<br />

in: Ernst & Young Ltd. (éd.), Switzerland<br />

2009, Switzerland and Europe in the eyes of<br />

international managers, Zurich 2009, p. 19.<br />

14<br />

Directive 2001/84/CE du Parlement<br />

européen et du Conseil, du 27 septembre 2001,<br />

relative au droit de suite au profit de l’auteur<br />

d’une œuvre originale (Directive sur le droit de<br />

suite), JO 2001 L 272/32.<br />

15<br />

Cf. Kuno Fischer, «Schweiz ohne Folgerecht<br />

(droit de suite), Korreferat aus der Praxis», in<br />

KUR N° 3/4, 2008, p. 69 sv. (avec renvois);<br />

Dieter Schmidtchen / Roland Kirstein, «Die<br />

EU Richtlinie zum Folgerecht, Eine<br />

ökonomische Gesetzesfolgeanalyse», 2001,<br />

consultable sous www.unisaarland.de/fak1/fr12/csle/publications/2001-<br />

05_folge.PDF; Antiques Trade Gazette du 14<br />

mars 2008, consultable sous<br />

www.antiquestradegazette.com/news/-<br />

6591.aspx.<br />

16<br />

Cf. Arnulf Rainer, «Allgemeine<br />

Stellungnahme zum Folgerecht für bildende<br />

Künstler», v. également Alexander Jol<strong>les</strong>, «Der<br />

Kunstmarkt im Wettbewerb mit der EU», in:


Neue Zürcher Zeitung N° 191, 19/20 août<br />

2006, p. 17.<br />

17 Dans la déclaration «Künstler gegen<br />

Folgerecht», <strong>les</strong> artistes suivants ont manifesté<br />

leur refus du droit de suite: Eduard Angeli,<br />

Christian Ludwig Attersee, Franz Blaas, Hans<br />

Bischoffshausen / succession, Eva Bodnar,<br />

Erwin Bohatsch, Arik Brauer, Günter Brus,<br />

Gunter Damisch, Georg Eisler / succession,<br />

Adolf Frohner, Julie Hayward, Herbert<br />

Hinteregger, Hans Hollein, Alfred Hrdlicka,<br />

Friedensreich Hundertwasser, Gudrun Kampl,<br />

Franco Kappl, Herwid Kempinger, Peter<br />

Kogler, Hans Kupelwieser, Elke Krystufek,<br />

Maria <strong>La</strong>ssnig, Markus Muntean, Ines<br />

Lombardi, Jürgen Messensee, Rudi Molacek,<br />

Nicolaus Moser, Walter Oberholzer, Gustav<br />

Peichl, Walter Pichler, Markus Prachensky,<br />

Arnulf Rainer, Thomas Reinhold, Franz<br />

Ringel, Gerwald Rockenschaub, Franz Rosei,<br />

Adi Rosenblum, Hubert Scheibl, Alfons<br />

Schilling, Eva Schlegel, Rudolf Schönwald,<br />

Peter Sengl, Michaela Spiegel, Rudi Stanzel,<br />

Hans Staudacher, Johann Julian Taupe, Peter<br />

Weibel, Rainer Wölzl, Johannes Zechner,<br />

Robert Zeppel-Sperl, Heimo Zoberling, Karel<br />

Appel, Georg Baselitz, Jan Dibbets, Gotthard<br />

Graubner, Jörg Immendorff, Per Kirkeby,<br />

Markus Lüpertz, Sigmar Polke, Madeleine<br />

Strobel, Jos van Vreeswijk, Craigie Aitchison,<br />

Susannah Fiennes, Anthony Green RA, Phillip<br />

King, Emma Sergeant, William Tillyer, Marc<br />

Vaux, Glynn Williams, Anthony Caro, Paola<br />

Piva, Martin Praska, Sebastian Weissenbacher,<br />

David Hockney.<br />

18 L’Association du commerce d’art de la<br />

<strong>Suisse</strong> a reçu des déclarations des artistes<br />

suivants concernant le refus du droit de suite:<br />

Georg Baselitz, Jean Tinguely, Bernhard<br />

Luginbühl, Guliano Pedretti, Hansjürg<br />

Brunner, Samuel Buri, Peter Stein, Jean-Pierre<br />

Stauffer, Jeanne Chinet, Pascal Besson,<br />

Germaine Hermenjat, Gérald Goy, Char<strong>les</strong><br />

Monnier, Manuel Müller, Guy-François<br />

Taverney, Franca Varlin Guggenheim, Georg<br />

Peter Luck, Josef Ebnöther, Carl Liner, Hans<br />

Weidmann, Lenz Klotz, YOKI, Serge<br />

Brignoni, Sam Francis, Per Kirkeby. Markus<br />

Lüpertz, A. R. Penck.<br />

19 Cf. Antiques Trade Gazette du 14 mars<br />

2008, consultable sous<br />

www.antiquestradegazette.com/news/-<br />

6591.aspx.<br />

20 Le volume et la fréquence des transactions<br />

(liquidité) du marché de l’art sont trop faib<strong>les</strong>.<br />

<strong>La</strong> transparence dans <strong>les</strong> ventes d’art aux<br />

enchères est trop grande. Dans presque tous <strong>les</strong><br />

pays, il existe des dispositions douanières<br />

particulières <strong>pour</strong> l’art: l’œuvre d’art est<br />

enregistrée, tout comme <strong>les</strong> coordonnées de<br />

l’expéditeur et du destinataire. En vertu de la<br />

LTBC et de la LTVA, <strong>les</strong> commerçants ont<br />

l’obligation d’enregistrer le vendeur et<br />

l’acheteur (et de conserver pendant<br />

respectivement dix et trente ans <strong>les</strong> documents<br />

justificatifs). Le calcul de la TVA est contrôlé<br />

par des réviseurs de l’Administration; ceux-ci<br />

signalent <strong>les</strong> indices de blanchiment à l’autorité<br />

de <strong>pour</strong>suite pénale. L’art lui-même doit être<br />

transporté, entreposé et assuré dans <strong>les</strong> règ<strong>les</strong>.<br />

Toutes ces raisons et d’autres encore sont peu<br />

favorab<strong>les</strong> à un blanchiment d’argent dans le<br />

commerce d’art.<br />

21 Convention du 14 novembre 1970<br />

concernant <strong>les</strong> mesures à prendre <strong>pour</strong> interdire<br />

et empêcher l’importation, l’exportation et le<br />

transfert de propriété illicites de biens culturels<br />

(RS 0.444.1). Cette convention a été ratifiée<br />

par le Conseil fédéral le 3 octobre 2003.<br />

22 Loi fédérale sur le transfert international des<br />

biens culturels (Loi sur le transfert des biens<br />

culturels, LTBC) du 20 juin 2003 (RS 444.1)<br />

23 Art. 9 en combinaison avec l’art. 7 LTBC.<br />

<strong>La</strong> lecture des accords bilatéraux déjà entrés en<br />

vigueur montre toutefois clairement que la<br />

notion de «bien culturel d’importance<br />

significative» a été interprétée par <strong>les</strong> autorités<br />

suisses d’une manière beaucoup trop large, qui<br />

va à l’encontre des principes de la Loi sur le<br />

transfert des biens culturels.<br />

24 Il est reconnu en particulier que l’échange de<br />

biens culturels entre nations à des fins<br />

scientifiques, culturel<strong>les</strong> et éducatives<br />

approfondit la connaissances de la civilisation<br />

humaine, enrichit la vie culturelle de tous <strong>les</strong><br />

peup<strong>les</strong> et fait naître le respect et l’estime<br />

mutuels entre <strong>les</strong> nations (considérants<br />

introductifs, Convention UNESCO de 1970).<br />

25 En comparaison internationale, le taux de la<br />

TVA suisse est bas, malgré le fait que de<br />

nombreux pays d’Europe prévoient des taux de<br />

TVA spéciaux <strong>pour</strong> <strong>les</strong> arts. Si l’artiste importe<br />

lui-même ses objets, il n’a aucune TVA à<br />

payer sur <strong>les</strong> importations. On peut décrire la<br />

situation dans l’UE ainsi en ce qui concerne le<br />

traitement de la TVA: «Ce qui était censé<br />

devenir une région de libre-échange <strong>pour</strong><br />

certaines des nations <strong>les</strong> plus prospères du<br />

monde est aujourd’hui considéré par nombre<br />

de commerçants d’art et d’antiquité comme<br />

une bureaucratie restrictive, bornée, qui<br />

multiplie <strong>les</strong> procédures compliquées et <strong>les</strong><br />

réglementations fisca<strong>les</strong> opaques, et fait du<br />

parcours aboutissant à la vente un cauchemar»<br />

(The European Fine Art Foundation (éd.),<br />

«VAT and the European Art Market, A<br />

Study», Helvoirt 2003, p. 9) (traduction libre).


26 Art. 23, al. 2 ch. 3 LTVA. Cette exception<br />

existe également lorsqu’il s’agit d’objets qui<br />

ont déjà été exportés, si un objet est entreposé<br />

depuis l’intérieur du pays dans un dépôt franc<br />

sous douane.<br />

27 Art. 1, al. 2 let. c LTVA.<br />

28 Alexander Jol<strong>les</strong> / Madeleine Simonek /<br />

Patrick Waldburger, «Kunst und Steuern», in:<br />

Axa Art Versicherungen AG (éd.), Kunst &<br />

Recht, Zurich/Bâle 2007, p. 80.<br />

29 «Il y a activité lucrative indépendante<br />

lorsqu’une personne participe à la vie<br />

économique en investissant du travail et du<br />

capital dans une organisation librement choisie,<br />

à ses propres risques, de manière durable,<br />

planifiée et manifestement destinée à réaliser<br />

un gain.» (ibid., traduction libre)<br />

30 Ibid., p. 77.<br />

31 Cf. Paolo Bernasconi / Alexander Jol<strong>les</strong>,<br />

«Switzerland», in: The Art Newspaper N° 172<br />

de septembre 2006, p. 18<br />

32 Art. 33a de la Loi fédérale sur l’impôt<br />

fédéral direct (LIFD), RS 642.11<br />

33 Voir art. 80 ss CC; cf. Andreas Müller /<br />

Franz-Josef Sladeczek, «Die Kunstsammlung<br />

in der Nachlassplanung – eine<br />

Herausforderung an den Treuhänder», in:<br />

TREX Der Treuhandexperte, 2/2005, p. 107.<br />

34 Art. 56 let. g de la Loi fédérale sur l’impôt<br />

fédéral direct (LIFD), RS 642.11.

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