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L E N E W S G R A T U I T 1 0 0 % S U R F
SURF TIME NUMERO 10 \ ÉTÉ 2007 \ GRATUIT > SERVEZ-VOUS
Exploration idyllique
du côté des Tuamotu
La France joue à qui
perd gagne à l’Eurosurf
L e s u r f made in France a 50 ans. Pour fêter ça, rendez-vous a v e c Steve Cleveland,
punk réalisateur et soul surfer, Joel D e R o s n ay , la science du surf et D a m i e n Castera, «serial t r i p p e r » .

N U M E R O 1 0
Le surf français à 50 ans et déjà certains ont
du mal à se souvenir d’où il vient, qui sont les
pionniers, ce qu’ils nous ont légué. Il faut dire que
le surfeur est un amnésique en puissance,
c’est tout juste si on se souvient de sa dernière
vague, de son dernier boulot, voire dans certains
cas extrêmes de sa dernière gonzesse !
La mémoire est sélective et il nous manque souvent
des épisodes.
Dans l’histoire du surf, c’est pareil, au milieu des
cases vides, il y a les incontournables. Même si c’est
difficile de se souvenir de tout le monde, surtout
lorsque comme nous, on a raté le début du film !
Et pourtant ! Difficile, quand on ne sait pas d’où
l’on vient, de savoir où l’on va. Rien ne remplacera
jamais une petite session avec les anciens. Certes,
ce ne sont pas eux qui vont fracasser des rollers
SURF TIME est édité par FREE PRESSE
9, RUE DES ACACIAS, 40130 CAPBRETON
Tél : 00 33 (0)5 58 41 85 80
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Laurent Molitor (46 14) laurent@freepresse.com
Rédacteur / photoreporter :
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(46 66) romain@freepresse.com
Rédaction
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Greg Puget
Direction artistique :
Sandra Ortiger : sandra@freepresse.com
06 21 06 35 17
Maquette :
Guillaume Delage (46 63) guits@freepresse.com
à midi tous les deux mètres, mais ils ont quelque
chose à nous apprendre. Bien sûr, les vidéos new
school n’ont pas besoin d’histoires pour faire rêver
les kids, mais elles ne doivent pas faire oublier
ce qui poussait le surfeur sur la route. Des vidéos
comme «Freeride», du grand Dan Merkel, devraient
tourner en boucle dans les écoles de surf. On ne va
pas seulement à l’eau pour être le meilleur,
mais aussi -surtout- pour se faire plaisir. Ce n’est
que notre avis : sans être passéiste, une petite
dose de culture et de fondamentaux ne peut, dans
le pire des cas, faire de mal à personne. Et dans
le meilleur des cas, en nous ouvrant à l’histoire du
surf et de ses racines, nous n’en sommes que plus
complets dans notre approche du surf. La notre,
celle du futur. Un avenir qu’on espère toujours plus
surprenant, mais en contact avec ses origines.
Photos : Stéphane Robin, Sean Davey, Brian
Bielmann, Tim McKenna, Alex Laurel, Damien
Poullenot, Laurent Masurel, Carlos Pinto
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Dépôt Légal : juin 2007
N U M E R O 1 0
6 News
News de course, news
des écoles, news de la
planète...
16 Retour sur Event
Que s’est il passé à l’Euro
Surf ?
18 Plug In
Cinq albums pour les
cages à miel, plus la
Kronik du Rock Food,
par DJ Akwell
24 Girl Part
Binôme : Amandine
Sanchez et Caro Sarran ;
À Shopper ; la colonne
à Caro
32 Triptyque Tahitien
Trip ultime aux Tuamotu
Le Carnet de route
d’Amadine Sanchez
La vie rêvée de Michel
Bourez
50 Special Vintage :
Le surf Français souffle
ses 50 bougies
Bienvenue au Daniel’s
Longboard Festival
Rencontre avec Steve
Cleveland, punk réalisateur
Surflife : Joël De Rosnay,
la science du surf
À Shopper. Pour être à la
page du Vintage
Trip intersidéral avec
Damien Castera
E n c o u v e r t u r e : Q u a n d l a c h a m b r e
v e r t e s e t r a n s f o r m e e n c a v e r n e
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à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et
d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou
d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées. (art. L.122-4,
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QuAND VouS L’AuREz TERMiNé.

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16 Retour sur Event
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Surf ?
18 Plug In
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A G E N D A
Quiksilver King of The Groms.
Le Championnat du monde officieux des
moins de 16 ans reprend du service du
31 juillet au 5 août à Capbreton. Seule
compétition internationale réservée aux
meilleurs youngblood, c’est une véritable
vitrine de la jeune garde du surf. La finale
est précédée des King Of The Groms
Series. Rappelons que cet event a lancé
les carrières de Danny Wills, Taj Burrow,
Miky Picon et Jérémy Florès entre autres !
Toutes les infos et le live de la finale sur
www.quiksilver.com
Quiksilver Air Show Rendez-vous le
14 août pour un show qui décoiffe.
Un event nocturne tout simplement
radical et aérien qui attire plus de 15 000
spectateurs à la veille du 15 août.
L’incontournable et aérien Jean-Charles
Debray avait remporté l’épreuve l’année
dernière. Qui réussira à détrôner Jex à la
Chambre d’Amour ? À la rédac, on parie
encore sur lui pour une seconde victoire
consécutive.
Osons Crozon ! Les 6 jours des Jeux
Nautiques de la 13 ème édition du Festival
Interceltique de Morlaix se dérouleront
plage de La Palue, à Crozon (Finistère)
du 15 au 20 juillet. 150 participants,
7 délégations, 5 nationalités, shortboards,
longboards et bodyboards vont envahir
le fameux spot breton, spectacle assuré !
L’édition 2007 promet d’être un cru
d’exception. Les Canaries, délégation
invitée, nous envoient du « haut niveau »,
notamment avec chez les garçons, le
Canarien Felix Ortega, triple champion des
Canaries et champion d’Espagne 2004.
Côté animation, le port de Morgat vibrera
sous les Bagads et autres Bandas
d’Espagne ou de Galice, mais pas
seulement le rock et le ska seront aussi
de la partie. Le feu d’artifice du 14 juillet
marquera donc le départ des festivités à
terre et des hostilités sur l’eau. Rendezvous
est pris pour découvrir la fine fleur
du surf atlantique en action.
Au terme de chaque édition, un
classement des délégations désigne la
région qui remporte l’épreuve. Six sports
nautiques sont représentés: voile, surf,
char à voile, kayak, aviron, plongée.
www.jeux-nautiques.com
Festisurf Gironde ! Les sélections
départementales du Festisurf se
dérouleront samedi 30 juillet à Soulac.
Surf & Music Rendezvous
du 17 au 26 août sur
les plages d’Hossegor-
Seignosse pour la 21 ème
édition du Rip Curl Pro,
véritable Surf & Music
Festival. Pas la peine de
demander le programme,
Surf Time te le donne !
Côté Surf :
Du 17 au 19 août, place au Pro Junior 3
étoiles réservé aux moins de 21 ans.
Du 20 au 26 août, le « Super Series »
est l’épreuve phare et unique en son
genre du circuit ASP. Toutes les séries
se déroulent à quatre surfers jusqu’aux
quarts de finale puis en « man on man »
avec à la clé 150 000 dollars de prize
money !
Côté Musik :
Le 17 août, soirée Battle de DJ One
Night For The Planet sur la place des
landais à Hossegor.
Les 24 et 25 août, concerts rock,
reggae et ragga sur la plage d’ilbarritz
à Biarritz-Bidart avec la présence très
attendue du chanteur australien Xavier
Rudd pour un concert exceptionnel.
Retransmission live de l’Event sur
www.ripcurl.com/ripcurlpro
Cette compétition s’adresse aux jeunes
surfeurs âgés de 8 à 14 ans et se déroule
sous un format original et ludique où
chaque participant passe sur plusieurs
ateliers. Afin de pousser nos jeunes
surfeurs vers la polyvalence et d’en faire
des watermen et des waterwomen, ils
doivent montrer leur aisance dans l’eau
sur un longboard, un bodyboard,
F a n n i n g f e r a c o m m e c h a q u e a n n é e l e d é p l a c e m e n t .
un shortboard et enfin en
bodysurf. Les meilleurs seront
sélectionnés pour représenter
le Comité surf Gironde lors de la
finale nationale à Hossegor début
septembre.
Roi du surf. La marque Dakine vient
d’annoncer la composition officielle de son
team France. Du beau monde prêt à mouiller
le maillot de bain ! À l’arrière on retrouve
les girls : Léa Brassy, Marianne Bellegarde,
Agathe Lassale, Marie Dejean, Luana
Papa et Fanny Brice. En milieu de terrain
longboard : Jon Larcher, Alban Meric, Alexis
Deniel et Hanalei Lilaz.
En attaque shortboard : Fabrice Gelez, Hugo
Savali, Loïc Erran, Marc Milienne, Raphaël
Aime, Thomas Gereaume, Rudy Marechal,
Antoine Benetrix, Adrien Belasquin, Lucas
Levezac et Fred Compagnon.
La famille Redsand s’agrandit.
Thomas Oued El Maallem, petit frère de
Mathias, rejoint Jex (Jean-Charles Debray)
dans le team France.
Billabong encourage le surf
féminin ! Promesse tenue pour la
première édition des Billabong Girls
Days qui a débuté le samedi 30 juin
et s’est achevée le dimanche 1er
juillet. Une centaine de girls venues de
toute la France et même de plus loin
(Norvège, Allemagne) spécialement pour
l’événement a participé à ces deux jours
d’immersion au sein de la culture surf.
Le programme fut riche et varié : séance
de yoga, sessions de surf adaptées à
chaque niveau sous les conseils du team
Billabong (Léa Brassy, Ashley Cheadle…),
cours de Hip Hop sur la plage, défilé et
concours sur le thème “Love Your World“.
Pour clôturer le tout, une soirée de BBQ
avec concert acoustique d’Ashleigh
Mannix du team pro à la gratte ! Ravies,
les filles sont reparties avec des images
plein la tête mais aussi avec le pack
Billabong Girls Day à la main. Surfez
sur www.billabonggirlsdays.com pour
découvrir les photos. Rendez-vous l’année
prochaine !
La tournée des filles. Depuis quatre
ans, le Rip Curl Venus Tour est l’événement
d’initiations gratuites au surf qui a conquis
près de 10 000 rideuses en herbe.
Du 23 juillet au 16 août, le Tour s’installe
sur les huit meilleurs spots de la Côte
Atlantique pour faire découvrir des
pratiques de glisses inédites “Made in
Hawaï“ et des animations after session
(yoga, massages…). Le tout en compagnie
d’Elise Garrigue et d’Eric Leroy, Aloha
girls ! Toutes les dates de la tournée sur
ripcurl.com/girls et venusurf.com
D e s c o u r s d e s u r f g r a t o s ,
m o n i t e u r c o m p r i s , c e s e r a i t
d o m m a g e d e n e p a s e n p r o f i t e r
l e s f i l l e s !
MASUREL/ASPEUROPE.COM
RIP CURL / DAMIEN POULLENOT

Aie Aie Caliente. Carton plein une fois encore pour Rip
Curl avec sa carte flottante ASP. Depuis que Rip Curl a la
possibilité de choisir chaque année un nouveau spot,
on a eu que du bon. Après la Réunion il y a deux ans pour
lancer l’opération, le Mexique l’année dernière avec une
épreuve qui restera dans toutes les mémoires, c’était
au tour du Chili de recevoir cette étape pas comme
les autres du WCT. Une fois de plus, les surfers du top
45 ont été surpris par la puissance de la vague (on les
avait pourtant prévenus dans le dernier SurfTime !).
Adriano de Souza en fera les frais le premier jour de la
compét, direction l’hôpital avant de rentrer direct à la
maison se faire soigner… Pour vous donner une idée de
la puissance des vagues d’Arica, Mick Fanning, arrivé
quelques jours avant l’épreuve, a décidé de se faire livrer
douze planches supplémentaires pour renforcer son
quiver traditionnel de 18 planches ! En attendant sans
aucun doute une vidéo à venir, vous pouvez toujours
checker les meilleurs moments de l’épreuve sur ripcurl.com
et commencer a astiquer vos guns pour votre prochain
séjour au Chili.
À bientôt mi-parcours et juste avant les étapes WQS
françaises, les ressortissants du vieux continent sont
toujours aussi bien placés pour espérer se placer en
force ou presque dans le top 16 du WQS, synonyme de
qualification pour le Dream Tour 2008. À l’heure où se
déroule le 6 étoiles de Durban (Afrique du Sud) on compte
sept Européens parmi les 30 premiers du Classement.
Patrick Beven, 27 ème a juste besoin d’une grosse perf
comme il nous sort chaque année pour rejoindre le
peloton de tête ; Michel Bourez, 22 ème est d’une régularité
impressionnante qui laisse présager une progresssion
tranquille mais inéluctable dans les ranking jusqu’au
final hawaiien, où les vagues de reef ne devraient pas
trop l’effrayer ; Acero Eneko pointe à la 20 ème place et son
collègue Aritz Aramburu à la 12 ème . Entre les deux, à la
17 ème place, à la porte du paradis, on trouve Tim Boal,
qui n’a “plus qu’a“ effacer un ou deux résultats moyen
pour sécuriser l’histoire ; notre Miky Picon national
devrait vite retrouver l’élite mondiale, puisqu’il trône à
une belle 6 ème place, alors que Tiago Pires, second du
DR / REEF
A n d y I r o n s r e l è v e l a
t ê t e e n s ’ i m p o s a n t
p o u r l a d e u x i è m e f o i s
c o n s é c u t i v e s u r l e
W C T R i p C u r l S e a r c h .
I l e f f a c e a i n s i s o n
m a u v a i s r é s u l t a t d e
d é b u t d e s a i s o n à l a
G o l d C o a s t ( 3 3 ° ! )
e t s e r e l a n c e
e n t i è r e m e n t d a n s
l a c o u r s e a u t i t r e à
q u e l q u e s p o i n t s d e
D a m i e n H o b g o o d ,
s e c o n d d u c l a s s e m e n t
a p r è s s a f i n a l e p e r d u e
c o n t r e A I . ASP / ROWLAND
M i c k F a n n i n g ,
t r o i s i è m e , c o n t i n u e
d ’ a s s e o i r s a p l a c e d e
l e a d e r a u c l a s s e m e n t
g é n é r a l . A v e c 7
A u s t r a l i e n s d a n s
l e s 1 0 p r e m i e r s ,
2 0 0 7 p o u r r a i t e n f i n
s o n n e r l e r e t o u r d e l a
c o u r o n n e m o n d i a l e s u r
l e s t e r r e s a u s t r a l e s ,
a p r è s h u i t a n n é e s d e
d o m i n a t i o n a m é r i c a i n e
o u h a w a ï e n n e
classement, fait tout pour reprendre la première place
au Sud Africain Jordy Smith. Un peu de patience, celui-ci
jouant à domicile pour l’instant…
En attendant le 6 étoiles du Sooruz Lacanau Pro à partir
du 14 août (qui l’année dernière avait porté chance à
Jeremy Flores) et le Super Série du Rip Curl Pro Hossegor
du 20 au 26 du même mois, nous avons fait le point avec
la nouvelle star montante du surf hexagonal, Tim Boal.
La première moitié de ton année s’est très bien
passée. Quel regard portes-tu sur ton parcours ?
Je suis très satisfait de la manière dont les choses se
sont déroulées. Obtenir de bons résultats en Australie,
là où les contests sont vraiment difficiles est quelque
chose de très important. J’ai donc pris confiance, et
voir que mon travail portait ses fruits était d’autant plus
sympa que c’est là-bas que j’ai pu faire mes preuves.
Pendant le break après l’écosse, comment t’es tu
préparé avant l’été et les grands rendez-vous ?
Je suis resté à la maison un moment, me suis entraîné
physiquement, je me suis occupé du matériel pour avoir
les bonnes planches aussi. Puis je suis parti en trip à
Bali pour deux semaines avec mon sponsor Reef et ça a
été un excellent moment. De quoi être super fit pour les
Maldives (où Tim finira 5 ème , ndlr).
Nous approchons du moment crucial de l’année en
Europe. Comment te sens-tu ?
J’ai vraiment hâte d’y être, je me sens en forme et même
encore plus prêt qu’en début d’année. C’est le moment
majeur de l’année et je compte arriver en Europe en étant
2 0 0 7 , l ’ a n n é e Ti m B o a l ?
frais et confiant avec mon surf. Tout le reste à partir de
maintenant n’est que de la préparation pour ces grands
rendez-vous.
Ta victoire au Reef Vendée Pro, puis une place dans le
top 20 du WQS?
J’étais vraiment content de ce résultat. Reef, mon
sponsor principal me soutient vraiment beaucoup,
et je suis content d’avoir pu leur offrir cette victoire aussi.
En plus, gagner en France représente toujours quelque
chose de particulier, c’est la maison quoi ! Quant au
top 20, je ne me mets pas de pression. J’ai aussi fait
quelques grosses erreurs cette année, notamment cette
défaite prématurée en Ecosse. J’apprends au fur et à
mesure de mes résultats, et ne me préoccupe pas encore
des résultats et opinions des autres…
Qu’en est-il de cette nouvelle vague de contest,
notamment en Europe . ça fait beaucoup d’épreuves
maintenant, c’est un nouveau challenge ?
C’est sûr qu’avec le nombre grandissant de compétitions
le jeu des points et le classement change petit à petit.
Cependant à la fin de l’année, il faut quand même être
dans ce top 16 ! Donc je prends les choses séparément,
sans trop regarder loin devant en faisant de mon mieux.
Pour les autres Européens, j’espère que nous allons
continuer comme ça. Je pense qu’il y aura au moins deux
ou trois Européens l’an prochain sur le Dream Tour.
Plus on est, mieux c’est !
Tes vagues favorites cet été sur nos côtes
européennes ?
Hossegor et Ericeira bien sûr ! J’adore surfer ces vagues
et j’ai vraiment hâte d’y être pour faire de mon mieux.
Le public est souvent très important et soutient beaucoup,
les vagues sont aussi souvent au rendez-vous, donc on
va voir ce qu’il se passe !
ASP / TOOSTEE

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L E S N E W S D U S U R f E R é c O - c O N c E R N é
Les éco-messages d’Ideo Pourquoi
ne pas exprimer ses convictions et
afficher ses valeurs ? Sur ton
poétique et humoristique,
Ideo rappelle qu’il est
important de rester vigilant
aux problèmes liés à
l’environnement. Leurs
T-shirts labellisés
100% coton bio
et commerce
équitable proposent
des accroches engagées
telles : “Let’s save the
planet today“, “What are you
waiting for ?“ ou encore “L’eau,
une denrée rare“. La collec est visible sur
www.ideocollection.com
Surfrider Foundation à fond de
coton bio. Quoi de plus normal pour
la célèbre association de proposer des
vêtements 100% Coton biologique.
Distribuée depuis avril sur leur site et
en surfshop, la collection contribue à
diffuser les messages environnementaux
et à financer les actions de Surfrider
Foundation Europe. Pour info, le coton
biologique est cultivé sans engrais
chimique ni pesticide, il préserve
l’équilibre des écosystèmes et la fertilité
des sols. Les teintures et impressions
sont exemptes de métaux lourds et ne
présentent pas de risque pour la santé.
On ne le répétera jamais assez, la culture
du coton conventionnel est l’une des plus
polluantes de la planète (elle consomme
10 % des pesticides et 25 % des
insecticides utilisés dans le monde).
À commander sur www.surfrider.fr.
Opération plages propres Oxbow et
Surfrider s’associent pour effectuer une
tournée des plages pour sensibiliser le
public estival à l’écocitoyenneté. Ça se
passe en Gironde à Carcans, le 13 juillet ;
dans les Landes à Mimizan, plage nord,
le 17 juillet ; dans les Pyrénées
Atlantiques à Anglet, Marinella, le 24 juillet
et enfin dans le Finistère à Nevez, plage
de Tahiti, le 1er août. Avis aux utilisateurs
des plages, des surfers aux mairies,
le rapport sur les 1500 plages françaises
passées au crible par l’association est
téléchargeable sur leur site.
Avis de Décés Les militants de Surfrider
Foundation et tous les habitants de la
commune de St Jouin Bruneval (Seine-
Made in Australia
Distribué par Billabong en Europe
Website : Billabong.com
Contact : bbg.surfboards@billabong.tm.fr
Maritime) le redoutaient, c’est maintenant
officiel : leur plage est condamnée à
disparaître, au profit d’un port méthanier !
Pour protester, une trentaine de
pratiquants d’activités nautiques,
tous vêtus de noir, ont organisé une
cérémonie d’enterrement de la plage qui
s’est terminée par une minute de silence.
Billa-bio-ng Dans le cadre de son
programme “Love Your World“, Billabong
incorpore dans sa collection des matières
comme le coton bambou, le Denim recyclé,
le jersey en coton organique mais aussi le
cuir et le coco (pour les boutons). La marque
soutient également différentes associations,
telle que SurfAid International. Pour l’été
2008, l’événement « Design For Humanity »
permettra de récolter des fonds pour cette
association spécialisée dans l’apport
d’aide médicale et d’urgence en Indonésie.
Une soirée « Design for Humanity » sera
organisée en octobre à Paris, avec un défilé
présentant la collection été 2008 et une
vente aux enchères de pièces spécialement
créées pour l’occasion.
OGM or not OGM ? Puisqu’il ne faut
pas compter sur une information claire
et lisible de la part des fabricants, une seule
solution (si vous en avez d’autres, écrivez à la
rédac, on relaiera l’info), s’inscrire à l’opération
Détective OGM, lancée par Greenpeace.
Vous aurez ainsi accès aux résultats
obtenus par l’ensemble des inscrits, sachant
qu’officiellement on ne compte à l’heure
actuelle qu’une trentaine de produits
alimentaires portant la mention
« issu d’organismes génétiquement
modifiés » sur l’étiquette. Pour savoir ce
que vous achetez, Greenpeace propose
une guide téléchargeable qui recense les
marques qui utilisent ou non des OGM, à
glisser dans la poche en allant faire ses
courses. Quelques surprises à la lecture,
comme de s’apercevoir que la quasi-totalité
des produits d’alimentation pour bébé
contient des OGM ! Histoire de nous habituer
dès le berceau ? http://www.greenpeace.
fr/detectivesOGM/inscription.php
DR / BILLABONG
À lire en attendant la prochaine
marée noire C’est inéluctable, un
jour ou l’autre une catastrophe telle celle
de l’Erika se reproduira. 180 pétroliers
sombrent en moyenne chaque année, un
constat qui a amené Lucien Breton, officier
des Affaires Maritimes et ancien chef du
centre de sécurité
des navires à faire
le point sur les
navires poubelles
qui sillonnent
impunément
nos océans. Un
réquisitoire qui fait
froid dans le dos,
photos à l’appui pour
dénoncer les failles
béantes d’un système législatif laissant la
part belles aux armateurs sans foi ni loi. 22
euros, aux éditions l’Ancre de Marine,
www.ancre-de-marine.com/
Ça chiffre Chaque année, la France
pulvérise 67 000 tonnes de pesticides,
une jolie performance qui place la France
en 3 eme position dans la course à la
pollution des eaux, juste derrière
les Etats-Unis. Le bilan est plus
qu’alarmant :
96 % de l’eau analysée dans les
rivières et 61 % de celle analysée dans
les nappes phréatiques, est enrichie
aux pesticides (contre respectivement
75 et 57 % il n’y a que 2 ans). L’eau
des rivières contient désormais
pas moins de 229 substances
phytosanitaires. Contrairement au
Danemark par exemple, qui a décidé
d‘instaurer une taxe sur les pesticides
pour en limiter l’utilisation par les
agriculteurs (la meilleure façon de
changer les mentalités étant d’attaquer
là où ça fait mal, au porte-monnaie),
la France parle-elle « d’encourager
l’agriculture raisonnée ». Nous voilà
rassuré. (sources : canard enchaîné)
Record Le chiffre des 1 000 000 000 000
d’obèses sur terre a été franchi en 2006.
Secours vert, un concentré de bonnes idées Bel exemple de
développement durable et d’idée on ne peut plus concrète à suivre : le Pays de Lorient
s’est équipé de quatre postes de secours démontables et autonomes en énergie (trois
à guidel et un sur l’île de groix). ils fonctionnent à l’énergie solaire (autonomie de trois
jours grâce à 4m 2 de capteurs solaires), sont équipés de récupérateurs d’eau de pluie et
de toilettes écologiques. Fabriqués en mélèze non traité et réalisés avec des matériaux
labellisés entièrement démontables, tout a été fait pour limiter l’impact de ces postes
de secours sur l’environnement. L’idée a été pensée jusqu’au bout, puisque c’est une
association travaillant pour l’insertion de “jeunes en difficulté“ qui s’occupera du
montage et démontage saisonnier, et enfin Cap l’orient a fait appel à de jeunes graffeurs
pour décorer les abris sur le thème de la faune et la flore . Le coût total des 4 postes
s’élève à 60 000 euros et devrait être amorti en sept ans (par rapport à la location de
préfabriqués). une initiative concrète pour sensibiliser les habitants et touristes à la
protection de l’environnement et faire avancer le chmilblick dans le bon sens.
Collecteur
de pluie
Toilettes sèches
sur composit
Modele : Andy Irons Quattro
Shaper : Jason Stevenson
Longueur : Disponible de 5’9» à 6’
Largeur : 18’3/4 à 19’1/4
Epaisseur : 2»1/4 à 2’’5/16
Prix : 615 euros.
Surveillant
biodégradable
Capteurs
solaires
Structure en mélèze non traité,
entièrement démontable
Quattro Pro Model d’Andy Irons. C’est une
réplique du Quattro qu’Andy surfe dans les
petites vagues d’été. C’est une planche
rapide et maniable parfaite pour les petites
vagues. Elle est assez large au tail et au nose
avec un simple puis double concave.
Il faut commander cette planche 3 à 4 pouces
plus courte que votre shortboard classique.
DR

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TIM THOMAS - ALASKAHELISKIING.COM
Bob Cooper vient de shaper pour
les ateliers rochelais d’uWL !
Pour les moins de 50 ans, rappelons
que Bob Cooper a commencé sa
carrière dans les ateliers Velzy, et que
depuis 55 ans, il n’a jamais raccroché
le rabot ! Une expérience extraordinaire
mise au service de shapes qui ne le
sont pas moins. Sa philosophie :
« 70 % du temps nous rencontrons
des conditions surfables mais
loin de la perfection. Je fabrique
des planches en accord avec cette
réalité, c’est-à-dire des planches qui
fonctionnent parfaitement pour les
conditions de tous les jours.
Elles fonctionneront aussi bien les
«bons» jours, mais le but est de prendre
du fun dans toutes les conditions ».
Le résultat ci-dessous. Plus d’infos
sur www.bobcooperenfrance.com
Surf odyssey a accueilli sa vedette
lui aussi en juin dernier à la zone
Artisanale de Capbreton.
Le grand Maurice Cole (pour les
moins de trente ans, rappelons que Maurice est le shaper
emblématique de Tom Curren, qui a fait connaître les
Landes au monde entier début des années 80 en s’y
installant pendant pas mal d’années) est déjà reparti
pour son Australie natale, mais il reste quelques bijoux en
stock, dépêchez-vous. www.surf-odyssey.com
insolite. Marre de la surpopulation des spots ? Faites
comme Axel Pauporte, allez surfer en Alaska. Cela fait un
bout de temps que les guides de Haines (AK) tannaient
Axel en lui parlant d’une vague incroyable, quelque part
dans le Pacifique Nord. Cette année, Axel s’est laissé
tenté par l’aventure et à ses dires, la gauche qu’il a surfé
(il s’excuse d’avance pour son style) valait le déplacement :
« la vague est parfaite et fun à surfer et bien sûr, il n’y a
personne à l’eau. Et en plus, il ne fait finalement pas si
froid. » Avis donc à ceux qui veulent surfer trankil, difficile
de faire mieux. Sous réserve d’échapper aux lions de mer
et autres animaux sympathiques de la région.
ussi confortable qu’une planche retro
Agrâce à sa largeur et son volume mais
équipé d’un énorme concave à l’image des
carènes de tow in pour générer beaucoup
de vitesse et de vivacité. Le design le
plus innovant du moment.
Daily Motion se met au surf. Bonne nouvelle :
à partir de mi-juillet, l’European Pro Surf Tour
2007 sera disponible sur Daily Motion ! Inside
Média vient de signer un accord avec le site
web prévoyant la mise en ligne d’un univers
dédié à l’Event. Une occasion de retrouver les
sept plus importantes épreuves européennes
sur www.dailymotion.com/surf
ouaibe Riding. L’entreprise française
IntellySurf, créée en 2007 par un groupe
d’amis passionnés, vient de lancer la première
simulation réaliste de Surf & Bodyboard en ligne
sur www.youriding.com. Ce site communautaire
gratuit tout en flash propose de surfer les
35 meilleurs spots mondiaux comme Pipe,
Teahupoo, Mundaka, Jaws… Chaque vague
est créée suivant son propre banc de sable et
avec des conditions optimales de houle, ce qui
oblige le rider à s’adapter. Pour encore plus
de réalisme, le système permet d’appliquer à
chaque vague un léger filtre aléatoire afin de
créer des séries toutes différentes. Tu rêvais
de t’attaquer aux meilleurs spots ? You Riding
l’a fait ! En tout cas, la rédac’ de Surftime
approuve.
Bon anniversaire. Le Rock Food
vient de fêter dignement ses 18
ans le 19 juin dernier. Déjà que ça
déménageait pas mal sur la place
des Landais à Hossegor, maintenant
que le Rock Food est majeur, où
va-t-il s’arrêter ?
Le groupe ANTARHES vient de
remporter le concours “ Will-Rock-4-Clothes“ organisé
par MADA et GIBSON. Les cinq membres décrochent une
gratte GIBSON SG et un contrat d’un an avec la marque
MADA. Pour découvrir le groupe, direction www.myspace.
com/antarhes
Le Reggae Sun Ska, festival le plus ancien de France,
est de retour pour sa dixième édition. Les 2, 3 et 4 août ;
c’est du côté de Cissac-Medoc que ça se passe.
www.reggaesunska.com
Arty. Maxime Ross, illustrateur originaire du Sud-Ouest,
expose à Paris tout l’été. Ça se passe du 4 juillet à fin
août chez Glazart, 7/15 av porte de la Villette 75019
Paris. Retrouvez l’univers enchanté de Maxime en dessin,
collages, tattoos et autres. L’expo sera rythmée par les
projections photos et vidéos proposées par le très actif
collectif audience 33. Deux bonnes raisons de faire un
stop chez Glazart, cet espace concert - clubbing dédié
aux activistes de la vie musicale parisienne. Plus d’infos
sur myspace.com/black_out_line_
DR
Rising Son
La légende du skateboarder christian Hosoi
Rising Son, ou l’ascension irrésistible, la déchéance
et enfin la rédemption d’une des icônes les plus
emblématiques du skate. Véritable rock star, Christian
Hosoi est une des figures les plus marquantes du skate
des années 80. Par son style hors norme (sur un skate
et en dehors), les tricks qu’il inventa (le “Christ Air“,
c’est lui) et son charisme exceptionnel, Hosoi écrira à
lui seul tout un chapitre de l’histoire du skate. En créant
sa propre marque Hosoi Skateboards, au logo de soleil
levant (rising sun en VO), il donna naissance à une
nouvelle forme de plateau : le hammer-head, histoire
de faciliter la réalisation de nouveaux tricks, dont celui
qu’il maîtrisait comme personne à l’époque, le backside
air. Des séquences à voir et à revoir en boucle, tant
l’exécution de ce trick respire l’aisance et le style !
Inimitable et toujours inimité. “Rising Son“ permet de
revoir ses débuts en images, la bonne vieille époque
où “Christ“ passait son temps au park de Marina en
Californie, dont son père était le propriétaire. Très tôt,
Hosoi devient la mascotte des lieux et se retrouve à
skater en compagnie des pointures de la discipline :
Jay Adams et Shogo Kubo, bonjour la fine équipe.
À seulement 14 ans, ce drogué du skate obtient le
statut de pro-rider. Très rapidement et sur toutes les
compétitions, il devient un véritable phénomène aux
yeux du public. Les confrontations Hosoi / Hawk en
rampe amèneront le skate à un niveau stratosphérique.
Puis vient le temps pour lui de se consacrer à la gestion
de son entreprise, alors que le marché du skate entre en
crise. Au même moment, Christian entame une longue
descente… Au bout de la pente : case prison, pour trafic
de drogue. Sorti de là il y a quelques années pour bonne
conduite, il a repris le skate à près de 40 ans, bâtissant
les derniers chapitres de sa légende, une légende écrite
à grands coups de Backside Air, Christ Air et autre
Rocket Airs.
Prix Public Conseillé : 20 euros
Maurice Cole
Cote : 6’2 x 20 x 2 1/2
model : Protocon
Shaper : Maurice Cole
DR / HOSOI SKATEBOARDS
DR / HOSOI SKATEBOARDS

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R E T O U R S U R E V E N T
L a f ê t e d u S u r f , m o m e n t i d é a l p o u r t e n t e r s a p r e m i è r e
m i s e à l ’ e a u . I l s s o n t p l u s i e u r s c e n t a i n e s d e
m i n o t s à a v o i r t e n t é l ’ a v e n t u r e c e s a m e d i 2 4 j u i n .
I c i , l e H o s s e g o r S u r f C l u b p r i s d ’ a s s a u t .
e t P a u l i n e A d o ,
l a m a r r a i n e d e c e t t e f ê t e
L a B r e t a g n e , r é s e r v o i r à f u t u r s c h a m p i o n s
d e s u r f ? Vu l a m o t i v a t i o n d e s p e t i t s B r e t o n s
l o r s d e c e t t e B i c K i d s , i l y a d e f o r t e s
c h a n c e s q u ’ o n r e t r o u v e u n j o u r u n d e c e s
m i n o t s a u p l u s h a u t n i v e a u .
DR/BIC SPORTS YVES LONGBOARDFRANCE.COM
YVES LONGBOARDFRANCE.COM
Une overdose de sensations pures pour pas un
rond !
La superbe journée du 24 juin dernier fut une vraie occasion pour des centaines de gens de découvrir
le surf. L’événement s’est déroulé simultanément sur une multitude de plages, autant sur les côtes
atlantiques que méditerranéennes. On peut d’ailleurs souligner le dynamisme des méditerranéens qui,
à défaut de vagues, font toujours preuve de beaucoup d’inventivité pour communiquer leur passion.
Le but de cette journée était de permettre à un maximum de personnes de prendre un cours de surf
gratuitement. On ne le dira jamais assez, une fois par an, les écoles de surf de l’hexagone offrent les
cours de surf pour ZERO balle, on aime ! Sans oublier le petit coup à boire après la rame, on aime aussi !
Les plus chanceux sont même repartis avec des cadeaux, grâce au partenariat développé localement
avec des marques de surfwear ! Pas de gros swell au rendez-vous, mais juste ce qu’il fallait pour que les
néophytes puissent découvrir les joies du surf sans ses peines. Avec le surf, les sensations sont garanties
même sur des toutes petites vagues, on se rend vite compte que l’élément marin est instable ! Et oui la
mer, ça bouge ! Certains ont aussi découvert que pour surfer il fallait ramer, ce qui n’étais pas du goût
d’une petite nana de Palavas-les-Flots qui se plaignait d’avoir mal au bras ! Faut un début à tout, les
sensations du surf se méritent ! Avis à ceux qui ont accroché et qui entendent bien continuer tout l’été :
on a un peu mal au début, mais les muscles s’habituent très vite.
On en oublie sûrement, mais il y avait aussi des concerts, des expositions, des projections de films
et plein d’autres animations liées au surf comme les initiations au stand-up paddle, plus nombreuses
cette année. Plus besoin de mettre les mains dans l’eau, on se tient debout sur la planche, et on se sert
d’une pagaie pour faire avancer la planche. C’est accessible et efficace quand les vagues vous arrivent
sous les genoux, après… ça devient tout de suite plus sportif ! Et comme une bonne nouvelle ne vient
jamais seule, on soulignera la victoire de Pauline Ado, la marraine de cette Fête du Surf, au championnat
d’Europe le jour de la cérémonie. Pas de doute, les organisateurs ont eu le nez fin de l’avoir choisi pour
représenter l’événement. Rendez-vous est pris pour l’année prochaine, et si vous avez raté les initiations,
sachez que des centaines d’écoles vous attendent tout l’été pour vous apprendre les bases du surf en
toute sécurité et plus affinité !
Dixième édition du Bic Kids One Design
À l’Ouest, les kids ont leur tournée de contests, et ça fait 10 ans que ça dure !
Pour détecter les nouveaux talents, il n’y a pas trente-six solutions ! Il faut se lever tôt ! Cette année
encore, Bic Sport et les Écoles de Surf de Bretagne ont trouvé la formule magique pour repérer les
champions de demain, le tout dans une ambiance bien festive. La compet c’est bien, mais les kids aiment
avant tout s’amuser, et ça, les Bretons ne risquent pas de l’oublier. Trois spots avaient été retenus pour
cette tournée, La Torche pour la première étape le 2 juin, Plouharnel le 16 juin et Brétignolles le dimanche
17 juin. Le BIC Kids Tour est une compétition monotype, ce qui veut dire que tout le monde surfe avec la
même planche, pas de jaloux. Tout le monde en bic 7’3, avec son mélange de stabilité et de maniabilité,
elle permet aux plus jeunes d’exploiter la vague sans forcer ! Bretagne oblige, les conditions météo
n’ont pas toujours été faciles, mis à part à la Torche, où les vagues furent excellentes… Une fois la
brume matinale dissipée. Les étapes suivantes ont un peu souffert du mauvais temps, mais qu’à cela ne
tienne, ce n’est pas une rafale de vent qui va faire peur aux petits Bretons ! Les kids ne sont d’ailleurs
pas démontés, tous ont répondu présents à l’appel de L’ESB, les garçons comme les filles ! On a compté
jusqu’à une soixantaine de participants à la Torche, une cinquantaine à Plouharnel et seulement une
grosse quinzaine à Brétignolles. Trois épreuves qui ont permis de constater l’augmentation régulière
du niveau des kids. On compte désormais en Bretagne pas mal de petits jeunes aux dents longues, qui
rêvent de suivre l’exemple de Gordon Fontaine, aujourd’hui membre du Pôle France de surf à Biarritz,
et vainqueur de la première édition du Bic One Design, il y a déjà 10 ans ! Les révélations cette année ?
Elles nous viennent de la Torche, en la personne des frères Mario et Antoine Burel, deux jeunes surfeurs
super motivés qui ont commencé le surf il y a tout juste un an ! Les filles aussi étaient bien représentées,
c’est d’ailleurs l’une d’elles qui a remporté l’étape de Plouharnel ! Marianne Etienvre est bien partie pour
suivre les traces de ses aînées Anne-Cécile Le Tallec et Marie Boyer, habituées des podiums nationaux.
Le rendez-vous est pris pour l’année prochaine avec c’est promis toujours autant de pâté Hénaff que de
bonne humeur, sans oublier les rasades de Breiz Cola, qui ça ne s’invente pas, est “brassé“ en Bretagne !
Pas banal ces Bretons ! Tous les résultats sur www.ecole-surf-bretagne.fr

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R E T O U R S U R E V E N T
La France joue à « qui perd gagne »
à L’eurosurF 2007
L a F r a n c e r a f l e les plus belles médailles d o n t c e l l e d e Miky Picon en Open, m a i s l e Portugal s’impose au final
lors de championnat d ’ E u r o p e d e s n a t i o n s . Sauf que…
Les conditions météo auront varié du tout au tout lors
de cette longue semaine dédiée aux championnats
européens de surf qui se déroulaient plage des
Cavaliers à Anglet du 16 au 24 juin 2007. Les vagues
plutôt moyennes au début sont grimpées jusqu’à un 3
mètres tempétueux, pour finalement offrir d’excellentes
conditions lors des phases finales. 14 nations étaient
CLASSEMENT PAR éQuiPE :
1 - Portugal
2 - France
3 - Espagne
4 - Pays de
galles
5 - iles Anglo-
Normandes
6 - Allemagne
7 - italie
8 - Angleterre
9 - irlande
10 - Pays-Bas
11 - israël
12 - Suisse
13 - Suède
14 - Norvège
É n e r v é q u ’ i l e s t e n c e m o m e n t l e Ti m B o a l !
au rendez-vous pour cette édition française. Parmi les
300 surfeurs inscrits, on pouvait croiser des têtes qu’on
n’a pas l’habitude de voir en contest de surf, tels les
Suédois ou les Israéliens. Ils étaient tous là, tous sauf
l’équipe marocaine, qui bien qu’invitée n’a pu faire le
déplacement faute de visa !
La compétition a commencé dans des jolies vagues
d’un mètre, permettant de lancer les épreuves de Surf
Open, de bodyboard et de longboard. Les tricolores
se sont très bien défendus dans toutes les catégories
en plaçant d’entrée de jeu la barre très haut. Avec
cinq Français encore en course à l’entrée des phases
finales, en catégorie Surf Open homme, tous les espoirs
sont permis. Joan Duru et Romain Lauhlé se feront
finalement sortir pour laisser la place à Miky Picon et
Tim Boal en finale, qui seront opposés au Portugais
Ruben Gonzales et à l’Allemand Marlon Lipke. La
hiérarchie mondiale sera respectée, puisque Miky ne
YVES LONGBOARDFRANCE.COM
laissera aucune chance à ses adversaires en décrochant
le meilleur total de l’événement avec 17,10 points. Il
remporte logiquement la médaille d’or devant un autre
Français, Tim Boal, particulièrement énervé tout au
long de la compétition et qui confirme de belle manière
ses bons résultats sur le WQS cette année. Chez les
filles, c’est tout aussi logiquement que Pauline Ado
monte sur la première marche du podium. Âgée de
seulement 16 ans, il est bon de le rappeler depuis le
temps qu’on a l’habitude de la voir truster les podiums,
elle a largement dominé ses concurrentes. Lors de la
finale, elle plie l’histoire en cumulant deux vagues à
7,50 points pour finalement devancer l’indéboulonnable
Marie-Pierre Abgrall de presque 5 points.
Un petit goût d’inachevé
Les Françaises se sont aussi distinguées en bodyboard
féminin avec la victoire de l’inévitable Héloïse Bourroux
qui domine ses concurrentes, en surf tandem avec la
victoire de Rico Leroy et Sarah ainsi qu’en bodysurf
où il n’y avait que des Français en finale ! La médaille
d’or reviendra à Jonathan Despergers qui devance
David Dubes. Déception par contre en longboard avec
la deuxième place d’Antoine Delpero. Un Antoine qui
a pourtant fait preuve d’un style remarquable et de
beaucoup d’engagement, mais le Gallois Elliot Dudley a
été le plus fort et ramène une fois de plus le titre au pays.
Malgré les magnifiques prestations des compétiteurs
français durant tout l’Eurosurf Open 07 d’Anglet,
l’Equipe de France laisse le titre de Championne
d’Europe à l’équipe Portugaise. Elle cumule tout de
même en surf 3 titres de champion d’Europe et 6
médailles (3 en or et 3 en argent). Les Espagnols
montent sur la troisième place du podium. Un résultat
qui laisse un petit goût d’inachevé quand on sait que
la Fédération Française de Surf avait pris le parti de ne
pas inscrire de représentant dans les catégories Senior
et Master, se privant ainsi de 2000 points possibles
supplémentaires. Une position radicale pour signifier
son opposition au maintien de ces catégories fantômes
dans le décompte final. Et si l’équipe de France n’était
pas partie avec ce handicap ? Elle aurait remporté sans
contestation possible ce titre de championne d’Europe
de surf 2007 (voir encadré). Le prix à payer sans doute
pour défendre ses idées.

STEPHANE ROBIN
Rappel des faits. Depuis toujours, de nombreuses
catégories, plus ou moins pertinentes aujourd’hui,
comptent dans le total de points pour l’attribution du
titre de nation championne d’Europe. Surf open et son
pendant chez les femmes, Surf ondine ; Bodyboard
open et Bodyboard ondine. Jusque-là tout va bien.
on trouve ensuite la catégorie Longboard, qui n’a pas
son pendant chez les filles, tout comme les suivantes :
Surf Senior, Surf Master et Bodysurf. Ajoutez-y une
discipline mixte, le Surf Tandem, et c’est bouclé.
Aujourd’hui, la France a choisi de remettre en cause ce
format, avec son choix de catégories figé depuis une
éternité et son nombre identique de points ramenés
par chaque catégorie.
Pourquoi pas de catégorie ondine en longboard par
exemple ? Quelle est la pertinence des catégories
Senior (plus de 28 ans) et Master (plus de 35 ans) dans
un championnat d’Europe “regular“ (alors qu’il existe
un championnat de France Master et un championnat
du Monde Master, il n’existe toujours pas de
championnat d’Europe Master) ? Quant à la catégorie
Senior, elle est tout simplement désuète. À 28 ans, un
surfer est en pleine maturité (il n’y a qu’à regarder la
moyenne d’âge sur le WCT), alors pourquoi séparer
open et Senior sur ces championnats uniquement ?
Plus grave : le vainqueur de la catégorie Master
ramène autant de point à son équipe que le vainqueur
de la catégorie open. on n’a rien de personnel contre
Clayton Lidster, le vainqueur en Master, mais il y a peu
de chance que son surf égale celui de Miky Picon, qui
était sur le WCT l’année dernière ! or les deux titres
ont autant de valeur dans le classement final. une
ineptie, quand on sait que pour vaincre en open, il vous
faudra affronter une grosse centaine d’autres surfers,
et qu’en Master cette année, ils n’étaient que 8 surfers
à se battre pour rapporter 1000 points à leur équipe !
Pour protester contre cet état de fait, la France a donc
décidé de ne pas concourir dans les catégories + 28
C i - d e s s u s :
M i k y P i c o n , v a i n q u e u r e n O p e n .
et + 35 ans. Nulle doute qu’elle aurait pu ramener des
points : il suffisait par exemple à Miky de s’inscrire
également en Senior et de courir sur les deux tableaux.
La France propose donc des changements en deux
étapes. Dans un premier temps, sortir les Seniors
et Masters du décompte final, mais continuer de
décerner les titres européens de ces deux catégories.
Solution intermédiaire, en attendant la création d’un
véritable championnat d’Europe Master qui résoudrait
tous ces problèmes qui entachent la crédibilité de
ce championnat d’Europe des nations. Fallait-il pour
autant sacrifier le titre pour faire entendre sa voix ?
Pour le DTN Francis Distinguin, la réponse est claire :
« laisser penser que le titre en plus de 35 ans a la
même valeur sportive que celui obtenu en Open par
des professionnels qui passent leur vie à s’entraîner
n’est pas cohérent. Il fallait une position claire pour
lancer le débat. Tout le monde sait que la France a été
la meilleure nation, et de loin, sur ce Championnat.
Si cela ne dérange pas le Portugal de ramener des
titres dévalorisés… Certes, on espérait quand même
remporter la victoire malgré ce handicap, mais je
pense toujours que sportivement, c’était la seule
solution en accord avec notre position ». Reste à
espérer que ce “sacrifice“ soit le facteur déclencheur
pour arriver rapidement à une solution satisfaisante
pour toutes les nations. Pas gagné quand on sait que la
France est la seule à se battre pour une rénovation de
ce championnat d’Europe des nations...
L’Euro Surf
vu de l’intérieur
avec Fred Robin
Le surf est un sport individuel par essence,
comment ça se passe quand on se retrouve à
faire une compétition par équipe ?
Ça change un peu les choses, on est moins seul
dans les heats. on bénéficie de l’encadrement
d’un coach, Didier Piter en l’occurrence ; c’est
important car il nous conforte dans les options
que l’on prend, il nous aide à nous positionner
dans l’eau. il y a aussi l’équipe sur la plage qui
nous encourage, les potes avec le drapeau,
ça nous motive davantage.
C’est important pour toi d’être présent sur ce
type de compétition, quels sont les enjeux ?
on vient surtout pour représenter son pays,
pour être avec les autres. il n’y a rien à gagner
sur ce type de compétition et on ne vient pas non
plus pour la couverture médiatique, nos résultats
ici importent peu aux sponsors. on vient pour
le sport, pour bien faire. on apprend à surfer en
équipe, c’est une autre tactique. Personnellement,
je n’ai pas eu trop de chance : dans une des
dernières séries, je me suis fait bloquer par un
autre surfer qui avait mal à la jambe, du coup il ne
prenait presque pas de vagues, et mois non plus,
une question de priorité.
Que penses-tu du résultat de l’équipe de
France ?
on a fait des très bonnes performances dans
les séries les plus importantes. Mais comme
on était parti avec un handicap, c’était difficile
à rattraper. La fédé voulait sans doute faire
avancer les choses en boycottant certaines
catégories. J’espère que ça servira à quelque
chose, mais à part les Anglais aucune autre
équipe n’a suivi cette initiative.
Des surprises, des surfers qu’on n’attendait
pas ?
Les îles anglo-normandes font un bon score,
c’était assez inattendu. Personne ne savait trop
où c’est d’ailleurs (elles sont situées dans la
Manche, entre Jersey et guernesey, ndlr) !
Du côté des surfers, il y en a un qui m’a surpris,
c’est l’Allemand Nicolas Von Rupp, qui a très
bien surfé. un Allemand qui déchire, c’est rare.
À part Marlon Lipke, ils ne sont quand même pas
nombreux !
Propos recueillis par Stéphane Robin.
DR / YVES SOBANSKI
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1
c H R O N I Q U E
R e s t e l e s doigts dans la
prise a v e c c h a q u e m o i s c i n q
a l b u m s d u m o m e n t . De
l’énergie e n g a l e tte pour l’avant
ses s i o n et un peu
de douceur p o ur le retour
sur terre.
Damien Rice IIIII 9
Warner
Par Romain Bourgeais.
Quatre ans après la délicieuse surprise de son
premier album “O“, le talentueux Irlandais,
toujours accompagné de sa complice Lisa
Hannigan, revient sur le devant de la scène
avec “9“. On retrouve dans ce deuxième album
cette atmosphère douce et mélancolique si
particulière, teintée d’une nouvelle intensité
troublante, que l’artiste retranscrit avec une
simplicité déconcertante (Elephant), du nerf et
de la rage sur certains morceaux aux tonalités
plus rock (Me My Yoke And I). “9“ est une
réussite, où l’artiste, tout en restant fidèle à ses
origines, explore de nouveaux horizons avec
des titres plus enjoués. Damien Rice, c’est aussi
cette capacité incroyable à frapper en plein cœur
à chaque morceau. Vous avez dit 9 ? Ce surdoué
récolte un 10/10 haut la main.
The Immediate IIIII In Towers & Clouds
Dad Records / Pias
Rares sont les quatuors pouvant se vanter d’avoir
quatre chanteurs, trois guitaristes et trois basistes,
et tout aussi rares sont les groupes dotés d’une
palette musicale aussi large que celle des quatre
Dublinois de “The Immediate“. Depuis toujours,
ils ont pris l’habitude de s’échanger les manches de
grattes et le micro. Une polyvalence hors norme que
l’on retrouve tout au long de l’album, qui mêle les
douces harmoniques de “A Ghost in the House“
au refrain criard de “Don’t You Ever“ ; la rythmique
impeccable de “Lonely, Locked Up“ aux accents
electro majestueux de “In Towers & Clouds“, mixant
sans complexe diverses sonorités groovy / jazzy dans
leur splendide “Big Sad Eyes“. Bref, pas question pour
eux de se laisser enfermer dans un style. “In Towers
& Clouds“ fait partie de ces galettes auxquelles il faut
savoir donner un peu de temps pour en apprécier
toutes les facettes.
Bloc Party IIIII A Week End In A City
Wichita / Cooperative Music
Le groupe célébré comme les nouveaux génies du
rock anglais à peine son premier album sorti, revient
avec un opus forcément attendu au tournant.
Deux techniques possibles pour un second album :
soit on garde le style musical qui a fait le succès,
soit on prend le virage radical du changement.
Avec “A Week End In A City“, Bloc Party ne se mouille
pas trop avec une option intermédiaire. On reconnaît
toujours ce style unique qui a fait le succès de “Silent
Alarm“, mais c’est un album aux allures plus sombres
que nous sert le groupe aujourd’hui. Plus personnel
également, avec des choix réfléchis du charismatique
Kele Okereke et de ses compères. Le rock est toujours
là, mais prend moins aux tripes que leur album
précédent ! Le groupe avance libre et sans contrainte,
“A Week End In A City » en est un bel exemple.
Help She Can’t Swim IIIII
The Death Of Night Life
Fantastic Plastic – Dad Records / Pias
Help She Can’t Swim s’est formé fin 2003, alors
que les quatre membres étaient encore étudiants.
Le groupe a passé ces deux dernières années à
écumer les salles de concerts anglaises, tout en
sortant une série d’EPs et un premier album déjanté ,
“Fashionista Super Dance Troupe“. Ce nouvel opus
à peine glissé se veut extra pêchu et dévastateur.
La magie opère une fois les deux premières minutes
passées, avec malgré tout une impression de déjà
entendu - on se remémore la belle période de Sonic
Youth-, mais tellement nouveau à la fois !
Si certains titres sont plus personnels, tels “Hospital
Drama“ sur la famille et la maladie ou “Pass
the hat Around“ sur la dépression, l’album est
définitivement rapide, puissant et sans peur.
Si le groupe conserve cette énergie et cette
originalité, il va défoncer des murs. De bon son.
Maxïmo Park IIIII Our Earthly Pleasures
Warp
Maxïmo Park, groupe du nord-est de l’Angleterre, nous
avait étonné avec les sonorités originales de “A Certain
Trigger“, leur premier album sorti en 2005. Ils reviennent
aujourd’hui avec fougue et énergie sur leur deuxième
album, pour lequel ils se sont adjoint les services de Gil
Norton (producteur des Foo Fighters et des Pixies).
Du coup le son change de catégorie et le groupe muscle
son jeu. Plus d’énergie et de rythmiques aventureuses qui
viennent enrichir des titres toujours aussi efficaces, avec
ce petit pouvoir d’addiction qui fait tout. Exemple parfait :
“Russian Litterature“, qui mêle avec justesse la dimension
dramatique du piano de Lukas Wooller aux sections
rythmiques et mélodiques de la guitare de Duncan Lloyd.
Rien à dire, le groupe est fort quand il s’agit de donner
dans l’émotionnel. Diablement séduisant, “Our Earthly
Pleasures“ fera date dans la carrière de Maxïmo Park.

Sélection d e
f i n e s t s o u n d s p a r
DJ Akwell.
Continuez de vous constituer
les bases d’une bonne
Cdthèque grâce à notre
spécialiste de la partouze
musicale, DJ Akwell. Deux
albums incontournables
chaque mois : une
nouveauté à ne pas rater
et un classique, essentiel à
votre collection.
L A K R O N I K D U R O c K f O O D
consulte
le kiosque
numerique
freepresse.com
Justice IIIII Ed Banger
Because Music
Boucherie Electro. La sortie du premier album du duo parisien se faisait attendre. L’attente
ne fut pas inutile, puisque les fils spirituels des Daft Punk ont fait les choses avec talent et brio
en nous livrant ce somptueux mélange d’électro et de métal rehaussé à la sauce dancefloor. On
retrouve sur cet album les tubes qui ont créé le buzz, Waters of Nazareth, Genesis, qui ouvre
en grandes pompes l’album, Phantom et bien sûr le monumental D.A.N.CE. Ici, le beat est lourd
et les guitares bien crades, le tout avec des accents baroques. Une chose est sûre, cet album
fera date ! Tout comme un certain Homework de leurs aînés, les Daft Punk… Seul hic : on ne
retrouve pas les remixes du duo (N.E.R.D, Franz Ferdinand, Daft Punk, Britney Spears...). Pas
grave, ça reste une véritable boucherie électronique !
The Clash IIIII London Calling
Columbia
Monument du Rock. Voilà, un autre album qui a marqué l’histoire de la musique. Sorti
en 1979, London Calling fait référence à l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, la femme
de fer. Les Clash y abordent des thèmes forts et importants, de la guerre en Espagne, aux
émeutes raciales en Angleterre, à la politique libérale du gouvernement Thatcher ou encore la
dépendance à la drogue. Figure emblématique de la scène rock, le troisième album des Clash
a été reconnu par différents magazines spécialisés comme l’Album rock de ces 50 dernières
années. Même Télérama, c’est pour dire ! Pour moi, ce n’est pas seulement un album rock.
C’est une partouze de rock, ska, reggae, rockabilly et pop ! Un album qui se doit de trôner dans
votre discothèque et que vous réécouterez sûrement dans 10 ou 20 ans. God bless The Clash.
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DR / CULT
Au sein de la « Surf Culture »,
la marque Cult Industries, 100 % du pays
“Down Under“, l’Australie, est rapidement devenue
incontournable grâce à son univers “Rebel
Attitude“ reconnaissable entre tous. Et pourtant,
si on a l’impression qu’aujourd’hui Cult fait
partie de l’inconscient collectif du surf, l’histoire n’est
pas si vieille que ça !
Il y a près de six ans maintenant, le surfeur australien Doug Spong,
59 ans aujourd’hui, a fait le bon choix. Il a tout simplement décidé de
porter la désormais fameuse croix au firmament de la surf industry.
Doug Spong. Un personnage incontournable, véritable pionnier du
surf australien. Surfeur avant tout, Doug ne doit pas son succès à
la chance. Début seventies, il concilie surf et business du côté de
Bali, puis quelque part en Inde. Fin seventies, il laisse sa patte sur la
première ligne de vêtements que sortira Rip Curl, une compagnie où il
restera jusqu’en 1987. Après son passage à Bells Beach et ses eaux
froides, Doug décide de changer de climat et se dirige alors vers des
eaux plus clémentes de la Gold Coast et son ambiance inimitable pour
continuer sa passion du surf et du lifestyle. Histoire de s’occuper entre
deux sessions de surf au paradis, il obtient une licence de Billabong
pour s’occuper de la ligne fringues et accessoires. Succès une fois de
plus, l’histoire durera 14 années cette fois, au bout desquelles Doug
revendra ladite licence à Billa pour un joli paquet de dollars.
Doug profite alors de sa retraite dorée… Et se rend vite compte qu’il
n’est pas encore prêt pour la vie de retraité. Il décide alors d’acheter
“Surf Cult“, une compagnie australienne de lunettes de soleil, la
rebaptise “Cult Industries“ et la transforme en marque de surfwear.
L’aventure ne fait que commencer.
Avec sa philosophie du « Surf Street Fashion » mêlant innovation et
c o m m u n i q u é f r e e p r e s s e
« À chacun sa croix »
20
Chemin de Croix
C u lta i d,
« l e s s u r f e r s u n i s
p o u r l u t t e r C o n t r e
l a pau v r e t é »
Action humanitaire à Nemberala
- Indonésie - Dans le cadre d’un
programme d’aide humanitaire,
Cult a décidé en 2003 de venir
en aide aux populations en
difficulté vivant dans les zones
fréquentées par les surfeurs.
Cult Industries s’est associé à
Opportunity International pour
apporter une aide localisée dans
le village de Nemberala, situé
tout au bout de l’île de Roti,
au large du Timor. Cult a donc
décidé de rendre un peu aux
habitants, et depuis quatre ans,
la marque à la Croix organise
des opérations pour améliorer la
santé, l’accès à l’eau potable et
l’éducation de ces populations.
Un programme appelé à
s’étendre rapidement à d’autres
pays. Plus d’infos sur :
www.cultaid.com
style, le succès est vite au rendez-vous. Un succès auquel son boss,
passionné comme à vingt ans, n’est bien sûr pas étranger. Doug est
tout simplement un amoureux de surf business et pour rien au monde,
il ne se verrait travailler dans un autre milieu : “ j’aime l’industrie du
surf, il s’agit de personnes et de lifestyle. C’est ce qui me permet de
garder la motivation et me rend enthousiaste.” Vous l’aurez compris,
à l’âge de la retraite, Doug ne laisserait sa place à personne. Il faut dire
que depuis les débuts de Cult Industries, il a tout fait pour continuer
à surfer le plus possible. Exemple encore l’année dernière où Doug,
en compagnie de ses associés –tous également “tontons surfers“ à
l’australienne- est parti un mois pêcher et surfer en mer de Corail sur
son remorqueur de 100 pieds, reconverti en bateau de plaisance.
Le tout bien sûr en gardant constamment le contact avec le bureau !
roCk n’ roll Attitude !
e n t r e t i e n a v e C u n p i o n n i e r d e
l a “ s u r f i n d u s t r y “ , d o u g s p o n g
Qu’est-ce qui est si unique chez Cult Industries ?
Là où l’on va ! Cult, c’est tout simplement du lifestyle.
C’est définitivement du fashion et du surf en même temps. Il ne faut
pas nous assimiler aux vieilles entreprises, ni aux routes qu’elles ont
empruntées. Il faut que l’on profite du fait de ressembler à une marque
comme Diesel, Replay ou tout autre marque de sportswear très à
la mode. Nous avons un gros marché qui attend quelque chose de
nouveau maintenant, je pense que c’est la clé de notre succès.
Chaque année, nous arrivons toujours à nous renouveler. Avec mon
équipe, nous évitons de regarder ce qui se fait chez les autres pour
avancer sans barrières, c’est comme ça que l’on se démarque et c’est
ce qui rend Cult si unique. On se voit plutôt comme une petite marque
DR / CULT

fashion de surf qui essaye de percer dans un marché déjà bien installé.
C’est pour ça que nous souhaitons établir des sponsorings en dehors
du surf pro. Ça pourrait très bien être des top models masculins ou des
stars de cinéma, qui sait ?
Des musiciens par exemple ?
Tout ce qui gravite autour du rock est vraiment très très important et
nous gardons toujours ça à l’esprit. On ne peut pas passer à côté et
nous l’intégrons à nos produits, comme à tout ce que nous faisons
globalement. Le Rock n’ Roll, en plus d’être fondamental chez nous,
est un bon moyen d’élargir ses horizons.
Comment envisages-tu la retraite ?
Je n’ai pas de plan pour ma retraite ! Tu crois que je vais aller golfer ?
Non, je reste là où je suis. Je pense que l’industrie est en train de
changer, cette transition est une période fascinante. Pas question de
vivre ça par procuration !
www.cultindustries.com - sales@cultindustries.eu.com
DR / CULT
DR / CULT
3 q u e s t i o n s à C a t h e r i n e
e C o t i e r e , d i r e C t r i C e m a r k e t i n g
C u lt i n d u s t r i e s p o u r l’ e u r o p e
La force de Cult pour s’imposer sur le marché
européen ?
Le produit ! Et puis l’équipe derrière. Les mêmes raisons en fait qui ont
fait le succès de la marque en Australie. Tout repose au départ sur la
qualité des produits et son positionnement “Street Surf“. Ensuite, c’est
l’équipe qui fait le reste, en établissant des relations privilégiées avec
les clients, en offrant le maximum de confiance et de service.
Les objectifs pour l’Europe ?
Ne pas s’éparpiller. Consolider notre position et implanter encore plus
la marque sur le terrain. Cela passe par la constitution d’un team
européen et surtout français, plus important, en travaillant avec des
“calibres“, de vraies personnalités à l’image de Rob Small (surfer
de grosses vagues anglais, spécialiste de Tow-in). Et puis, on a un
programme avec les grommets qui se met en place. On travaille déjà
en relation avec quelques écoles de surf,
la dernière en date est celle du Porge, en
Gironde.
Pourtant, vous n’avez pas de
collection pour les kids… ?
Non, c’est vrai. Mais c’est important d’être
en contact avec la base, être à l’écoute de
ceux qui feront le surf de demain. C’est pour
ça qu’on s’implique avec certaines écoles, ou
encore avec des événements décalés. Comme
avec le “ZarbiTour“ cet été, un événement
snowboard et surf qui se déroule entre Biarritz
et Cauterets, et qui ne ressemble à aucun
autre contest.
FAst And Furious
r e t o u r s u r u n e p r o g r e s s i o n
f u l g u r a n t e
L’aventure de Cult en Europe est encore plus récente. À peine deux ans que la
marque 100 % australo-rebelle est implantée dans l’Hexagone.
Jonathan Gilbert, Directeur Général pour l’Europe, a lui aussi une longue expérience
dans le secteur du surf. De la connaissance du milieu à la gestion d’un réseau de
distribution et de production, il en connaît toutes les facettes depuis plus de 15 ans.
Fort de cette connaissance globale du secteur, et attiré à l’époque par le potentiel
de cette nouvelle marque émergente,
Jonathan se lance et contacte Doug pour
distribuer sa marque.
Le courant passe et Jonathan se laisse
tenter par l’aventure. Depuis l’Angleterre
tout d’abord, puis ce premier essai
transformé, direction l’Europe. Il y a tout
juste 18 mois, Cult Industries inaugurait
ses nouveaux locaux à Biarritz, là où le
surf européen a vu le jour. Pas le temps
de souffler après le déménagement qu’il
faut répondre à la demande d’un réseau
à l’expansion irrésistible. De l’Angleterre
et l’Irlande la première année, le réseau
européen passe à 14 pays en moins de
deux ans !
L e Z a r b i To u r, s u r f s n o w e t g r a f f
d a n s u n e a m b i a n c e 1 0 0 % c u l t .
J o n a t h a n G i l b e r t , A n g l a i s d e n a i s s a n c e ,
A u s t r a l i e n d a n s l ’ a m e e t d e s o r m a i s
F r a n ç a i s d e c o e u r. C u l t S p i r i t !
21
DR / ZARBI TOUR
STEPHANE ROBIN

22
c H R O N I Q U E
C’est la période du break estival sur
le World Tour, Caro en profite pour aller
de boat trip en boat trip afin de produire
de l’image pour ses sponsors…
Et Surftime.
24 juin
Je suis rentrée dimanche soir des Mentawai, c’était
bien top. Désolée pour le retard, mais j’avais pas
mal de mails à dépoter à mon retour…
Mon année continue entre compétitions et trips
photos. Ces deux derniers mois étaient plutôt
consacrés aux trips. La période d’avril à juillet est
une période de repos sur le tour féminin,
des sortes de vacances dans notre dur métier (lol).
Donc depuis ma dernière compétition à Bells, j’étais
“au repos“. Mais pour une surfeuse pro,
il ne faut pas croire que cela signifie rester à
traîner a la maison et mettre les pieds sous
la table, j’ai enchaîné les voyages, pour de la
production d’images cette fois. Après les compètes
australiennes, je change de casquette, la fin du
mois d’avril a consisté à faire un travail de Pompom
girl : j’ai suivi mon chéri sur deux compètes,
en Vendée et en Ecosse. Ce dur labeur a payé vu
que Jean Seb a terminé neuvième en Ecosse sur
l’une des plus grosses étapes du WQS.
Au mois de mai, j’arrive enfin à passer deux
semaine à la maison. Ça fait un bien fou de se
ressourcer chez soi ! Un plaisir rare lorsqu’on est
pro et que l’on savoure à chaque escale. Pour la
fin du mois, j’ai eu le privilège d’être invitée par
O’Neill à bord du magnifique bateau, le Haumana,
lors du O’Neill Mission aux Tuamotu. Une superbe
expérience que de surfer une semaine avec ces huit
surfeurs, tous envoyaient des manoeuvres toujours
plus puissantes et aériennes. J’aurais bien aimé
qu’Amandine Sanchez soit de la partie, parce que
j’étais la seule fille, mais pour le reste, c’était top.
À peine rentrée de Fakarava, je suis partie en trip
aux Mentawai pour la première fois de ma vie. On
était une super équipe (Arthur Bourbon, Vincent
Duvignac, Marc Milliene, Marc Lacomare, Michel
Bourez, Fabrice Gelez, Jean Seb et moi) et on
était accompagnés par deux supers photographes
Laurent Masurel et Damien Poullenot. L’ambiance
était tout simplement géniale à bord du bateau.
Cette fois encore, j’étais la seule fille à bord, mais
je connais bien tous ces mecs, ils sont tops. Et puis
cette fois, il y avait mon chéri... Que du bonheur !
On n’a pas eu des vagues idylliques comme on voit
dans les vidéos, mais on a surfé tous les jours des
vagues incroyables. Les paysages sont magnifiques
et la culture locale tres intéressante. La semaine
passe trop vite, et c’est déjà le retour vers la France.
À bientôt
Caro.
A u t o p o r t r a i t p e n d a n t s o n p r e m i e r
b o a t t r i p a u x M e n t a w a i . L a p ê c h e e t l e
s o u r i r e , J e a n S e b e s t s u r l e b a t e a u !
La coLonne a caro
À p e i n e r e n t r é e d ’ u n b o a t t r i p a u x M e n t a w a i , C a r o n o u s l i v r e s o n
d é s o r m a i s t r a d i t i o n n e l c o m p t e - r e n d u d e s e s d e r n i è r e s p é r é g r i n a t i o n s .
D.R.

c H R O N I Q U E
L’heure de La reLève a sonné
C l a s h d e s générations p o u r l e s 1 0 a n s d e l a K a n a M i s s C u p
c i - c o n t r e : J u s t i n e
e t L e e A n n , l a
n o u v e l l e g é n é r a t i o n
s ’ i m p o s e …
c i - d e s s u s : l a j e u n e
C a n a u l a i s e , J u s t i n e
D u p o n t , s ’ i m p o s e e n
L o n g b o a r d .
Shortboard
1 Lee Ann Curren
2 Marie Pierre Abgrall
3 Emmanuelle Joly T.
4 Charlotte Caton
Longboard
1 Justine Dupont
2 Claire Karabatsos
3 Claire Dereux
4 Cristiania Pires (Brésil)
© DAMIEN POULLEENOT/ASP
Du 18 au 20 mai dernier se déroulait la 10 ème édition de
la Kana Miss Cup à Anglet, épreuve réservée aux filles et
regroupant deux disciplines, un WQS 1 étoile en shortboard et
un WLT 3 étoiles en longboard. L’élite européenne féminine
s’était ainsi donné rendez-vous pour ouvrir la saison 2007,
dans une ambiance très « Kana Beach » ; avec dégustation
des traditionnelles crêpes au son de la house music qui
rythmait les séries de nos charmantes compétitrices. Sous un
ciel couvert mais avec des vagues parfaites et lisses d’1m50,
la nouvelle génération rafle tous les honneurs et se lance
sans complexe à la conquête de l’Europe.
En shortboard, le gratin du continent s’était donné rendezvous.
Le choc des générations était annoncé. Marie-Pierre
Abgrall, ancienne du ASP Women’s Word Tour en 2002,
multiple championne d’Europe, Emmanuelle Joly-Thomas,
championne d’Europe et leader de l’essor du surf européen
féminin de ces dix dernières années, étaient prêtes à
affronter la relève. Une relève emmenée par la surfeuse
du top 16 WCT, Caroline Sarran, la nouvelle génération
semblait s’être préparée pour marquer un tournant pour le
surf féminin français et européen.
Lee-Ann Curren, championne ASP Europe junior en 2006,
était arrivé avec cette nonchalance qui lui est propre, mais
non moins déterminée que ses adversaires à remporter
le premier stop du circuit féminin ASP Europe 2007. Et
indiscutablement il faudra compter avec elle, « la fille de »
semble définitivement avoir passé un cap au cours des
derniers mois. Au milieu des 32 filles en course pour le titre
et les $ 2 000 de prix pour la Miss Kana de l’année, le choc
des générations avait donc tout pour être au top. On ne
fut pas déçu. Aux côtés d’Alizée Arnaud, vice championne
ASP Europe junior 2006, Lee Ann annonçait la couleur dès
sa première série en obtenant un 8,5 sur 10 pour marcher
confiante vers les quarts de finales où elle n’allait faire
qu’une bouchée d’Alizée Arnaud. Ne restait plus que la
néo-zélandaise Hareb Page comme surfeuse internationale
à atteindre le dernier jour de compétition.
Pendant ce temps-là, les autres Françaises cartonnent
également. Marie Dejean, en pleine ascension à 15 ans
seulement, et l’efficace et toujours très en forme Marie-
Pierre Abgrall éliminent dès les quarts de la championne
d’Europe en titre Adelina Taylor. De son côté, Pauline Ado,
championne du monde ISA 2005, atteint les demi-finales
mais tombe face aux reines Lee Ann et Marie-Pierre qui
taillent les murs lisses des Cavaliers à grands coups de
dérives pour atteindre le dernier carré. De l’autre côté
du tableau, Charlotte Caton et Emmanuelle Joly-Thomas
éliminent Estitxu Estremo et la surprise néo-zélandaise,
pour rejoindre les deux autres françaises pour l’ultime
bataille. En finale, les vagues d’1m50, lisses offrent des
sections à tube et quelques tremplins, Joly-Thomas
s’envolant à deux reprises pour contrer la radicalité de Lee
Ann Curren, qui malgré tout confirme son statut de relève
et leader du surf européen.
Côté longboard, après quatre années de domination,
la locale Claire Karabatsos avait fait le non déplacement,
avec toujours cette même décontraction et son style,
toujours parmi les plus beaux du monde. Auréolée de son
incroyable troisième place aux Championnats du Monde
ROXY ASP de longboard féminin en 2006, Karabatsos
était attendue au tournant. Là encore, une nouvelle vague
est apparue, la Kana Miss Cup révélant ainsi Justine
Dupont, 17 ans, venue de Lacanau. Elle n’est pas la seule
Canaulaise a briller, puisque Claire Dereux la rejoint en
finale, aux côtés de la favorite Karabatsos et d’une illustre
inconnue « do Brasil », Cristiana Pires. Avec des bottomturns
d’anthologie et des re-entries verticaux au niveau
de certains de ses homologues masculins, Justine Dupont
survole ce WLT 3 Star, et gagne au passage son ticket pour
retrouver dès le 8 juillet les meilleures longboardeuses à
Biarritz pour le Roxy Jam.
La Kana Miss Cup 2007 marque une nouvelle étape dans
l’évolution du surf féminin européen, entre surf classique
et radicalité le choc des générations a bien eu lieu et le
flambeau a changé de mains. Lee Ann Curren et Justine
Dupont montent sur la plus haute marche du podium, et
peuvent sereinement préparer la suite de l’année.
En espérant les revoir très bientôt briller dans leur
discipline respective au plus haut niveau.
GREG PUGET
© DAMIEN POULLEENOT/ASP
23

2
P O R T R A I T
Q u e d e c h e m i n
p a r c o u r u d e p u i s l e s
p r e m i è r e s p r i s e s
à M a v e r i c k , a u s s i
b i e n p o u r l e d u o
d e r é a l i s a t e u r q u e
p o u r l a s u r f e u s e
S a r a h G e r h a r d t .
C i - c o n t r e :
E l i s a b e t h
a u t r a v a i l à
O c e a n B e a c h ,
S a n F r a n c i s c o
©
P e t i t s u r f à
S a n t a C r u z
p o u r E l i s a b e t h
D.R.
SACHI CUNNINGHAM
PAUL FERRARIS

P O R T R A I T
une histoire
de Femmes
Elisabeth Pépin a encore du mal à y
croire. C’est pourtant bien One Winter
Story, le documentaire aux ambiances
froides et sombres qu’elle a réalisé sur la vie
de Sarah Gerardt, l a p r e m i è r e f e m m e à
a v o i r s u r f é M a v e r i k , qui remporte l’Aileron
d’Or lors du dernier festival international d u f i l m
d e s u r f d e S t J e a n d e L u z .
L’histoire n’était pas gagnée d’avance, tant les films de
surf qui parlent des femmes sont rares, et de surcroît
ceux réalisés par des femmes. Encore plus rares sont
ceux qui méritent une palme… « Le jury a sans doute été
sensible à la beauté de ce film, je ne m’y attendais pas ».
Surftime l’a rencontrée juste avant qu’elle ne rentre chez
elle aux États-Unis.
« Mon mari est vraiment tendu en ce moment, dit-elle,
il stresse à fond dès qu’il faut prendre l’avion. C’est vrai
qu’il n’y a pas si longtemps on a vécu un atterrissage
d’urgence juste après le décollage, avec les réacteurs
en flammes ! » On dirait bien qu’il en faut d’avantage
pour impressionner cette femme plutôt grande, née en
Californie en 1964, et qui compte à son actif vingt-cinq
années de photographie et plusieurs documentaires
engagés à son actif. Ses films, tel Costal Watch sorti
en novembre 2004, ont été réalisés dans des endroits
très divers, allants des côtes californiennes jusqu’aux
quartiers chauds de New York ou de San Francisco.
Originaire de Palo Alto, au nord de la Silicone Valley,
elle commence le surf à 22 ans, sur une planche donnée.
À l’époque c’était encore un défi de se jeter dans les eaux
froides de Californie du Nord, et les femmes au line up
étaient plutôt une espèce rare ! Passées ses études de
journalisme, elle s’est lancée dans le documentaire, genre
qui lui réussi presque immédiatement puisque milieu
des années 90, elle se retrouve engagée par la chaîne
PBS. C’est ce regard de journaliste, mêlé aux influences
de la directrice artistique de ses films, Sally Lundburg,
qui font le style de One Winter Story. Mêlant éclairage
journalistique montrant crûment une réalité parfois
difficile et moments plus suggérés mais toujours entourés
d’une aura assez lourde, l’ensemble nous transporte dans
un quotidien assez extrême, celui de Sarah Gerhardt.
C’est en 1999 qu’Elisabeth découvre l’histoire de Sarah
et que Sally la pousse à en faire un film. Elisabeth se
laisse séduire par l’idée et sans soutien de l’industrie
du surf. Rapidement, c’est toute la communauté locale,
principalement des surfeurs originaires de San Francisco
qui fournira le financement nécessaire. Elisabeth se
souvient de ces moments où un véritable soutien pour le
film prenait corps : « on organisait des fêtes chez nous où
tout le monde venait, et finalement grâce à ce système,
on a pu récolter suffisamment d’argent pour tourner ce
film. »
Depuis toujours intéressée par les amateurs, que ces
soit ceux qui surfent pour le plaisir, ou ceux qui vont
à l’eau pour donner un sens à leur vie, la réalisatrice
s’est toujours passionnée pour le surf au féminin,
photographiant tout au long de sa carrière aussi bien
les professionnelles que les surfeuses amateurs. « Sally
et moi nous sommes beaucoup intéressées aux raisons
qui poussent les gens à surfer. Pour les pros, c’est
évident, ils sont payés pour ça, mais pour les autres... ? »
Inévitablement, le fil conducteur de ce documentaire
est purement existentiel « la vie est dure et le surf est
un moyen de trouver la paix » rappelle Elisabeth. Surfer
des vagues géantes est un défi personnel. Pour Sarah,
c’est devenu une raison de vivre, qui l’a conduite sur un
chemin qui lui permettra de s’affranchir de son enfance.
« L’enfance de Sarah était si contraignante, qu’il lui a fallu
quelque chose d’extrême pour oublier tout ça, et on fait
difficilement plus extrême qu’une vague de 50 pieds. »
À l’image de l’héroïne de son film, Elisabeth surfe la
vague des possibles, en essayant de suivre sa voie au
fils de ses projets. Elle continue de surfer aussi souvent
qu’elle le peut dans les alentours de San Francisco,
en compagnie de son mari et aussi parfois avec Keala,
le chien de la famille ! En parallèle de la promotion de
One Winter Story, elle poursuit son travail de photographe
et de documentariste auprès des communautés de San
Francisco.
Stéphane Robin.
One Winter story sera
disponible en DVD en
Europe à partir du mois
de septembre, avec des
sous titrages français et
espagnols.
avec Elisabeth Pepin
réalisatrice de One Winter Story
Quelles ont été les personnes les
plus influentes lors da la réalisation
de ce film ?
« Ma partenaire Sally, c’est elle
qui a eu l’idée. Et puis aussi Jay
Moriarty*. Il a été un peu notre guide
spirituel dans ce monde d’homme, où
personne ne nous prenait au sérieux.
Il nous a guidé dans la pensée Zen.
C’est vrai qu’on en avait besoin. Les
premières fois où l’on est allé filmer à
Maverick, ce fut extrêmement difficile.
Ce froid, ces vagues énormes qui
glacent le sang… Je me souviens
qu’on en est revenues en pleurant ! »
Vous surfez également des grosses
vagues ?
« Les grosses vagues, ça me fait
peur ! Pour moi, 3 mètres, c’est le
bout du monde ! À cette taille, j’ai
les genoux qui tremblent. C’est sans
doute pour ça que les surfeurs de
vagues géantes m’intriguent ! La plus
grosse vague de ma vie, je l’ai prise
à Pleasure Point, Sally me filmait ce
jour-là, mais au moment où je suis
partie sur la plus grosse, elle ne
regardait pas. Par contre, je n’ai pas
oublié ! »
Vu de l’autre côté de l’Atlantique,
quelle impression avez-vous du surf
féminin made in Europe ?
« Il y a beaucoup de magazines
de surf pour les filles, c’est
impressionnant. Aux USA, on n’en
a pas autant, d’ailleurs il n’y en a
pratiquement aucun. Je n’ai pas eu
beaucoup le temps pour aller à l’eau,
mais j’ai vu pas mal de filles avec des
planches, c’est bien et j’espère que
la récompense obtenue par mon film
aidera le surf féminin à se développer
un peu plus. »
* Disparu en 2001 à l’age de
23 ans, Jay Moriarty restera
à jamais dans la mémoire
collective du surf pour son
engagement sur la vague
de Maverick et sa maîtrise
du longboard, allié à une
approche épurée et humble de
sa vie de waterman accompli.
25

26
I N T E R V I E W
C a r o l i n e p e n d a n t s o n a n t é p é n u l t i è m e
b o a t t r i p . U n e s e m a i n e a u x Tu a m o t u e n
c o m p a g n i e d e h u i t s u r f e r s p r o .
STÉPHANE ROBIN
TIMO JARVINEN / O’NEILL

I N T E R V I E W
Amandine Sanchez et Caroline Sarran, e x c e l l e n t e s
s u r f e u s e s , s o n t t o u t e s d e u x o r i g i n a i re s d ’ A n g l e t . Malgré des
parcours différents, les deux Angloyes sont depuis longtemps
devenues inséparables. Copines dans la vie comme sur le circuit WQS,
elles nous livrent l e u r s p e t i t s s e c r e t s s u r l a v i e d e
p r o s u r f e u s e .
Dans la vie, vous êtes super amies ; et sur le tour, ça tient aussi ? La compétition
n’a pas tendance à pousser à l’individualisme ?
Caro : La vie sur le tour est assez difficile, surtout lorsqu’on ne rentre pas chez soi
pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Je ne sais pas si j’aurais tenu le coup
sur le WQS sans Amandine. Malgré la rivalité dans l’eau, l’équilibre se construit à terre,
avec les gens qui nous entourent.
Amandine : On se connaît depuis super longtemps, on vient du même endroit, et on
a partagé plein de trucs ensemble. Quand on était toutes les deux sur le WQS, c’était
super de faire les mêmes compétitions. Plutôt que de nous confronter, c’est même le
contraire qui s’est passé, cette expérience commune en compétition nous a encore plus
rapprochées.
En reprenant depuis le début, les vôtres : vous avez commencé le surf ensemble ?
Caro : Je crois que j’ai commencé six mois avant Amandine avec mon père, mais je ne
me souviens plus très bien de notre première session ensemble !
Amandine : Moi, je m’en souviens parfaitement, c’était au VVF, et on a d’ailleurs passé
plus de temps à parler qu’à surfer !
La culture surf, c’est un esprit de famille ? Qui vous a donné envie de vous jeter à
l’eau ?
Caro : Dans ma famille, tout le monde fait du surf. Mon père m’a mis à l’eau quand
j’avais six ans, et depuis j’ai rien lâché !
Amandine : Chez moi, à part mon frère, ma famille n’a rien à voir avec le surf, ils ne
m’ont jamais poussée dans cette direction. J’y suis venue avec Caroline, elle me prêtait
des planches. J’adore voyager et le surf, c’est un peu un voyage ! Mon frangin ne faisait
pas de compètes, mais il passait pas mal de temps dans l’eau, donc j’ai eu envie de faire
pareil !
Vous imaginiez à vos débuts que vous deviendriez professionnelles un jour ?
Caro : Moi, je savais déjà que ça serait important, j’ai fait des compétitions très vite, je
savais qu’après le Bac je n’irais pas à la fac. J’aime vraiment la compétition, je voulais
gagner, mon père m’a pas mal poussée aussi, mais au fond de moi, je sais que c’est ce
que je voulais faire !
Amandine : Pour moi, c’était moins évident. Je ne me suis jamais demandée si j’allais
devenir pro un jour, je ne voyais pas ça comme un métier, d’ailleurs je m’étais dirigée vers
autre chose pendant pas mal d’années. En fait, pendant cinq ans, je me suis concentrée
sur la coiffure, ma seconde passion ! J’ai passé mon CAP à Jorlis (Anglet) et mon Brevet
Professionnel à l’île de la Réunion. Et j’espère bien plus tard ouvrir mon salon.
La vie sur le WQS est souvent décrite comme
plutôt infernale par rapport au WCT, c’est un
rêve d’accéder au dream tour ?
Caro : C’est vrai que le WCT c’est autre chose, on
surfe des vagues de reef. Comme il n’y a que seize
surfeuses en lice sur le Dream Tour (plus de soixante
girls sur les grosses étapes féminines du WQS), on
n’a besoin que de deux jours pour boucler le truc.
Donc sur le temps que dure la waiting period, on
a le luxe de ne pouvoir choisir que les meilleures
journées. C’est plus relax et c’est paradoxal, mais
malgré des enjeux plus importants, je ressens
moins la pression. Sur le WCT, on attend vraiment
les conditions parfaites alors que sur le WQS, il faut
surfer dans n’importe quelles conditions sur des
beach breaks pas toujours terribles.
Amandine : C’est vrai surtout pour les mecs, c’est une vie de dingue de suivre le WQS.
Pour les filles, c’est un peu différent, on a moins de compétition, le rythme est moins
soutenu ; on est bien contente de pouvoir rentrer un peu à la maison. On arrive à prendre
du temps pour nous, ce qui est presque impossible pour les mecs ! Pour moi, c’est
toujours un rêve d’aller sur le WCT. Mais déjà, je sais que j’ai énormément de chance de
faire ce que je fais en suivant le WQS !
Les Françaises ont mis du temps à s’imposer en compétition, mais aujourd’hui
tout a changé, le doute s’est même installé chez les Australiennes ! Les Françaises
peuvent gagner ! Comment l’expliquez- vous ?
Caro et Amandine : Je pense qu’avant, on manquait surtout de confiance en nous,
garçons ou filles c’était le cas des Français en général. Et puis le passage de Miky
Picon sur le WCT a montré que c’était possible. Maintenant avec Jérémy Flores, on est
carrément décomplexé. On sait désormais grâce à eux deux qu’on a autant de chances
que les autres. Et ça, c’est énorme ! C’était une barrière psychologique à dépasser.
Quelles sont les surfeuses professionnelles qui vous ont le plus influencées ?
Caro : Inévitablement, Layne Beachley, pour son professionnalisme et sa carrière.
Amandine : Ma pote Marie-Pierre Abgrall pour les Françaises, Chelsea Hedges, Silvana
Lima et tant d’autres.
grâce à votre vie de surfeuse pro, vous avez eu la chance de connaître quelquesuns
des plus beaux endroits de la planète. Quel serait votre Best-of ?
Caro : En premier c’est ici, en France. La côte au sens large, du pays Basque aux
Landes, c’est à la maison qu’on est le mieux ! En second, je mettrais Snapper Rock sur la
Gold Coast australienne, et ensuite les Maldives.
Amandine : Pareil, Anglet, mon chez moi ! Enfin chez nous quoi ! Ensuite, j’aime
beaucoup la Réunion. Et puis bien sûr, dans mon top trois, il y a Hawaii, c’est vraiment un
endroit magique que j’apprécie énormément.
Et si on vous proposait d’aller où vous voulez sur la planète, vous iriez où ?
Caro : On fait déjà beaucoup de voyages, pour moi ça serait les Mentawai. Mais mis à
part le spot, ce qui importe c’est les gens avec qui on voyage, si la vibe est mauvaise,
on a beau être sur le plus bel endroit du monde, ça casse le trip !
Amandine : Moi, quelle que soit la destination, je suis partante. J’adore voyager, partout.
Je reviens juste de Tahiti, et j’y étais déjà il y a trois mois. On est tellement bien là-bas
que je n’attends qu’une chose, c’est d’y retourner !
Propos recueillis par Stéphane Robin.
Binôme
sarran-sanchez
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“I use the K-3 for down the line waves and long turns.
I’ve been on this set of K-3 front fi ns for over three
years, and they’ve been my magic set.”
- Kelly Slater

2006
2005
1998
1997
1996
kelly slater’s new fi ns
1995
1994
1992

G3
GROM
BEC by Rebecca Woods
don’t be a monkey. stick with Gorilla Grip.
ASHER PACEY
BATSKULL by Ozzie Wright
JAMIE O
LUKE STEDMAN
Gorilla
Grip
07
TEAM BASQUE
G4
FISH TAIL STRIKER
ACE by Adrian Buchan

un voyage
aux sources du surF
Tahiti et la Polynésie ont toujours exercé une certaine fascination sur les hommes. Q u ’ i l s f u s s e n t s u r f e r s o u n o n .
LA DISTAnCE fAIT DE CES îLES Un DES DERnIERS REfUgES QU’On IMAgInE
SEMbLAbLE À L’EDEn DU SURfER. VégéTATIOn LUxURIAnTE, VAgUES
PARfAITES, LAgOnS TURQUOISE PEUPLéS DE POISSOnS MULTILCOLORES,
TOUTE LA PALETTE DE LA CARTE POSTALE SEMbLE RéUnI
En Un SEL ET MêME LIEU. Un ESPACE EnCORE PROTégé
ET QUASI InTACT, QUAnD On S’éLOIgnE DES PRInCIPALES
DESTInATIOnS. CARTE POSTALE OU RéALITé ? L’OCCASIOn
éTAIT TROP bELLE, TROP TEnTAnTE POUR nE PAS ALLER
VOIR SUR PLACE. D’AMAnDInE SAnCHEZ, QUI SE VERRAIT
bIEn En TAHITIEnnE D’ADOPTIOn AUx HUIT PARTICIPAnTS
DU O’nEILL MISSIOn TUAMOTU ; TOUS LES SURfERS QUI
OnT EU LA CHAnCE DE TEnTER L’ExPéRIEnCE VOUS LE
DIROnT : Un TRIP SUR LES îLES POLYnéSIEnnES n’EST
PAS Un TRIP COMME LES AUTRES. DE L’AMbIAnCE À L’EAU,
LA gEnTILLESSE DES gEnS, DE LA nATURE EnCORE PRéSERVéE,
On RETIRE TOUS QUELQUE CHOSE D’Un TEL VOYAgE, Un VOYAgE
AUx SOURCES DU SURf. ALORS LE JOUR Où L’OCCASE SE PRéSEnTE,
n’HéSITEZ PAS.
Des infos ?
Des interviews ?
Des vidéos de surf ..?
L e j o u r s e l è v e s u r F a a ,
l ’ a é r o p o r t d e P a p e e t e .
REGARDE
TIMO JARVINEN / O’NEILL
PUBLICITE
photo: DIMULLE

3
T R I P
petite compét’
entre amis
L e O ’ N e i l l Mission f a i t e s c a l e s u r l e s vagues vierges des T u a m o t u
surfers, un bateau, une armada de photogs et cameramen,
et une mission : explorer des vagues vierges tout en
inventant un nouveau format de contest.
POUR CETTE DEUxIèME AnnéE, VOUS COnnAISSEZ DéSORMAIS LE
PRInCIPE. LA PREMIèRE MISSIOn, AYAnT SERVI DE TEST gRAnDEUR
nATURE POUR VALIDER LE COnCEPT, AVAIT Un PEU LAISSé DE CôTé…
LE CôTé ExPLORATIOn JUSTEMEnT. DU COUP, LES ORgAnISATEURS,
En LA PERSOnnE DE bERnAHRD RITZER (O’nEILL) ET MATT WILSOn
(EVEnT DIRECTOR), n’OnT PAS HéSITé LOngTEMPS AVAnT DE PREnDRE
LA DéCISIOn DE RETOURnER DAnS LES EAUx CHAUDES DU PACIfIQUE
SUD. fInI LE TOUR DES PLUS bEAUx SPOTS DE TAHITI, CETTE fOIS-CI
LA MISSIOn ALLAIT S’EnfOnCER Un PEU PLUS LOIn DAnS LES EAUx
TURQUOISES, À LA RECHERCHE DE VAgUES QUASI VIERgES. DIffICILE
DE TROUVER PLUS ATTIRAnT QUE LES TUAMOTU ET LEURS… MOTU,
CES ATOLLS éVIDéS En LEUR CEnTRE, LAISSAnT PLACE À Un LAgOn
géAnT EnTOURé PAR UnE CEInTURE DE CORAIL.
REnDEZ-VOUS EST DOnné AUx HEUREUx PARTICIPAnTS DU O’nEILL
MISSIOn fIn MAI, QUELQUE PART DAnS LE PACIfIQUE SUD.

Patrick Beven. Faaite, passe de Teporioha
« En dehors de la compète et des dollars à rafler, le O’Neill Mission a surtout été un
incroyable moyen de progresser et de s’entraîner. C’était le top. On se parlait entre
nous, on s’expliquait les défauts qu’on avait vu quand un pote surfait. Et après, avec
les séances vidéo le soir sur le Haumana, c’était parfait pour mieux comprendre
ses lacunes et améliorer son surf dès le lendemain. Au final, ce fut une super
expérience et une très bonne préparation pour le WQS des Maldives qui enchaîne
juste après, et qui lui aussi se déroule sur des vagues de reef. Les vagues qu’on a
surfées aux Tuamotu étaient vraiment tendues et techniques. Après l’appréhension
du premier jour, - j’ai pas pris une vague ce jour-là ! - la confiance est venue petit
à petit. C’est parfait pour les étapes difficiles du tour WQS, telles les Canaries et
Hawaii. On a tous progressé, pris de l’assurance pour surfer plus détendu sur les
vagues de reef. »
35
O’NEILL / BERNHARD RITZER

O’NEILL / BR
36
Fakarava / Passe de Tetamanu
Lundi 28 mai 07. 13 heures. Deuxième journée du o’Neill Mission ii
Tout le monde est tendu. Les surfers surtout. Un meeting est programmé pour
14h30. Le but de cette réunion : fixer les règles de ce contest qui n’en a pas
encore. Et accessoirement, désamorcer le conflit latent. Après une journée de
chauffe, la Mission vient de vraiment commencer. Et la révolte gronde déjà.
Pourtant, tout le monde est au paradis, en plein Pacifique Sud, à quelques
450 kms de Tahiti, sur un yacht de luxe de 38 mètres de long, le Haumana.
Nous sommes à Fakarava, le deuxième plus grand motu de l’archipel des
Tuamotu. Autant dire dans le jardin d’Eden version surfer. Un petit coin de
Bounty, sans téléphone, sans liaison internet haut débit, loin de toute civilisation
(ou presque), bref loin de tout stress. Et pourtant les surfers font la gueule !
Good morning Tahiti. Deux jours plus tôt.
Une bonne vingtaine d’heures d’avion depuis Paris pour rallier Papeete au petit
matin. Le soleil se lève au moment même où nous embarquons dans l’ATR 42,
le bimoteur qui nous emmènera jusqu’à l’aéroport de Fakarva. La lumière
splendide nous ôte à elle seule toute la fatigue du voyage. Good morning Tahiti
dans toute sa splendeur. Deux heures plus tard et un petit survol du Pacifique
plus loin, deux speed boats nous attendent pour rallier le Matai, l’hôtel où les
surfers venus d’Hawaii ou d’Europe convergent tous, pendant que le Haumana
fait route par la mer depuis Tahiti. La première journée sera consacrée à
l’adaptation à la vie locale : buller les pieds dans l’eau en sirotant un cocktail
de fruits frais (ça dépend pour qui, les fruits frais). L’eau, cristalline, frise les
30° dans le lagon, « quel est le con qui a monté le thermostat et qui a mis
trop de chlore dans la piscine ? » En train de nager au milieu d’une foultitude
de poissons lagunaires, difficile de ne pas se croire enfermé dans une carte
postale. Le temps s’arrête. Le lendemain, le Haumana mouille devant le ponton
du Matai. Un des trois speed boats de ce véritable hôtel flottant s’occupe du
transfert. La classe ! Direct du “dream resort“ au “love boat“, la carte postale
magique continue de défiler. Lever d’ancre devant le reste des rares touristes
médusés de voir des surfers au look… de surfers dans “leur“ hôtel quatre
étoiles. Direction Tetamanu, la passe Sud (il n’y a que deux passes à Fakarava,
la Nord, la plus grande passe de Polynésie, et la Sud. Pas dur de se repérer).
La nuit est déjà tombée quand nous rejoignons le mouillage. Il faudra attendre
le lendemain pour découvrir pleinement le spot entraperçu lors d’un coucher de
soleil d’un autre monde.
J a r r a d H o w s e , c o m m e
l e s a u t r e s , p r o f i t e r a d e
c h a q u e s e s s i o n j u s q u ’ à
l a t o m b é e d e l a n u i t e t
d e s c o u c h e r s d e s o l e i l
d ’ u n a u t r e m o n d e .
O’NEILL / BR
T R I P
L.M.
Passe de Tetamanu
Lundi 28 mai. 07 heures. Le soleil est déjà levé depuis un bon bout de
temps quand tout le monde embarque en direction de la passe, à quelques
encablures de notre mouillage. Avec ses îlots parsemés constituant le
squelette du Motu à cet endroit, ses bungalows posés sur pilotis, reliés entre
eux par des petits pontons, tout accentue encore l’impression de vivre un film
publicitaire ventant les avantages de ce coin de la Polynésie. Une improbable
église (la plus vielle de Polynésie !) marque la fin du reef et le début de la
passe de Tetamanu (également appelée Tamakohua) et ses deux vagues,
ultime étape de cet interminable périple. Une gauche, une droite, nickel.
Sauf que… sauf que… le spot a fonctionné au top les trois semaines
précédant notre arrivée. Et depuis deux jours, un changement dans
l’orientation de la houle rend les vagues moins paradisiaques. Pour couronner
le tout, un petit vent offshore vient hacher le spot. La première session
commence tout doucement. Les surfers décident de tenter le coup sur la
droite. Pas évident de prendre sa première vague. Forts de leur statut de
locaux, Manoa Drollet et Michel Bourez ouvrent le bal. Mais la tension est
palpable. Patrick Beven avouera un plus tard ne pas avoir pris une seule
vague lors de cette session, paralysé par l’engagement de cette méchante
droite. À cause de la mauvaise orientation de la houle, les vagues déferlent
sur un récif quasi à sec. Tendu. À la moindre chute, le risque est bel et bien
là de jouer au steack haché, ce qui ne serait sans doute pas pour déplaire
aux deux trois requins gris qui hantent la passe. Plus d’une fois, les surfers
tapent un ollie en plein ride pour éviter une patate apparue au dernier
moment. Ne s’agit pas non plus de rater sa sortie. L’hôpital le plus proche est
à trois heures de bateau et deux heures d’avion. Bref, du take off au retour
au line up, c’est tout sauf
une partie de plaisir. Le
retour au catamaran pour
recharger les batteries est
morose. Patates, courant,
vent on shore, take-off
à sec, les surfers font
la gueule. Pendant ce
temps-là, 450 kms plus
loin, Teahupoo déroule à la
perfection…
Lundi 28 mai. 14h30.
C’est l’heure du meeting.
Programmé pour faire le
point sur les différentes
possibilités de juger le
surf de la semaine à venir, l’ordre du jour est quelque peu chamboulé par
la mauvaise humeur ambiante. Les surfers rêvent de surf… de rêve, et
les conditions, en plus d’être très moyennes, sont dangereuses. Tant de
bornes et un tel déchaînement de logistique pour du surf à moitié pourri,
les surfers sont à deux doigts de remettre en question le choix du spot
pour cette mission. Pourquoi ne pas être restés sur Tahiti, où les conditions
s’annonçaient bonnes pour toute la semaine ?
C’est à Matt Wilson, le “contest director“ d’entrer en scène et de mettre les
choses au point : la Mission est avant tout faite pour explorer des vagues
où aucun contest n’a jamais encore eu lieu ! Bernhard Ritzer, “inventeur“
du concept chez O’Neill enfonce le clou : « tout tourne autour de l’idée
d’expérimenter, essayer des choses nouvelles, de nouveaux formats sur
de nouveaux spots. Après Tahiti l’année dernière, malgré tout l’attrait des
vagues de l’île, The Mission se doit de changer de spot ». Et les Tuamotu,
chaudement recommandées par nos guides, Raimana Van Bastolaer et
Arsène Harehoe, semblaient la destination idéale pour amener ce freecontest
sur des vagues world class restées quasiment vierges. Il aura suffit que la
houle tourne un peu et que le vent se lève au mauvais moment pour gâcher
le début de la seconde édition de ce freecontest, mais il n’y a qu’à attendre
que la chance, comme le vent, ne tourne. En attendant, Matt Wilson amène
une précision supplémentaire aux huit surfers : pas question de se partager
de manière égale les 50 000 $ de prize money. Pour profiter au mieux du trip,
p e t i t e c o m p é t ’ e n t r e a m i s

Justin Munjica. Faaite, passe de Teporioha
« C’est sympa, j’ai l’impression d’être un freesurfer, un de ces gars qui passe son
temps à courir le monde à la recherche de nouvelles vagues, de spots inexplorés. C’est
vraiment quelque chose de nouveau. Même Manoa ou Michel, qui sont pourtant du coin,
ne sont venus par ici qu’une ou deux fois avant que la Mission ne commence. »
CARLOS PINTO
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3
les surfers avaient émis ce souhait, histoire de se retirer un peu de pression.
Matt est catégorique. Malgré son côté innovant, nous sommes bien sur un
contest. Et il y aura bien un vainqueur, qui repartira plus lourd de 25 000 $
dans ses poches, une fois la Mission terminée. Une compétition oui, mais
sans sa brochette de juges, son chef juge, sans ordinateur ni système de
notation. Le vainqueur sera élu par les surfers et eux seuls. Voilà pour les
fondamentaux à respecter. Le décor de la Mission est planté.
Lundi 28 mai. 15h30. Deuxième session de la journée. Ça y est !
The Mission is ON. Pour de vrai. Il aura suffi que la houle grossisse et change
légèrement d’orientation, tout comme le vent ; qu’Arsène et Raimana décident
de passer de l’autre côté de la passe, sur la gauche, pour que l’ambiance
change radicalement. Les vagues sont de plus en plus propres au fur et à
mesure qu’on avance vers la nuit. En fin de journée, c’est l’apothéose.
Les surfers ont pris leurs marques et s’en donnent à cœur joie pendant qu’une
F a k a r a v a s e r a b i e n t ô t
c l a s s é e r é s e r v e U N E S C O
d e l a b i o s p h è r e . L e s h a b i -
t a n t s o n t p r i s l e u r d e s t i n
e n m a i n p o u r q u e l e u r m o t u
n e s e f a s s e p a s e n v a -
h i r p a r l e s i n v e s t i s s e u r s
é t r a n g e r s e t n e d e v i e n n e
u n n o u v e a u B o r a B o r a
( a t o l l p a v é d ’ h ô t e l s d e
l u x e , q u i o n t n o t a m m e n t
p e n d a n t l o n g t e m p s p r i v é
d ’ e a u l e s h a b i t a n t s l o c a u x ,
t o u t é t a n t d é t o u r n é p o u r
l e s b e s o i n s d e c o m p l e x e s
à t o u r i s t e s ) .
T R I P
lumière d’un coucher de soleil comme seule la Polynésie sait en offrir, illumine
les dernières figures des surfers. La good vibe est perceptible depuis les
bateaux au mouillage. Dès cette première “vraie“ session, Ian Walsh,
Clay Marzo, Michel Bourez et Manoa Drollet se détachent du lot. Il semble clair
que la connaissance des reefs polynésiens va rendre les Tahitiens difficiles à
battre dans leur jardin. Et que seuls les Hawaiiens, habitués eux aussi à ces
vagues méchantes, seront à même de contrer l‘hégémonie des locaux. Envolées
les interrogations et les doutes de la matinée. Une chose est sûre,
ce format de compétition permet aux surfers de donner le meilleur d’eux-mêmes.
Ils se font plaisir, ça se voit et ça se sent, le spectacle n’en est que meilleur.
Michel Bourez, qui dès cette première journée s’affiche comme un sérieux
prétendant au titre, résume bien l’ambiance de cette session, une ambiance qui
régnera désormais tout au long de ce contest pas comme les autres.
« On n’est que des copains, à partager du freesurf entre nous. On essaye d’être
créatif, de tenter de nouvelles manoeuvres et à la fin, c’est ça qui paiera, et pas
le décompte de points traditionnels accumulé en
enchaînant roller après roller ». De retour au bateau
une fois la nuit tombée, ils avouent tous surfer à
leur meilleur niveau, sans trop de pression malgré
les 50 000 $ en jeu. Bienvenue dans The Mission
Tuamotu !
L.M.
Fin de journée sur Fakarava. Les requins sont
de plus en plus nombreux autour du mouillage
du Haumana. Un soir, on en comptera une petite
vingtaine qui tournaient sans relâche autour du
bateau. Arsène affirme que ces têtes noires sont
peu hostiles envers les hominidés. Dave Mailman,
l’incontournable speaker animateur des Events
O’Neill ira vérifier l’info pour un billet de 100 euros,
mis en jeu par le très joueur Bernhard, l’inventeur
et organisateur de ce “free contest au goût de
Bounty“. Le tour du speed boat en remorque à la
nage au milieu des requins, faut croire en la parole
d’Arsène quand il affirme qu’ils n’attaqueront pas.
« Enfin, normalement », ajoute-t-il dans un souffle,
au moment même où Dave se jette à l’eau…
On vous rassure tout de suite, aucun représentant
de la faune lagunaire n’osera s’attaquer à notre
commentateur fétiche. Allez, ça vaut bien une rafale
de cocktails !
Mardi 29. 21h30. Direction le Sud ? Après deux journées à exploiter les vagues
de Fakarava, l’envie de pousser plus loin l’exploration commence à titiller les
organisateurs. « Il existe à quelques heures de nav une perle »… Une vague
world class, inconnue ou presque en dehors de quelques surfers tahitiens.
Meeting. Faut-il prendre le risque de changer de spot ? Pas de carte météo
pour prendre des nouvelles du swell tous les quarts d’heures par ici. Pas de site
Internet pour vous dire où la houle rentrera le mieux. Bouger est un risque.
Mais les surfers sont désormais unanimes. C’est ça, la Mission : prendre
des risques. Pour aller continuer ce contest sur un autre spot, plus caché
et mystérieux encore que le premier. La décision est prise avant d’aller se
coucher. Demain matin, on prendra la mer pour Faaite, en quête d’une vague
que même Arsène Harehoe n’a jamais surfée !
Faaite / Passe de Teporioha.
Jeudi 31. 07 heures. Bienvenue à Faaite. Ce coup-ci, pas question de houle mal
orientée, de vent hachant le spot, de reef à sec. Les conditions sont idylliques.
Le vent qui ruine tout espoir de surf sur Fakarava souffle ici off shore. Le surf
sera bon pour toute la journée. Bouger était une vraie prise de risque. La veille,
le temps de rejoindre le motu de Faaite depuis Fakarava, la houle avait disparu.
Malgré le manque de vague, personne ne regrette alors d’avoir tenté le voyage
jusqu’à ce petit motu. La configuration du reef semble exceptionnelle, on
devine déjà les longues droites venir s’enrouler autour de la pointe.
p e t i t e c o m p é t ’ e n t r e a m i s

TIMO JARVINEN / O’NEILL
Clay Marzo. Faaite, passe de Teporioha
Clay Marzo ? Plus qu’impressionnant ! On savait son potentiel pour l’avoir vu surimprimer
la pellicule dans les vidéos ces deux dernières années, pour avoir vu
passer à la rédaction des images le figeant dans des figures improbables, qu’avec
Dane Reynolds et Ry Craike ils sont sans doute les seuls au monde à maîtriser.
Mais de le voir évoluer à quelques mètres, sur des vagues aux dangers bien visibles
est une confirmation sans appel. Clay, pas trop dépaysé, s’est immédiatement senti
à son aise sur ces reefs à fleur d’eau : « j’aime bien ces vagues difficiles, les reefs
qui pompent l’eau, qui rendent la vague tubulaire et rapide. J’aime ces vagues qui
semblent impossibles à prendre. Y aller et se rendre compte que c’est “ faisable ”,
c’est ça qui m’intéresse. J’aime ces vagues qui pètent directement sur le reef, j’aime les
vagues dangereuses. » Et ça se voit ! Dès la première journée, alors que tout le monde
pense plus à sauver la peau de ses fesses qu’à engager, il choppe deux fois plus de vagues
que les autres. Une machine à la rame, une science de placement hors norme, à fortiori
pour un kid de 17 ans, une capacité à se caler des tubes improbables, un surf toujours dans
la section la plus critique de la vague, une radicalité dans les manoeuvres décoiffantes. OK
OK… Clay nous a bluffé, et nul doute que s’il passe la crise d’acnée juvénile mentale avec
succès, nous sommes en face d’un futur champion du monde de surf. Kelly (Sl8ter) nous
avait prévenu, mais ça ne coûte rien de le vérifier.
39
TIMO JARVINEN / O’NEILL

0
Quant au décor, c’est la surenchère. Une passe incroyable avec un pic de
chaque côté, un village posé à fleur de corail juste en face d’un des deux pics.
Tous les kids sont rassemblés pour assister à l’arrivé du Haumana. Un speed
boat part en reconnaissance. Les kids reconnaissent de loin Raimana. C’est la
folie. Les gamins hurlent son nom, et le surfer de Teahupoo se retrouve entouré
par une foule de petits, les yeux remplis d’admiration, la bouche ouverte de
rencontrer celui qui est une vraie figure de la Polynésie, transcendant les limites
du surf. Et pourtant, sûr que les mags de surf ne doivent pas souvent atteindre
les rives de la passe de Teporioha. Quant à Internet… Le moment est spécial.
Seul un voilier, avec son bord deux surfers californiens, partage le mouillage
avec le Haumana. Un esprit de tranquillité et plénitude souffle pour quelques
instants sur la mission. On s’imagine vivant là, laissant tout tomber pour
s’installer face à cette vague de rêve, partageant un BBQ avec les pêcheurs du
coin, comme dans une carte postale. Carte postale qui en prend un coup quand
un membre d’équipage nous raconte une anecdote que se sont bien gardés de
nous rapporter nos guides… Si le nom de Faaite n’est pas encore connu
dans la planète surf, le Motu a eu son heure de gloire en 1987,
après l’affaire dite des «bûchers de Faaite». Le 2 septembre 1987,
six personnes ont été jetées vivantes au feu – certaines par leurs propres
enfants - la population étant persuadée qu’elles étaient possédées par le
démon. Peu de temps auparavant, trois «prêtresses» étaient venues sur l’atoll
prêcher le «Renouveau Charismatique», plongeant peu à peu les habitants dans
l’hystérie collective ! De quoi hésiter avant de tenter le BBQ avec les pêcheurs
locaux…
La houle rentre doucement au fur et à mesure que passe l’après-midi.
Quelques coups de rames depuis le pont inférieur du Haumana et quatre des
huit surfers se mettent à l’eau. Sans lycra, oubliant totalement qu’ils sont ici
pour une compét’. La session qui commence doucement cet après-midi sera
donc une pure session de freesurf, sans caméra ni jugement. Ce qui ne change
rien à l’ambiance. Une fois de plus, on sent que tout le monde est là pour se
faire plaisir, et que tous sont convaincus (et les vagues prises depuis le début
de la Mission le prouvent) que plus ils prennent de plaisir, mieux est leur surf.
Décontraction et détermination, un cocktail idéal pour une session qui une fois
de plus se termine à la nuit tombée. De retour sur le Haumana, on sirote un
cocktail au bar, les yeux encore écarquillés, avec plus que jamais l’impression
de vivre un rêve éveillé. La houle qui enfle doucement semble annoncer une
session mémorable pour le lendemain ; tout le monde affiche un sourire béat,
et va se coucher tôt. Demain, ce sera The session de la Mission.
D-Day. Quatre heures de surf non-stop, depuis l’aube, sur la droite de Faaite.
Quatre heures, qui à elles seules auront justifié toutes ces bornes et cette
logistique incroyable, pour trouver et venir organiser un contest sur cette perle
cachée au milieu du Pacifique. Enfin une droite ! Après quatre journées sur la
gauche de Fakarava que Clay Marzo, le seul goofy du groupe, a déchiré dans tous
L.M.
T R I P
les sens, les autres surfers sont impatients de pouvoir enfin surfer frontside. La
journée sera déterminante pour le classement final, tout le monde en est conscient.
Pas de quoi entacher la bonne entente qui règne dans l’équipe depuis ce fameux
après-midi où la révolte avait failli gronder.
D’entrée de jeu, Jarrad Howse se montre très consistant, pendant que Roy, Manoa
et surtout Michel prennent leur revanche sur Clay. Michel, aussi à l’aise dans les airs
que dans la chambre verte, nous gratifie d’un impressionnant Air reverse, sur une
vague qui finit quasiment à sec, faut oser… Le ton est donné :
c’est l’orgie. Les surfers s’interrompent juste le temps d’aller se restaurer sur le
Haumana mouillé à quelques encablures, avant de retourner sur ce pic incroyable,
à déchirer entre amis la gauche et la droite jusqu’à la nuit tombée. Plus qu’une
matinée à passer cette fois sur la gauche de Teporioha et ce sera l’heure du retour.
Vendredi 1er juin, c’est déjà le dernier jour. Une ultime petite session entre
amis le matin avant de plier bagage. Les quelques heures de navigation retour
vers Fakarava permettront aux surfers de peaufiner leur montage vidéo,
qui servira de base pour le jugement. Alors que le sentiment d’un inéluctable
retour à la vraie vie commence à atteindre les cerveaux déconnectés, la tension
commence à monter. Comme si pour la première fois du trip, les surfers se
souvenaient qu’ils étaient ici pour une compète et rafler les
25 000 $ du vainqueur. Le retour est mouvementé, secoué par le swell du
Pacifique Sud, quelques surfers ne termineront pas leur repas, dont les
Hawaiiens, apparemment toujours pas amarinés après les 6 jours passés sur le
bateau. Le soir venu, le Haumana mouille pour la dernière fois devant le ponton
du Matai, le “Dream Resort“ où tout avait commencé une semaine plus tôt. Une
semaine seulement ? C’est déjà la cérémonie de remise des prix. Michel et
Clay ont sans doute été difficiles à partager, mais il fallait un vainqueur : ce sera
Michel Bourez. Deuxième, Clay fait un peu la gueule. Manoa termine le podium.
Le lendemain matin déjà, le temps reprend son cours, l’horloge se remet en
marche. Les premiers surfers quittent précipitamment l’île, une compète,
une vraie cette fois-ci, avec ses juges et ses heats les attend. Patrick, Justin,
Jarrad, Michel, ils seront tous bientôt de l’autre côté de la planète, dans les
eaux tout aussi chaudes et paradisiaques des Maldives. Mais nul doute que le
Haumana et l’ambiance incomparable des Tuamotu ne leur manquent un peu.
Ils se souviendront longtemps de ces moments partagés entre amis, ensemble
sur une vague de carte postale, sans trop se soucier de scores ou de stratégies,
prenant les vagues comme elles arriveront, sans jamais chercher à snaker
qui que ce soit. Le mot de la fin pour Ian Walsh, apparemment pas trop déçu
de devoir céder son titre à Michel Bourez. « Ce trip ! j’ai attendu toute l’année
d’être ici. En tant que surfer, c’est naturel d’avoir envie de surfer tout seul ou
presque sur des vagues inconnues, c’est le rêve de tout le monde.
L’envie d’être le premier à découvrir une vague, en profiter à fond, est en
chacun de nous ». Vivement la prochaine Mission !
LM
L.M.
p e t i t e c o m p é t ’ e n t r e a m i s

O’NEILL / BR
Roy Powers. Fakarava, passe de de Tetamanu
Comme les autres surfers, Roy se souviendra longemps de ce séjour d’exception
aux Tuamotu, de son ambiance et du plaisir partagé entre les surfers. « On s’est
vraiment bien amusé sur le Haumana, on n’a pas arrêté de se marrer depuis que
l’on est à bord. C’est la première fois que je rencontre Justin (Munjica) et il est
vraiment hilarant. Tout le monde a un grand sens de l’humour et c’est ce que
je retiendrai avant tout ». Roy, tout comme Ian Walsh, aurait aimé au moins une
journée de gros surf. Mais cela n’aura pas entamé d’une miette sa bonne humeur
permanente : « avoir Raimana comme guide ! On est dans son jardin. C’est comme
d’être sur un green de golf, et d’avoir à ses côtés Tiger Woods qui vous explique
comment faire ! »
Fin de la Mission du jour.
La session se termine
f a u t e d e l u m i è r e , i l e s t
t e m p s , u n e f o i s l a n u i t
t o m b é e , d e r e j o i n d r e l e
Havre du Haumana.
Retour de chasse sousm
a r i n e p o u r A r s è n e e t
Raimana. Ce soir ce sera
s a s h i m i p o u r t o u t l e
monde.
1
LAURENT MOLITOR

2
T R I P
Manoa Drollet. Fakarava, passe de de Tetamanu.
Manoa, auteur des plus beaux barrels de la session : « The Mission, c’est
une super opportunité d’explorer de nouveaux spots. Je suis heureux
d’avoir pu surfer à Faaite. Je n’ai jamais surfé ici avant, car c’est trop
compliqué au niveau logistique de venir ici tout seul.»
En haut à droite, Michel Bourez à Tetamanu.
Lors de la première journée. Avec son surf complet et aérien,
il s’impose d’entrée de jeu comme un sérieux prétendant au titre.
À droite, Patrick Beven, passe de Teporioha.
Fini les doutes de la première journée à Fakarava. C’est l’avant-dernier
jour de ce trip ultime, et de loin la journée qui restera dans tous les esprits.
I Latitude : 16°05’ Sud
I Longitude : 145°14’ Ouest
I Fakarava, situé à 450 Km de
Tahiti, est desservi par cinq vols
hebdomadaires sur Air Tahiti.
I Paris/Papeete : de 1080 à 1899 euros
selon période. Comptez en moyenne
1500 euros aux périodes favorables
au surf.
Papeete/Fakarava : 300 à 330 euros
selon période.
I Sur place, un hôtel, le Matai
Dream Resort, et neuf pensions,
plus traditionnelles et tout aussi
confortables.
I Le Maitai Dream Fakarava
Résidence luxueuse pour
neurasthéniques.
www.hotelmaitai.com
I Le village Tetamanu
Pour ses bungalows au pied de la
passe de Tetamanu (mais à une heure
et demie de speed boat du village de
Rotoava).
www.tetamanuvillage.pf
I La Pension Vaiama village
Pour les plus beaux BBQ du motu. Chez
Tuaana (prononcez Tiana) la maîtresse
des lieux et Jean-Jacques le capitaine
du bateau. Chez eux, vous êtes sûr de
ne rien rater du motu, ils sont cousins
avec tout le monde. vaiama.village@
mail.pf (site Internet en construction)
Tel/fax : (689) 98 41 13
Mob : (689)70 81 99
TIMO JARVINEN / O’NEILL
I Camping possible en faisant la
demande préalable (environ 15 euros
HT/tente) à la Pension Paparara, une
ferme perlière familiale.
pensionpaparara@mail.pf
I Le bon plan pour Fakarava.
Fakarava n’est pas la première
destination à parcourir quand on
découvre la Polynésie. Pour ne pas
être obligé de la jouer touriste intégral,
le meilleur moyen de profiter des
Tuamotu sans se ruiner reste d’avoir
un contact Tahitien dans sa manche.
Après un ou plusieurs séjours sur
Tahiti, nul doute que votre carnet
d’adresse se remplisse assez vite.
Et dans ces contacts, ce serait étonnant
qu’il n’y en ait pas un qui ait un cousin
ou une connaissance sur Fakarava.
Muni de la bonne adresse en poche…
Une fois sur place,
vu la gentillesse des habitants,
vous devriez arriver à négocier les
tarifs, voir à loger chez un “cousin“,
qui vous ouvrira les portes de chez
lui pour bien moins cher. Une fois le
contact établi, on a trouvé des locaux
prêts à nous héberger pour 50 euros la
journée. Et après avoir lié connaissance
devant une Hinano, Jean-Jacques, le
propriétaire de la Pension Vaiama et
surtout d’un speed boat, indispensable
à toute session surf, nous faisait un tarif
sacrifié à moins 50 %. Alors au bout de
deux trois Hinanos, vous arriverez bien
à vous entendre…
p e t i t e c o m p é t ’ e n t r e a m i s
TIMO JARVINEN / O’NEILL
TIMO JARVINEN / O’NEILL

c A R N E T D E R O U T E
1 2
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8 7
L.M.
4
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TUNGSTEN
L.M.

amandine sanchez
Tahiti est une destination «carte postale».
Entre magie et réalité, tout y est : lagons
turquoise, vagues phénoménales, cocotiers,
sable blanc et j’en passe... Tout est là pour rendre
cette destination paradisiaque. C’est en cette fin de mois de mai plus que
maussade que je décide de partir m’y entraîner et surtout refaire le plein
d’énergie pour la suite de la saison.
27 mai, tout est prêt, c’est le départ. Un dernier bisou au chéri et en route
pour «le septième ciel» ! Direction Papeete.
Le voyage est long : vingt sept heures. Hé oui, le Paradis, faut bien le mériter
un peu. Après une fouille complète par une impressionnante «Fat Mama»
pendant le transit à Los Angeles, me voici dans la dernière ligne droite de
mon périple. Toute excitée, je ne sens même plus la fatigue et m’imagine déjà
dans l’eau chaude... Et le smile me monte tout seul au visage. L’arrivée à Faa,
l’aéroport de Tahiti se fait en musique. Un petit groupe de grands monsieurs
nous accueille à 3h50 du matin, yukulélé sous le bras et sourire jusqu’aux
oreilles ! Ça y est, j’y suis, le rêve devient réalité ! Fidèle à leur tradition,
Kamakéa m’accueille avec les colliers de fleurs de tiaré. Direction sa maison...
Une fois passé le portail de la propriété, je comprends très vite que cette
maison deviendra «la Maison du Bonheur» pendant la durée de mon séjour.
Après deux trois jours –légitimes- de récup pour ce fichu décalage horaire,
je commence à réaliser vraiment que je suis bien à Tahiti ! Kamakéa,
«camerawoman» et journaliste hors pair détachée sur le Billabong Pro
m’emmène voir les trials à Teahupoo. Je ne suis pas encore dans l’eau que
déjà j’hallucine sur la beauté de la nature ! Je me fais déposer sur le bateau
de Pedro par Teiva Joyeux, beau-frère de Kamakea et waterman émérite.
À bord, je retrouve mon frère de cœur, Hira Terinatoofa, ainsi que son papa
Pascal, Fabrice Gelez, invité des trials, et sa chérie Juliette. La proximité et
l’énergie que cette vague dégage me font vibrer ! On passera la journée à
regarder avec passion heat après heat ! Le soir, c’est mon tour, Hira m’initie
à cette force de la nature ! Après deux petits take-off ridicules et un bon wipe
out, les présentations sont faites ! Mais la nuit arrive déjà, il est temps de
rentrer. Je reviendrai demain.
Je passe la nuit chez la famille Joyeux… À me battre avec les moustiques
à l’aide d’une sorte de raquette venue tout droit du futur, qui électrocute tout
ce qui aura le malheur d’être en contact avec son cordage. Le matin venu,
je repars sur l’eau avec le capitaine Pedro. Les garçons nous montreront un
beau spectacle et engagement à toute épreuve ! Fabrice, seul Français du
continent rescapé dans ces trials ira jusqu’en quart de finale. Beau boulot,
car le niveau était vraiment chaud ! C’est Manoa Drollet, local qui n’a plus
à faire ses preuves sur son spot, qui remportera logiquement ces Trials.
Aujourd’hui, les vagues sont bien trop dangereuses pour moi ! Changement
de spot, ce sera «Papara Beach» ! Session suivie d’une partie de pétanque
et bien sûr d’une petite Hinano chez la famille Terrinatoofa (Emilienne la
maman, Pascal le papa et le ti prince Hira !). Dure la vie tahitienne ! Les jours
se suivent et se ressemblent, bercés par le rythme de l’Océan et de la compet
à Teahupoo. Je m’entraîne avec Hira sur son “secret spot», nous y sommes
rejoints par l’autre local, mon deuxième frère de coeur : mon ti moogly (Michel
Bourez). Bien entourée, ils me conseillent et je m’exécute ! Leurs conseils
sont précieux et ils me font progresser. Après épuisement, on part se rassasier
chez Beach Burger à Papara. Hé oui, la proximité avec les Etats-Unis se fait
quand même sentir. Je fais de la résistance : pour moi ce sera poisson cru à
toutes les sauces, mon nouveau repas préféré !
Le lendemain matin, rendez-vous est pris avec Pedro, notre captain, pour aller
checker la compét’. Petit dej chez Hira, en compagnie de Michel, Pedro,
le photographe Eric Tungstène, Taj Burrow et son kiné, tous trois hébergés
dans la famille Terrinatoofa. L’estomac bien rempli, on part sur Teahupoo.
Day off pour les surfers du Top 45, les conditions sont trop petites. Tant mieux,
aujourd’hui la vague est parfaite pour moi, 1m20 à 1m50, le top. Je serai la
seule fille au milieu de tous les gars du C.T, mais avec Hira et Michel à mes
côtés, je n’aurai aucun souci pour obtenir des vagues, hihi ! De retour à la
marina, on dépose Taj et son kiné et on part sur un autre spot, à Veirao,
pas loin de chez Alain (Riou). On se régalera pendant une heure sur cette
droite, avec un seul mec à l’eau. Au passage, je me ferai une sacrée frousse
avec plusieurs sharks qui me passeront dessous... Mais selon les Tahitiens,
ils ont peur de nous. En tout cas, ce jour-là, c’est bien moi qui ai eu peur
d’eux, ça c’est sûr…
Les journées passent tellement vite. Après une nouvelle session à Teahupoo
où j’ai bien ramassé ! (J’ai même eu droit à passer de l’autre côté de la
barrière de corail !) Heureusement, Captain Pedro est venu me récupérer
dans le lagon. On rentre sur Papara pour que les garçons se préparent pour la
soirée. Dernier stop à Paea dans la “Maison du Bonheur“ pour prendre deux
trois affaires et me voilà embarquée pour le Beachcomber. Car ici, les soirées
se passent souvent dans les hôtels. Cette soirée très spéciale est pleine de
rebondissements. Toute la nuit arrosée au champagne, forcément ça pousse
à la folie. Je fais même amie-amie avec une raie, qui m’appelle depuis son
bassin. Malgré Luna qui me déconseille de sauter dans l’eau… c’est plus fort
que moi, et en deux secondes, je me retrouve sous l’eau, toute habillée !
Ah, le champagne… On finit cette soirée à cinq heures du mat là-haut dans
la montagne, où trois heures plus tard on prendra un petit dej en surplombant
les spots de Tapuna et Sapinus.
5 mai, tout le monde aux aguets : faut voter ! Le résultat, on le connaît…
Pas de vagues, à croire que l’océan boude ! Ce sera une journée relax avec
les filles, Kéa, Te Piu et Turia, dans la “Maison du Bonheur“. Au programme :
détente, reiki, plage et séance coiffure les pieds dans l’eau, devant le
coucher du soleil. Je confirme : dure la vie à Tahiti. Quelques jours plus tard,
je déménage chez la famille Bourez, où je suis une fois de plus accueillie
comme une princesse. Au programme, session entraînement à Papara avec
Michel et son ti frère Kévin, futur prodige du surf tahitien, je vous préviens,
retenez son prénom, un futur Moogly style ! Repas en famille, pendant lequel
les parents de Michel me content la culture tahitienne. Cet esprit de famille
qui règne à Tahiti est tellement beau et sincère, on ne peut rester qu’admiratif.
Après un break de 10 jours pour un photo shoot avec O’Neill au Pérou, retour
à la «Maison du Bonheur». Je me sens revivre. Les journées seront simples
et douces : surf, plage, papotage et agréables soirées. En parlant de soirées,
c’est déjà la dernière… C’est la fête, tout le monde est là, ne manque que
Michel, parti sur le bateau O’Neill pour la compet «the Mission». Cette soirée
fut une fois de plus magique. Deux heures avant le départ, rien n’est prêt,
je n’ai toujours pas dormi, il est quatre heures du matin, on finit par manger
du poisson cru avec Te piu, Lani, sur le sable à regarder les étoiles filantes qui
nous sortent leur grand jeu ce soir. J’assiste pour la première fois à un ballet
extraordinaire, où la lune, telle le soleil, se couche dans l’eau. Le retour du
paradis est très dur et c’est bien possible que je finisse par y retourner,
mais cette fois pour y rester.
Un grand merci à Franck Corbery de chez O’Neill, qui m’a offert ce trip
pour m’entraîner et me ressourcer ainsi qu’à toutes les familles qui m’ont
accueillie, les Bambridge, Bourrez, Terrinatoofa, Riou et Joyeux. À dans pas
trop longtemps j’espère…
Amandine
1 - 2 - 3 : Te a h u p o o
d e f a c e e t d e d o s
4 - Ta j e t A m a n d i n e
5 - D e s p a c k s
d ’ H i m a n o a u f r a i s
6 - L’ a é r o p o r t d e
P a p e e t e
7 - K a m a k e a
p r é p a r e l e s
s a s h i m i à l a
“ m a i s o n d u
b o n h e u r “
8 - U n d e s h ô t e l s
o ù l ’ o n f a i t l a f ê t e
t o u t e l a n u i t !
5

6
I N T E R V I E W
La vie rêvée
e micheL Bourez
champion d’europe en titre, le tahitien michel bourez est un des plus grands
espoirs du surf francophone. vu d’ici, michel vit la vie que tout surfer
normalement constitué rêve d’avoir : décor paradisiaque, vagues de rêves,
pas de sur fréquentation des spots, eau chaude toute l’année, speed boat
et surf jusqu’aux dernières lueurs du jour entre amis. rêve ou réalité ?
TIMO JARVINEN / O’NEILL

I N T E R V I E W
M i c h e l j o u e à d o m i c i l e o u p r e s q u e
p e n d a n t l e O ’ N e i l l M i s s i o n Tu a m o t u .
À g a u c h e , e n t r a i n d e n o t e r l a
s e s s i o n v i d é o d u j o u r à b o r d d u H a u m a n a .
À d r o i t e , s u r u n e v a g u e q u a s i
i n e x p l o r é e d e s Tu a m o t u .
7
TIMO JARVINEN / O’NEILL

I N T E R V I E W
Pas trop dure la vie de Michel Bourez ?
En fait, la vie de surfer professionnel est bien plus fatigante et contraignante
que ce que les magazines veulent bien montrer. C’est sûr que cette
compétition de free surf en Polynésie aura été vraiment parfaite. Mais ça
ne doit pas occulter les aspects plus contraignants. On se retrouve plus
souvent à surfer des petites vagues difficiles en compétition. Ensuite,
en tant que professionnel, nous avons des objectifs, donc de la pression à
chacune de nos séries, comme n’importe quel autre sportif de haut niveau.
Et puis il y a le côté plus personnel, le fait d’être loin de chez soi neuf mois
sur douze, et tous les décalages horaires continuels d’un pays à l’autre.
Mais bon, c’est quand même la plus belle vie possible pour moi !
Tu es sans doute le surfer français le plus doué de sa génération, deux
titres majeurs déjà en poche et pourtant tu restes relativement peu
médiatisé. La seule pub qu’on ait jamais vue sur toi par exemple a été
faite par l’ASP. Ce n’est pas un peu injuste ?
Écoute, mes sponsors me soutiennent bien tout au long de l’année, ils sont
là quand j’en ai besoin. Je ne me sens pas lésé de ne pas avoir eu de pub ou
plus de retombées pour mon titre. Ce titre de champion d’Europe n’était pas
forcément programmé et c’est le résultat qui compte avant tout pour moi !
Être payé pour vivre sa passion c’est ce qu’on peut espérer de mieux,
alors après la communication… Je laisse ça à ceux dont c’est le métier !
Tu es un surfer de reef, avec toutes les qualités que cela implique. Mais
quelles sont tes lacunes sur les autres vagues type beach breaks par
exemple. Quels sont les secteurs où tu penses devoir encore travailler ?
Je manque un peu de fluidité, et je souhaite plus travailler par rapport aux
planches que je surfe et mon quiver. Et puis en général, je manque de
confiance sur les beach breaks. C’est marrant, mais je me sens beaucoup
plus à l’aise sur du reef et peu d’eau, que sur des vagues plus lentes qui
cassent sur du sable. Quand je débarque en Europe, ça me demande une vraie
adaptation. Il faut retrouver le rythme adapté à chaque vague et à chaque
voyage, pas facile pour moi qui suis tellement habitué aux vagues de reefs.
Europe contre le reste du monde : qu’est-ce qui manque selon toi
aux surfers européens (du continent) pour rivaliser avec les meilleurs
mondiaux ?
Rien. Ça y est, c’est fini l’époque où l’on regardait les autres avec
appréhension. Je pense que l’Europe fait d’ores et déjà partie des
meilleurs du monde. Eric Rebière, Miky Picon, Jérémy Flores maintenant
qui explose, déjà à son âge… C’est rare d’arriver si vite au plus haut
niveau ! Je pense que c’est la preuve suffisante que nous rivalisons
désormais avec les meilleurs Australiens ou Brésiliens. Cette année,
on a eu un Européen sur chaque gros WQS qui atteignait les quarts
quasiment à chaque fois. On est là, et ce n’est que le début !
CARLOS PINTO / O’NEILL
Les surfers tahitiens qui ont compté dans ta progression ?
Hira Teriinatoofa, Alain Riou, Heifara Tahutini pour leur surf et leur technique.
Malik Joyeux, Raimana Van Bastolaer et Manoa Drollet pour les grosses
sessions et l’engagement, ce sont des modèles pour tous dans le sport.
Enfin, Arsène Haeroe pour tout le reste, son influence positive, son esprit
et le partage avec nous.
Les sufers (en général) qui t’ont le plus influencé, ceux qui te font ou
t’ont fait rêver ?
Mick Fanning, Jérémy Flores, Kelly Slater et Dane Reynolds, chacun pour
des choses différentes. Vitesse, technique, inventivité, professionnalisme…
Tout y est dans ces quelques noms !
Qu’est-ce qui t’a le plus frappé le plus chez les surfers du Foster’s ASP
World Tour ?
Les fois où j’ai rencontré les gars du top 45 sur des étapes WQS, j’ai été
impressionné par leur patience. C’est le calme et la gestion du temps qui
passe qui fait la différence au plus haut niveau. Ils attendent les bonnes
vagues, paraissent toujours confiants. Tu sens qu’ils ont l’habitude de la
pression et gèrent bien le stress aux moments cruciaux des compétitions.
Les moments clefs de ta vie de surfer ?
Les dernières grosses sessions à Teahupoo en mai dernier ont été vraiment
marquantes. C’était la première fois que je me lançais à fond en tow-in
dans quelques vagues vraiment grosses, et je ne suis pas près d’oublier ces
moments-là, c’était vraiment grave ! Et puis il y a les titres bien sûr.
Vice champion du monde ASP Junior, Champion ASP Europe, la toute récente
victoire sur le O’Neill Mission. Et enfin, cette finale à Sunset en novembre
dernier, au WQS 4 Star pour ma première année en WQS à 100 %. Vraiment de
bons moments, aussi bien de ma carrière que de ma vie.
Tes épreuves préférées sur le WQS ?
Mes meilleurs souvenirs en compétition sont indiscutablement à Hawaii en
hiver, et aux îles Canaries chaque mois d’Octobre.
Celles dont tu te passerais bien, celles que tu redoutes ?
J’ai souvent du mal à m’habituer au Brésil d’abord, mais aussi en Afrique
du Sud. L’Afrique du Sud, c’est vraiment très loin pour moi, et c’est difficile
d’arriver et de se mettre à l’eau pour gagner sans avoir le temps de
s’adapter. J’espère faire mieux là-bas bientôt.
Tes objectifs sur le WQS cette année ?
J’aimerais tellement finir le circuit WQS 2007 dans le top 20 ! Pour continuer
à me rapprocher des meilleurs, petit à petit…
À bientôt mi-parcours de la saison de compet, si tu devais faire des
pronostics sur les Européens qui ont le plus de chances de monter sur
le WCT l’année prochaine ?
Tiago Pires, Miky Picon, Patrick Beven, Tim Boal, Aritz Aramburu et Alain Riou.
Apparemment, le o’Neill Mission aura été un bon entraînement avant
les Maldives, vu ton résultat ? Pas trop dur la transition entre le
Haumana et les Maldives ?
Non, pas du tout, très tranquille. Aller aux Maldives c’est vraiment génial, et
nous avons eu de très bonnes vagues propres et adaptées à la compétition.
En plus l’hôtel était parfait et l’ambiance avec le reste de l’Euroforce était
vraiment sympa.
Finalement, pas si dure la vie de Michel de Bourez…
I Né le : 30/12/85
I À : Rurutu
I Vit à : Papara, Tahiti
I Vague/spot préféré :
El Confital, Haleiwa et
Sunset
I Principaux
sponsors : Quiksilver,
Kelly Surfboards
L.M.

joan duru
ASP Europe Junior Champion 2006
aspeurope.com
watch it live

50
50 ans de surF
made in La France
LE SURf En fRAnCE SOUffLE SES 50 bOUgIES.
L’OCCASIOn POUR nOUS DE DéDIER Un nUMéRO,
DE PARTICIPER À LA fêTE. AVEC LE CHAMPAgnE,
nOUS VEnOnS AUSSI éQUIPéS DE QUELQUES SUJETS
TYPéS vintage, DES HISTOIRES «VRAIES» DE VRAIS
SURfEURS, DES RéCITS VéCUS, SUéS, SURféS, En Un MOT «AUTHEnTIQUES».
AUTHEnTICITé, C’EST bIEn LE MOT JUSTE POUR DéfInIR nOTRE TAMbOUILLE.
AUTHEnTICITé DES CLASSICS LOngbOARDS, SHAPéS PAR LE nOM MOInS
AUTHEnTIQUE DAnIEL CREIgnOU. AUTHEnTICITé D’Un STEVE CLEVELAnD,
PUnk RéALISATEUR DE TALEnT ET SOUL SURfER DAnS L’âME. AUTHEnTICITé
D’Un TRIP AU bOUT DU MOnDE SAnS UnE THUnE OU PRESQUE, À L’IMAgE DES
VOYAgES DE DAMIEn CASTERA, Un DJEUn bIEn VInTAgE. AUTHEnTICITé D’Un
PUR TAgEVIn, JOEL DE ROSnAY, 50 AnS DE SURf DAnS LES bRAS, çA CALME.
AUTHEnTICITé DES MARQUES AVEC CE SHOPPIng VInTAgE SURfER.
ET POUR LES PLUS AnCIEnS D’EnTRE nOUS, AVAnT DE PASSER AU SURf SHOP
POUR VOUS RHAbILLER TEnDAnCE, VéRIfIEZ DAnS VOS PLACARDS SI VOUS
n’AVEZ PAS EnCORE Un bOn VIEUx TRUnk SURf DES AnnéES 70/80, À UnE
éPOQUE Où À L’InSTAR DE MR JOURDAIn , VOUS fAISIEZ DU VInTAgE SAnS LE
SAVOIR !
La rédaction
STÉPHANE ROBIN
L e s To n t o n s
s u r f e r s , r é u n i s
l o r s d u d e r n i e r
F e s t i v a l d e
S u r f d e S a i n t -
J e a n - d e - L u z .
D e g a u c h e à
d r o i t e : J e a n
B r a n a , F r a n ç o i s
D e l a n n e , J o e l
D e R o s n a y,
C l a u d e D u r c u d o y,
F r a n ç o i s
L a r t i g a u , H e n r i
E t c h e p a r e e t
J a c q u e s F a g a l d e .

C i - c o n t r e :
L e s p i o n n i e r s
d e l a p r e m i è r e
h e u r e , 1 9 5 9 !
À d r o i t e :
L e s u r f e n t r e d a n s
l’ère professionnelle,
à l ’ i m a g e d e To m
C u r r e n e n 1 9 8 7 .
M i s t e r C u r r e n ,
q u i f e r a b e a u c o u p
p o u r l a
r e c o n n a i s s a n c e d u
s u r f f r a n ç a i s .
COLLEC YEP COLAS DE ROSNAY
De la jet set parisienne aux hippies en passant par les surfers pro, biarritz a toujours
attiré les surfers, et ce jusqu’à revendiquer le titre de capitale européenne du surf !
Pourtant, à biarritz, on a pendant longtemps joué à la Pala ou au bridge plutôt
qu’avec les vagues. L’explosion du surf buisness aidant, le regard sur les surfers
a changé, passant du statut de soixante-huitards attardés, hédonistes flemmards
évoluant dans un nuage de fumée toxique, à celui de véritables Dieux du sable.
Les surfers sont redevenus fréquentables, surtout depuis qu’ils ont les moyens de
descendre à l’Hôtel du Palais. La roue tourne, rien ne va plus ! Au fil des années,
le surf s’impose comme une évidence, l’emblème rajeunissant d’une ville tournée
vers la mer, épicentre d’une pratique devenue très populaire. Comme toute belle
histoire, les relations entre surfers et la ville la plus huppée de la côte n’ont donc pas
toujours été faciles ; biarritz c’est chic, et les drogués de la vague n’ont pas toujours
été les bienvenus. Reste que depuis les débuts de l’aventure il y a 50 ans jusqu’à
aujourd’hui, surfer à biarritz, à la grand Plage ou à la Côte des basques, reste une
expérience mythique ! Retour sur une saga haute en couleurs.
Et le surfer se lèvera. Le sport des Rois est arrivé à Biarritz par un heureux hasard
de l’été 1956. Si en France on surfait allongé sur un “planky“ dès le début des années 50,
il aura fallu attendre une demie-décennie et une rencontre déterminante avant que le
surfer ne décide à se lever.
Le cinéaste américain Peter Viertel venu tourner à Biarritz avec Ernest Hemingway pour
les besoins de son prochain film « Le soleil se lève aussi » avait glissé une planche de
surf dans les bagages du tournage. C’est lors d’un essai dans les vagues de la Côte des
Basques que la fameuse planche finit sa course dans les rochers. De cet accident naîtra
la rencontre avec les premiers surfers français. George Hennebutte, Jacky Rott et Joël De
Rosnay seront désormais les premiers assidus à glisser sur les vagues biarrotes,
en compagnie de Peter Viertel qui reviendra l’année suivante.
Vive le 11 septembre... 1960 ! La pratique confidentielle des débuts suscite vite
un grand intérêt chez les locaux. Un artisan local, Michel Barland se met à fabriquer des
planches dès 1958. Michel Barland ! C’est lui qui fera décoller la pratique en France.
Il fallait avoir du culot en 1958 pour se mettre à fabriquer des planches de surf dans
un atelier de mécanique ! Mélange improbable entre Géo Trouvetout et le Professeur
Tournesol, Michel apportera une réflexion d’ingénieur à la conception des planches,
et des années plus tard, il sera l‘inventeur de la première machine à shaper. Les surfers
de l’époque, à l’image de Michel, n’étaient pas des rigolos. Athlètes, nageurs du Biarritz
Olympique, il fallait être au top de sa forme pour surfer avec des engins de plus de 30
kilos plutôt difficiles à manœuvrer et bien évidemment sans leash, puisque celui-ci
n’avait pas encore été inventé. Très vite, il a fallu créer des structures propres au surf,
ne serait ce que pour entreposer les planches après le surf. Le premier surf club (le
Waikiki Surf Club) sera créé en 1959 et l’année suivante, le fameux 11 septembre 1960,
se dérouleront les premiers internationaux de France de surf sur le spot de La Barre.
Cette compétition historique marquera le début de la popularisation du sport. Peter Troy,
le vainqueur était un voyageur invétéré doublé d’un véritable ambassadeur du surf et
sèmera pas mal de graines lors de son séjour.
Les premiers Américains qui découvrent Biarritz tomberont sous le charme jusqu’à y
rester bien plus longtemps que prévu. Le plus difficile pour les locaux reste alors de
se procurer du matériel. Jo Moraiz ouvre la première boutique de surf (on ne parlait
pas encore de surf shop) en 1965, qui restera pendant longtemps l’unique point de
ravitaillement. Quelques années plus tard, c’est au tour de Mike Diffender d’apporter une
autre révolution à Biarritz, avec des surfs plus courts et plus maniables. Devant le succès
remporté par ses nouvelles planches, il finira par les faire fabriquer chez Barland.
Passage de témoin. On blâmait les surfers des années 60 parce que trop snobs,
on blâmera la génération suivante de prendre la vie trop à la légère ! Dès le milieu des
années 60, une nouvelle jeunesse s’apprête à prendre le relais des premiers surfers.
La différence d’âge est telle que les jeunes prendront vite une direction très personnelle.
Le premier kid de la nouvelle génération à surfer Guéthary fut un certain François Xavier
Maurin, qui suivait l’exemple donné par les frères Lartigau de quelques années ses aînés.
La fièvre des 70’s leur tombe dessus. L’esprit flower power était très en phase avec celui
du surf dont la pratique dépasse désormais le cadre du loisir pour devenir un mode de vie à
part entière. La contre-culture gagne du terrain, les surfers portent les cheveux longs et des
chemises à fleurs, ils sont de tous les voyages, des plus exotiques au plus synthétique.
Les premiers beach bum zonent dans des combis pourris d’une plage à une autre, suivant
les vagues en fonction des saisons et non pas des report internet. Sur la côte Basque
c’est la plage de Lafiténia qui fera office de QG de ces baroudeurs en herbe. Les soirées
autour du feu s’éternisent, le vrai voyage venait de commencer ! Les frères Lartigau
incarnaient alors les surfers voyageurs par excellence. En partant vivre en Australie dès le
début des années 70, Ils sont les premiers à dédier complètement leur vie au surf.
Le surf fait carrière. Il faudra attendre la fin des années 70 pour voir le sport
se structurer avec l’apparition d’un véritable circuit professionnel. Le surfer marginal,
qui allait de pair avec la quête incessante de la vague parfaite dans tous les pays du monde,
cède progressivement la place à un personnage moins énigmatique, véhiculant une autre
image, celle de la compétition. La transition est en cours, le surf va depuis progressivement
devenir un loisir de masse, mais personne ne le sait encore. Les choses commencent à
bouger, grâce à l’attention médiatique dont bénéficieront certains événements tels les
Championnats du Monde amateur de Biarritz en 1980, remporté par un certain Tom Curren,
qui allait s’installer dans la région quelques années plus tard, contribuant à lui seul à faire
connaître la France comme terre bénie du surf. L’année 1986 verra l’apparition de Surf
Session, le premier magazine de surf Français, sous la houlette de Pierre-Bernard Gascogne
et Gibus de Soultrait. C’est en 1987 que déroule la première compétition professionnelle à
Biarritz, le Biarritz Surf Master. Le style surfer commence à faire école, les shorts moulants
et les T-shirts se vendent comme des petits pains. Le ton est donné, les années 90 verront
émerger la professionnalisation du sport, les écoles se multiplient, l’industrie du surf se
développe de manière assez spectaculaire. Le surfer séduit, son style de vie est idéalisé et
les fringues qui lui ressemblent s’arrachent. Le surf, lui, est reconnu comme un sport à part
entière et il bénéficie des structures d’encadrement et d’entraînement dédiées comme le
pôle France au lycée Cassin de Bayonne. Fini le temps des potes qui se retrouvaient à Lafit’.
On compte aujourd’hui plus de 100 000 pratiquants en France, dont une proportion de filles
en constante augmentation. Quiksilver l’a bien compris et c’est en 2006 que le Roxy Jam
voit le jour à Biarritz, sous la forme d’une compétition de longboard uniquement réservée aux
femmes. Un événement qui prend le relais du Biarritz Surf Festival, une manifestation dont
la renommée internationale a contribué à l’affirmation de la ville de Biarritz comme point de
rencontre des cultures surf, sur le lieu même où tout a commencé 50 ans plus tôt, la plage
de la Côte de Basques. La boucle est bouclée.
morceaux
d’histoires
Stéphane Robin
L e s p e t i t e s v a g u e s f o n t l e s g r a n d e s . R e t o u r s u r l e s g r a n d s c h a p i t r e s d e l a j e u n e h i s t o i r e d u s u r f f r a n ç a i s . . .
PHBERNARD
51

52
I n t e r v i e w
C l a u d e D u r c u d o y a l i a s « c l a u d e t » , t r i p l e c h a m p i o n d e F r a n c e d e p l a n k i n g d e 1 9 5 0 à 1 9 5 2 ,
f a i t p a r t i e d u p r e m i e r g r o u p e d e s u r f e u r s f r a n ç a i s , p l u s c o n n u s s o u s l e n o m d e « t o n t o n s s u r f e u r s » .
C’est en septembre 1956 que son oncle Georges
Hennebutte lui propose de rencontrer Peter
Viertel, l’homme qui marche sur les vagues, et de
s’essayer au surf sur une planche importée des
Etats-Unis. Au-delà de la simple pratique du surf,
il sera aussi un « pilote d’essais » idéal pour les
inventions de son oncle et en particulier le premier
leash.
Comment et quand avez-vous commencé à
surfer ?
J’ai connu le surf en septembre 1956, à la suite
d’un appel téléphonique. Je me souviens quand
mon oncle m’a demandé si je voulais rencontrer un
homme qui marche sur les vagues ! Passionné de
sport de glisse et en particulier de planking, j’ai de
suite accepté l’invitation, sans pour autant pouvoir m’imaginer comment la chose
était réalisable. Nous nous sommes retrouvés sur la plage de la Côte des Basques,
un matin ensoleillé de début septembre. Après que mon oncle m’ait présenté Peter
Viertel, nous nous sommes essayés au surf. Les premières tentatives n’ont pas été
très concluantes. Nous n’avions aucune notion de la position adéquate, de plus,
sans wax, la planche glissait comme une véritable savonnette. Peter Viertel,
reparti aux États-Unis, avait confié sa planche à mon oncle afin de la remiser
dans une crampotte de la Côte des Basques dont je possédais une clef. Dès que je
finissais mon travail, je me précipitais à la plage pour aller surfer.
YVES SOBANSKI / DR
Votre oncle a été à l’origine du premier leash, comment avez-vous vécu
l’arrivée de cette nouveauté, devenue depuis incontournable ?
Quand nous allions surfer, passer la barre était tout un problème. Il fallait
s’accrocher à la planche, la ceinturer, l’agripper et ne rien lâcher. Deux fois sur dix,
la planche de près de 35 kilos m’était arrachée, il me fallait alors rentrer au bord en
body et refaire une tentative. Mon oncle rencontrant les mêmes difficultés, il se mit
alors à chercher une solution afin de s’attacher la planche comme au bout d’une
laisse. Il en résultat ce que l’on appelait communément « le fil à la patte », dont le
brevet fut déposé en 1957, sous le nom de chevillière. Avant de commercialiser son
invention, mon oncle avait besoin de la tester et tout naturellement, il m’a recruté
comme « pilote d’essais ». Le premier modèle se composait de trois pièces.
Un rond en caoutchouc qui, à l’origine, servait à boucher les éviers. Cette pièce,
collée à l’arrière de la planche, grâce à de la colle néoprène, possédait un anneau
moulé dans lequel était fixé un sandow (l’ancêtre du plug !). À l’autre extrémité,
une bandelette de toile kaki de l’armée, avec des boutons pression, entourait la
cheville. Facilement détachables, les pressions ne pouvaient s’arracher sous la
traction de la planche, et de la traction il y en avait ! À la perte de la planche, mes
quarante cinq kilos tout mouillé se faisaient inévitablement traîner, me donnant
l’impression de faire du ski nautique sous l’eau. Il me fallait donc trouver une
solution afin de me freiner. Après plusieurs tentatives, la position du parachute
m’est apparue comme la plus efficace. En écartant les bras et les jambes à la
manière d’une chauve-souris, j’arrivais à considérablement réduire la distance et je
ne pouvais m’empêcher de rire tout seul en pensant à l’allure que je devais avoir
sous l’eau. Le principal avantage était de pouvoir surfer à marée haute,
sans que la planche ne veinne s’écraser contre le parapet de la promenade.
Michel, Bruno, Jacky et mes autres amis m’enviaient car eux n’osaient pas se
mettre à l’eau de peur de fracasser leurs planches. J’ai utilisé ce modèle pendant
deux saisons, avant de me résoudre à l’abandonner face aux scepticisme général
et aux nombreuses railleries dont les plus fréquentes étaient l’allongement de ma
jambe ou les risques de saucissonnage. Pour les mêmes raisons, et face au coût de
dépôt de brevet, mon oncle ne déposa pas son invention à l’étranger. Le concept
avait été définitivement abandonné jusqu’à l’arrivé à la Côte des Basques d’un
mémoire
d’un tonton surFeur
Américain équipé d’un leash. Sans doute pour ne pas copier le brevet de mon oncle,
ce modèle s’attachait au poignet et était fixé à l’avant de la planche un peu comme
ceux utilisés pour les bodyboards actuels. Rapidement, les Américains placèrent
le leash à la cheville et son point de fixation à l’arrière de la planche. À partir de
là il y eut un véritable engouement. Il faut dire que tout ce qui venait d’Amérique
était du pain béni. Avec le recul, il est regrettable de penser que le fait d’être une
invention biarrote ou plus généralement française a certainement été un frein à la
commercialisation de l’invention de mon oncle.
Vous surfez encore régulièrement à la Côte des Basques. Prenez-vous
toujours autant de plaisir à aller à l’eau ?
Au début du surf nous étions peu nombreux. Il y avait une véritable camaraderie
dans l’eau. Nous étions heureux de prendre une vague ensemble, d’essayer de
surfer à deux sur la même planche en passant d’une planche à l’autre. Au pic,
entre deux vagues, on discutait, on se racontait les histoires de la journée.
Maintenant quand je vais surfer, je prends une vague quand les autres en prennent
dix et même celle-là m’est parfois critiquée. Le regard des jeunes a changé, quand
ils voient un vieux dans l’eau, il est observé comme une bête curieuse, il y a des
rictus qui se font jour. Je pense qu’un jour, j’arrêterai le surf à cause de ce manque
de convivialité.
P a r f r a n ç o i s x a v i e r M a u r i n , d i t f I x , a l i a s « M o n s i e u r L a f i t é n i a »
FiX découvre le surf sur la planche qu’une surfeuse lui avait prêtée un jour au pic
guéthary, alors qu’il avait à peine douze ans. La suite par lui-même.
« Ce jour-là, j’ai nagé jusqu’au pic pour aller voir, tellement j’étais intrigué. La première
tentative fut concluante et, dès les premières vagues, j‘ai su que ce sport était pour
moi. Depuis je n’ai jamais arrêté. En 1966 à l’eau, il n’y avait que des vieux… À part les
frères Lartigau ! Ils nous motivaient beaucoup lorsqu’on arrivait dans l’eau. On surfait
principalement l’été, quelques fois en hiver, on se jetait dans l’eau glacée en maillot
avec un pull en laine, ça nous tenait chaud dix minutes et après on sortait de l’eau,
frigorifiés. Au début le surf, c’était pour les fils à papa, un truc de Parisiens. Une fois
qu’on s’y est mis, c’est devenu
nettement moins respectable.
Les Rugbymen du coin, fallait pas
leur parler des pédés de surfeurs,
comme ils nous appelaient.
Lafiténia est rapidement devenu
mon spot, j’adorais cette vague.
C’était une véritable expédition
à l’époque. Au début, j’y allais le
dimanche avec mes parents.
On partait de Guéthary en suivant
l’ancienne voie de chemin de fer,
ensuite il fallait descendre un
petit chemin et en bas il y avait
cette droite qui déroulait sans fin.
C’est vite devenu le lieu de rencontre des surfeurs du coin, toutes les légendes du surf
sont passées par là. Kevin Naughton, Greg Peterson, Nat Young et tant d’autres,
ils nous ont tous inspirés pour aller chercher la vague à l’autre bout du monde.
La plupart des précurseurs du surf d’aujourd’hui se retrouvaient autour du feu. Gibus
de Soultrait avait vite abandonné la capitale pour venir s’installer définitivement sur
la côte. On fit notre premier trip au Portugal ensemble, et puis en 1974 il me rejoignit
à Bali où j’étais parti pour trois mois. Le photographe Sylvain Cazenave était là aussi.
Au début on était à l’école ensemble, j’étais un cancre et lui plutôt bon élève. Alors je
lui échangeais des versions latines contre des numéros de Surfer Magazine, et c’est
comme ça qu’il s’est intéressé au surf ! Notre génération n’avait rien de structuré. Le
surf c’était notre mode de vie, un truc de fanatiques, on ne vivait que pour s’éclater. »
MICHEL BEAUCOURT
L e s a n n é e s
f o l l e s . F i x
( à g a u c h e ) ,
e t G i b u s d e
S o u l t r a i t à
l a r e m i s e
d e s p r i x
d ’ u n e

France 2007

5
c L A S S I c E V E N T
vintage spirit, es-tu Là ?
I l y a d e s rendez-vous q u i f o nt du bien, des non évé n e m e n t s , sans banderoles ni gros spon s o r s ,
s a n s b e a c h m a r s h a l l n i j u g e m e nt. C’est l e c a s d e l a Daniel’s Longboards Party, simple prétexte à
une rencon t r e e n tre gens pass i o n n é s .
Daniel’s Longboards Party
2 juin 2007.
Côte des Basques, Biarritz.
Confidentiel mais pas sectaire. Ce qui caractérise la DLP, c’est bien sûr l’esprit ! D’aucuns y verront le côté un
peu sectaire dun groupe de fans de vieilles planche hors de prix… Là où il n’y a que des grands enfants,
qui aiment à croire que le plaisir de la glisse se partage même hors de l’eau. L’esprit du surf était donc présent,
sous sa forme la plus classique. Les planches de Daniel Creignou attirent inexorablement l’œil ! Difficile de
résister à la tentation d’aller plus loin, de ne pas toucher, sentir, caresser… On tombe amoureux d’une Daniel’s
avant même la première vague. L’expérience du surf sur ce type de
planche frôle avec le mystique. Mais ne surfe pas classique qui veut !
La première tentative peut être rebutante, une telle planche se dévoile
petit à petit, il faut apprendre à l’apprivoiser. Mais attention, une fois
ce pas franchi, il y a des chances pour que vous ne vous sépariez plus
jamais de votre longboard classique, on vous aura prévenu. La Côte
des Basques offre des vagues idéales pour rider les longboards de
toutes les époques, et en ce samedi de juin, tous les fans de belles
planches étaient conviés à venir avec la leur, histoire de partager les
feelings. Daniel lui-même proposait de tester un bon paquet de ses
planches, une occasion unique de s’offrir un ride sur une planche
de collection pour pas un rond ! On passe, on s’arrête, on discute,
on essaye, on revient, on boit un coup et on s’en va la tête pleine de
rêve… Rendez-vous l’année prochaine sur la Côte des Basques.
Daniel Creignou est un shaper autodidacte qui a découpé son premier
pain de mousse en 1973. C’est au milieu des années 90 qu’il se
passionne pour le longboard classique, les planches qu’il produira
par la suite parlent d’elles-mêmes. Le bouche-à-oreille sur la qualité
des boards produites par ce shaper atypique fait son chemin et
c’est désormais de toute l’Europe que l’on vient chez lui pour essayer de se dégoter une Daniel’s. Il faut dire
qu’aujourd’hui, ils ne sont pas nombreux les shapers qui produisent des planches 100 % classiques.
Question de rentabilité sans doute… Daniel, lui, fait partie de ces orfèvres sur lesquels le temps n’a pas de
prise. Il reproduit à l’identique des planches des grandes années du longboard et du single, il mélange aussi les
templates plus modernes tout en gardant l’épaisseur et le poids des planches d’hier, pour obtenir des modèles
plus personnels. Il a choisi de travailler à son rythme, les planches vont et viennent, un peu comme les vagues,
au fils du temps.
STÉPHANE ROBIN
STÉPHANE ROBIN

c L A S S I c E V E N T
a v e c l e t r è s d i s c r e t D a n i e l !
La « Daniel’s Longboard Party » c’est nouveau ?
L’idée ne date pas d’hier, mais la mise en place fut un peu longue.
Malgré le manque de communication, il fallait quand même réussir
à réunir nos clients, les passionnés de Classic en général. C’est un
rassemblement un peu confidentiel, qui n’a d’autre ambition que celle
de se retrouver entre amis autour d’une même passion. La première
version, le « Daniel’s Festival » s’est tenu en Espagne en 2006,
à San Vicente de la Barquera, en Cantabrique, organisée par Hector
Fernandez.
Le longboard classique, c’est une révélation ou ça s’apprend ?
C’est différent du surf d’aujourd’hui évidemment. Il n’y a souvent
qu’une seule dérive, ça ne se surfe pas de la même manière,
on ne recherche pas le même type de performance. Le principal,
c’est la glisse et le plaisir. La première fois que j’ai surfé une Tyler
10 pieds classique, c’était à la cote des Basques en 1996. Une vraie
révélation ! J’avais surfé des milliers de vagues auparavant, mais sur
cette planche, c’était toute l’âme du longboard qui réapparaissait.
on entend parler d’un team de riders Daniel’s. Quels sont les
heureux élus ?
Pour être rider chez Daniel’s, ce n’est pas nécessaire d’être le meilleur,
il faut d’abord avoir le bon esprit. On n’est pas obligé de faire de
compétitions non plus, il faut aimer le classique, il faut vraiment être
passionné. En ce moment, ils sont sept, entre 14 et 35 ans. Il y a Clovis
Donizeti, Tony Moreau, Robin Falxa, Julien Gris, Hervé Blanco, Régis
Doussaint et Hector Fernandez.
Tu as toujours surfé à la Côte
des Basques, comment vois-tu
l’arrivée du Roxy Jam, après
des années de Biarritz Surf
Festival ?
C’est super de voir les meilleures
longboardeuses du monde venir
à Biarritz. En plus, elles ont
tendance à surfer de manière
plus classique que les hommes.
Elles n’hésitent pas à surfer
des planches plus lourdes,
plus difficiles à manœuvrer,
c’est toujours un grand spectacle. Je regrette évidemment que les
Hawaiiens, les Tahitiens et les autres ne viennent plus nous voir l’été.
C’était l’occasion de se rencontrer, d’apprendre des choses, d’échanger
et de se faire des amis à l’autre bout du monde. J’aime croire que le
BSF reviendra un jour.
Les décos de tes planches sont toujours très recherchées, ça
prend combien de temps pour fabriquer de si beaux objets ?
Il faut parfois jusqu’à trente heures pour produire une planche, dont cinq
rien que pour le polish. Pour la décoration, c’est très personnel,
j’ai tendance à imaginer quelque chose, une idée, et je visualise l’objet
fini avant de commencer. Pour les planches qu’on me commande, c’est
différent, je fais ce qu’on me demande. Pour les miennes, je me lâche un
peu plus. Et dans tous les cas, je ne refais jamais deux fois la même !
Propos recueillis par Stéphane Robin
MARC ROSS / COLLEC PRIVÉE DANIEL’S
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S u r f M o v i e
unk réaLisateur ou souL surFer ?
L e s r é a l i s a t e u r s d e film de surf ont le plus souvent un parcours
un peu atypique e t S t e v e C l e v e l a n d n e d é r o ge à la règle.
Les rares films qu’il a réalisé sont devenus cultes, non seulement par
leur angle très par t i c u l i e r m a i s a u s s i p a r l e s p e r s o n n a g e s
m i s e n s c è n e. Pour mémoire, c’est le même Steve Cleveland
qui a dévoilé le jeune Joël Tudor quand il n’avait pas encore 15 ans.
Si vous étiez au dernier Festival du Film de Saint Jean de Luz, vous avez peut-être remarqué un
type aux airs limite clownesque, avec ses cheveux jaunes frisés dépassant de sa casquette verte
et blanche siglée Another State of Mind, qui se faufilait entre les festivaliers en trimballant une
caméra tantôt dans les airs, tantôt au ras du sol.
C’était bien lui, Steve Cleveland, le réalisateur de “Another State of Mind“, un film de longboard qui
met tout le monde d’accord sur les nouveaux standards de ce qu’on n’ose plus vraiment appeler
la planche à papa !
Né en Californie, Steve n’a cessé de faire des allers-retours entre le « mad-land » (le continent
américain) et les îles hawaïennes, au gré des déménagements de sa famille tout d’abord puis tout
seul par la suite.
Attiré par le « summer of love » de 1969, c’est à Maui qu’il restera le plus longtemps. Il en profitera
pour se former à la prise de vue au Maui Community College avec déjà une idée en tête : faire un
film sur le longboard. Il fait vite partie des “regulars“ de Honolua Bay, mais en 1980 Maui était déjà
trop surpeuplé à son goût, trop en vue, l’esprit du summer of love se perdait « Mike Fleetwood
(co fondateur du groupe Fleetwood Mac, ndlr)) habitait dans ma rue, j’avais fait ce que j’avais à y
faire, il était temps de partir ». De retour en Californie, il passe sa vie à surfer en accumulant les
petits boulots, et mettra pas mal de temps avant de concrétiser son rêve, mettre en image le soul
surfing.
Son premier film sort en 1991, intitulé On Safari to Stay révélera Joël Tudor au grand public,
il sera suivi de On Safari Again en 2003, une légende du genre était née. Les tribulations des
longboarders sur les routes de Basse Californie et leurs échanges avec des shapers mythiques
comme Donald Takayama et Skipp Frye feront date.
Pour revenir à son dernier film, “Another State of Mind“ qui remporte l’Aileron du meilleur montage
au festival, c’est sa rencontre avec le longboarder new school CJ Nelson à Malibu en 2001 qui fut
déterminante dans la genèse du projet. « CJ Nelson fait partie de cette génération qui a grandi
avec mes premiers films, on avait les mêmes idées, je voulais faire quelque chose de différent,
un truc que les kids adoreraient ». Sans sponsor, Steve doit financer lui-même la production du
film à plus de 90 %. « Je voulais des images rares pour ce film ; des images inédites, ça demande
du temps, pour filmer et pour monter. Ce coup-ci, j’ai passé trois mois rien que sur le montage ! »
Texte et photo : Stéphane Robin
avec un freelance de la caméra
Comment arrive-t-on à faire un film sans soutien d’un gros sponsor ?
Je ne serai rien sans les riders qui sont dans mes films ; dans l’industrie du surf,
on a aujourd’hui un peu tendance à utiliser les surfeurs et à les oublier lorsqu’on
en a plus besoin. En Californie, tout le monde squatte chez moi, ce qui me permet
d’être près des riders et de filmer sans qu’ils s’en aperçoivent, tellement je fais
partie du paysage. Je les nourris même, mais c’est à eux de me ramener de la weed !
D’où vient le titre Another State of Mind ?
Je n’ai rien inventé. En fait, c’est le titre d’un film underground de punk, il y a
longtemps. C’est aussi pour ça qu’on mit une bande son un peu punky. Ma devise
c’est « look at surfing, and let the magic happend ». Mes films sont un mix de
rêve, d’aventure et de réalité. Un autre état d’esprit, plus souple, avec toujours ce
regard un peu décalé !
D’habitude on s’endort devant les vidéos de longboard, quel est le secret
de mister Cleveland pour se démarquer ?
Une bonne vidéo de surf ne doit pas être trop longue, jamais plus d’une heure,
sinon ça devient rébarbatif, on s’ennuie. C’est toujours le même problème quand
on fait un film sans histoire, il faut savoir faire court ! Mais ce qui est cool avec la
superposition des plans dans ce film c’est qu’il faut le regarder au moins cinq fois
pour tout voir !
Tu as passé la majorité de ta vie en Californie ou à Maui, qu’est-ce que tu
penses de la France ?
Il n’y a pas de meilleurs endroits sur terre où j’aimerais être en ce moment !
Si j’avais encore toutes mes dents, je viendrais sans doute tenter ma chance
par ici ! Ce n’est pas la dernière fois que je viens, c’est certain ! Les vagues sont
belles, les gens sont cool, I love it !

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97232 Le Lamentin, MARTINIQUE, et peut être adressé gratuitement à toute personne en faisant la demande à contact@mobiletrend.fr Service édité par Mobile Trend, 19 rue Martel, 75010 Paris.
RCS 445223977.

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1 9 6 3 - 2 0 0 7 , q u a r a n t e q u a t r e a n s
d ’ é c a r t e n t r e c e s d e u x i m a g e s e t
t o u j o u r s l a m ê m e p a s s i o n .
COLLEC YEP_DE ROSNAY
YVES SOBANSKI

S U R f L I f E
Joël De Rosnay, fils de diplomate surfeur visionnaire
et grand scientifique est là depuis le début. Toujours
bien placé au line up quelques cinquante ans plus tard,
il force le respect. L’anticipation ici plus qu’ailleurs est
l’une des clefs de sa réussite. Son regard sur le surf a
contribué à l’internationalisation du sport à ses débuts,
mais c’est surtout son engagement et sa passion
qui font de lui un personnage emblématique d’une
discipline longtemps en quête de légitimité.
La première chose qui frappe lorsque l’on rencontre Joël
De Rosnay, c’est sa vitalité, cette énergie qui l’anime et
qui lui permet de pratiquer de manière toujours aussi
intensive le sport qu’il a vu émerger, il y a un demi-siècle…
Docteur-Es-Science, il connaît l’histoire du surf en France
mieux que personne ou presque : il faisait partie des quatre
mousquetaires, comme on les appelait à l’époque, ceux-là
même qui ont lancé le surf en France en créant le premier
club de surf. « Nous avons créé le Waikiki Surf Club en
septembre 1959, les quatre membres fondateurs étaient
Peter Viertel, Georges Hennebutte, Jacky Rott et moi ; ça
s’est fait sous l’égide du péruvien Carlos Dogny, qui nous a
donné l’idée de monter un club comme il
faisait au Pérou. On a simplement copié le
nom, la référence à la plage de surf la plus
célèbre d’Hawaii nous convenait tout à fait.
».Ce pas franchi, les choses s’accélèrent
rapidement. Au bout de quelques années,
un premier championnat de France est
mis en place. « En 1960, on n’était pas très
nombreux, il y avait à peine une dizaine de
surfeurs capables de faire une compétition.
J’étais un peu impressionné évidemment,
par le jury notamment, qui était composé
de gens plus âgés et que nous respections
beaucoup. Il y avait plusieurs épreuves, du
surf bien sûr, mais aussi du paddle, du tandem. J’en garde
un souvenir très net, l’émotion de surfer avec les copains
d’abord et de gagner bien sûr. On surfait sur des grandes
planches assez lourdes, à l’époque elles étaient presque
toutes en balsa massif, et seulement certaines étaient
recouvertes de résine. » L’intérêt de la France pour les
surfeurs étrangers était très faible et mis à part quelques
milliardaires péruviens, tout le monde ignorait la qualité
des vagues françaises, jusqu’à ce fameux jour de 1961
où un article signé par Joël De Rosnay parait dans Surfer
Magazine.
« C’est Carlos Denis qui m’avait montré les deux premiers
numéros de Surfer magazine, ça m’avait complètement
passionné. J’ai décidé d’écrire à John Severson (fondateur
de Surfer, ndlr) en me disant qu’il fallait lui montrer qu’il
y avait des vagues en France. J’avais pris quatre photos
à la grande plage, c’était pris d’assez près et on avait
l’impression que les vagues étaient grosses. En 1961,
j’ai reçu une réponse. À partir de cette date, on a commencé
à voir arriver les Australiens, les Californiens et les Hawaiiens
qui nous ont beaucoup appris, c’est vraiment ça qui a
déclenché l’arrivée des surfeurs internationaux chez nous. »
Le mouvement est lancé, dans les années qui suivent, Joël
De Rosnay se liera d’amitié avec John Severson, jusqu’à
devenir correspondant du magazine en Europe pendant plus
d’une décennie. « On s’est beaucoup écrit et finalement
c’est au championnat du monde de surf de février 1965 à
Lima que nous nous sommes rencontrés. Il y a trois choses
qui m’ont impressionné chez lui. La première, c’était sa
forme physique pour son âge. Il n’était pas tout jeune et il
surfait formidablement bien. Ensuite, c’est son charisme qui
m’a impressionné, comme patron du plus grand magazine
de surf de l’époque, les gens venaient beaucoup lui parler,
c’était un peu la vedette. Et enfin, son sens artistique me
plaisait beaucoup, il avait beaucoup de talent pour le dessin
photo. C’était un personnage très complet, à la fois artiste,
homme d’affaires et très grand sportif. » Suite à cette
rencontre, Joël collaborera pendant quelques années à
la première revue spécialisée dans le surf qui paraîtra en
France. « L’idée n’est pas venue de moi, c’est Dudouyt à
Hossegor qui fut l’instigateur de “ Surf Atlantique ”,
j’ai collaboré avec lui, mais il n’y avait pas beaucoup
d’argent. C’était dans les années 1963-64-65. Il me semble
qu’ils ont fait trois ou quatre numéros, pas plus. La revue
parlait du surf, du skateboard, de ce qui se passait dans la
région ; et il y avait pas mal de choses sur l’entraînement
sportif et la préparation physique. »
Malgré le peu d’informations et le manque de matériel,
le surf se développe bien au-delà des petits groupes du
début, ça n’a pas été facile et les surfeurs de l’époque ne
sont pas forcément bien considérés. « Pendant longtemps,
on s’est battu pour que le surf soit accepté, on était
considérés comme des marginaux, des gens pas sérieux.
On n’a pas été aidés en cela par beaucoup de surfeurs
étrangers qui ont débarqué ici dans des conditions un peu
limites. C’est sans doute pour cela que les municipalités ont
mis si longtemps avant d’organiser quelque chose autour
du surf » Quand on lui demande si Biarritz se sert du surf
comme un instrument de promotion touristique après avoir
longtemps décrié les travers des surfeurs, Joël De Rosnay
préfère parler de continuité. « Les municipalités ont mis du
temps à comprendre l’intérêt du surf sur le plan touristique,
mais elles ont accompli un gros travail depuis de longues
années maintenant et je tiens à les féliciter. Aujourd’hui,
les touristes viennent aussi dans le pays Basque pour le surf,
c’est un atout dont il serait dommage de se priver. »
Le surf en pleine lumière
À peine sorti de l’ombre, le surf n’a cessé de faire des
nouveaux adeptes jusqu’à devenir le phénomène de
masse que l’on connaît aujourd’hui. Selon Joël, le véritable
engouement que ce sport engendre trouve son explication
dans les fondements-même du sport. « Le surf est une
complicité avec les éléments, pour moi c’est un sport
écologique, c’est une véritable symbiose entre l’homme et
la nature. La vague, c’est pas moi qui l’ai faite, mais quand
elle arrive, je sais où la trouver, je sais comment me faufiler
dedans en fonction des conditions et de la planche que j’ai.
J’ai un respect pour la mer et je pense que la vague me
respecte aussi, il y a une étroite association entre l’homme
et la vague. Le surf, c’est aussi les amis et c’est surtout
un sport où tout peut changer. Le vent, la houle, le monde,
tout évolue très rapidement, on ne surfe jamais de la même
façon au même endroit, c’est vraiment extraordinaire.
C’est à la fois collectif et individuel, et c’est tout ça qui le
rend très addictif »
À soixante-dix ans, Joël De Rosnay partage son temps entre
la capitale et Guéthary où il surfe encore régulièrement des
vagues qui dépassent les deux mètres et demi. Quand on
sait la puissance des vagues à Parlementia, on se demande
comment il fait pour conserver aussi longtemps une telle
condition physique. « Le premier secret, c’est l’entraînement,
quand les conditions sont bonnes, je fais jusqu’à six heures
de surf dans la journée ; c’est important d’aller surfer
souvent, même si les vagues sont petites. En hiver, je surfe
aussi, mais à côté je fais beaucoup de ski, du vélo, et des
haltères, il faut savoir préparer et maintenir sa condition
physique, c’est très important ». À Guéthary, on n’est jamais
à l’abri de casser sa planche, c’est ce qui est arrivé à Joël De
Rosnay en août 2005, le retour à la nage demande un sangfroid
et une capacité physique qui ne pardonnent pas les
faiblesses ! « Ce sont des choses qui arrivent, mais cette fois
là, c’était ma planche favorite, j’ai d’ailleurs pu récupérer les
côtes de la planche sur le morceau qui me restait et à partir
de là, j’ai pu la faire cloner et obtenir exactement la même
planche quelques mois plus tard ! »
À le voir aussi fringant, on s’imagine vite que les surfeurs
sont des types zen, dont la vie au grand air les protège du
stress des grandes villes. Et si on pouvait surfer plus vieux
grâce à ça ? « Vivre plus longtemps ne m’intéresse pas en
soi, par contre vieillir jeune ça m’intéresse ! Le principal,
c’est de pouvoir rester en forme le plus longtemps possible.
Pour obtenir cette longévité, il y a l’intérêt à la vie, l’intérêt
porté aux gens, la motivation, et aussi la connaissance de
La science du surF
quelques règles de base pour se maintenir en pleine forme.
L’alimentation est un facteur primordial, la mienne est plutôt
saine, frugale et riche en antioxydant. il faut essayer de
réduire son stress, tout en sachant qu’on ne vit pas sans,
il faut apprendre à le maîtriser, je dirais même qu’il faut
réussir à le potentialiser pour en éviter ses effets néfastes »
Facile à dire, mais lorsque le line-up de Parlementia se
remplit de dizaines de surfeurs tous plus affamés les uns
que les autres, la tension monte automatiquement d’un cran !
L’augmentation du nombre de pratiquants a provoqué une
sur-fréquentation de certaines plages, et les phénomènes
de localisme se sont multipliés. Mais ça ne date pas d’hier,
Joël De Rosnay aussi a souffert de cette attitude envers les
surfeurs “ étrangers“, à croire que le seul moyen d’être local
quelque part c’est d’y être né. « Je comprends très bien
l’attitude des gens d’ici qui ont vu des Parisiens débarquer,
surfer et créer le Surf Club de France. Il y a eu quelques
animosités entre nous et les surfeurs locaux, mais beaucoup
de surfeurs basques ne savent pas que mon arrière-grandmère
était Basque, et que j’ai aussi une attache très forte
à ce pays. Je les comprends, mais c’est quelque chose qui
doit être considéré comme superficiel, les surfeurs doivent
former une grande famille. » L’attitude de certains envers les
surfeurs de passage reste critiquable lorsqu’elle tend vers
l’exclusion, ici comme ailleurs mais pour Joël De Rosnay
« l’identité basque est aussi ce qui fait la force et l’originalité
des gens d’ici ; leur fidélité en amitié, leur courage et ça fait
partie du plaisir que j’ai à venir ici surfer avec eux. »
En attendant, Joël De Rosnay waxe sa planche, le regard
fixé sur la vague de Cenitz, la seule vague qui semble vouloir
marcher en cette dernière après-midi de juin. Pas de temps
à perdre, les vacanciers arrivent à peine, l’ambiance est
encore calme, et même si les 70 ans approchent, il ne se
fera pas prier pour aller en profiter… Le surf, source de vie ?
Stéphane Robin
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A S H O P P E R
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D o m m a g e p o u r t o u t c e u x q u i o n t j e t é l e u r s
s a p p e s d e l ’ é p o q u e , m a i s l e s a n n é e s 8 0 f o n t l e u r r e t o u r e n f o r c e .
E t p o u r c e u x q u i n ’ y é t a i e n t p a s , c ’ e s t l e m o m e n t
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S U R f T R I P
chemins de traverse
M o r c e a u x c h o i s i s d u journal de bord d e Damien Castera, s e r i a l tripper de talent,
q u i n o u s emmène de la cité perdue des I n c a s à l a jungle javanaise.
Photos Damien Castera et collection perso

S U R f T R I P
« L e v a g a b o n d
r o m a n t i q u e
n e v e u t r i e n
c h a n g e r a u
m o n d e q u i
l ’ e n t o u r e ,
i l v e u t r é u s s i r
à l e f u i r l e p l u s
e s t h é t i q u e m e n t
p o s s i b l e » .
S y l v a i n Te s s o n .
D a m i e n a p p l i q u e
à l a l e t t r e
l ’ e s t h é t i s m e d e
c e t t e p e n s é e .
P a n d a n g 2 0 0 6
À une époque où les surfeurs pro prennent goût au luxe, même
dans les trips au bout de la planète, tout le monde n’est pas logé à
la même enseigne. il y a ceux à qui l’on signe des gros chèques et
ceux à qui l’on donne quelques stickers. Entre les deux, il y a les
démerdards, ceux qui, sans budget mirobolant, sont capables de se
monter de bons plans surf et d’aller se taper des vagues parfaites
tout seul à l’autre bout du monde. un “plan surf“ c’est avant tout
être capable de scorer un max de vagues avec un minimum de
thunes, et de ce côté-là Damien n’a plus grand-chose à apprendre.
Bienvenue dans la tête d’un serial tripper.
janvier. « J’étais venu pour découvrir un continent aux consonances
mystérieuses. J’étais venu pour les vagues bien sûr, mais aussi pour aller
à la rencontre d’un peuple, d’une culture. Première surprise, de taille, dès
l’arrivée à l’aéroport de Quito, la capitale de l’Equateur : mon single fin
n’avait pas supporté le voyage jusqu’au Pérou. Avec une planche cassée
en deux, pratiquement irréparable du moins dans l’immédiat, j’allais être
obligé de revoir mon programme. Pas vraiment stressé par l’attente d’un
bon swell pour rider Chicama, la plus longue gauche du monde selon les
Péruviens, j’avais tout le temps de visiter la forêt amazonienne et de me
lancer à l’assaut du Machu Picchu, la mythique cité péruvienne, perchée
dans les hauteurs de la Cordillère d’Urubamba. »
sur la route du machu picchu. Après un mois de pérégrination en
Equateur, un long détour par les montagnes de la province d’Imbabura,
un retour en bus vers les belles plages Montanita pendant lequel
Damien se fait délester de portefeuille et carte bleue, un petit coup de
surf (qui ne valait pas le détour), retour avec Damien sur la route du
Machu Picchu.
février. « Sortie de Lima. Après quelques essais d’auto-stop peu
concluants, nous gagnons une station-service sur la “Panamericana“
(la transaméricaine ou autoroute panaméricaine, système de voies
rapides et d’autoroutes qui relie l’ensemble des Amériques) dans l’espoir
d’y trouver un cheval de croisière. À peine cinq minutes d’attente et
un brave camionneur à la dégaine sympathique nous embarque dans
son pick-up. Destination Pisco, ville célèbre dans toute l’Amérique du
sud pour l’alcool auquel elle a donné son nom. Mes deux compagnons
d’aventure, Illya et sa copine Alix grimpent avec le chauffeur pendant
que je m’installe à l’arrière, entre les sacs et les vieux cageots en bois,
en bon maître du monde. Le trajet est exceptionnel, la Panamericana
s’enfonce dans un désert qui se perd à l’infini dans un jeu de couleurs
magnifiques. Les rouge, jaune et marron s’allient jusqu’à se confondre
avec les ombres d’un relief échancré. Une fois à Pisco, on pousse la
route jusqu’à la presqu’île de Paracas, classée réserve naturelle.
Nous y découvrons un site d’une beauté édénique, un contraste brutal
entre le désert sinistre refuge d’âmes égarées que nous venons de
traverser et cet océan de vie. Nous installons un campement de fortune
sur la plage et passons une bonne partie de la nuit à refaire le monde.
Tôt dans la matinée du lendemain, “Inti“ nous démontre toute sa
puissance en nous assommant de ses lourds rayons, nous libérant par
la même occasion d’une nuit agitée. Petite baignade salvatrice, nous
levons le camp et entamons la marche des bienheureux à travers les
quelques kilomètres de désert pour rallier du port de Laguna pour y
trouver un taxi à bon prix pour rejoindre la Panamericana et reprendre
la route vers le Machu Picchu. Après avoir questionné les routiers sur
leur itinéraire, nous nous résignons à devoir emprunter le bus jusqu’à
Cuzco, la capitale de l’empire Inca. Les multiples contrôles routiers sur
la route du Sud effrayent les camionneurs et nous ne parvenons pas
à trouver un chauffeur. Vautrés contre un mur à la peinture délabrée,
nous cherchons un coin d’ombre en attendant le bus. Une légion
d’enfants au regard curieux s’attroupe autour de nous dans une danse
de sourires, intrigués par ces clowns venus d’occident. Puis c’est au tour
des adultes de s’approcher et d’engager la conversation. Un vénérable
grand-père s’approche et demande, l’air inquiet : « vous, les blancs,
vous êtes tous communistes n’est-ce pas ? Vous travaillez pour votre
gouvernement et celui-ci partage les richesses entre le peuple ? »
S’ensuit une conversation irréelle, où le décalage de nos connaissances
creuse le fossé de nos différences. À l’heure où s’ouvre le monde, la
mondialisation semble ne s’opérer que sur un seul côté de la planète.
Après une nuit passée sur la route, la brume intense qui étouffe les
montagnes en contrebas se dissipe en parfait accord avec le réveil
du soleil. Après des heures de voyages, à la sortie d’un virage, Cuzco
l’impériale se dévoile à nos yeux. On installe nos quartiers dans l’hôtel
Iquique, du nom de la célèbre ville côtière nord Chilienne.
Le mélange des styles est incroyable. L’architecture espagnole est venue
se greffer par-dessus les murs Incas grisant l’époque de prospérité
d’une civilisation aussi éphémère qu’intrigante. Les dimensions sont
exagérées. Je me sens infiniment petit, insignifiant même,
mais incroyablement vivant. La sensation d’appartenir à ce monde,
d’être connecté profondément à ce tout, à ces montagnes, à ce ruisseau. »
le prix du machu picchu
« Quelques jours plus tard, un bus nous dépose à Urubamba, ville
transit vers Ollantaytambo et le kilomètre 82. C’est d’ici que part le
chemin de l’Inca, qui rejoint Machu Picchu. L’incroyable attrait dégagé
par la cité perdue pousse le ministre du tourisme à procéder à une
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S U R f T R I P
véritable politique d’écrémage touristique basée sur le fric. Les prix
d’accès faramineux ont pour effet une baisse du niveau de fréquentation
touristique sans pour autant engendrer de pertes dans la case “Profits“.
Une véritable ségrégation. L’accès au « chemin de l’Inca » coûte plus
de 300 dollars, une somme que nous sommes loin de disposer.
Deux contrôles de police en verrouillent l’entrée, un au kilomètre 82
et un autre au kilomètre 88. Les habitants des quelques habitations
de ce point d’ancrage si particulier nous conseillent fortement de faire
demi-tour, nous assurant qu’il est impossible de continuer et qu’avec
la nuit tombante il serait préférable de regagner Urubamba. Difficile
d’admettre que l’on a fait tout ce chemin pour rien. Pris de désespoir,
je frappe à la porte de la vieille maison, presque instantanément un
Indien glisse sa tête à l’extérieur. La pluie ne cesse de dévaler sur mes
joues, plongeant le long de mon cou jusqu’à tremper mes vêtements.
Je reste là, à observer cet homme de petite taille au regard hypnotique.
Jeronimo. Il s’appelle Jeronimo. Il nous invite à passer dans son jardin.
Des chiens hurlent à la mort. À notre vue, ils s’empressent de déguerpir
et laissent dans l’herbe mouillée l’empreinte de leurs lourdes pattes.
Jeronimo décide de nous aider. « Vous savez, je connais ces montagnes
comme si elles faisaient parties intégrantes de mon âme. La saison
humide a fait sortir la rivière de son lit, mais je connais un passage dans
les hauteurs qui vous fera contourner le premier contrôle de police sans
trop de problème. Quant au deuxième contrôle, vous devrez compter sur
l’obscurité de la nuit tombée. Maintenant suivez-moi. » Nous emboîtons
les pas du vieil homme. Les arbres aux fruits inconnus colorent chaque
parcelle de l’espace. Nous nous arrêtons brusquement à la jonction de
deux sentiers : « suivez ce chemin jusqu’au sommet de cette colline,
vous pourrez alors franchir le ruisseau. Continuez jusqu’à être hors
de vue du contrôle et redescendez au niveau du rio. Pour ne pas vous
perdre, suivez le chemin de fer, il arrive directement à Aguas Calientes.
Suerte amigos. » Nous escaladons maintenant depuis assez longtemps
pour être hors champ du contrôle. Nous contournons le kilomètre 82,
zigzaguons à travers le labyrinthe de plantes piquantes et irritantes,
et déboulons finalement au kilomètre 83, dans une discrétion absolue.
Des paysans nous cachent dans leur champ quelque temps et c’est le
sprint pour être hors de vue des policiers en faction. Nous atteignons le
kilomètre 87 peu avant la nuit. La fatigue nous impose de poser le camp.
L’obscurité aidant, nous nous endormons rapidement au beau milieu d’un
petit village inca en ruine. Nous avions trouvé refuge à l’intérieur même
d’une vieille bâtisse ressemblant à un temple, une nuit étrange. Réveil
aux aurores, sous une pluie fine et légère. Nous pressons le pas pour
franchir le contrôle du kilomètre 88 avant la relève du matin.
Nous arrivons enfin, le soir venu, à Aguas Calientes après une marche de
près de trente kilomètres.
Tr a v e r s é e d u P é r o u d u r a n t
l ’ h i v e r 0 7 . A u t o - s t o p ,
d é s e r t s , n u i t s s o u s l e s
é t o i l e s e t m a r c h e d a n s
l a m o n t a g n e . P r é p a r a t i o n
o b l i g a t o i r e p o u r m i e u x
f i n i r « p e r c h é » e n h a u t d u
M a c c h u P i c h u .
On attendait ce moment avec impatience, l’heure de la conquête de
Machu Picchu avait enfin sonné. Il est à 4h du mat, on a de la marge
avant que les touristes ne débarquent en masse plus tard dans la
matinée. La brume baigne la montagne sacrée dans une ambiance
quasi religieuse. L’ascension finale est longue et difficile, surtout
compte-tenu des kilomètres qu’on avait déjà avalés. Mais l’esprit de
la nuit guide nos pensées vers le sommet, à travers cette végétation
tropicale où l’orchestre d’une nature au réveil rythme notre marche.
La sueur ruisselle abondamment le long de nos fronts,
l’air frais force l’entrée de nos poumons bouleversés
par l’effort pendant que le cœur bat vigoureusement.
Notre périple touche enfin son but, j’enjambe les
dernières marches trois par trois et je me laisse
submerger par la magnificence du lieu. Le spectacle
est d’une beauté suprême. Cette cité « enfant du ciel »
me transporte dans un étrange voyage, un voyage
dans le temps, dans le pays du roi soleil et de la terre
mère. Une sensation unique. Je passe le reste de la
journée alangui dans l’herbe, perdu entre rêve d’un
temps lointain et le bonheur entier du moment présent,
complètement fasciné. »
cinq jours plus tard. « Je suis sur la route pour
Titicaca, une route qui traverse d’immenses plaines verdoyantes aux
contours montagneux. Les nuages en transit aux sommets des plus
hautes montagnes dissimulent avec malice les neiges éternelles, indice
mielleux nous rapprochant un peu plus du ciel. C’est magnifique.
Nous dormons chez une famille d’indiens Quechua sur l’île d’Amantani.
Je me sépare du couple avec qui je voyage depuis deux mois et pars
seul pour la Bolivie. Je dors sur l’île du soleil, point de départ de
l’empire Inca. Manco Capac, le fils du soleil et de la lune, est né ici,
sur le rocher du puma. Je me fais bénir par un chaman sur la table qui
servait aux sacrifices humains, et gagne le petit village en contre-bas.
L’heure est maintenant au carnaval ».

S U R f T R I P
Après quelques mois à la maison, les envies de voyages
recommencent vite à titiller Damien. Le mois d’août et son cortège
d’estivants arrivent, il est temps de plier bagage. Et ce coup-ci,
d’assouvir pleinement ses envies de surf, même si dans le voyage,
le plus important…
« Début août. Ça fait maintenant trois semaines que je suis à Bali,
à squatter le peak de Padang du matin au soir. Les légions de surfers
brésiliens pourrissent chaque jour d’avantage l’ambiance à l’eau,
abandonnant les règles de respect au profit du ragassage intensif comme
ils savent si bien le faire… Après avoir traversé Ouest Java, Sumatra et ses
îles (Nias et Asu), lors de mon premier voyage, je me suis laissé séduire par
la facilité de la vie balinaise, où les journées se suivent et se ressemblent
interminablement. L’idée étant que j’aimerais ramener en France de belles
photos aquatiques de surf, et mis à part du côté de la presqu’île de Bukit et
ses spots ultra-fréquentés, je risque d’avoir quelques difficultés à dégoter
un photographe. Deux jours passent, sans trop de vagues. Je me réveille à
6h, le visage à demi-fermé par les restes d’un sommeil lourd et profond. Le
swell est rentré pendant la nuit et atteint les deux mètres. Étrangement, le
peak semble désert. J’enfile en vitesse mon maillot, récupère le single fin
6’’4 qui dort derrière le cabanon, jette un signe amical à Ketut qui rentre de
la pêche, et quitte le baraquement. La vague de Padang Padang est assez
simple à comprendre. Après un take-off relativement facile, il faut aller
chercher un long bottom turn pour bien se positionner dans le bowl…
Et c’est parti pour la caverne, courte mais d’une intensité sans égale.
Je prends quelques bonnes vagues, seul sous un ciel orangé par l’aurore,
mais très vite, un zodiac se pointe et un surfer balinais se jette à l’eau. Je
crois reconnaître Rizal Tanjung, Ze local du spot. Sur le hors-bord,
un photographe verrouille minutieusement son caisson étanche et se
prépare à shooter la session. C’est le moment où jamais. J’attends
patiemment la série, Rizal part sur la première et je m’engage sur la
deuxième, plus petite mais tout aussi creuse. Le photographe bien placé à
la sortie du tube immortalise la scène avec une belle séquence de clichés. »
mi août. « Le flat qui règne depuis une semaine me fait perdre la notion du
temps qui passe. Les journées s’allongent et je tourne en rond, noyant mon
cerveau dans les bars de Legian Street.
C’est décidé, je pars pour G-Land. Rémi, un pote, et mon frère Seb sont de
la partie. Nous achetons nos billets à l’agence de Kuta et prenons place à
l’arrière d’un vieux combi à la peinture délabrée à destination du nord de
l’île. Nous enchaînons avec une heure de ferry, le voyage se termine par
huit heures de bus au milieu d’une jungle épaisse, dernière étape avant
d’atteindre le mythique G-Land. La végétation est intensément dense,
filtrant les assauts d’un soleil assassin et permettant l’émergence timide
de quelques fleurs tropicales aux sublimes couleurs. Le camp a été bâti
de manière à respecter l’environnement et les valeurs locales : pas de
ciment ni de béton, le bois est le seul matériau utilisé pour la construction
B o t t o m t u r n à
G - L a n d . D e r n i e r
r i d e s o u s l e s
t r o p i q u e s p o u r
D a m i e n a v a n t d e
r e g a g n e r l a v i e i l l e
E u r o p e , l a t ê t e
p l e i n e d ’ é t o i l e s .
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66
S U R f T R I P
D e L a g u n d r i à
P a d a n g P a d a n g ,
l ’ I n d o n é s i e r e c è l e
d e s p o t s r e n d u s
a c c e s s i b l e s g r â c e
à l a g r a n d e u r
d ’ â m e e t à l a
g e n t i l l e s s e d e s
a u t o c h t o n e s .
M e r c i à e u x .
M e r c i é g a l e m e n t
a u x s p o n s o r s
d e D a m i e n ,
O ’ N e i l l , M i n v i e l l e
S u r f b o a r d s e t
M u n d a k a O p t i c ,
s a n s q u i …
des cahutes. Une quinzaine de surfers venus des quatre coins du globe se
côtoient dans une ambiance conviviale, tous venus savourer l’effervescence
de ce lieu envoûtant, à l’écart du monde. Quelques jours plus tard, j’ouvre
les yeux de bonne heure, réveillé par le rugissement des vagues qui
s’écrasent sur le récif. La taille de celles-ci a triplé pendant la nuit.
Au fond, à Kong, il y a 3-4 mètres, à Money Trees, la section en face de la
tour d’observation, certainement 3 mètres et à Speedies il y a 2m-2m50.
G-Land est l’archétype même de la vague paradisiaque. Entre 2m et 2m50,
la dernière section, Speedies, s’enroule sur le récif et envoie de longs
tubes puissants d’une longueur incroyable. J’opte immédiatement pour
mon 6’’10 pin tail single fin, parfait pour les gros jours. Sur les traces de
mon idole Gerry Lopez, je me rapproche petit à petit des murs effrayants
qui s’écrasent sur le reef avec fureur. L’anxiété est à son comble. Je mets
une bonne demi-heure pour prendre ma première vague. Le monde à
l’eau rend le placement difficile et oblige à l’engagement. Un set décale
à la surprise générale et
croque une partie des
surfers placés trop à
l’intérieur. Me retrouvant
quasiment seul au peak,
j’engage mon premier drop.
La vague avoisine les trois
mètres et je dois ramer de
toutes mes forces pour ne
pas la manquer. Boosté par
l’adrénaline qui guide mes
mouvements, je bondis sur
mes jambes et dévale cette
pente liquide, plantant le rail en bas de vague en essayant d’être le plus fluide
possible avant de remonter vers le curl. La main au cœur de la paroi, je me
freine et me retrouve projeté au fond d’un des plus gros tubes de ma vie. »
damien poursuit son exploration de l’indonésie en allant de West
java à nias, à l’ouest de sumatra. « À l’ombre d’une jungle protectrice,
le village de Sawarna se repose. Mon front perlé de sueur, et la chaleur
semble aspirer toute mon énergie. La piste suit quelque temps la petite
rivière égayée par les cris joueurs des enfants, avant de s’enfoncer dans
une épaisse végétation. Quinze minutes de marche plus tard, je sors de la
jungle et déboule sur une plage au sable blanc, décorée par des milliers de
coquillages aux formes insolites, usés par le va-et-vient de la mer de Java.
Une pointe rocheuse tend vers l’horizon et protège des assauts du vent
une longue gauche multi-séction. L’eau avoisine les 30 degrés. La vague
déroule le long de l’avancée rocheuse et frise un parterre de corail coloré
avant de s’écraser quelques centaines de mètres plus loin, sur d’énormes
monolithes de pierre. Le peak est désert. Loin des légions touristiques et
des surfcamps surpeuplés, je profite de l’effervescence magique de ce lieu
retiré du monde, et passe mes journées dans l’eau jusqu’à ce que le soleil
fuyard disparaisse derrière l’horizon. La nuit venue, le village s’éveille.
Le manque d’électricité favorise fortement les échanges avec les
villageois, et la modeste lueur des bougies harmonise les danses
traditionnelles dans des chorégraphies aux allures sacrées. De jolies
danseuses, magnifiquement vêtues, font tournoyer avec grâce leurs
hanches délicates aux sons des tambours. Je retrouve ma couchette
quelques heures plus tard, accompagné par la douce ivresse d’un alcool
de piètre qualité, anesthésie parfaite entraînant mes pensées dans un
tourbillon de rêves. »
Deux semaines plus tard. « Je réquisitionne les chiottes d’un bar miteux
aux abords du port de Sibolga, sur la côte ouest de Sumatra.
J’y entreprends une toilette de fortune pour tenter de me décrasser des
deux jours de voyages effectués depuis Ouest Java. En face, un vieux
rafiot au mouillage attend patiemment l’embarquement des passagers
qui se rendent sur l’île de Nias. La traversée est longue. Je débarque à
Gunung Sitoli quelques neuf heures plus tard. La ville est baignée d’une
ambiance étrange et je décide de la quitter au plus tôt. Passage rapide
à la banque pour récupérer un peu de cash pour les deux prochaines
semaines et pour payer la traversée jusqu’à Asu. Seulement voilà, la seule
banque de l’île refuse ma carte et je me retrouve sur le bord de la route
à recompter minutieusement mes économies. Il me reste tout juste assez
d’argent pour faire l’aller-retour jusqu’à Lagundri.
Je décide de tenter le coup. Je me débrouillerai
bien pour manger et quant à dormir, il y a assez de
place sous le ciel. Six heures plus tard, me voilà
à Lagundri et son immense baie, gracieusement
décorée par son collier de cocotiers. Je décide de
prendre une chambre dans un petit warung en face
du break d’Indicator. Les prix restent relativement
bon marché, 10000 roupies environ (1 euro) et
je me plie à un régime exclusivement composé
de nazi puti (riz blanc) et de tomates. Le premier
matin, je me réveille à six heures et découvre avec
magie la peinture exquise de ce paradis terrestre :
une droite de 1m50 déroule interminablement sur
un plan d’eau sans ride ni imperfection. Je waxe
hâtivement ma board, le cœur boosté par l’excitation
grandissante, galope jusqu’à la pointe et me jette à
l’eau. Quelle session fantastique. Une fois le take-off engagé il faut appuyer
rapidement le bottom turn et foncer tête baissée pour passer la première
section qui offre un tube rapide proche de la perfection. La suite de la
vague, plus molle, permet d’envoyer de beaux cut-backs, la banane au
milieu de la gueule, complètement hébété de bonheur. Je reste quelques
semaines sur Nias, troquant mes affaires contre des régimes de bananes
et du poisson.
J’ai trouvé une autre vague sur l’île, une autre droite, un peu comme Nias,
plus consistante. Pratiquement seul sur le spot, je vis dans une famille,
l’ambiance est autrement plus relax qu’à Lagundri. Après de multiples
rencontres, je fais la connaissance d’un petit homme qui tient un warung
sur l’archipel d’Hinako et ses îles rendues mythiques par un certain Tom
Curren dans les 90’s. Asu et Bawa seront donc mes prochaines terres
d’asile, avant de s’en retourner en quête d’aventures nouvelles, seul moyen
d’endiguer les heures qui courent. »
Damien Castera

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DAMIEN CASTERA
©Yves. S