40 EXpERIENcE de l’année. sans compter sur un automne 2008 très sec et un hiver dernier abondant en neige, à basse altitude certes, mais pas en haut. de ce fait, le cumul de neige a diminué de moitié en quarante ans à chamonix. en ce qui concerne la sécurité, il se crée également aujourd’hui des poches d’eau gigantesques à l’intérieur des glaces du fait d’une trop grande différence de température entre la surface et la langue glaciaire. ainsi, formant des poches d’eau, ces barrages naturels risquent à tout moment de lâcher sans l’intervention humaine. c’est ce qui s’est passé au glacier de la Tête-rousse cet été, menaçant ainsi st gervais. et le 11 septembre dernier, 12 000m 3 de roches se sont écroulées des drus dans le massif du mont blanc suite au réchauffement du Thermafrost. si ces éboulements font partie intégrante de la vie géologique des montagnes, leur multiplication ces trente dernières années ne l’est pas moins. en effet, si ladite fréquence est assez régulière de 1900 à 1975, tout s’accélère ensuite. le premier pic de température, dans les années 1970 occasionne un écroulement important, puis en 1992, 1997, 2003, 2005, 2007, Will, lui, tourne et retourne dans la pente sous l’arrivée du funiculaire à Zermatt avec un bon run de cent mètres bien enneigé et bien raide, chose rare quand on connaît les dénivelés normaux des glaciers. NUMERO 57 2011 les écroulements de grosses ampleurs (275 000 m 3 en 2005, quand on est entre 300 m 3 et 22 000 m 3 jusqu’en 1992 !) s’intensifient. le souci dans cette affaire des drus, c’est que la fréquence des chutes suit assez précisément la hausse globale de la température terrestre. autre point, les ressources en eau et hydro-électrique se voient chamboulées. pour exemple, la centrale du bois qui se situe sous la mer de glace s’est retrouvée à l’air libre, à noter que lors de sa construction en 1973 elle résidait sous deux-cents mètres de glace. aujourd’hui, celle-ci est donc reconstruite plus haut afin d’être toujours capable d’alimenter une ville comme annecy. mais demain, il n’y aura plus de place pour cette énergie propre si les glaciers s’assèchent trop. comment continuerons-nous à profiter des lacs de montagne et du ski d’été si, en 2100, 75 % des glaciers alpins ont disparu ? la sécurité des vallées serat-elle maîtrisée ? une question parmi d’autres, mais dont toutes les réponses commencent à être urgentes. william cochet et claude trinidad
Zermatt et le Cervin, là on joue dans une autre cour… Grand ski à 4000 mètres, une expérience unique rendue bientôt impossible ? NUMERO 59 41