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ARTS ET CULTURE_LIVRES<br />
D’une page à l’autre... <br />
«À L’ABATTOIR DES ANGES» DE JOSÉ CLAER<br />
LE VOLEUR D’HYMEN<br />
Texte inclassab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s rayons, puisque comme l’indique l’auteur, c’est un récit poétique. Un poèmef<strong>le</strong>uve<br />
en fait comme <strong>le</strong> sang qui s’écou<strong>le</strong> des vierges immolées sur l’autel de nos fantasmes <strong>le</strong>s plus<br />
sombres, <strong>le</strong>s plus noirs. On ne doit pas tuer dans nos sociétés ce que l’on désire. Et pourtant, <strong>le</strong> héros, si<br />
héros il y a, est un transsexuel, une femme devenue homme qui de façon quasi mystique tue des<br />
vierges pour tenter d’en percer sans jeu de mots <strong>le</strong> secret. Mais surtout la métaphore du tueur et du<br />
poète. Genet n’est plus si loin. Les mots peuvent tuer. Les écrivains deviennent des éventreurs de l’âme<br />
humaine, des vampires assoiffés de la vie des autres qu’ils couchent inexorab<strong>le</strong>ment sur la page<br />
blanche, mais sans jamais trouver la sublime et l’ultime victime. Cel<strong>le</strong> qui <strong>le</strong>ur fera <strong>le</strong>ur dire qu’ils ont<br />
écrit la dernière ligne, la dernière rime. Et qu’il n’y aura plus jamais de massacre à venir pour enfin<br />
respirer et se reposer.<br />
À l’abattoir des anges est un chant mystérieux où Éros et Thanatos se confondent. Le désir et la mort, <strong>le</strong><br />
désir de la mort en fait. Alors, entre l’écriture et <strong>le</strong> meurtre sacrificiel, un rituel parfois hermétique peut<br />
se partager avec <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur. Mais <strong>le</strong> profane pourra se lasser rapidement<br />
des méandres poétiques autour de ces meurtres sacralisés et du sang qui<br />
s’écou<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s lignes, entre <strong>le</strong>s mots. L’auteur revendique l’exigence<br />
du <strong>le</strong>cteur. Il doit faire l’effort de venir à lui. « Je prends mon <strong>le</strong>cteur pour<br />
un être intelligent », nous confie José Claer, « Je suis dans la marge,<br />
alors que je demande qu’il ose me rejoindre dans cette marge, et qu’il<br />
soit prêt à bousculé ». Tout comme il revendique de se laisser al<strong>le</strong>r dans<br />
<strong>le</strong>s recoins de lui qui <strong>le</strong> fascinent. «Dans tous mes romans, il y avait toujours<br />
un thème autour de l’hymen, une fascination autour du passa, du<br />
rite, de l’initiation. Donc, c’est un thème familier pour moi».<br />
José Claer qui écrit depuis l’âge de quatorze ans, qui comptent de nombreux<br />
ouvrages publiés à son actif, imagine très bien À l’abattoir des<br />
anges sur une scène de théâtre ou même qu’il doit adapté au cinéma. En<br />
attendant une seconde vie dans une sal<strong>le</strong> de théâtre, ou au grand écran,<br />
vous pourrez découvrir des extraits de À l’abattoir des anges lus par l’auteur<br />
lors du Festival de poésie de Montréal, <strong>le</strong> 1er p<br />
c<br />
ILS M’APPELAIENT FANCHETTE<br />
Inspiré des moqueries qu’il subissait lorsqu’il était ado<strong>le</strong>scent,<br />
Jean-Paul Tapie présente ce qu’il appel<strong>le</strong> une autofiction<br />
à défaut d’une<br />
autobiographie. Le roman explore<br />
la relation tortueuse entre Germain<br />
Fanchet, aujourd’hui infirmier,<br />
et Rémi Laurent-Dubreuil,<br />
D<br />
Le second disque S<br />
son principal tourmenteur au<br />
lycée. Suite à un accident de la<br />
route, <strong>le</strong> tourmenteur se trouve<br />
livré aux soins de sa victime qui<br />
décide de lui faire payer des an-<br />
juin prochain, place<br />
nées d’oppression. Germain est Gérald Godin, au métro Mont-Royal. 6 DENIS-DANIEL BOULLÉ<br />
cependant affligé d’une relation<br />
D À L’ABATTOIR DES ANGES de José Claer : Les Éditions<br />
troub<strong>le</strong> avec Rémi : il <strong>le</strong> déteste et<br />
de l’Interligne (2012) / FESTIVAL DE LA POÉSIE DE MONTRÉAL :<br />
l’idolâtre à la fois. Le récit est<br />
du Disponib<strong>le</strong> 28 mai au 3 dès juin 2012 main-<br />
cependant éga<strong>le</strong>ment un prétexte à une fine analyse des<br />
t<br />
stigmates de la brutalité et du harcè<strong>le</strong>ment vécu dans notre<br />
enfance : la peur de l’autre que l’on porte encore en soi et<br />
cel<strong>le</strong> de se découvrir à l’autre qui empêche d’aimer réel<strong>le</strong>ment.<br />
Un cheminement attend Germain qui l’entraîne vers<br />
une conclusion des plus surprenantes dont seul Jean-Paul<br />
C<br />
Tapie a <strong>le</strong> secret. 6 BENOIT MIGNEAULT<br />
ILS M’APPELAIENT FACHETTE / Jean-Paul Tapie. Le Triadou : H&O,<br />
2012. 188p.<br />
//////////// 096 FUGUES.COM JUIN 2012<br />
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202060<br />
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