26.10.2013 Views

Télécharger le pdf - Fugues

Télécharger le pdf - Fugues

Télécharger le pdf - Fugues

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

ELLES_INTER-VUES AVEC CHLOÉ ROBICHAUD<br />

Dans ma caméra...<br />

CHLOÉ ROBICHAUD<br />

QUAND PRÉSENTER SON FILM À CANNES<br />

N’EST PLUS DE LA FICTION!<br />

C’est par un beau jour de printemps montréalais, enso<strong>le</strong>illé, mais frisquet, que j’ai<br />

rencontré la pétillante Mélodie Rabatel, originaire du sud de la France. À l’intérieur<br />

des murs du café Kilo, entre deux gorgées de thé, la musicienne raconte avec fébrilité<br />

l’aventure de son premier EP. Discussion sur la musique, la France, <strong>le</strong> Québec et la<br />

communauté LGBT, autour des 4 titres qui composent <strong>le</strong> premier EP de l’auteurecompositeure-interprète<br />

de 28 ans.<br />

GENÈSE D’UNE PASSION CINÉMATOGRAPHIQUE<br />

Depuis qu’el<strong>le</strong> a l’âge de regarder des films, el<strong>le</strong> en est passionnée, précise d’emblée cel<strong>le</strong> qui a<br />

hérité de «l’œil» aguerri de ses parents qui travail<strong>le</strong>nt en publicité. Chloé se rappel<strong>le</strong> ce qu’il l’a<br />

menée vers la «fabrique à images»: « Mon père m’amenait sur des plateaux de tournage lorsque<br />

j’étais petite. Constater la façon dont l’image se construisait m’a toujours fascinée». En 6e année,<br />

Chloé emprunte la grosse caméra de papa, pour réaliser un court film à l’éco<strong>le</strong>. Ce fut <strong>le</strong> déclic : «<br />

À 12 ans, je savais déjà que je voulais faire du cinéma! Au secondaire, je faisais des films sur<br />

tout. J’étais dans une équipe de basket, alors je l’ai filmée toute l’année afin d’en faire un documentaire»,<br />

précise cel<strong>le</strong> qui avouait filmer de façon quasi compulsive. « Ensuite mon père m’a<br />

acheté une caméra mini DV, c’était hot dans <strong>le</strong> temps! Arrivée au cégep, il m’a encore acheté une<br />

caméra! Je dois beaucoup à mon père », appuie fièrement la réalisatrice.<br />

EN ROUTE POUR LA PALME D’OR ?<br />

Malgré son jeune âge, la cinéaste a déjà exposé son travail lors du prestigieux festival de la Côte<br />

d'Azur, en 2010 avec son court-métrage Moi non plus, présenté au Short Film Corner. Mais cette<br />

fois c’est différent, explique Chloé, puisque son court-métrage Chef de meute se retrouve en compétition<br />

officiel<strong>le</strong> pour la Palme d’Or : «Sincèrement, je ne m’attendais pas à être parmi <strong>le</strong>s sé<strong>le</strong>ctions.<br />

Je voulais juste que <strong>le</strong> comité regarde mon travail et qu’il se dise "il y a peut-être quelque<br />

chose de bon pour l’avenir"! Mais lorsque j’ai reçu l’appel de France, j’étais sous <strong>le</strong> choc, un<br />

mélange d’émotions» se rappel<strong>le</strong> Chloé : « Je n’ai pas dormi pendant une semaine! J’ai perdu 15<br />

lbs! Je serai mince pour Cannes», blague la réalisatrice. Si <strong>le</strong> scénario de Chef de meute était<br />

écrit depuis un an, il fut soumis au Conseil des Arts et des Lettres du Québec, sans succès de financement<br />

: « Là je voyais Cannes qui s’en venait, j’avais un petit peu de place sur ma carte de<br />

crédit… et j’ai dit "on <strong>le</strong> fait"! L’équipe a embarqué. On a fait <strong>le</strong> film avec un budget ridicu<strong>le</strong>,<br />

genre 1% d’un budget régulier. Je montais <strong>le</strong> film la nuit. Et puis nous y sommes arrivés», souligne<br />

fièrement Chloé. Chef de meute raconte l’histoire d’une fil<strong>le</strong> solitaire et introvertie, qui se retrouve<br />

avec <strong>le</strong> chien de sa tante. El<strong>le</strong> devra apprendre à dresser et dominer <strong>le</strong> chien et «en ce sens, ce<br />

sera aussi un<br />

apprentissage pour dominer sa propre vie, devenir chef de meute», raconte cel<strong>le</strong> qui a mis en<br />

scène son propre chien pour camper <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> à l’écran.<br />

//////////// 040 FUGUES.COM JUIN 2012<br />

VERS LA RÉALISATION<br />

D’UNE SÉRIE WEB<br />

LESBIENNE QUÉBÉCOISE<br />

Ouvertement <strong>le</strong>sbienne et très<br />

impliquée dans l’initiative Lez<br />

Spread The Word, Chloé ne nie<br />

pas que certaines de ses réalisations,<br />

dont La moitié, présentent<br />

des thématiques LGBT, même si<br />

el<strong>le</strong>s ne constituent pas <strong>le</strong><br />

thème dominant de son œuvre :<br />

«Je ne veux pas avoir d’étiquette.<br />

C’est cliché à dire, mais je<br />

réalise <strong>le</strong>s films parce que je <strong>le</strong>s<br />

ressens. Si c’est une histoire<br />

hétéro, ce sera une histoire<br />

hétéro. Si c’est une histoire homosexuel<strong>le</strong>,<br />

ça en sera une. Tout<br />

m’intéresse, alors je ne veux pas<br />

me limiter. C’est certain que j’ai<br />

un vécu de jeune homosexuel<strong>le</strong>,<br />

et qu’inconsciemment je <strong>le</strong><br />

transmets dans mes œuvres et<br />

dans mes personnages, mais je<br />

n’ai pas envie d’être étiquetée<br />

comme cinéaste <strong>le</strong>sbienne». Par<br />

contre, Chloé Robichaud n’hésite<br />

pas à s’impliquer dans une initiative<br />

de la communauté, par<br />

la réalisation la série web<br />

<strong>le</strong>sbienne Féminin/Féminin.<br />

Unique en son genre, la première<br />

saison sera constituée<br />

d’environ 8 épisodes de 5 à 6<br />

minutes, dépendamment du financement<br />

et des dons, car rendre<br />

<strong>le</strong>s <strong>le</strong>sbiennes visib<strong>le</strong>s est<br />

une responsabilité de toute la<br />

communauté et «on ne peut pas<br />

<strong>le</strong> faire seul», précise Chloé. La<br />

série présentera plu-sieurs personnages<br />

différents (âge, milieu,<br />

occupation, éducation), afin que<br />

«toutes puissent s’identifier»<br />

précise la cinéaste, avant<br />

d’ajouter qu’el<strong>le</strong> «ne pourra pas<br />

plaire à tout <strong>le</strong> monde, même<br />

si el<strong>le</strong> s’efforcera de <strong>le</strong> faire».<br />

D’ail<strong>le</strong>urs, sur la visibilité du<br />

<strong>le</strong>sbianisme, Chloé s’exprime :<br />

«lorsqu’il y en a, je la trouve<br />

clichée. C’est un peu normal, car<br />

<strong>le</strong>s spectateurs ne sont pas encore<br />

habitués à en voir, alors il<br />

faut y al<strong>le</strong>r avec un stéréotype et<br />

plus graduel<strong>le</strong>ment, vers du réalisme.<br />

Je <strong>le</strong> comprends et <strong>le</strong> respecte.<br />

Cela étant dit, lorsque<br />

Florence [Gagnon] m’a approchée,<br />

je lui ai dit que j’avais

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!