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GROS PLAN_MUSIQUE FRANCOPHONE<br />

Chansons d’ici... (suite)<br />

Rufus Wainwright<br />

Mais comme l’homosexualité est une source inépuisab<strong>le</strong> de<br />

blagues, ces chansons, et quelques autres, auront été <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t<br />

de notre culture populaire. Et cette époque semb<strong>le</strong> révolue. Ou<br />

presque… Parfois, une touche d’humour peut aussi créer un<br />

malaise, comme lorsque Guy A. Lepage et Marc Labrèche reprennent,<br />

en 2006, <strong>le</strong> succès de Joe Dassin : Salut <strong>le</strong>s amoureux. Deux<br />

chanteurs hétéros jouant la carte du duo amoureux : était-ce vraiment<br />

nécessaire?<br />

MERCI AUX HÉTÉROS<br />

Heureusement qu’il y a des artistes hétéros pour chanter… l’homosexualité!<br />

Merci Lynda Lemay d’avoir chanté l’homoparentalité<br />

Monique Giroux<br />

//////////// 034 FUGUES.COM JUIN 2012<br />

dans Les deux hommes. Merci Marc Déry (Le bon bord),<br />

Richard Desjardins (Lomer), Lara Fabian (La différence), Les<br />

Cowboys Fringants (Léopold). Étrange cette impression que<br />

<strong>le</strong>s chanteurs hétéros aient plus de facilité à aborder ce<br />

thème que <strong>le</strong>s gais…<br />

Monique Giroux, animatrice à Espace Musique, avance cette<br />

explication : « La chanson la plus gaie que je connaisse,<br />

c’est Comme ils disent de Char<strong>le</strong>s Aznavour. Il n’a pas eu de<br />

mal à l’écrire et la chanter parce que personne ne pouvait<br />

dire qu’il était homo. Je suis convaincu qu’il ne l’aurait pas<br />

fait s’il avait été lui-même homo ». En effet, après avoir<br />

parlé à plusieurs artistes de la chanson dans <strong>le</strong> placard,<br />

aborder <strong>le</strong> thème de l’homosexualité ou « conju-gai » une<br />

chanson d’amour résulterait à faire un coming out. Et bien<br />

peu osent <strong>le</strong> faire… encore aujourd’hui.<br />

DANS LA FORÊT DES MAL-AIMÉS<br />

« C’est ma vie privée » et « je veux m’adresser au plus large<br />

auditoire possib<strong>le</strong> » sont <strong>le</strong>s deux grandes raisons évoquées,<br />

lorsque je demandais à ces artistes ce qui <strong>le</strong>s empêchait de<br />

sortir du placard. Une crainte de perdre des ventes, de perdre<br />

l’amour du public, même la peur de saboter <strong>le</strong>ur carrière<br />

sont autant de raisons de rester dans <strong>le</strong> placard. Comme si<br />

dans la forêt musica<strong>le</strong> du Québec, un certain groupe avait<br />

peur d’être mal-aimé, voire de ne pas être pris au sérieux<br />

parce qu’au détour de <strong>le</strong>ur répertoire musical, une chanson<br />

oserait par<strong>le</strong>r d’amour entre hommes ou entre femmes.<br />

En 1997, Jean Gagnon Doré publiait un artic<strong>le</strong> sur la chanson<br />

gaie dans la revue musica<strong>le</strong> Chansons. Il concluait ainsi : «Souvent<br />

unisexes, <strong>le</strong>s chansons, comme <strong>le</strong>s jeans. Mais cela ne nous<br />

dit pas si <strong>le</strong> gars ou la fil<strong>le</strong> qui <strong>le</strong>s porte est gaie, <strong>le</strong>sbienne ou<br />

hétéro-sexuel(<strong>le</strong>). Y’a-t-il un problème ? Ça dépend : si cela correspond<br />

à un véritab<strong>le</strong> choix, posé sans contrainte ni censure, non;<br />

autrement, la créativité et la liberté d’expression en prennent pour<br />

<strong>le</strong>ur rhume!» 15 ans plus tard, la question a-t-el<strong>le</strong> vraiment<br />

changé? Je ne pense pas. Pas avoir parlé avec plusieurs<br />

chanteurs et chanteuses qui ne se sentent pas prêts à sortir<br />

publiquement.<br />

La personne derrière la magnifique pièce Je hur<strong>le</strong>, interprétée par<br />

Diane Dufresne, c’est Nathalie Déry. Cette auteure-compositrice-interprète<br />

avait hésité l’an dernier avant d’accepter de me<br />

donner une entrevue pour <strong>Fugues</strong>. El<strong>le</strong> y a pensé à deux reprises<br />

avant de dire oui et de s’afficher gaie publiquement. Sur son<br />

premier album éponyme, el<strong>le</strong> a préféré écrire ses textes «sans<br />

inclure <strong>le</strong> genre», comme la plupart des auteurs <strong>le</strong> font. El<strong>le</strong> s’est<br />

toutefois permis une petite folie, une chanson qui s’intitu<strong>le</strong> Je la<br />

veux. Une pièce qui suggère qu’el<strong>le</strong> désire une femme. Et pourtant…<br />

(oubliez ça, je ne vous vends pas <strong>le</strong> punch! )<br />

Nathalie note une différence entre une personne gaie qui écoute<br />

une chanson où l’hétérosexualité est énoncée et un auditeur<br />

hétéro : « Les homos sont habitués de transposer, mais pas l'inverse.<br />

Lorsqu'on entend il ou el<strong>le</strong> dans une chanson on se<br />

l'adapte. L'inverse n'est pas légion ».<br />

Pour <strong>le</strong> parolier et chanteur Frédéric Baron, « c'est probab<strong>le</strong>ment<br />

parce que <strong>le</strong>s artistes craignent de limiter <strong>le</strong>ur auditoire avec un<br />

thème qui ne touche qu'une minorité » qu’ils évitent ce sujet. Cet<br />

artiste ouvertement gai s’est permis d’inclure sur son second<br />

album, Humeurs Variab<strong>le</strong>s, une reprise de la chanson Mon amour

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