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RENCONTRE_AVEC ANDRÉ MONTMORENCY
Je me souviens...
À L’AUBE DE SES 73 ANS (LE 30 MAI)
ON JASE DE LA VIE AVEC NOTRE
AMI ANDRÉ MONTMORENCY
« Oui, un article dans Fugues, ça m'intéresse. Par contre,
je ne voudrais pas que ça ait l'air amer », m’a répondu le
comédien et animateur André Montmorency, dans son
deuxième courriel. Et le premier message? André me faisait
part de sa liste de choses qu’il trouve difficile à vivre
à 73 ans. Quelques jours plus tard, on lunchait ensemble.
Voici l’essentiel de notre rencontre.
André, où en es-tu dans ta vie?
Je suis à l’époque de ma vie où je me revois, jeune comédien, sur
les plateaux de tournage, côtoyant les vieux acteurs qui vont disparaître.
Aujourd’hui, je découvre que c’est moi, maintenant, le
vieux comédien.
//////////// 026 FUGUES.COM JUIN 2012
Tu m’écrivais que ce qui est le plus tough à 73 ans, c'est
beaucoup de « revoir ta vie et de découvrir toutes les
conneries que tu as faites ».
Je m’accuse de tout ces temps-ci. Tout est de ma faute. Toutes
les crises que j’ai faites. Par exemple, je vois le Bourgeois Gentilhomme
pas pour le succès que ça a été (NDLR : son plus grand
succès en tant qu’acteur de théâtre, 1987-1989), mais pour la
marde autour : l’histoire d’amour catastrophique que j’ai vécue
avec un des danseurs de la compagnie. Un jour, je lui ai dit que
je l’aimais. Pendant un an et demi, j’ai espéré des choses qui ne
sont jamais arrivées. Quelle perte de temps! En même temps,
quand j’entrais sur scène, j’étais dans un état pas inintéressant
de par cette passion qui m’animait.
D’autres regrets?
Y’a la fin de Sortie Gaie, le magazine gai que j’ai animé de 1999
à 2003. Y’a rien que je regrette plus que le jour où je suis entré
dans le bureau du producteur en lui disant : « J’pense que j’ai fait
le tour, on va laisser tomber pour la prochaine saison ». Je le regrette
aujourd’hui. Me semble que j’aurais plus de choses à dire
aux homosexuels aujourd’hui qu’à cette époque.
Tu leur dirais quoi?
Arrêtez de penser au cul (rires)! À un moment donné, ça s’arrête
et c’est merveilleux ces moments-là où t’es pus obsédé!
Toi, ça t’a obsédé?
Moi, j’ai connu mes pires années entre 50 et 60 ans. Avec
l’arrivée d’internet, j’avais pus besoin d’aller acheter des films
XXX! L’accès était si facile. Ça a fini par m’écœurer! De toute
façon, ces histoires-là, ça finit toujours pareil! (rires)
À 73 ans, as-tu mis une croix là-dessus?
Au début, tu le prends mal quand tu commences à pus bander, tu
te dis, voyons, qu’est-ce qui m’arrive? À un moment donné, tu