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grands-parents « par alliance ».<br />
Est-ce que tes parents étaient présents à ton mariage?<br />
Oui, ils étaient là et ça m’a touché qu’ils viennent. Je pense qu’ils<br />
étaient fiers de vivre ça. C’était vraiment une célébration magnifique!<br />
C’était important pour toi de te marier?<br />
J’avais jamais pensé me marier un jour. Le mariage, pour moi,<br />
signifiait copier une institution hétérosexuel<strong>le</strong>. Quand t’es gai, tu te<br />
penses différent, plus underground.<br />
Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis?<br />
J’ai trouvé en Rufus l’amour de ma vie. Quand il m’a demandé si je<br />
voulais l’épouser, j’ai immédiatement dit oui! Je pense que<br />
proclamer publiquement son amour est un acte très puissant. Pour<br />
<strong>le</strong>s gais aussi. C’est drô<strong>le</strong> à dire, mais je suis certain que dans 50<br />
ans, <strong>le</strong>s gens vont se dire : « Te souviens-tu comment c’était<br />
ridicu<strong>le</strong> à l’époque de ne pas laisser <strong>le</strong>s gais se marier? » !<br />
Comment as-tu rencontré Rufus?<br />
Un danseur avec qui je sortais m’a donné <strong>le</strong> CD « Poses ». Par la<br />
suite, on s’est séparés. Puis j’ai rencontré Rufus à un concert, à<br />
Berlin. On a parlé d’un projet musical<br />
que j’avais en tête. Mais rien ne s’est<br />
passé à ce moment. J’étais beaucoup<br />
trop impressionné par son concert; je<br />
n’avais aucune idée romantique en<br />
tête! Et Rufus était convancu qu’il ne<br />
m’intéressait pas. Tout est allé beaucoup<br />
mieux lorsqu’on s’est recroisés<br />
une deuxième fois, plusieurs mois<br />
plus tard...<br />
En février 2011, c’était avant<br />
votre mariage, la petite Viva est<br />
née, fil<strong>le</strong> de Rufus et de Lorca (fil<strong>le</strong><br />
de Leonard Cohen). Tu es devenu<br />
«deputy dad» (assistant-papa)…<br />
J’aime beaucoup la fil<strong>le</strong> de Rufus.<br />
C’est merveil<strong>le</strong>ux de penser qu’el<strong>le</strong><br />
fera toujours partie de nos vies. Pour<br />
moi, ce n’est pas <strong>le</strong> lien biologique<br />
qui est important, mais plutôt la relation<br />
spécia<strong>le</strong> qui nous unit. C’est<br />
compliqué pour un coup<strong>le</strong> gai d’avoir<br />
des enfants. Je pense que toutes ces<br />
difficultés du moment feront bien rire<br />
<strong>le</strong>s gens du futur, une fois que ça sera<br />
plus faci<strong>le</strong>.<br />
Depuis 2011, tu es <strong>le</strong> directeur<br />
artistique de Luminato, <strong>le</strong> festival<br />
des arts et de la créativité de<br />
Toronto. Que veux-tu apporter à<br />
ce festival?<br />
L’art est une expérience viscéra<strong>le</strong>,<br />
émotionnel<strong>le</strong>, mais pas nécessairement intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>. Pour moi,<br />
l’art, <strong>le</strong> vrai, c’est quand ça te rentre dedans. Tu ne sais pas d’où ça<br />
vient, mais tout d’un coup, c’est là. Je pense qu’un festival comme<br />
Luminato pourrait être un orchestre comp<strong>le</strong>t de ce type de moments.<br />
Et c’est à ça que je sers : faire en sorte qu’on joue à l’unisson,<br />
tous ensemb<strong>le</strong>s, pour créer quelque chose de plus grand.<br />
Tu baignes dans <strong>le</strong> monde des arts depuis ton enfance. Quels<br />
sont tes coups de cœur artistiques?<br />
Il y en a tel<strong>le</strong>ment! Je pourrais te par<strong>le</strong>r de spectac<strong>le</strong>s des chorégraphes<br />
William Forsythe et Pina Bausch. Ou même d’un concert<br />
de Marylin Manson qui est, selon moi, un grand artiste incompris.<br />
Il y a aussi la première fois qu’une peinture m’a fait p<strong>le</strong>urer, c’était<br />
devant un Chagall, à Berlin. La combinaison de la joie de vivre et<br />
de la terreur devant la mort m’avait beaucoup touché. Je me rappel<strong>le</strong><br />
aussi avoir p<strong>le</strong>uré pour la première fois en écoutant de la<br />
musique classique… même si j’en écoutais depuis des années!<br />
C’était lors d’un récital où on jouait <strong>le</strong> premier concerto au piano de<br />
Tchaïkovski. Bref, ce qui me fascine dans l’art c’est que, contrairement<br />
à la porno, plus on s’y expose, meil<strong>le</strong>ure devient l’expérience.<br />
6 PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICK BRUNETTE<br />
Festival LUMINATO, du 14 au 23 juin 2013. www.luminato.com<br />
C’est drô<strong>le</strong> à dire, mais je suis certain que dans 50 ans,<br />
<strong>le</strong>s gens vont se dire : « Te souviens-tu comment c’était<br />
ridicu<strong>le</strong> à l’époque de ne pas laisser <strong>le</strong>s gais se marier? »