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RENCONTRE_AVEC EDMUND WHITE<br />

Face à face<br />

INVITÉ À METROPOLIS BLEU, 26 AVRIL<br />

EDMUND WHITE<br />

À MONTRÉAL<br />

Metropolis B<strong>le</strong>u, c’est <strong>le</strong> festival littéraire international<br />

de Montréal. Lectures,<br />

cconférences, rencontres avec des auteurs :<br />

pendant une semaine, <strong>le</strong>s amateurs de littérature<br />

pourront, au hasard de la riche programmation,<br />

découvrir ou redécouvrir des textes et<br />

des écrivains qu’ils aiment. Avec des artistes<br />

venus des quatre coins de la planète pour des<br />

rencontres dans <strong>le</strong>ur langue d’origine, Montréal<br />

sera une grande page sur laquel<strong>le</strong> se<br />

dessinera la géographie de la littérature internationa<strong>le</strong>.<br />

Un invité non des moindres de cette<br />

édition s’appel<strong>le</strong> Edmund White.<br />

Considéré comme un des plus grands écrivains<br />

américains de son époque, ce francophi<strong>le</strong> reconnu<br />

travail<strong>le</strong> ces dernières années à l’écriture de ses<br />

mémoires. Il a vécu en France pendant de nombreuses<br />

années avec un amant français. Et comme<br />

ce dernier ne pouvait entrer aux Etats-Unis, c’est à<br />

Montréal que <strong>le</strong>s deux hommes se rencontraient.<br />

Edmund White a longtemps été considéré comme<br />

un exemp<strong>le</strong> ou une illustration d’une littérature<br />

gaie. La littérature peut-el<strong>le</strong> avoir un genre ou une<br />

orientation sexuel<strong>le</strong>? Le débat dure toujours, sans<br />

qu’aucune réponse n’arrive à satisfaire tout <strong>le</strong><br />

monde.<br />

Comment approche-t-on par téléphone un écrivain de cette stature? Certes, on a lu quelques-un de ses romans. On sait aussi qu’Edmund<br />

White a écrit sur <strong>le</strong> sida. Séropositif depuis plus de 25 ans, il s’est engagé dans la lutte contre <strong>le</strong> sida à une époque où peu de personnalités<br />

osaient faire ce pas. On s’est plongé dans sa biographie de Marcel Proust et dans cel<strong>le</strong> de Jean Genet. On sait aussi que sa longue fréquentation<br />

posthume de ce dernier l’a en quelque sorte autorisé à tout raconter, dont <strong>le</strong>s descriptions de ses aventures sexuel<strong>le</strong>s.<br />

Qu’est-ce qui vous a <strong>le</strong> plus intéressé chez Jean Genet?<br />

C’est sa vie de marginal jusqu’au bout. D’abord il a vécu son homosexualité bien avant que l’on voie s’organiser <strong>le</strong>s premiers groupes militants.<br />

Il a été é<strong>le</strong>vé dans un centre pour enfants diffici<strong>le</strong>s, il a été vo<strong>le</strong>ur prisonnier, puis s’est engagé à la fin de sa vie pour <strong>le</strong>s Pa<strong>le</strong>stiniens<br />

ou encore <strong>le</strong>s Black Panthers aux États-Unis. Il s’agit d’un parcours complètement improbab<strong>le</strong> avec une trajectoire imprévisib<strong>le</strong>, c’est ça qui<br />

m’a fasciné chez Genet. Et il m’a donné du courage. Comme lui, je pouvais tout dire et surtout aborder l’autobiographie.<br />

Vous ne vous confiez pas beaucoup sur votre méthode d’écriture. Est-ce que vous êtes, comme beaucoup d’autres écrivains,<br />

disciplinés, vous obligeant à écrire plusieurs heures par jour?<br />

Pas du tout, c’est toujours la pauvreté qui me fouette (rires). Je n’ai pas d’heures ni d’endroits fixes. J’écris à la main, puis je dicte à haute<br />

voix à mon dactylographe. En fait, c’est en lisant à voix haute que je me rends compte de ce qui ne va pas, de ce que je dois en<strong>le</strong>ver, modifier<br />

ou garder. Mon dactylographe m’aide beaucoup d’ail<strong>le</strong>urs, et de sa part j’accepte <strong>le</strong>s modifications (rires).<br />

La technique de lire à voix haute, comme Gustave Flaubert?<br />

Un peu, mais Flaubert lisait ses textes à ses amis. Flaubert était obsédé par <strong>le</strong>s répétitions; un même mot ne devait jamais se retrouver deux<br />

fois dans la même page. Mais la <strong>le</strong>cture à voix haute était aussi pour lui un travail de réécriture.<br />

Votre œuvre, qui s’étend sur une quarantaine d’années, a rendu compte de tous <strong>le</strong>s changements que <strong>le</strong>s minorités sexuel<strong>le</strong>s<br />

ont vécu. Quel regard portez-vous sur ces changements ?<br />

Quand j’ai commencé ma vie d’homosexuel, je vivais à Chicago et dans <strong>le</strong>s bars il y avait une plus grande diversité. Il y avait des hommes et<br />

des femmes, des jeunes, des vieux, mais aussi des Noirs et d’autres encore, que la marginalité renvoyait vers ces bars où ils étaient plus<br />

faci<strong>le</strong>ment acceptés, comme des nains ou encore des travestis. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus spécialisé, et cette complicité a disparu. Les<br />

gais sont devenus snobs, et ne recherchent que <strong>le</strong> même corps, musclé, viril. J’aimais cette plus grande diversité. Je souhaite montrer qu’il y<br />

avait une vie gaie avant l’arrivée des groupes militants dans <strong>le</strong>s années 70, et avant <strong>le</strong> sida.<br />

///////////// 026 FUGUES.COM AVRIL 2013

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