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infos d’ici et d’ailleurs
VIOLENCE CONJUGALE CHEZ LES GAIS
QUAND «L’AMOUR»
MÈNE AU MEURTRE
Si la nouvelle campagne de la Fondation Émergence,
avec ses poissons rouges, fait référence
aux relations de couple, il n’en demeure pas
moins que sur 37 meurtres recensés sur le territoire
du SPVM au cours de la dernière année,
cinq d’entre eux impliquent directement un
conjoint violent qui a assassiné son amoureux.
Parfois, ces nouvelles passent inaperçues pour
le commun des mortels puisqu’ils sont rapportés,
généralement, comme des disputes d’amis ou
de colocataires. Avec l’accès à la fois à l’union
civile et au mariage pour les couples d’hommes gais, comment se répercutera ce type de violence?
On peut également souligner le manque de ressources pour venir en aide autant aux
victimes qu’aux agresseurs, ce que faisait, autrefois, le défunt groupe Dire enfin la violence
(DELV) car ni des organismes comme RÉZO ou Gai Écoute ne sont spécialisés en la matière.
C’est entre Noël et le Jour de l’An que la nouvelle est sortie sous la plume de Daniel Renaud sur Ruefrontenac.
Ainsi, en dressant le bilan des assassinats commis en 2010 sur l’île de Montréal, le journaliste a fait état de
cinq meurtres dus à une chicane de couple et qui s’est soldée, malheureusement, par la mort d’un des conjoints.
La police a élucidé quatre des cinq homicides. L’article rapporte que 30% des crimes contre la personne
sont liés directement à la violence conjugale. C’est pourquoi cela est devenu une des priorités majeures du
nouveau directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Marc Parent.
Le reportage de RueFrontenac, du 29 décembre dernier, cite la professeure au Département de travail social de
l’Université du Québec en Outaouais, Sylvie Thibault, qui s’est penchée sur la question de la violence chez les
couples gais et lesbiens. «Aux États-Unis, on évalue que la violence conjugale est le 3e principal problème chez
les [hommes] gais après le VIH et la toxicomanie. Mais au Québec, on est au même point où on était avec les
femmes il y a quarante ou cinquante ans», a-t-elle affirmée à ce journal. «Je suis stupéfait. Cinq meurtres,
c’est énorme. Et cela ne se passe pas sur une autre planète, cela se passe ici, à Montréal», a indiqué à ce
média Laurent McCutcheon, le président de Gai Écoute et de la Fondation Émergence.
«Cinq meurtres sur 37 c’est beaucoup, mais c’est plus ou moins ce que l’on voyait dans les années 1990. Par
contre, il y eu plusieurs résolutions à ces crimes et les gens ont été accusés, c’est ce qui est différent aujourd’hui
comparé à la décennie 1990», souligne Michael Hendricks, un des cofondateurs de Dire enfin la violence
qui a cessé ses activités en septembre 1997.
Pour l’instant, il ne semble pas que le SPVM veuille créer une cellule spéciale à l’intérieur de son détachement
de 55 policiers affectés aux enquêtes de violence conjugale pour faire face à ces agressions chez les couples
gais. «Ce n’est pas nécessaire que la police crée une section pour cela puisque ces policiers sont sensibilisés et
connaissent ces problématiques. Ils ont d’ailleurs résolus 4 cas sur 5, ce qui est très bon. Par contre, je crois
qu’il faut en parler plus de la violence chez les couples, ce qu’on ne fait pas assez», dit M. Hendricks.
«Il ne faut peut-être pas ressusciter Dire enfin la violence, mais on devra œuvrer à aider les victimes et les
agresseurs, croit M. Hendricks. Il faut voir comment les lesbiennes s’en occupent, grâce au travail de Karol
O’Brien [du Centre de solidarité lesbienne] d’ailleurs, et s’en inspirer.» DELV avait été créé pour sensibiliser la
police à cette problématique, pour inciter les policiers à être plus vigilants et traiter ces cas comme étant de
vraies causes de violence conjugale, ouvrir des enquêtes et protéger ceux qui avaient été agressés. «Je crois
que cela a réussi puisque la police est très bien sensibilisée aujourd’hui et comprend ces situations de violence
chez les gais», continue M. Hendricks.
C’est que l’on aborde plus facilement aujourd’hui l’homophobie et les actes homophobes, mais on fait peu
état de la violence à l’intérieur d’un couple, surtout chez les hommes. Aider autant les victimes que les
agresseurs et faire de la sensibilisation serait certainement une bonne chose. «Mais peut-on éviter réellement
de tels crimes qui sont souvent des crimes passionnels?, s’interroge M. Hendricks. Déjà à l’époque de Dire
enfin la violence, on avait noté que bien des meurtres étaient causés par l’amour, la jalousie, le rejet, l’argent
ou encore la drogue. Mais ils surviennent sur le coup, ce ne sont pas des meurtres réfléchis, prémédités.»
«Il est peut-être temps que l’expertise développée par Karol O’Brien et son équipe soit mise à profit au sein
des organismes venant déjà en aide aux groupes d’hommes afin de bonifier leur expertise et correspondre davantage
aux réalités des personnes gaies et transsexuelles et les servir adéquatement. Des campagnes
vigoureuses en matière de relations de couple, à l’image de la publicité faite par le Centre de solidarité lesbienne,
seraient certainement à envisager afin de contrer ce fléau», a commenté pour sa part le président directeur
général du Conseil québécois des gais et lesbiennes, Steve Foster.
Dans un cas de violence conjugale, il ne faut donc pas hésiter à s’adresser à la police, à sortir de chez soi et
trouver refuge quelque part ainsi que de l’aide. qAndré C. PASSIOUR
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