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intervues avec...<br />
SUZANNE GIRARD, DIRECTRICE GÉNÉRALE DE DIVERS/CITÉ<br />
PRÔNER LA DIVERSITÉ ET LE TRAVAIL<br />
D’ÉQUIPE À DIVERS/CITÉ<br />
À priori, j’aurais intitulé cette<br />
entrevue «la femme derrière<br />
Divers/Cité». Mais c’était avant<br />
de discuter avec Suzanne Girard,<br />
qui n’hésite pas à préconiser<br />
<strong>le</strong> travail d’équipe,<br />
plutôt que la valorisation personnel<strong>le</strong>.<br />
Et à voir <strong>le</strong>s réalisations<br />
de cette dame, <strong>le</strong> milieu<br />
lui doit une fière chandel<strong>le</strong>. À<br />
n’en point douter, derrière<br />
Divers/Cité, se cache une<br />
femme, des hommes, des gens<br />
qui encouragent la mixité et la<br />
diversité pour faire bril<strong>le</strong>r une<br />
communau-té. Discussion avec<br />
la directrice généra<strong>le</strong> et cofondatrice<br />
de Divers/Cité.<br />
D’entrée de jeu, avec franc-par<strong>le</strong>r,<br />
Suzanne Girard remets <strong>le</strong>s pendu<strong>le</strong>s<br />
à l’heure : «J’ai toujours haï me<br />
faire dire que je suis "la personne<br />
derrière Divers/Cité", car c’est un<br />
travail d’équipe! C’est certain que<br />
j’ai <strong>le</strong> titre [de directrice généra<strong>le</strong>],<br />
car nous sommes obligés, dans la<br />
société dans laquel<strong>le</strong> nous vivons,<br />
d’avoir des titres. Mais en réalité<br />
nous sommes une équipe. Des titres,<br />
il y en a partout… Et il y a beaucoup<br />
de femmes qui "tiennent" des<br />
organisations, mais en général, ce<br />
ne sont pas el<strong>le</strong>s qui portent <strong>le</strong><br />
"titre"!» Cel<strong>le</strong> qui porte aujourd’hui<br />
<strong>le</strong> «titre» a longtemps travaillé dans<br />
l’ombre. El<strong>le</strong> se rappel<strong>le</strong> d’ail<strong>le</strong>urs<br />
de la naissance de Divers/cité, il y a<br />
de cela 19 ans : «Par<strong>le</strong>r des débuts,<br />
c’est comme mettre un enfant au<br />
monde…c’est dur en tabarnouche!<br />
Alors, c’est diffici<strong>le</strong> d’en par<strong>le</strong>r, car<br />
<strong>le</strong>s débuts de Divers/Cité n’ont plus rien à voir avec ce que c’est maintenant. Mais à la base, comme plusieurs organismes,<br />
c’est un groupe de personnes qui y croyaient et qui se sont mises ensemb<strong>le</strong>. À l’époque, je travaillais<br />
avec Allan Klusacek à Image + Nation, et il a lancé l’idée avec Puelo Dier, au Drugstore, autour d’une bière. Ça a<br />
commencé comme ça…» D’ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s débuts du festival sont aussi emblématiques d’une époque, m’explique<br />
Suzanne : «Lorsque nous avons créé Divers/Cité, c’était encore dans <strong>le</strong>s années revendicatrices. Étant photographe<br />
de métier, j’avais travaillé pour La Vie en Rose, couvert divers événements, manifestations et festivals<br />
de femmes. Je faisais de la photo documentaire et j’étais impliquée dans <strong>le</strong> milieu… C’est vraiment emblématique<br />
des années 80, où tout <strong>le</strong> monde se mettait ensemb<strong>le</strong> pour faire des projets qui devenaient "des monstres"!<br />
Je me suis impliquée dans plusieurs projets, dans l’organisation d’événements, en arrière-scène;<br />
l’administration, <strong>le</strong>s permis, la paperasse… C’est à cause de mon background qu’ils sont venus me chercher<br />
pour Divers/Cité. Au début, j’étais dans l’ombre.»<br />
La «femme de l’ombre» a aussi cette passion pour la chambre noire, une passion que la photographe de formation<br />
transmet depuis plus de quinze ans à ses étudiants du Collège John Abbott : «J’aime ça, c’est stimulant!<br />
Eux, ils ont toujours 17 ans, et c’est moi qui vieillis! En plus, j’enseigne <strong>le</strong> labo noir et blanc. C’est super zen,<br />
avec l’eau qui cou<strong>le</strong>, la lumière rouge tamisée. C’est comme un retour aux sources, et <strong>le</strong>s étudiants adorent, car<br />
aujourd’hui, la majorité de ce qu’ils font, c’est sur ordinateur. Je vois que <strong>le</strong>ur relation au médium est différente.<br />
C’est la génération du numérique, alors ils ont toujours en tête qu’ils peuvent retoucher, arranger <strong>le</strong>s photos»,<br />
précise la professeure et photographe.<br />
82 <strong>Fugues</strong>.com JUIl<strong>le</strong>t 2011