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salade de lardons. Miam! Miam! <strong>le</strong> bon bacon chic! Après une visite de<br />

quelques heures, je me dirige tranquil<strong>le</strong>ment vers Locronan, un villagemusée<br />

où chaque rue, chaque maison semb<strong>le</strong> tout droit sortie d’un roman<br />

de Marion Zimmer-Brad<strong>le</strong>y. Les rues sont désertes; j’ai l’impression d’être<br />

seu<strong>le</strong> au monde avec <strong>le</strong>s fantômes du Moyen-Âge. Je décide d’y passer la<br />

nuit. Réveillée au son des cloches d’une église de campagne, y’a une<br />

odeur de café qui monte jusqu’à ma chambre. Dehors, une autre bel<strong>le</strong><br />

journée enso<strong>le</strong>illée s’offre à moi. Je saute dans mes hush puppies, je<br />

descends petit-déjeuner et je reprends la route en direction du point <strong>le</strong><br />

plus à l’ouest de la Bretagne, la pointe du Raz, où je découvre un paysage<br />

digne des Highlands écossais. Je n’en peux plus de faire des oh! et des ah!, la bouche ouverte devant ce chefd’œuvre<br />

de la nature. Je brail<strong>le</strong>, je renif<strong>le</strong> et je brail<strong>le</strong> encore avant de repartir, bien malgré moi, vers Huelgoat,<br />

un village qui semb<strong>le</strong> sans intérêt aux premiers abords, mais c’était avant que je m’enfonce dans la forêt de<br />

Chaos, une forêt remplie de gros rochers empilés <strong>le</strong>s uns sur <strong>le</strong>s autres qui ont surgi de la terre il y a des millions<br />

d’années et qui ont été arrondis par l’érosion au fil du temps. Encore un décor de contes et légendes avec<br />

<strong>le</strong>quel je m’attends à tout moment à voir apparaître Frodo et Gandalf en route vers <strong>le</strong> village des Hobbits. À ce<br />

stade-ci de mon histoire, vous vous dites : el<strong>le</strong> était stoned la Mado. Ça se peut pas que tout soit aussi fantastique<br />

qu’el<strong>le</strong> <strong>le</strong> décrit. Et moi je vous répondrai, repentez-vous sceptiques et âmes de peu de foi, je n’étais ni intoxiquée<br />

aux vapeurs de Marie-Johanne, ni enivrée par <strong>le</strong> délicieux cidre breton; j’étais seu<strong>le</strong>ment béate<br />

d’admiration devant tant de merveil<strong>le</strong>s. En vérité, je suis presque avare de superlatifs pour décrire la nature qui<br />

s’expose devant mes yeux pour, justement, ne pas passer pour une menteuse invétérée qui ne cherche qu’à<br />

vous emberlificoter avec des descriptions abusives et à des métaphores exagérées. De retour à mes moutons,<br />

en fait devrais-je dire à mes vaches, car c’est pratiquement <strong>le</strong> seul animal que je croise sur ma route, mis à part<br />

<strong>le</strong> crapouti de bêtes mortes <strong>le</strong> long de l’autoroute et <strong>le</strong>s dizaines de variétés d’oiseaux que j’observe au cours<br />

de mes promenades en forêt. Prochaine étape : <strong>le</strong> nord-ouest. J’arrive à Morlaix, une vil<strong>le</strong> très sympa traversée<br />

par un aqueduc qui lui confère beaucoup de charme et lui donne des airs de village romain. Je monte dans <strong>le</strong>s<br />

venel<strong>le</strong>s en colimaçon, et mes pas résonnent dans mon gras de mol<strong>le</strong>t, alors que j’admire la vil<strong>le</strong> en contreplongée<br />

à travers <strong>le</strong>s fenêtres des arbres. Pur moment de bonheur. Je ne m’attarde pas trop, car la côte de<br />

granit rose m’attend et <strong>le</strong> monsieur à l’hôtel de Perros Guirec m’a bien fait comprendre au téléphone que ma<br />

réservation s’autodétruirait si je n’avais pas donné signe de vie avant 20h. C’est pas de ma faute, avec ce so<strong>le</strong>il<br />

qui se couche si tard, je perds complètement la notion du temps. C’est un bon gros vivant qui m’accueil<strong>le</strong><br />

cha<strong>le</strong>ureusement (d’ail<strong>le</strong>urs, la preuve qu’on n’est pas vraiment en France, <strong>le</strong>s Bretons sont souvent d’une gentil<strong>le</strong>sse<br />

désarmante) et, ma foi, il est si gras que si on accrochait une nacel<strong>le</strong> à son pantalon, il s’envo<strong>le</strong>rait. Il a<br />

un œil louche qui clignote à droite et un acrochordon dans la face gros comme un nombril de bébé. Je peux<br />

pas dire qu’il est joli, mais doux Jésus qu’il est gentil. Et quel<strong>le</strong> ne sera pas ma surprise quand je verrai apparaître<br />

<strong>le</strong> cuisinier tout dodu et barbu, qui n’est pas sans me rappe<strong>le</strong>r certains clients du Stud <strong>le</strong> dimanche! Ça se<br />

pourrait-tu que je sois en face de mon premier coup<strong>le</strong> de bears bretons? Quand <strong>le</strong> petit homme de ménage<br />

blond frisé et moustachu est apparu, je me suis dit : ça y est, lui, c’est Bouc<strong>le</strong> d’Or, et <strong>le</strong>s deux autres, ce sont<br />

<strong>le</strong>s Ours. Une autre nuit sublime à ronf<strong>le</strong>r la fenêtre ouverte sur <strong>le</strong> haut d’une colline face à la mer. Viarge que<br />

je m’ennuie pas du bruit de la circulation sur René-Lévesque! Au petit matin, je passe encore des heures sans<br />

voix, la bouche ouverte, à m’extasier devant <strong>le</strong>s sp<strong>le</strong>ndeurs de la côte de granit rose sur <strong>le</strong> sentier des<br />

douaniers, que j’escalade à pieds (si j’ai pas des bel<strong>le</strong>s fesses dures après ça!) à partir du charmant petit village<br />

de Ploumanach. Cette fois-ci, je n’arrive pas à trouver <strong>le</strong>s mots justes pour vous décrire ce que je vois. C’est<br />

grandiose, c’est magistral, c’est surréel, c’est époustouflant et c’est encore plus que ça. Courez vite tapez<br />

«Ploumanach» sur Goog<strong>le</strong> et vous al<strong>le</strong>z comprendre ce que j’essaie de décrire. Merde, j’arrive à la fin de mon<br />

artic<strong>le</strong> et je ne vous ai même pas raconté la merveil<strong>le</strong><br />

de Mont St-Michel, la théâtra<strong>le</strong> vil<strong>le</strong> de Dinan, <strong>le</strong>s<br />

huîtres à 3$ la douzaine sur <strong>le</strong> port de Canca<strong>le</strong>, la vue<br />

du cap Frehel, mon accident de char à St-Malo, <strong>le</strong><br />

château de Vitré, celui de Fougères, la petite madame<br />

à l’Hotel Balzac qui ressemblait à Rose des Golden<br />

Girls, <strong>le</strong> chanteur de grégorien bear (coudon y’a que ça<br />

en Bretagne) au château de Madame de Sévigné, l’impressionnant<br />

dolmen de la Roche aux Fées, la forêt de<br />

Brocéliande de Merlin et de la fée Morgane près de<br />

Paimpont, <strong>le</strong>s animateurs de Radio Bonheur, ma<br />

dernière soirée de pure extase au village de Rocheforten-Terre,<br />

mon weekend à Rennes et ma visite de douze<br />

minutes au sauna de Nantes (cossé ça pas un chat<br />

dans un sauna à neuf heures <strong>le</strong> soir!) Pis? Pensez-vous<br />

que j’ai trippé en Bretagne?<br />

SOLUTION DES MOTS CROISÉS<br />

q Mado LAMOTTE : www.mado.qc.ca<br />

208 <strong>Fugues</strong>.com juil<strong>le</strong>t 2011

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