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image+nation gros plan sur...<br />

MEHDI BEN ATTIA , RÉALISATEUR DE LE LE FIL, PRÉSENTÉ EN CLÔTURE DU FESTIVAL<br />

L’HOMOSEXUALITÉ LIBÉRATRICE<br />

Mehdi Ben Attia signe, avec LE FIL, une histoire d'amour entre gars, en Tunisie. Il a accepté de<br />

répondre par courriel à quelques-unes de nos questions...<br />

28 octobre-7 novembre<br />

image+nation<br />

festival international<br />

de cinéma lgbt<br />

Pourquoi avoir choisi <strong>le</strong> thème de l’homosexualité?<br />

Je voulais d'abord raconter une histoire d'amour entre gars. C’est un thème qui m’est cher<br />

et qui ne me paraît pas avoir été beaucoup traité dans <strong>le</strong> cinéma arabe en général, et<br />

tunisien en particulier. Et quand il l’a été, il ne l’a pas toujours été avec la finesse et<br />

la bienveillance requises. Mais je n’ai pas voulu par<strong>le</strong>r de l’homosexualité avec un<br />

grand «H», de la situation des homosexuels en général en Tunisie. Si je dois être provocant,<br />

je dirais que j’ai voulu en faire une solution pour Malik.<br />

Il y a des scènes d'amour plutôt osées. Faut-il du courage pour filmer un amour<br />

homosexuel en Tunisie?<br />

Pas être courageux, je dirais plutôt imprudent! Pourtant, des scènes d'amour, on en voit tous <strong>le</strong>s jours. Alors, pourquoi,<br />

lorsqu'on filme dans un contexte arabo-musulman, devrait-on s'interdire ce que tout <strong>le</strong> monde s'autorise?<br />

A-t-il été diffici<strong>le</strong> de trouver des acteurs pour interpréter <strong>le</strong>s deux rô<strong>le</strong>s principaux?<br />

Et comment! Pour interpréter Bilal, Salim Kechiouche, que je connaissais, a eu des hésitations. Pas sur <strong>le</strong> fait de jouer<br />

des scènes d’amour, mais parce qu’il avait déjà joué des rô<strong>le</strong>s gais et qu’il se demandait en quoi <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de Bilal se<br />

distinguerait de ceux qu’il avait joués. On en a parlé et on a trouvé un travail d’acteur qui serait différent. Pour Malik<br />

(Antonin Stahly-Vishwanadan), ça a vraiment été très diffici<strong>le</strong>. Les comédiens que je voyais avaient en général très<br />

peur du rô<strong>le</strong>. En particulier, de la première scène de sexe, une scène assez crue. Même si on ne <strong>le</strong>ur demandait pas<br />

réel<strong>le</strong>ment de faire l’amour, mais de faire en sorte qu’on y croie! (rires)<br />

J’ai lu dans TÊTU que Claudia Cardina<strong>le</strong>, qui tient l'un des rô<strong>le</strong>s principaux, considère que ce film<br />

porte sur la liberté...<br />

Malik, <strong>le</strong> personnage central, a des habitudes de liberté qu'il a acquises en Europe. La question du film, c'est : «Que<br />

va-t-il en faire en Tunisie?» Il s'interroge. Il a peur de devoir renoncer à sa liberté, notamment sexuel<strong>le</strong>, en rentrant<br />

au pays, mais va fina<strong>le</strong>ment trouver <strong>le</strong> chemin vers l'accomplissement individuel. J'ai choisi de faire évoluer deux personnages<br />

qui exercent <strong>le</strong>ur liberté, indépendamment d'un contexte politique, sans faire de mal à personne.<br />

Le film devient bien plus léger lorsque Sara, la mère de Malik, interprétée par Claudia Cardina<strong>le</strong>,<br />

découvre l’homosexualité de son fils…<br />

C’était l’intention. Je pouvais faire une fiction, soit sur la dénonciation, soit sur la libération. Je me suis clairement<br />

positionné du côté de la libération. Avec la dénonciation, on aurait travaillé sur la culpabilité des personnages, <strong>le</strong> côté<br />

punitif de la société... Je ne voulais pas donner la paro<strong>le</strong> à l’homophobie, ou presque pas. Je voulais plutôt trouver<br />

<strong>le</strong> chemin du bonheur pour mes personnages.<br />

N’y a-t-il pas un risque de nier l’importance de l’homophobie?<br />

J’ai l’impression que <strong>le</strong>s gens savent parfaitement ce que c'est que l’homophobie, et ça ne m’intéressait pas de la<br />

représenter. Je trouve qu’il était beaucoup plus subversif de montrer <strong>le</strong> bonheur que de montrer l’entrave. Alors oui,<br />

il y a <strong>le</strong> risque qu’on se dise que c’est bien joli, mais que, dans la vie, ce n’est pas comme ça… Pour moi, cette idéalisation<br />

est une sorte d’acte politique. q Sébastien THIBERT<br />

LE FIL sera présenté <strong>le</strong> dimanche 7 novembre, à 21h, au Théâtre Hall Concordia (Hall Building, 1455 De Maisonneuve Ouest). Pour visionner<br />

un extrait de LE FIL visitez la section «Image+Nation» de <strong>Fugues</strong>.com ou consultez <strong>le</strong> www.image-nation.org.<br />

92 <strong>Fugues</strong>.com novembre 2010

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