image+nation gros plan sur... Aaron exerce <strong>le</strong> métier de boucher à Jérusa<strong>le</strong>m. Appartenant à la communauté juive orthodoxe, il est <strong>le</strong> père de quatre enfants et mène une existence en apparence paisib<strong>le</strong> avec sa femme. Très croyant et respecté, Aaron va découvrir <strong>le</strong> poids de la tentation alors qu’il va se prendre d’affection pour un jeune étudiant paumé, Ezri. Il l’engage et <strong>le</strong> loge dans la boucherie, ils passent du temps ensemb<strong>le</strong>…Et très rapidement une attirance <strong>le</strong>s foudroie. Si Ezri a moins de problème à vivre librement ce que lui dicte son cœur (et ce malgré ses croyances religieuses), Aaron, lui, culpabilise de descendre dans <strong>le</strong> feu de la passion et du péché. Alors qu’aux a<strong>le</strong>ntours <strong>le</strong>s ragots commencent à circu<strong>le</strong>r, il va falloir prendre des décisions… Diffici<strong>le</strong> de ne pas être frappé par l’élégance de la mise en scène du premier long-métrage de Haim Tabakman où Jérusa<strong>le</strong>m est un personnage à part entière, un décor mystérieux, tragique et romantique dont <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs et <strong>le</strong>s lumières invitent à l’évasion comme el<strong>le</strong>s peuvent emprisonner. Chaque plan est une merveil<strong>le</strong> d’inspiration et la première partie du film est remarquab<strong>le</strong> par la tension affective et sexuel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> met en place avec subtilité. Les deux acteurs principaux apportent beaucoup de sensibilité et de sensualité à <strong>le</strong>urs personnages et c’est en grande partie grâce à eux que l’œuvre touche autant. Bien que <strong>le</strong> film s’appuie sur un scé- 28 octobre-7 novembre image+nation festival international de cinéma lgbt nario sans grandes surprises, <strong>le</strong> réalisateur parvient à <strong>le</strong> magnifier par l’intensité de son regard. Ici, tout se ressent, s’éprouve même. Ce n’est pas un hasard si Aaron travail<strong>le</strong> dans une boucherie: il va succomber à l’appel de la chair. Une chair qu’il manipu<strong>le</strong> dans son travail, mais qui lui échappe quand el<strong>le</strong> prend un visage humain. Parfois bou<strong>le</strong>versant, Eyes Wide Open est un drame universel qui nous rappel<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s religions, prônant à l’origine l’amour de l’autre, peuvent donner lieu au pire quand el<strong>le</strong>s sont interprétées par <strong>le</strong>s hommes. q Yves LAFONTAINE EYES WIDE OPEN sera présenté <strong>le</strong> mercredi 3 novembre, à 21h, au Théâtre Hall Concordia (Hall Building, 1455 De Maisonneuve Ouest). Pour visionner un extrait de EYES WIDE OPEN visitez la section «Image+Nation» de <strong>Fugues</strong>.com ou consultez <strong>le</strong> www.image-nation.org. OPEN Dans son premier long métrage de fiction, <strong>le</strong> réalisateur Jake Yuzna combine de façon spectaculaire <strong>le</strong>s caractéristiques du mélange des genres: un roadmovie queer en même temps qu’une romance transsexuel<strong>le</strong>. Il y a, d’abord, <strong>le</strong> jeune hermaphrodite Cynthia. Lorsque Cynthia fait la connaissance de Gen et de Jay, un coup<strong>le</strong> qui vient de se faire retaper par un chirurgien esthétique, el<strong>le</strong> entend par<strong>le</strong>r pour la première fois de la «pan drogonie». La promesse qui se cache sous ce terme est que deux personnes fusionnent <strong>le</strong>s traits de <strong>le</strong>urs visages pour dépasser <strong>le</strong>urs identités isolées et se fondre en une seu<strong>le</strong> entité. Cynthia est emballée par cette possibilité! El<strong>le</strong> quitte son mari et entreprend avec Jay et Gen une odyssée à travers ce qui reste du rêve américain du 20 e sièc<strong>le</strong>. Pendant ce temps, <strong>le</strong> transsexuel Syd fait la connaissance de Nick, un jeune punk. Ils couchent ensemb<strong>le</strong> et non seu<strong>le</strong>ment ils tombent alors amoureux l’un de l’autre mais Syd tombe enceinte! Traitement aux hormones et chirurgie, dans Open, l’Homme Nouveau se manifeste. Lors du dernier festival de Berlin, <strong>le</strong> jury des prix Teddy a tenu à saluer «<strong>le</strong>s débuts courageux du cinéaste Jake Yuzna qui, avec son film Open, a su explorer toute l'étendue de l'amour et des relations transgenres». q Étienne DUTIL OPEN sera présenté <strong>le</strong> dimanche 31 octobre, au Goethe Institut (418, rue Sherbrooke est). Pour visionner un extrait de OPEN, visitez la section «Image+Nation» de <strong>Fugues</strong>.com ou consultez <strong>le</strong> www.image-nation.org. 88 <strong>Fugues</strong>.com novembre 2010 EYES WIDE OPEN LA TENTATION DE LA CHAIR
011050EX 010046EX