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image+nation gros plan sur...<br />
FROM BEGINNING TO END, D’ALUSIO ABRANCHES<br />
UN AMOUR FUSIONNEL ET ABSOLU...<br />
Rarement un film à la thématique gaie aura créé un tel buzz en Amérique<br />
du Sud. Avant même sa sortie dans <strong>le</strong>s sal<strong>le</strong>s brésiliennes l’année<br />
dernière, From Beginning to End ( Do começo ao fim en version<br />
origina<strong>le</strong>), a affolé <strong>le</strong> web avec plusieurs bandes-an-<br />
28 octobre-7 novembre<br />
image+nation<br />
festival international<br />
de cinéma lgbt<br />
nonces sexy et troublantes qui ont été visionnées<br />
plus d’un million de fois. Mais surtout, <strong>le</strong><br />
long-métrage d’Aluisio Abranches a fait beaucoup<br />
par<strong>le</strong>r de lui au Brésil en raison du sujet<br />
sulfureux qu’il aborde: une relation parti-culière<br />
entre deux frères… Deux frères liés par <strong>le</strong>ur sang mais<br />
aussi par un amour indescriptib<strong>le</strong>, fusionnel, absolu, et ce, dès <strong>le</strong> premier<br />
regard que plantera Thomas dans celui de Francisco.<br />
À Rio de Janeiro, Francisco et Thomas sont demi-frères. Évoluant dans une famil<strong>le</strong><br />
aisée aimante, <strong>le</strong>s deux garçons ne se quittent jamais et développent une complicité<br />
de plus en plus ambiguë. À la mort de <strong>le</strong>ur mère et devenus adultes, <strong>le</strong>s deux hommes décident de<br />
vivre <strong>le</strong>ur amour au grand jour. Leur relation fusionnel<strong>le</strong> sera testée <strong>le</strong> jour où Thomas, champion de natation,<br />
se voit proposer l’entraînement dans l’équipe olympique en Russie. Le film, qui se dérou<strong>le</strong> à Rio de<br />
Janeiro et à Buenos Aires, raconte <strong>le</strong>ur enfance dans un environnement familial aimant et <strong>le</strong>ur arrivée à<br />
l'âge adulte lorsqu'ils comprennent la vraie nature des sentiments qui <strong>le</strong>s lient. Leur amour est si grand<br />
qu'ils transgresseront tous <strong>le</strong>s tabous. Reconnaissons que filmer un inceste homosexuel pouvait être cassegueu<strong>le</strong>.<br />
Mais l'œuvre n'a rien de sordide. El<strong>le</strong> garde de bout en bout son parti pris esthétique, avec son<br />
zeste de stylisation. La musique, une bande son inspirante, donne une dimension mélodramatique bienvenue<br />
et séduisante à des séquences souvent si<strong>le</strong>ncieuses, exprimant <strong>le</strong> bonheur ou la souffrance vécus par<br />
<strong>le</strong>s protagonistes. Car cette enfance insouciante, presque trop heureuse, cache un mystère indicib<strong>le</strong>, mais<br />
palpab<strong>le</strong>. On devine assez vite, par <strong>le</strong> regard des adultes, l'impuissance à contrarier un destin inhabituel. Le<br />
soupçon des uns et l'innocence des autres provoquent une absence de conflit, où chacun se résigne à<br />
préférer <strong>le</strong>s sentiments aux raisonnements.<br />
Cette absence de jugement donne une tonalité étonnamment optimiste dans une histoire qui n'est pas exempte<br />
de drames. Même la maison du bonheur, une villa de Rio qui sert de cocon isolé dans la jung<strong>le</strong>, protège<br />
<strong>le</strong>s deux frères de la vio<strong>le</strong>nce d'une société pauvre et moralisatrice. Les inquiétudes ne sont jamais<br />
cel<strong>le</strong>s que l'on pourrait prévoir. L'intimité n'est jamais indécente. Même la scène où <strong>le</strong>s deux frères passent<br />
à l’acte est filmée avec pudeur. Le strip-tease de ces deux hommes est une simp<strong>le</strong> mise à nue, sans vulgarité.<br />
C'est d'ail<strong>le</strong>urs ces scènes, sans un mot, qui fascinent et touchent davantage que <strong>le</strong>s séquences dialoguées,<br />
soulignant trop explicitement ce que l'image traduit plus subti<strong>le</strong>ment. On reste surpris par la<br />
luminosité de ces deux êtres, malgré <strong>le</strong>s tragédies qu'ils traversent. Jamais ils ne semb<strong>le</strong>nt affectés réel<strong>le</strong>ment<br />
par la fatalité qui <strong>le</strong>s frappe. Abranches décrit mieux <strong>le</strong>ur psychologie personnel<strong>le</strong>, où <strong>le</strong>s tempéraments<br />
s'inverseront. Ainsi, <strong>le</strong> dominant deviendra dépendant, et <strong>le</strong> vulnérab<strong>le</strong> résoudra son di<strong>le</strong>mme par<br />
une aspiration plus égoïste. À travers <strong>le</strong>urs flottements, ils s'affirment l’un et l’autre.<br />
Pour <strong>le</strong> réalisateur du film, Aluisio Abranches, <strong>le</strong> cinéma reste toujours un outil fort pour rompre <strong>le</strong>s barrières<br />
74 <strong>Fugues</strong>.com novembre 2010