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CLUBBING <strong>le</strong>s must<br />
RENCONTRE<br />
APPRÉCIER LE TALENT LOCAL AVEC DJ K.NOX<br />
Ma doub<strong>le</strong> vie de communicateur/bartender me permet souvent de côtoyer <strong>le</strong>s artisans du<br />
nightlife du monde entier. Je ne compte plus <strong>le</strong>s fois où j’ai fait danser la flamme de briquets<br />
imaginaires, en balançant <strong>le</strong>s bras de droite à gauche, avec Offer Nissim ou encore recollé <strong>le</strong>s<br />
morceaux d’Amanda Lepore arrachés par un de ses coups de hanches audacieux (vous ai-je dit<br />
qu’il m’arrive d’en mettre un peu pour donner plus d’impact à mes faits vécus?)! Je ne me laisse<br />
donc guère impressionner par n’importe quel<strong>le</strong> étoi<strong>le</strong> du jet set nocturne, surtout pas cel<strong>le</strong>s qui<br />
achètent <strong>le</strong>urs pois verts en réduction au même marché que moi. Question de m’abaisser au<br />
niveau de nos vedettes loca<strong>le</strong>s, j’ai invité DJ K.Nox à faire ses provisions de gommes dures et<br />
de contenants relativement hermétiques dans un populaire magasin à un dollar près de chez<br />
moi afin de par<strong>le</strong>r de sa carrière de maître de la conso<strong>le</strong> de calibre international.<br />
En effet, K.Nox m’apprend d’entrée de jeu qu’il a déjà joué pour <strong>le</strong> World E<strong>le</strong>ctronic Music Festival devant<br />
12 000 personnes ainsi que dans différentes vil<strong>le</strong>s d’Australie et des États-Unis. Le DJ revient d’ail<strong>le</strong>urs tout<br />
juste du Fly à Toronto où il a, à ce qu’on dit, littéra<strong>le</strong>ment mis <strong>le</strong> feu au plancher de danse. Ma surprise est<br />
tel<strong>le</strong> que ma main ballottante époussète inconsciemment une employée avec <strong>le</strong> plumeau multicolore que<br />
j’hésite à placer dans mon panier, tout en fixant des yeux <strong>le</strong> poitrail saillant du joli DJ. En constatant mon air<br />
ébahi, K.Nox m’avoue qu’il aimerait changer cette façon de penser qu’entretiennent <strong>le</strong>s Québécois envers <strong>le</strong><br />
ta<strong>le</strong>nt local. «Les gens d’ici ont cette tendance à croire que ce qui vient d’ail<strong>le</strong>urs est nécessairement<br />
meil<strong>le</strong>ur. Plusieurs de nos DJs ont un ta<strong>le</strong>nt immense. Il serait temps qu’on reconnaisse et qu’on encourage<br />
<strong>le</strong>s gens de la scène montréalaise», lance-t-il. En analysant l’aspect chimique du sirop de tab<strong>le</strong> «made in<br />
Turkey» qui s’affaire à accumu<strong>le</strong>r la poussière, j’avoue tout à coup m’ennuyer du bon vieux sirop d’érab<strong>le</strong><br />
du terroir québécois. Peut-être que K.Nox a raison. Peut-être fais-je partie de ce groupe qui croit que <strong>le</strong><br />
Québec est «né pour un petit pain»…<br />
Décidément, K.Nox a su mettre rapidement un point à cette ligne de pensées réductrices transmises de<br />
génération en génération. Après avoir mis sur pieds quelques partys raves à Québec en 2001, <strong>le</strong> téméraire<br />
jeune homme décide de s’autoproclamer DJ pour un de ces rassemb<strong>le</strong>ments festifs. «Une semaine avant<br />
l’événement, je me suis loué une conso<strong>le</strong> pour me familiariser avec cet outil qui me semblait, a priori, plutôt<br />
simp<strong>le</strong>. J’ai frappé un méchant nœud devant la comp<strong>le</strong>xité de la tâche», s’étonne-t-il encore devant l’insouciance<br />
de ses débuts. Résultat: une performance assez chaotique en ce qui a trait à la technique, mais musica<strong>le</strong>ment<br />
réussie. La détermination de K.Nox lui a permis de développer, au fil des années, une oreil<strong>le</strong><br />
musica<strong>le</strong> aiguisée et un sens du rythme exceptionnel.<br />
Un produit peut donc être à la fois local et de qualité!? C’est étonnant à quel point je peux changer de perception<br />
rapidement lorsqu’on m’expose une réalité en p<strong>le</strong>in visage. Rempli d’une soudaine confiance en<br />
mes racines canadiennes-françaises, je troque cette paire de gants à prix modique pour une pelote de laine<br />
et une paire d’aiguil<strong>le</strong>s à tricoter. Je l’aurai, moi aussi, mon produit local et de qualité! q Philippe BOIVIN<br />
On peut entendre <strong>le</strong> son house, é<strong>le</strong>ctro, pop et parfois tribal de K.Nox, entre autres, dans <strong>le</strong> cadre des soirées TGIF, un<br />
vendredi sur deux, au Parking.<br />
36 <strong>Fugues</strong>.com novembre 2010<br />
ù PHOTOS JÉRÔME SUARD