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[ LE PARTY POZ FÊTE LE 11 JUIN ] Pozitivement depuis 5 ans CLUB TOOLS, 11592, RUE SAINTE-CATHERINE EST. 514-523-4679, www.clubtools.com Initiative bénévole mise en place pour permettre aux séropositifs de faire le party sans ostracisme, cette soirée mensuelle remplit honorablement son contrat social depuis cinq ans. La fête sera donc de mise au Tools, le 11 juin prochain. Tous les séros - Poz ou Neg - et leurs ami(e)s sont invités. Karl était bénévole à l’ACCM (AIDS Community Care Montreal)» : «On organisait trois fois par an des soirées sociales, mais ouvertes à tous les séropositifs : hommes, femmes, gais ou non.» «En 2005, avec deux autres copains, nous avons décidé d’organiser des soirées exclusivement pour les gais afin qu’ils rencontrent d’autres gais, positifs ou pas, pour qu’ils puissent s’amuser, mais aussi développer des liens d’amitié ‘‘et plus si affinités’’, comme on dit.» Les trois compères rencontrent alors le patron du Tools, Luc Généreux, le bien nommé, qui met sa discothèque à leur disposition pour organiser ces soirées Dance. «La première soirée a eu lieu le 16 juin 2005», rappelle Karl. «On fêtera le 5e anniversaire le 11 juin prochain, soit 5 jours avant. Encore le cinq! C’est un beau chiffre pour fêter, non?» «Au début, c’était le jeudi, de 19h à minuit. Mais beaucoup d’habitués travaillaient le vendredi et ne pouvaient pas se ‘‘lâcher’’. Alors, on a déplacé la soirée. Depuis, chaque deuxième vendredi du mois, c’est le party, dès 21h, jusqu’à la fermeture vers 3h du matin.» PPaass ddee ggêênnee,, ppaass ddee rreejjeett !! «On a parfois connu des soirées à plus de 150 participants, poursuit Karl. Vu le succès, et parce que certains trouvaient que la musique trop forte, n’était pas géniale pour jaser avec d’autres gars, on a mis en place les 5@7 POZ. Mais ça n’a pas eu le succès qu’on pensait. On a donc concentré nos énergies sur le vendredi mensuel de Dance.» D’autant plus qu’avec les aléas de la vie, les engagements professionnels ou privés des uns et des autres, Karl s’est retrouvé seul à porter le flambeau. «Luc, du Tools, me donne un sérieux coup de main. C’est un vrai partenaire», insiste Karl. «Ce qui est important, c’est qu’en affichant la couleur, d’où le nom POZ pour positif, tous les participants savent à quoi s’en tenir. D’emblée, le contrat relationnel est clair, et la question sur le statut sérologique est alors plus facile à poser si les gars veulent aller plus loin. Ils peuvent parler du VIH- Sida ou de sécurisexe sans honte, et apprendre à se connaître.» «Ces soirées sont très utiles pour des séropositifs qui n’osent pas sortir parce que leur statut sérologique est devenu trop visible ou se lit dans le visage s’ils souffrent de lipodystrophie, par exemple. POZ veut dire aussi une façon positive de voir les choses et les gens. Pas de suspicion, pas d’ostracisme, pas de préjugés, pas de gêne, pas de rejet…» ««CCeeuuxx dduu ddéébbuutt ssoonntt ttoouujjoouurrss llàà!!»» Les soirées POZ ont toujours été un lieu de fête et un espace de rencontres, mais aussi de lutte contre la pandémie du sida. Or, depuis quelques mois, les Party POZ connaissent un certain tassement de la fréquentation. À quoi doit-on un tel constat? Selon les propos de Karl, il y a la «normalisation» du VIH-Sida, moins visible et plus intégré socialement, au risque d’être dangereusement banalisé. Mais pas seulement : «Il y a sans doute d’autres façons de socialiser via l’Internet, et puis, ce qui est invraisemblable, le bareback, le sexe sans capote, devient très populaire, alors qu’on a toujours travaillé contre ça dans les soirées POZ.» Et pour conclure sur une note heureuse à l’occasion de ce bel anniversaire, Karl ajoute : «En cinq ans, on a connu beaucoup d’habitués. Même s’il y a pas mal de jeunes dans la vingtaine, la moyenne d’âge oscille entre 35 et 45 ans. On a vu des histoires d’amitié s’écrire et des histoires d’amour se construire. Mais ceux du début sont toujours là, et ça, ça fait vraiment plaisir!» Michel JOANNY-FURTIN Photo Pascal Forest