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V O L . 2 7 N 0 3 J U - Fugues

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VIE POSITIVE<br />

LA 5 e CONFÉRENCE INTERNATIONALE FRANCOPHONE SUR LE VIH-SIDA<br />

Entre malaise et solidarité<br />

Casablanca accuueiillaiit, du 28 au 31 mars, la 5 e Connférence<br />

francophone internationale sur le VIH/sida. Près<br />

de 1 600 personnes, acteurs francophones des milieux<br />

communautaire et scientifique, se rencontraient pour<br />

discuter de diverses interventions et échanger leurs<br />

expériences.<br />

Si le gouvernement marocain était l’hôte de cette conférence<br />

inaugurée par Yasmina Baddou, la ministre marocaine<br />

de la Santé, il y règnait toutefois un certain malaise<br />

face aux questions relatives aux programmes d’aide aux<br />

homosexuels et aux travailleurs, travailleuses du sexe.<br />

En pays musulman, l’aspect moral du VIH crée des malaises<br />

lorsqu’on vient à parler d’homosexualité, de prostitution,<br />

de prévention ciblée envers ces groupes à risques et des moyens pour ralentir la propagation. «Au<br />

cœur de tout cela, il y a des échanges sur des expériences fructueuses, mais aussi des approches qui<br />

ne font pas consensus ou plutôt des sujets de recherche qui éveillent préjugés et passions. Un quotidien<br />

de Casablanca, Al-Massae, a d’ailleurs reproché à la conférence de traiter surtout d’homosexualité,<br />

et certains délégués d’Afrique ont fait voir leur malaise sur des sujets comme celui-là.<br />

Lorsqu’on parle de la nécessité d’avoir plus d’argent pour traiter tout le monde ou de la nécessité<br />

de traiter les gens, tout cela fait consensus. Mais lorsqu’on touche aux aspects sociaux, la moralité<br />

vient hanter les lieux de l’Université Hassan ll», a indiqué Albert Martin de Fréquence VIH.<br />

Organisé par l’Alliance francophone des acteurs en santé contre le VIH (AFRAVIH), ce congrès était<br />

placé, cela dit, «sous l’égide du roi Mohamed VI, ce qui politiquement démontrait l’importance que<br />

le Maroc accordait à cette conférence», de dire Pierre Côté, médecin à la Clinique médicale du<br />

Quartier-Latin, et l’un des deux vice-présidents de l’AFRAVIH.<br />

La Faculté de Médecine de l’Université Hassan II a été le théâtre de cette conférence qui se tient aux<br />

deux ans. Parmi les sujets scientifiques traités, on retiendra certains points forts dont l’approche<br />

médicale en prévention du VIH. Il a été, entre autres, discuté de la «prophylaxie pré-exposition»,<br />

soit de traitement préventif pour les personnes les plus à risques de s’infecter au VIH (population<br />

de travailleurs du sexe, hommes gais, etc.). Cette approche a été largement débattue, soulevant des<br />

réserves sur le plan éthique. Certains chercheurs tentent de mettre en place une recherche pour démontrer<br />

son efficacité dans un contexte global de prévention. ll faut analyser cette possibilité<br />

sérieusement parce que, pour les patients, elle est lourde en termes d’effets secondaires», de noter<br />

le Dr Côté.<br />

Le vieillissement prématuré dû au VIH fut discuté. Avec le temps et un système immunitaire affaibli<br />

, les personnes développent plus facilement certains problèmes de santé, par exemple des maladies<br />

cardiovasculaires, des cancers, etc. Parfois, même si le compte des cellules CD4 (les défenses<br />

du système immunitaire) est acceptable. Il faut individualiser le traitement pour chaque patient<br />

selon son histoire médicale et familiale. Cela est encore plus réel pour des personnes vieillissantes.<br />

Il a été aussi question de la reconnaissance de l’existence même del’homosexualité afin de pouvoir<br />

lutter efficacement contre le virus. «Cela demeure toujours tabou dans plusieurs pays en<br />

développement, de poursuivre le Dr Côté. Ce sont les organisations non gouvernementales (ACDI,<br />

Médecins sans frontières, etc.), essentiellement, qui établissent des programmes de prévention et<br />

d’aide pour les hommes gais, parce que les gouvernements locaux ne les subventionneront pas.<br />

Mais le fait de tenir la conférence à Casablanca, cela a quand même contribué à sensibiliser les<br />

gens.»<br />

Albert Martin, du groupe québécois FréquenceVIH, accompagné d’un journaliste indépendant,<br />

Youssef Shoufan, déplorait le fait que les médias francophones québécois ne se soient pas déplacés<br />

pour couvrir un tel congrès. Il notait aussi qu’à part une poignée de Québécois, les groupes communautaires<br />

ne s’y intéressaient pas assez pour y envoyer des représentants, alors qu’on pourrait<br />

bénéficier mutuellement des multiples travaux en cours. Il est vrai qu’avec la tenue cette été à<br />

Vienne de la Conférence internationale du sida, certains ont probablement dû choisir entre les deux,<br />

pour des raisons économiques.<br />

Face aux gouvernements occidentaux qui, malgré leurs promesses d’aide aux pays les plus pauvres,<br />

se servent du ralentissement économique pour en donner moins, il a été proposé de taxer les transactions<br />

financières de 0,005%. Il faut savoir que de tels échanges comptent pour plus de 42 milliards<br />

de dollars par an. C’est ce qu’on a appelé la «Taxe Robin» (pour Robin des Bois). Une<br />

proposition officielle sera déposée auprès du Parlement européen prochainement.<br />

La prochaine conférence francophone internationale sur le VIH aura lieu en 2012, à Genève, en<br />

Suisse. André C. PASSIOUR<br />

140 juin 2010 fugues.com

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