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ONAIME... la télé par Luc-Alexandre Perron<br />
Remontons dans le temps : En 1981,<br />
SSooaapp présentait Jodie (Billy Crystal),<br />
un père qui perdait la garde de son<br />
enfant parce qu’il était gai. Puis<br />
quelques années plus tard, DDyynnaassttyy<br />
allait dans le même sens avec<br />
Steven Carrington, homme gai, qui<br />
se faisait demander au tribunal lors<br />
d’une dispute pour la garde de son<br />
fils, si la porte de sa chambre à<br />
coucher se verrouillait pour éviter à<br />
l’enfant de voir son père couché<br />
dans son lit avec un autre homme.<br />
Quelle horreur! L’homosexualité<br />
justifiait qu’on enlève un enfant à<br />
son père ou sa mère. Et cela n’était<br />
pas une fiction télévisuelle, c’était<br />
la réalité. D’ailleurs, un téléfilm,<br />
TTwwoo mmootthheerrss ffoorr ZZaacchhaarryy (1996),<br />
raconta de manière romancée l’histoire<br />
vécue de deux femmes de<br />
Richmond en Virginie qui venaient<br />
de perdre la garde de leur enfant<br />
parce qu’elles étaient lesbiennes.<br />
Qui avait demandé qu’on leur enlève<br />
la garde? La grand-mère biologique!<br />
Puis, l’avancement de notre communauté<br />
fit en sorte que les diffuseurs<br />
évitèrent pour un temps la<br />
question de l’homoparentalité car<br />
argumenter contre aurait offensé<br />
les gais et les lesbiennes et argumenter<br />
pour aurait offensé les opposants<br />
à notre cause.<br />
Au cours des ans, quelques personnages<br />
ici et là ont rappelé au public<br />
la réalité de l’homoparentalité.<br />
Soulignons le couple de lesbiennes<br />
130 juin 2010 fugues.com<br />
dans FFrriieennddss (Carol et Susan) ou encore<br />
le couple gai avec leur fille<br />
Francesca dans le TTrraacceeyy UUllllmmaann<br />
SShhooww (en 1992). Dans RRoosseeaannnnee, un<br />
couple gai veut adopter un enfant,<br />
la mère de Roseanne s’y oppose en<br />
énonçant de violents clichés homophobes<br />
selon lesquels les gais ne<br />
pouvant se reproduire doivent recruter<br />
de jeunes enfants. Nous apprendrons<br />
dans le même épisode<br />
que la source de cette hargne vient<br />
du fait que la mère de Roseanne est<br />
lesbienne et dans le placard, et<br />
qu’elle souffre d’homophobie intériorisée.<br />
Les séries télévisées TTaalleess ooff tthhee CCiittyy<br />
(MMoorree TTaalleess…… eett FFuurrtthheerr TTaalleess……)<br />
abordent le thème de l’homoparentalité<br />
lorsque DeDe décide<br />
d’élever ses jumeaux avec Dorothea,<br />
sa conjointe. Les enfants<br />
grandissent avec deux mères et ne<br />
s’en portent pas plus mal. Cette<br />
série pousse plus loin en traitant<br />
aussi de la transparentalité: Mme Madrigal, une transsexuelle, étant<br />
le père biologique de Mona.<br />
L’arrivée de QQuueeeerr aass FFoollkk (version<br />
américaine) va révolutionner bien<br />
des choses, incluant la présentation,<br />
au cours des cinq saisons, de<br />
l’homoparentalité avec pas un,<br />
mais quatre cas de parents gais. Il y<br />
a d’abord Brian comme père biologique<br />
de Gus, élevé par un couple<br />
de lesbiennes. Brian sera<br />
longtemps un père absent, qui ne<br />
se manifestera que de manière<br />
aléatoire dans la vie de son fils.<br />
L’homoparentalité<br />
à la télé<br />
L’’hoomoopaarentalité s’intègre de plus en<br />
plus dans les scénarios d’émissions<br />
télévisées. Pendant longtemps, nous<br />
nous sommes sentis obligés d’insister sur<br />
le fait que des parents gais n’auront pas<br />
plus souvent d’enfants gais que des parents<br />
hétéros…. Et alors? Même si on avait<br />
plus souvent des enfants gais, qu’est-ce<br />
que ça pourrait bien faire? Ou bien être<br />
gai est considéré normal et acceptable ou<br />
bien ça ne l’est pas! Il faudrait bien en<br />
revenir de cet argument-là! C’est comme<br />
l’idée qui consiste à insister que nous<br />
sommes nés gais, comme si nous devions<br />
obtenir nos droits seulement si notre<br />
orientation sexuelle est être hors de notre<br />
contrôle. La télévision reflète donc les<br />
grands remous de la société et aborde<br />
quelquefois la question de l’homoparentalité.<br />
Cependant aux cours des saisons,<br />
on le verra se rapprocher de celuici.<br />
Durant la première saison, l’amant<br />
de Michael, David, s’inquiète<br />
régulièrement de l’éducation de<br />
son fils, issu d’une relation hétérosexuelle<br />
et qui vit avec sa mère de<br />
l’autre côté du pays. À la fin de la<br />
saison, il quittera même Pittsburgh<br />
pour aller vivre avec son fils, qui<br />
éprouve des difficultés personnelles.<br />
Durant la troisième saison,<br />
Lindsay et Melanie décident d’avoir<br />
un deuxième enfant et partent à la<br />
recherche d’un donneur de sperme;<br />
Michael sera l’heureux élu et, à<br />
partir de la fin de la quatrième saison,<br />
il sera le père biologique d’une<br />
fillette pour le couple de lesbiennes.<br />
Mais lui sera un père trop<br />
présent au goût du couple Lindsay-<br />
Melanie. On assistera à des négociations<br />
serrées pour la garde de<br />
l’enfant et son éducation. Finalement,<br />
Michael et Ben vont adopter<br />
un jeune adolescent délinquant.<br />
On se moquera alors du phénomène<br />
du coming out avec le fils qui<br />
doit annoncer à ses parents gais<br />
qu’il est hétérosexuel et les deux<br />
pères qui se disent que «peut-être<br />
leur fils n’a-t-il pas encore rencontré<br />
le bon gars». Lindsay, quant à<br />
elle, reste ouverte par rapport à la<br />
sexualité de son fils et souligne à<br />
Brian : «Un jour, notre fils va rencontrer<br />
une jeune fille… ou un<br />
jeune garçon… et tomber amoureux»,<br />
gardant ainsi toutes les options<br />
ouvertes. C’est un des rares cas