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ONAIME... le théâtre<br />
LE DRAGON BLEU AU TNM<br />
Le quatrième dragon<br />
de la trilogie...<br />
En littérature, Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas étaient quatre. Au théâtre, ce<br />
sont les dragons de Robert Lepage qui racontent toute une époque et font la quadrature<br />
du cercle.<br />
Le titre LLee DDrraaggoonn BBlleeuu fait référence à une interprétation de la mythologie chinoise dans laquelle<br />
quatre dragons symbolisent le cycle des saisons. Associé au printemps, le dragon vert vit dans l’eau<br />
et représente la jeunesse. Vivant sur la terre, le dragon rouge, ou l’été, est celui des combats et de la<br />
guerre, de l’âge adulte.<br />
Le dragon blanc, c’est le dragon des airs qui représente la sagesse du déclin de la vie et l’automne.<br />
Enfin, le dragon bleu vit sous la neige d’hiver et représente la mort, mais aussi la renaissance. Invisible,<br />
une flamme bleue le représente, sinon la foudre.<br />
Ce DDrraaggoonn BBlleeuu boucle ainsi un cycle commencé il y a plus de vingt ans par Robert Lepage avec sa<br />
pièce LLaa TTrriillooggiiee ddeess DDrraaggoonnss. À la fin de la trilogie, Pierre Lamontagne, artiste visuel épris de culture<br />
chinoise, partait y étudier.<br />
Vingt ans plus tard, il tient une galerie à Shanghai et reçoit la visite de Claire, une publiciste montréalaise.<br />
Elle, qui l’a connu aux Beaux-Arts, jette un regard bien occidental sur sa vie orientale.<br />
«La Chine fantasmée du personnage principal n’est plus ce qu’elle était», explique le comédien<br />
Henri Chassé. «C’est un autre pays, branché sur l’art moderne et la société de consommation et qui<br />
n’a plus rien à faire de son gauchisme solidaire…»<br />
Alors que ces deux Occidentaux vivent retrouvailles et confrontations surgit une artiste chinoise, qui<br />
se fait bientôt l’écho de leurs quêtes et des espoirs inassouvis de Claire.<br />
LLee cchheemmiinneemmeenntt ccoommppttee pplluuss qquuee llee bbuutt<br />
Marie Michaud, co-auteure, partage la distribution avec Henri Chassé et la danseuse Tai Wei Foo.<br />
«Elle a dû apprendre le français et je me suis mis au mandarin», relate Henri Chassé. «Ces trois personnages<br />
se trouvent à la croisée des chemins de leurs propres destinées. Fuite ou abandon, désengagement<br />
ou renoncement, il faut bien un jour ou l’autre affronter ses peurs et soigner la blessure<br />
profonde que chacun porte en soi.»<br />
L’étrangeté de l’éloignement, l’ailleurs, la perte des repères sont des thèmes forts chez Robert Lepage,<br />
parce qu’ils mettent les protagonistes face à eux-mêmes et obligent toujours à l’introspection,<br />
au questionnement, à la remise en cause. Avec, en fond de toile, l’histoire récente du Québec et du<br />
Canada, marquée par l’émigration massive des populations.<br />
Le propos semble grave, «mais Robert traite ses thèmes avec toujours beaucoup d’humour», assure<br />
Henri Chassé. Le décor est ludique, morcelé, où la calligraphie chinoise et la bande dessinée prennent<br />
beaucoup de place. Il semblerait que l’imagerie de TTiinnttiinn eett llee LLoottuuss bblleeuu ait traversé l’esprit<br />
des deux auteurs, Robert et Marie.<br />
LE DRAGON BLEU de Robert Lepage et Marie Michaud. Du 9 au 17 juin au Théâtre du Nouveau Monde (TNM). 84, rue Sainte-Catherine Ouest, à Montréal (Place<br />
des Arts). Infos et réservations au 514 866-8668, ou sur www.tnm.qc.ca<br />
128 juin 2010 fugues.com<br />
Photo : Yanicckk Macdonald