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La bénédiction des nations

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-Bible au scanner---------------<br />

du réfléchi, par contre, ne s'impose pas<br />

d'emblée au lecteur. <strong>La</strong> difficulté est<br />

créée par la confusion entre agent et<br />

bénéficiaire que semble impliquer le<br />

mode réfléchi, on songe à Napoléon se<br />

posant lui-même la couronne impériale<br />

sur la tête; une telle manière de concevoir<br />

la <strong>bénédiction</strong> divine est évidemment<br />

impropre. Mais d'autres représentations<br />

sont possibles. Comme l'entité (les<br />

familles de la terre) est collective, on peut<br />

envisager que certains membres du<br />

groupe en bénissent d'autres; on peut<br />

aussi comprendre « se bénir» dans le<br />

sens « s'estimer béni », sens attesté en<br />

Dt 29.18, ou « souhaiter être béni» (cf.<br />

Es 65.16).<br />

Si l'on s'en tient à l'identité de l'intermédiaire<br />

(Abraham) et <strong>des</strong> bénéficiaires<br />

(les <strong>nations</strong>), à la nature du bien accordé<br />

(la <strong>bénédiction</strong>), les interprétations envisagées<br />

paraissent équivalentes. On<br />

observera toutefois que l'effet de la<br />

<strong>bénédiction</strong> n'est pas garanti de la<br />

même manière: si le verbe est au passif,<br />

elle est assurée (les familles de la terre<br />

seront bénies), alors qu'elle n'est que<br />

souhaitée ou supposée si le verbe est<br />

réfléchi : les familles de la terre appelleront<br />

sur elles une <strong>bénédiction</strong> (sans être<br />

assurées de la recevoir) ou s'estimeront<br />

bénies (à tort ou à raison). Comme il<br />

s'agit d'une promesse, la différence est<br />

loin d'être négligeable. Il vaut donc la<br />

peine d'étudier de plus près la question.<br />

Pour comprendre l'hésitation <strong>des</strong> interprètes<br />

entre le passif et le réfléchi, il faut<br />

savoir que l'hébreu, au lieu de distinguer<br />

simplement 3 voix (active, passive et<br />

réfléchie), dispose de 7 formes différentes<br />

du verbe, appelées conjugaisons:<br />

trois d'entre elles sont actives, deux passives,<br />

une réfléchie, une autre est soit<br />

passive soit réfléchie. C'est précisément<br />

cette dernière conjugaison, appelée nifal,<br />

qui est employée en Gn 12.3 ainsi qu'en<br />

18.18 et 28.14. Dans les deux autres cas<br />

(22.18 ; 26.4) l'auteur a employé le hitpaël<br />

qui a régulièrement un sens réfléchi.<br />

Comme on le voit, l'emploi de ces deux<br />

conjugaisons, favorise le sens réfléchi.<br />

En dépit de cela, tous les traducteurs<br />

et interprètes anciens ont rendu le verbe<br />

par un passif:<br />

- les traducteurs de la Septante (version<br />

grecque de l'AT réalisée au Ille siècle<br />

av. J.-C.),<br />

- le traducteur du livre du Siracide<br />

(Siracide 44.21, ouvrage juif écrit au<br />

début du Ile siècle et traduit en grec vers<br />

la fin du Ile siècle av. J.-C.),<br />

-l'apôtre Paul (Ga 3.8) et son collaborateur<br />

Luc (Ac 3.25),<br />

- les targum (traductions de l'Ancien<br />

Testament en araméen),<br />

- les versions syriaque et latine (Vulgate).<br />

Lorsqu'une tradition aussi ancienne et<br />

unanime est confirmée par deux auteurs<br />

du Nouveau Testament, ce n'est pas<br />

sans hésitation qu'on s'en écarte.<br />

--28 Fac-Réflexion n' 34

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