Escape

LE magazinE gratuit outdoor
EXPé
La sTRaTÉgIe
De L’esCaRgoT
GRATUIT
SErVEz-VouS
#30 PrintEmPS 2010
AILLEURS
30 pages voyages
JORDANIE
Sur La PiStE dES nabatEEnS
VALAIS ROMAN
LES aLPES PrESErVEES
MONGOLIE
PayS du VErtigE horizontaL

ELIA
Conception 100 % féminine
n

03 L’intro Escape
#30
RéDAcTION OUTDOOR
Avouons. Nous avons eu du mal à boucler ce numéro. Les nouveaux venus
de l’équipe d’Escape préfèrent visiblement les rédactions outdoor que les
bureaux climatisés. On ne pourra pas les en blâmer. Sahara, Pérou, Bolivie,
Colorado, ski freeride, cascade de glace, grimpe, skating… laissent finalement peu
de place au tapotage sur le Macintosh. Notre team colle au terrain. La justesse des
mots, des récits vient plus facilement quand le vécu procure des réminiscences de
sensations. On a voulu faire un Escape qui nous ressemble. Un magazine ouvert sur
le monde avec une large partie consacrée au voyage, pilotée par Christophe Raylat et
tout un volet sur nos activités montagne. Ces deux colorations vont s’enrichir au fil
des numéros, autour des activités que nous pratiquons, que nous aimons… subjectivement.
Nous avons ouvert cette nouvelle formule d’Escape en allant à la rencontre
des himalayistes qui s’interrogent sur la façon d’appréhender la haute altitude. Faut-il
à tout prix aller vite ou au contraire adopter l’étonnante Stratégie de l’Escargot ? La
question est posée et vaut d’être posée. Elle n’arrive pas dans le champ alpinistique par
hasard (même si ses prémisces ne datent pas d’hier). Presque de manière synchrone,
alors que nous travaillions sur ce dossier passionnant, sortait le bouquin de Paul Ariès
(1) : “La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance”. Quel rapport entre
l’écologie politique, la montagne et nos histoires d’escargot ? L’appel de Paul Ariès à
plus de simplicité dans nos vies fait écho à l’exploration de Paulo Grobel et de François
Damilano qui testent les vertues inattendues de la lenteur en haute montagne. Moins
de moyens, respect de son corps et de l’éthique, le plaisir comme valeur cardinale
plutôt que la souffrance, le partage plutôt que l’égocentrisme sportif… Car toucher
les sommets est une quête et non pas une conquête. On cite souvent la phrase du
moine boudhiste tibétain, Milarepa (1040-1123), dont les mots pétris de modernité
rejoignent notre propos : «Dans les grands déserts, les hautes montagnes, il existe un
négoce étrange. On peut troquer le tourbillon de la vie contre l’infinie paix de l’Ame».
L’Escargot, s’il ne se gèle pas le pied, est peut-être en marche vers ce sommet.
Franck Oddoux
(1) La Simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance, Les empêcheurs de penser en rond, la Découverte, janvier 2010.
F. ODDOUX

04 SommairE Escape
Mongolie, troupeau de chameaux
dans le désert de Gobi.
[photo F. Oddoux]
En couverture : Paul Vulin (Némo)
et Pierrol Dupuy franchissent la
grande barrière de séracs (vers
7200 m) du Manaslu (8163 m).
[photo F. Damilano]
#30
04 I LES NEwS
L’essentiel de l’actu grimpe et alpinisme
18 I LE DOSSIER
Gros plan sur la Stratégie de l’Escargot,
ou comment se faire plaisir sur un 8000
(sans souffrir)
30 I LE PROGRAMME
Retrouvez toutes les dates des trails de France et
d’ailleurs, et un focus sur l’UTMB
34 I LE ShOPPING
retour sur les nouveautés qui nous ont tapé dans l’œil
sur le salon ISPO, Münich
39 I LES VOyAGES
Immersion en Jordanie, visite du Valais Roman et
découverte de la Mongolie sont au programme de
ce numéro
66 I L’EScAPE AwARD
Focus sur la chaussure de Trail Tarantula de Tecnica.
ESCAPE LE MAGAZINE GRATUIT OUTDOOR est édité par FREE PRESSE
Savoie Technolac. 18, ALLÉE DU LAC ST ANDRÉ
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Directeur de publication et de la rédaction :
Claude Borrani (claude@freepresse.com)
Rédacteur en chef
Franck Oddoux (franck@freepresse.com)
Rédaction : Christophe Raylat, Loic Martin
Direction artistique : Sandra Ortiger : sandra_ortiger@me.com
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Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque procédé que ce
soit des pages publiées dans le présent magazine faites sans l’autorisation de l’éditeur est
illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions
strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective,
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08 nEWS Escape
RÉaCTIon De LoïC gaIDIoz…
C’est bien agréable d’être sélectionné à l’avance pour autant de
compétitions à la suite. Ça permet de planifier l’entraînement,
d’avoir un axe de concentration beaucoup plus ciblé et de nous
économiser. Car la saison est longue, avec sept coupes du
monde, un Championnat d’Europe, et quelques masters comme
celui de Sheffield, et il faut se ménager si l’on veut croiser
quelques bouts de métal en fin de compétition… !
Cette année, gilles bernigolle, entraîneur de nombreux athlètes
dans les années 90, a d’ailleurs repris du service pour entraîner
Loïc. « C’est un personnage très charismatique, que je respecte
énormément. » Espérons que ça portera ses fruits !
PARIS 2012 !
Il l’a dit…
#30
Là où Paris 2012 (Jeux Olympiques) a échoué, Bercy 2012 (Championnats du Monde d’escalade)
vient d’être officiellement accepté ! Quatre ans après le succès du Championnat d’Europe, la
Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade remet le couvert. Au menu : escalade de vitesse, de
bloc et de difficulté, la crème de
l’escalade mondiale, et un superbe
show. Tout pour faire la meilleure
impression aux membres du CIO
(Comité International Olypique)
avant qu’ils ne décident de l’entrée
ou non de l’activité sur les jeux
Olympiques…
C’est « une très bonne nouvelle, pour Pierre-Henri Paillasson, fraîchement élu Secrétaire Général de
l’IFSC. Nous disposons désormais de trois ans pour préparer ce dossier. La décision pour l’accession
de nouveaux sports olympiques en 2020 sera prise par le CIO en 2013. Souhaitons que les
Championnats de Bercy 2012 nous aident à peser favorablement dans la balance ! » D’ici là, il va
falloir mettre les bouchées doubles, principalement sur le plan médiatique...
ffme.fr
Et les JO,
c’est pour quand ?
A en croire les propos de Jaques Rogge,
Président du CIO, lors d’une réunion officielle à
Vancouver, pendant les JO, l’escalade n’a jamais
été en aussi bonne posture pour décrocher les
anneaux olympiques. L’escalade vient en effet
de recevoir la « full olympic recognition » :
la reconnaissance définitive en tant que sport
olympique, de la part du CIO. Un premier pas
vers les Jeux d’été à l’horizon 2020 !
ShEffIELD, GRIMPE POUR TOUS
La ville d’Angleterre la plus fournie en grimpeurs, capitale de
l’escalade traditionnelle (coinceurs, friends et compagnie),
se modernise. Aux portes du Peak District National Park, elle
dispose déjà d’une série de spots de bloc réputés. Mais le 20 mars,
c’est sur résine que les grimpeurs pourront s’user les doigts, à
l’occasion d’un gros contest européen. Cette compétition de
bloc au format un peu unique, se dispute par équipe de 4. Une
belle équipe de Frenchy (Ansade, Gaidioz, Pouvreau et Meyer)
se prépare déjà à défendre les couleurs tricolores…
Tony Lamiche

Adoptez l’Ange
OUVREUR TROTTEUR
D epuis
Le nouveau mousqueton de Petzl, dévoilé
en avant-première au salon de l’Ispo le
mois dernier, porte bien son nom. En
outre son poids ultra-léger (grâce à
son doigt fil unique, comptez 63g pour
une dégaine), il n’est plus soumis au
fameux phénomène vibratoire qui
risque d’ouvrir le mousqueton et
laisser filer la corde. De quoi voler
et s’envoler sans crainte, comme
un ange !
À voIR
KING Of DA cAILLASSE 2
2006, Jimmy Aunet, a trouvé un bon moyen d’associer ses deux passions,
l’escalade et les voyages : Ouvreur de compétition à l’étranger ! « C’est comme ça que
j’ai débarqué en Colombie en 2006, depuis cette date j’ai fait des rencontres et des ouvertures
qui m’ont permis de vivre un an en 2009 en Amérique latine, allant de simple compétition
locales aux championnats nationaux et internationaux ». Avec plus
de vingt compétitions ouvertes à travers quatre pays d’Amérique du
Sud, il a également participé à la création de la fédération d’escalade
en Colombie. Pour 2010, Jimmy repart pour ouvrir le championnat
d’Amérique latine jeunes en Equateur, puis il s’attellera à un projet
qui lui tiens à cœur : monter la première Coupe du Monde d’escalade
difficulté. « Ce serait une première sur ce continent, elle nous permettra
de postuler pour l’intégration de l’escalade aux World Games 2013 en
Colombie ».
FEDERICO RIOS ESCOBAR
minutes de grimpe autour des meilleurs spots du monde en compagnie de
72 Tony Lamiche, Jérôme Meyer, Gérome Pouvreau, Loïc Gaidioz.... De l’escalade
de tous niveaux et dans tous les styles,
qui donne résolument envie de sortir
grimper ! Au programme : Gérome dans
Audabe 8c+ à la Sainte victoire, Tony
dans la Proue Dévridé 8c+ à la Roche
de Rame, Trip découverte du nouveau
spot dément de Santa-Gadéa, quelques
blocs à Ailefroide et la découverte d’une
nouvelle falaise du Briançonnais : L’Aup
martin.
Team Les Collets Production, 20 euros
peTITs DevIennenT gRanDs…
Encore Juniors l’année dernière, nos deux meilleurs espoirs français, Charlotte durif (5 fois
championne du monde Junior) et gautier Supper (Vice champion du monde Jeune 2009), tous
deux vainqueurs de la Coupe d’Europe Jeune d’Escalade de difficulté 2009 viennent de passer
senior. déjà sur le circuit des Coupes du monde senior depuis qu’elle est cadette, Charlotte
est une de nos meilleures grimpeuses. Elle vient d’ailleurs de remporter la première étape de
la coupe de France, à Valence, le mois dernier. « après 10 mois de jeun passionnel !!! (pour
cause de blessure, ndr) et un physique en état de faiblesse. J’aborde 2010 rassurée par ma fin
de saison 2009, et ma faim de grimper. Encore et toujours, la falaise m’aura confortée dans le
plaisir de pratiquer au sein d’une nature sublime ! » www.chadurif.fr
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10 nEWS Escape
Piolets d’or 2010
#30
Le 9 avril prochain, la cérémonie des piolets d’or récompensera Reinhold Messner pour l’ensemble
de sa carrière d’alpiniste. Ainsi, le premier homme à avoir gravi les quatorze 8000 succède
à Walter Bonatti, honoré l’année dernière du 1er Piolet d’Or de carrière de l’Histoire. Reinhold
Messner recevra son piolet à Courmayeur, des mains de Maurice Herzog, chef de l’expédition à
l’Annapurna. A noter que le lendemain, à Chamonix-Mont-Blanc, se déroulera la 18ème cérémonie
des Piolets d’Or, gratifiant les plus belles réalisations internationales de l’année 2009.
Retrouvez les nominés sur www.pioletsdor.org
DRy TOOLING ATTITUDE
S uite
au succès du DTS Tour 2009, les organisateurs :
Jeff Mercier, Jonathan Joly et Etienne Grillot ont décidé
de créer l’association
DTS (Dry Tool Style).
« Notre association a
pour objectif de faire
connaître le Dry Tooling
au grand public et de
dynamiser l’activité en
France, explique Etienne
Grillot. Nous parlons là
de « dry tooling » d’avant saison, servant d’entraînement,
d’approche à la cascade de glace et au mixte montagnard ».
Pour sa première année d’existence, la DTS compte bien
pérenniser son circuit « contest » de dry, en marquant sur
le versant initiation, puis développer une épreuve typée
« compétition » pour encore plus de spectacle . « Mais là,
c’est surprise ! s’amusent les trois mousquetaires du Dry.
Maintenant place à la grimpe à main nue, nous avons du
pain sur la planche d’ici l’automne prochain ».
Plus d’infos sur : ww.dry.tool.style.free.fr
Pas de français nominé
cette année, mais…
Nominé sur l’Edition 2009 des Piolets d’or avec son compagnon de cordée Stéphane
Benoist, Patrice Glairon Rappaz a remis le couvert, cette année, en réalisant la
première hivernale et première intégrale de la voie Gabarrou en face nord du Cervin.
Une ascension ardue comprenant de nombreux passages en mixte extrême et trois
bivouacs dans la face, qu’il a réalisé en compagnie de Cédric Périllat-Merceroz,
jeune alpiniste du Groupe Excellence du CAF.
« RIDeR Les gRanDes JoRasses », C’esT faIT !
a la suite du Speed Flying Pro tour les arcs, les deux
savoyards, François bon et antoine montant se sont offerts
la Face Sud des grandes Jorasses en Speed riding.
« Skier avec une mini-aile au dessus de la tête ouvre des
perspectives incroyables en terme de ride extrême. Les
avalanches, les crevasses, les chutes de séracs ou les barres
de 80m de haut deviennent des obstacles franchissables
d’un petit coup de frein ! »
SEB LEON
AURIANA BEAUTé

« 27 heuRes De pLaIsIR »
Voilà comment Sam beauget décrit son ascension de la
voie des belges dans l’arrête de l’holtanna (2880m), en
antartique. avec manu Pélissier, ils ont battu un record
pour équiper d’une traite la face en cordes fixes. L’objectif :
permettre aux autres membres de cette expé hors norme
(géraldine Fasnacht et Sebastien Collomb-gros) d’accéder
au sommet… et s’offrir un beau saut en base jump, le 24
décembre dernier !
après 45 jours passés en autonomie totale sur la banquise,
ces quatre sportifs de l’extrême auront exploré les alentours
profitant des merveilles de la nature et des éléments :
l’eau gelé, la roche, le vent et la neige pour pratiquer ski,
snowboard, le parapente, le kite, l’escalade et bien sur le
base jump.
chALLENGE cATch ME If yOU cAN !
Les italiens de Tecnica se mettent sérieusement au trail. Après les
chaussures (voire la dernière page d’Escape), voici les courses. Les
Speed Race se dérouleront dans le Vercors (St Nizier du Moucherotte)
le 23 mai et le 6 juin sur le Plateau des Glières. Quatre formats de
course sont proposés pour exploser le cardio : Speed Race, prologue
de 4 kilomètres et trail de 21 bornes. Mini race de 9 kilomètres et
course découverte de 3 kilomètres. Enfin, montée sèche de 1000
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12 nEWS Escape
#30
LA GLAcE MODERNE ANTIcIPE
LE RéchAUffEMENT cLIMATIqUE
L
’Equipe Nationale Alpinisme Masculine s’est retrouvée, fin janvier
à Chamonix, pour goûter aux joies de la glace dite «moderne».
Encadrés par Philippe Batoux, Julien Dusserre, guides et alpinistes de
grand talent, ils nous font profiter de leur expérience en établissant
trois règles de base :
Règle n°1: Une évidence, «en glace, on ne tombe pas.»
Règle n°2 : En glace on se protège intelligemment. Si tu es pendu sur
un glaçon lui-même pendu dans un plafond, évite de placer ta corde
dans la trajectoire de la chute potentielle du dit glaçon… Et place tes
protections ailleurs que sur ce même glaçon !
Règle n° 3 : N’hésite pas à passer par le rocher pour rejoindre ces
mêmes bouts de glaçons, bref perfectionne toi aux joies du dry
tooling !
Ice climbing festival Pontresina, Suisse
Avant que la glace ne fonde, rendez-vous les 27 et 28 mars prochain pour la troisième édition
du festival d’Ice Climbing de Pontresina, en Suisse. Pour pallier aux problèmes météo rencontrés
l’année dernière, l’organisation a prévu cette année des retranchements « indoor », au sein du
« Sportpavillon » de la ville…
ShARMA NOUS DéPASSE…
Le site anglais, www.climb.co.za annonçait le 2 mars dernier
que Chris Sharma, avait réussi un 9b+… Ça s’est passé en
Espagne sur le spot de Margalef (proche de Montsant et de Siurana,
Catalogne). Le départ s’amorce dans du 8b+ bloc pour finir dans le
8c+/9a (à votre bon cœur…). Bref, du costaud de chez costaud.
DÉfense De sauTeR…
Les habitants du quartier de la défense,
à Paris, ont dû être sacrément surpris
de voir, le jour de la Saint Valentin,
deux parachutistes se poser sous leurs
fenêtres, en tout début d’après-midi…
« on a même eu le droit à quelques
coups de klaxon, quand on a survolé
le boulevard circulaire », s’amuse Fred
Fugen, triple champion du monde de
parachutisme, et acteur de ce qu’il
appelle un « petit trip «urbain» ». avec
son acolyte Vincent reffet, ils ont été
accueillis, à leur atterrissage, par des
applaudissements de la part des gens
du quartier… « mais on a pas pris
le temps de signer des autographes,
plaisante Fred, on a surtout tracé
direct en speed, pour éviter une
désagréable nuit de garde à vue ! »
CECILE GHEz S.C

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14 nEWS Escape
#30
sLaCk The boRDeR
un petit groupe de slackeurs réchauffés des
orteils a posé, courant février, une high-line
sur la dent du géant (mont blanc), entre
la France et l’italie. un trip funambuliste,
à 3800m d’altitude, par -20°C, et 50 km/h
de vent du nord. Julien millot : « Cette
ligne m’obsédait, attendre le printemps
était une idée insoutenable, mes doigts de
pied s’en souviennent encore, je ne les ai
récupérés qu’à la descente. La prochaine
fois je slacke en chaussures d’alpi. »
Toutes les Pyrénées à Peyragudes
30 000 spectateurs se seraient déplacés sur les Winter FISE 2010, à Peyragudes, dans les
Hautes Pyrénées, selon les organisateurs… Ils ont dû se serrer les coudes pour admirer les
backflip en moto neige de Daniel Bodin (Suède), médaille d’argent aux X-Games 2010. Des
bestiaux de 250 kilos et 140 chevaux (les motos neiges) qui ont également propulsé Kourtney
Hungerford (USA) et Anders Eriksson (Suède).
Trail Verdon challenge
Grosses ambitions cette année pour le magnifique
trail du Verdon avec un nouveau sponsor
(Columbia) et des parcours de 8 à 100 kilomètres.
Il aura lieu du 12 au 13 juin. Les inscriptions sont
ouvertes : http://www.trailverdon.com
Franck Oddoux
RéINVENTER LE TOURISME DE NEIGE
En avant première du congrès mondial du tourisme de la neige
et de la montagne qui se tient les 13 et 14 avril à Ordino
(Andorre), Laurent Vanat est venu présenter les résultats de son
étude à Grenoble. Cet universitaire suisse, titulaire d’un master
ès sciences commerciales et industrielles publie un rapport sur le
tourisme de montagne. Loin d’être obscure, son étude apporte une
vision claire du marché et interroge sur l’avenir de nos stations de
sports d’hiver. Des grandes tendances sont clairement définies.
L’incidence de la crise est nette : on skie moins loin et moins
longtemps. Si on traduit, ça veut dire baisse de la clientèle étrangère
et augmentation de la part des skieurs locaux (tiens, le retour du
local…), meilleures ventes des forfaits journée… Ce phénomène
de vases communicants permet à la montagne de passer entre les
gouttes de la crise dixit Laurent Vanat : « avec l’industrie touristique
des croisières, la montagne est la seule à offrir une belle résilience à
la crise ! ». En avril 2009, au plus fort de la crise, les Alpes ont même
enregistré une progression de 6,1% en journées skieur. Pour autant,
si on regarde les chiffres dans leur globalité, le ski avec moins de
400 millions de journées skieurs n’enregistre plus de progression
depuis une décennie. Certains marchés comme le Japon, il est vrai
atypiques, sont même passés de 100 millions dans les années 90
à moins de 50 aujourd’hui. Le vrai challenge du milieu du ski est
donc de reconquérir une clientèle partie (ou jamais venue…) vers
d’autres activités.
Julien Millot

Miss Lange fait fondre
free Ride world Tour
Julia Mancuso, la sublime « Lange Girl », championne Olympique à Turin en 2006 et double
médaillée d’argent aux Jo de Vancouver, le mois dernier, vient de confirmer sa participation à
la 15 eme édition du Nissan Xtreme de Verbier by Swatch, le 20 mars prochain. En espérant que
sa sulfureuse présence ne fasse pas fondre la neige de la mythique face Suisse !
a LIRe \ écOTOURISME
Après le succès de Voyage en Terre durable, tour du monde des
alternatives écologiques et équitables
paru en octobre 2007, Lionel Astruc
nous emmène sur les chemins du
tourisme écologique et équitable.
Le journaliste et photographe a
sillonné le monde pour confronter
l’engagement des tours-opérateurs
et la réalité. Le résultat : huit
destinations, du Népal à Madagascar
en passant par le Brésil ou la Corse,
avec à chaque fois le guide pratique de l’éco-aventurier.
écotourisme, Voyages écologiques et équitables, éditions Glénat, 25 euros
FFME.FR
En bref
Stephanie Kaioun et Stéphane Ricard ont été sacrés
champions de France 2010 de raquette à neige à
la Juraquette (le 21 février 2010)
ÇA chIffRE !
4 jours de course, 200 cordées, 15 cols à franchir, et plus de 10 000
mètres de dénivelé positif à avaler… Ce n’est pas après 25 ans
d’existence que la Pierra Menta va faire des cadeaux à ses participants.
Quatre jours à peine après les Championnats du Monde de ski
alpinisme, les coureurs auront à peine le temps de récupérer leur
mollets avant de repartir, du 10 au 14 mars, pour cette course
mythique sur les arêtes du Beaufortain. Pour cette édition, la
championne Française, Laetitia Roux (vainqueur l’année dernière
de toutes les étapes de la coupe du Monde) s’est inscrit avec Mireia
Miro, la jeune prodige espagnole. Un duo qui promet d’aller vite,
très vite !!
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MILLET ET SON écOLOGIE PRATIqUE
On a tous des longueurs de vieilles cordes qui dorment dans
le garage. Millet fait une remise de 20 euros sur l’achat d’une
nouvelle corde si vous ramenez l’ancienne. Elle sera recyclée et
trouvera une seconde vie. Son polyamide sera utilisé en boucles de
sacs à dos pour la prochaine gamme hiver 2010-2011. L’opération
débute le 20 avril jusqu’au 20 juin. Cinquante magasins dans quatre
pays européens suivent cette opération. Autre actualité chez Millet
: la sortie cet été de la corde Low Impact. Il s’agit de la première
corde au monde éco-conçue. Toutes les étapes de sa fabrication
ont été revues pour diminuer la consommation d’énergie. Moins
de colorants signifie que la température est moins élevée pour que
la couleur tienne sur la corde. Elle est livrée en magasin en bobine
de 210 mètres en carton (longueur customisable), sans bobine ni
emballage polluant, juste une étiquette en papier recyclé. Trois âmes
tissées entre-elles limitent les frottements intérieurs et limitent
l’usure : la corde possède donc une durée de vie allongée.
Plus d’infos sur : www.millet.fr
Nouvelle tenue
pour la compagnie
des Guides de chamonix
Millet a décroché un contrat de trois ans pour
l’équipement de la Compagnie des Guides de Chamonix.
La veste Point Break et les pantalons Durable ont été
retenus par ce public particulièrement exigeant…
16 nEWS Escape
#30
L’avaLanChe,
C’esT (TouJouRs) ChauD...
gare à vous en cette fin
de saison propice au ski
de rando. a l’heure où
nous écrivons ces lignes
(mars 2010), L’association
nationale pour l’Etude de
la neige et des avalanches
(anEna pour faire plus
court) dénombre 55
accidents dus à la rupture
du manteau neigeux qui
ont provoqué 26 décés.
L’hiver dernier, sur toute la
saison, il y a eu 35 disparus
recensés…
F.Oddoux

18 aLPiniSmE \ himaLayiSmE Escape #30

La stratégie de l’escargot :
les gastéropodes au sommet
Signes des temps ou simple retour à la sagesse ? La vitesse ne paye plus, y compris à
haute altitude. C’est ce que tente de démontrer la Stratégie de l’Escargot. découverte et
explication de cette nouvelle approche d’un himalayisme se revendiquant à visage humain.
après le Slow Food, la vitesse raisonnée gagne la montagne. révolution ou évolution ?
Par Loïc Martin et Franck Oddoux
F. DAMILANO

20 aLPiniSmE \ himaLayiSmE Escape #30
Le camp III au Dhaulagiri VII
battu par les vents.
Photo de droite, progression à
deux, encordés, sans cordes
fixes… une caractéristique de
la Méthode de l’Escargot.
La curiosité, l’intérêt, l’incrédulité, le scepticisme,
le rejet parfois enflent autour de ce que les guides
Paulo Grobel et François Damilano ont appelé,
non sans humour : la Stratégie de l’Escargot. Un film,
commis par les deux alpinistes, projeté au Festival du
Film de Montagne à Grenoble, fait dans un premier
temps peu de vagues. Puis, au fil des parutions presse,
des forums de discussion sur le net, le petit mileu
alpinistique s’empare du débat. Y aurait-il une autre
façon d’aborder l’himalayisme ? A un autre rythme,
avec une philosphie différente, plus douce, génératrice
elle aussi de succès ?
Tout commence par le retour d’expérience du guide
de la Grave, Paulo Grobel, qui rentre d’expéditions. Il
y a d’abord le Ninchin Kangsa, un 7000 mètres non
loin de Lhassa. Une météo capricieuse contraint le
groupe à multipler les camps intermédiaires et donc
à ralentir l’allure de l’ascension. Tous les alpinistes
arrivent au sommet. Même succès, mais cette fois-ci
au Shishapangma, 8046 mètres, l’un des 14 plus hauts
sommets de la planète. L’expédition est osée : pas de
porteur d’altitude, pas de cordes fixes, pas d’oxygène
et surtout : seize jours en altitude sans redescendre
au camp de base. Tous les membres de l’expé arrivent
pourtant au sommet. D’autres montagnes viennent, le
géant népalais Manaslu, qui culmine à 8163 mètres.
Là encore, tout le groupe se hisse jusqu’au dernier
camp après dix-huit jours sur les pentes ! A chaque
fois, la méthode de l’escargot est adoptée. Le film de
François Damilano au retour du Dhaulagiri VII (7246
mètres) met au grand jour les détails de cette fameuse
stratégie.
Des gastéropoDes summiters
L’expédition du Dhaulagiri VII est aussi un succès,
tout le groupe foule le sommet, dans une apparente
“décontraction”, malgré l’altitude. Le secret de ces
succès à répétition ? Monter doucement, respecter
son corps, le temps d’acclimatation, en adoptant une
stratégie originale. Historiquement, il existe deux
façons d’appréhender la haute altitude. La plus classique
“l’himalayenne” consiste à faire installer différents
camps intermédiaires par des porteurs d’altitude et
d’enchaîner des allers-retours avant de tenter le sommet
F. DAMILANO

au cours d’un assaut. Dans cet esprit, on se souvient
de l’armée napoléonienne qui a porté au sommet
de l’Annapurna Lachenal et Herzog en 1950… des
dizaines de porteurs, des tonnes de matériel ont été
acheminés laborieusement. Sans doute, en réaction à
cette pesanteur, l’idée d’une progression légère a germé
dans certains esprits. Pour les athlètes des cimes, émerge
avec Reinhold Messner et Habeler, le Style Alpin dont
le maître mot est : vitesse et légèreté. Le Hidden Peak
est conquis en 1975, quasiment à deux, “simplement” a
t-on presque envie de dire. Ce style marque les esprits
et inspire, entre autres, à Jean-Christophe Lafaille,
l’enchaînement des deux Gasherbrum (8068 et 8035
mètres) en moins de quatre jours ! Même si sur le
papier, ce style est réservé à l’élite, le thème de la vitesse
en montagne (le Blitz) devient indiscuté. La célérité
est un gage de sécurité, une certitude quasi gravée
dans le marbre : il faut monter vite et descendre à la
même vitesse pour diminuer le temps d’exposition aux
dangers intrinsèques de la montagne. En marge de ces
deux façons d’aborder l’altitude, la stratégie de l’escargot
consiste à monter par palier maîtrisé. Ces gastéropodes
ne font pas d’incessants aller-retours entre les camps
d’altitude et le camp de base. Ils sont en progression
continue vers le sommet et portent à chaque fois tout le
matériel vers le camp suivant, d’où l’image de l’escargot
trimballant sa maison sur le dos. Ils procèdent par petits
sauts en installant à chaque fois leur bivouac. Toute
l’équipe progresse ensemble, y compris les grimpeurs
locaux (sherpas…).
Comment ça marChe ?
Pour comprendre la démarche de la Stratégie de
l’Escargot, on partira des propos d’Emmanuel Cauchy,
médecin à l’Ifremont (1), grand spécialiste des réactions
du corps en haute altitude : “On sait qu’il faut respecter
une règle en expédition : ne pas gravir plus de 400 à 500
mètres de dénivelé entre deux nuits consécutives. Au
dessus de 3000 mètres, il faut respecter ces paliers. On
sait aussi que plus on est lent, et mieux on s’acclimate”.
Or, sur le terrain, cette règle est bien loin d’être
respectée. C’est le constat dressé par Paulo Grobel :
“L’himalayisme a été construit pour le performer et non
pas pour les alpinistes ordinaires. On a oublié qu’avec
L’origine de
la progression
douce
Dès 1990, le guide Jean-Pierre
Bernard, est cité dans la presse pour
sa façon particulière d’appréhender
la haute montagne. Cette année, sept
de ses clients réussissent le sommet
du Shishapangma. Déjà, à l’époque,
le groupe ne fait pas d’allers-retours
au camp de base. La progression est
continue et tout le materiel est hissé
sur des luges par chaque alpiniste.
Possibilité de visionner le documentaire
de François Damilano sur le site de
Terre d’Aventure : http://www.terdav.
com/terdav/videos/video_damilano.asp
Pour en savoir plus sur la Stratégie
de l’Escargot :
http://www.paulo-grobel.com
F. DAMILANO

22 aLPiniSmE \ himaLayiSmE Escape #30
l’altitude, on perd ses capacités, on est diminué de 40%
à 6000 mètres, 80% à 8000 ! Mais si on est performer,
si on perd 80% de ses aptitudes, on reste encore un gros
moteur. Par contre, les autres vont aller au casse-pipe”.
Dans les faits, ça se vérifie. On monte très haut, très vite,
trop ? Les medias se font les caisses de résonance des
accidents, le tout matiné parfois d’héroïsme macabre.
Pour Paulo Grobel, si l’on ne vise pas la performance à
tout crin, il faut revenir à une pratique plus apaisée : “Si
on fait trop d’effort, si on pousse la mécanique trop loin,
on se met en danger, on perd son état de conscience. Il
y a eu sur les sommets, trop de morts, de souffrance, de
gelures. Ce n’est pas normal”. Pour François Damilano,
dont l’image de sa carrière s’est pourtant battie autour
du thème de la performance, même son de cloche :
“Il faut sortir peu ou prou de la mythologie anxiogène
de la souffrance liée aux récits himalayens”. Il s’agit de
respecter et d’écouter son corps afin d’aller plus loin.
A l’heure où les alpinistes sont parfois aussi chargés
que certains cyclistes du Tour de France (corticoïdes,
Diamox, doses massives de fluidifiant sanguin…), la
méthode douce de l’escargot facilite la récupération,
l’hydratation, le respect de son corps. Dans le détail,
le nombre de camps est multiplié. Habituellement sur
le Cho Oyu on en compte trois. Les gastéropodes en
posent sept !
révolution ou simple évolution ?
Quelles sont les limites de cette progression escargot ?
Ne prend t-on pas trop de risques en s’exposant plus
longtemps à l’altitude ? Est-ce valable sur toutes les
montagnes ? Nous avons demandé son avis à Christian
Trommsdorff, président (entre autres) du GHM (2) et
auteur de premières d’envergure en himalaya : “C’est
une technique qui s’applique à des profils “roulants”,
peu techniques. Pour ces cas, c’est très bien. Mais 300
mètres par jour, ça peut être frustrant. Je crois que la
solution en haute altitude est de surtout combiner les
données : l’état du terrain, la forme physique, les risques”.
Pour Paulo qui travaille depuis plus de cinq ans pour
affiner la méthode, nous sommes encore dans une
phase de découverte : “Il faut que l’on enclenche une
recherche scientifique pour bien comprendre pourquoi
ça marche. Bien entendu, cette méthode bouscule le
milieu montagne, les guides. Il faut aussi faire évoluer le
matériel. Ça fait vasciller des certitudes ancrées. François
et moi, on dit simplement qu’il y a eu trop de souffrance,
de morts en altitude et que ça vaut certainement le coup
d’explorer d’autres voies vers les sommets”.
(1) Ifremont : Institut de Formation et de Recherche en Médecine de Montagne,
basé à Chamonix. http://www.ifremmont.com
(2) GHM : Groupe de Haute Montagne, basé à Chamonix. Cette association a pour
but de déveloper et promouvoir l’alpinisme de grande difficulté.
En résumé,
la Stratégie
de l’Escargot
c’est :
• On monte entre 300 et 400 mètres
par jour maximum. Le corps est moins
agressé, il développe moins de réactions
violentes en réponse à l’altitude.
• On progresse par paliers sans allerretours
camp de base/camps
• On porte tout son matériel de camp
en camp vers le sommet
• On double le nombre de camps
traditionnellement prévus
• On avance avec l’équipe d’encadrement
locale
• On fait scrupuleusement attention au
poids de son matériel, on pèse tout.
• On progresse tous ensemble. Pas de
dispersion du groupe dans les camps
posant des problèmes de communication
et de sécurité.
F. DAMILANO
C
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info@toprock.fr

24 aLPiniSmE \ himaLayiSmE Escape #30
Ce qu’en pense
fRANÇOIS DAMILANO
Escape : cette stratégie est-elle en opposition avec les autres
techniques d’ascension ?
François Damilano : Cette technique ne cherche pas à
concurrencer ou révolutionner la façon «classique»
d’aborder une ascension, mais plutôt à optimiser
l’accompagnement de clients (par définition amateurs)
jusqu’au sommet.
Escape : Pourquoi, après plus de 50 ans passés avec l’idée
qu’il ne faut pas rester en altitude, se rallier à une approche
favorisant la prise de temps, l’allure tranquille ?
F. D. : C’est une réflexion née de l’accompagnement en
haute altitude : comment, pour un professionnel qui
encadre une expédition sur un haut sommet, optimiser
l’acclimatation des amateurs qu’il accompagne ?
Cette question centrale est évidemment liée aux
« L’aLLusIon au gasTÉRopoDe ÉTanT D’aILLeuRs
D’avanTage LIÉe À La noTIon D’auTonomIe en aLTITuDe
(La maIson suR Le Dos, L’InDÉpenDanCe, La maRChe
InexoRabLe... pLuTôT qu’À une noTIon De vITesse. »
F. DAMILANO
problèmes de souffrance, du MAM, de l’œdème et de
la mort ! Comment, pour ce professionnel, construire
la progression, sortir de l’effort de souffrance pour
travailler sur l’effort de plaisir ? Comment «réinvestir»
l’altitude en cherchant à y «vivre» plutôt que de n’y faire
que de courtes incursions ?
Escape : Vous qui avez grimpé et fait de la haute montagne
dans des conditions plus «classiques», comment avez-vous
abordé cette nouvelle technique ?
F. D. : Par curiosité, partage d’expériences avec
d’autres guides et surtout insatisfaction sur mon
accompagnement de certaines expéditions avec
clients.
Escape : après la révolution «mentale» du léger, de la vitesse
de Reinhold Messner, la stratégie de l’escargot n’est-elle pas
un contresens historique ?
F. D. :Il y a un contresens sur la dénomination ! J’ai
utilisé «La stratégie de l’escargot» comme titre d’un
documentaire et par dérision. L’allusion au gastéropode
étant d’ailleurs d’avantage liée à la notion d’autonomie
en altitude (la maison sur le dos, l’indépendance, la
marche inexorable...) plutôt qu’à une notion de vitesse.
Nous sortons ici du discours sur la performance ! Si
l’on n’admet pas ce préambule, on ne peut comprendre
les ressorts de la démarche ! Le discours de Messner
n’est qu’en référence à la performance.
Escape : Quel est le dénivelé maximum par jour ? Si c’est
300 m par jour, ça implique plus de nourriture, plus de
matériel, plus de coûts ?
F. D. : C’est la configuration du terrain et l’altitude qui
guident le découpage. Mais la médecine de montagne
nous a enseigné depuis longtemps qu’il ne faudrait pas
dépasser 400 m de dénivelé entre deux nuits en période
d’acclimatation. Il y a maîtrise des moyens puisqu’il n’y
a besoin de matériel que pour un seul camp... qui se
déplace avec les grimpeurs !

Paul Vulin (Némo) et Pierrol Dupuy franchissent
la grande barrière de séracs
(vers 7200 m) du Manaslu (8163 m).
Pas plus de 400 mètres de dénivelé par
jour. Mais les gastéropodes alpinistes
passent au final le même temps (voire
moins) sur les montagnes, les allersretours
d’acclimatation étant limités.
F. DAMILANO
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26 unE veRTICaLe Escape #30
Escape : Est-ce qu’on a des chiffres aujourd’hui ? Est-ce que
la méthode de la progression douce emmène plus de gens
au sommet ?
F. D. : Pas de chiffres, puisque pas assez d’échantillonnage
large ni d’étude systématique. Et je pense que nous
sommes encore dans de l’expérimentation, de la
recherche. D’ailleurs, cette démarche n’est surtout
pas exclusive. Je suis bien évidemment persuadé que
plusieurs approches peuvent coexister. L’essentiel
pour le moment est de s’interroger pour savoir si les
usages répondent aux objectifs et à notre expérience
d’aujourd’hui. En France, c’est le guide Jean-Pierre
Bernard qui a le premier communiqué sur cette
démarche et cette approche. Aujourd’hui, peu de
guides ont systématisé cette réflexion dans leurs
accompagnements. Paulo Grobel est probablement
celui qui a accumulé le plus d’expérience en ce
sens avec 5 à 6 expéditions par an depuis plusieurs
années.
Escape : Question qui fâche : cette méthode n’est-elle
finalement pas qu’une adaptation liée aux expés
commerciales ?
F. D. : Tout d’abord, l’utilisation du terme «expéditions
commerciales» est galvaudée. Pour moi, il n’y a rien de
péjoratif de partir (ou d’encadrer) de telles expéditions.
L’acte commercial est lié par nature au métier de guide
qui met son savoir-faire et son expérience au service
d’amateurs contre rémunération !
Et la question me va puisque c’est toute la réalité !
Une fois encore, je le répète, il ne s’agit pas tant
d’une «adaptation» qu’une réflexion pédagogique et
d’accompagnement des amateurs qui partent avec un
guide. Et c’est toute la noblesse du métier de guide que
de s’interroger sur la manière dont il accompagne ses
clients vers les sommets. Vous ne croyez pas ?
Propos recueillis par Loic Martin
F. ODDOUX
« aveC CeTTe mÉThoDe, on esT vRaImenT oRIenTÉ
“ConfoRT” : pas besoIn De paRTIR À quaTRe heuRes
Du maTIn. on paRT aveC Le soLeIL. Les ÉCaRTs D’aLTI-
TuDe sonT pLus peTITs. » NEMO
L’expérience de Némo Vullin,
“client” ayant testé la Stratégie de l’Escargot
sur le Manaslu au printemps 2009
Escape : Comment avez-vous vécu l’expérience sur le manaslu ?
némo : Avec Paulo Grobel, on a utilisé pour la première fois cette méthode au Shishapangma au printemps
2007. Nous avons d’ailleurs réussi à ateindre le sommet. Nous avons adapté la méthode du guide Jean-Pierre
Bernard.
Escape : Les bons et les mauvais côtés de la progression par palier ?
n. : Les bons, le plaisir de voyager ensemble, avec une acclimatation optimum, sans effort immodéré (sans les
allers-retours entre camps d’altitude et camps de base, etc). Avec cette méthode, on est vraiment orienté “confort” :
pas besoin de partir à quatre heures du matin. On part avec le soleil. Les écarts d’altitude sont plus petits, ça
permet par exemple d’être tous les midis à la tente. Psychologiquement (et physiquement), c’est beaucoup moins
éprouvant qu’une ascension classique. Et puis, il y a une vraie éthique avec cette méthode : on a un minimum de
matos, vu qu’on récupère nos tentes d’un camp à l’autre, on ne laisse pas de déchets...
Escape : S’il n’y a que des avantages, pourquoi cette méthode n’est pas encore devenue
la «norme» en matière d’expés commerciales ?
n. : Ça pourrait devenir la norme. mais il y a encore trop de freins, d’idées recues, par exemple : «On ne peut
pas dormir au-dessus de 6000 m»...). Et il y a l’aspect économique aussi, les agences ne s’y retrouveraient pas
forcément. Nous on part sans porteur, avec moins de cordes fixes.
Escape : À ce propos, comment réagissent les porteurs, qui vivent de cette activité ?
n. : C’est difficile, ils ont du mal à comprendre parce que c’est ce qui les fait vivre. Le plus dur est finalement
de trouver un équilibre, où chacun serait gagnant.
Propos recueillis par L.M.
F. ODDOUX

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28 PubLiRepoRTage Escape #30
Avec les chAussures GOre-TeX ® ,
pArTez du bOn pied
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Trek d’altitude ou de moyenne montagne, point de secret, pour rejoindre les sommets, il faut
soigner vos pieds. Si vous pouvez vérifier rapidement le confort de vos chaussures à l’essayage, la
question de l’imperméabilité et de la respirabilité reste plus délicate. C’est pourquoi, opter pour
des chaussures GORE‑TEX ® , c’est avoir la garantie d’un confort climatique unique.
le saviez-vous ?
Lors d’une activité physique intense, nos pieds génèrent une humidité
importante sous forme de transpiration (jusqu’à 200 ml d’eau soit l’équivalent
d’un verre d’eau). De même, en pleine nature, flaques, boue et cours d’eau
parsèment votre parcours. C’est pourquoi les plus grandes marques choisissent
d’incorporer la membrane GORE-TEX ® comme un composant essentiel dans la
fabrication de leurs chaussures, car elle combine une imperméabilité totale
tout en laissant la transpiration s’évacuer (respirabilité).
la membrane GOre-TeX ® : comment ça marche ?
La membrane GORE-TEX ® contient 1,4 milliard de pores microscopiques par
cm², qui sont 20 000 fois plus petits qu’une goutte d’eau (pluie) mais 700 fois plus
grands qu’une molécule de vapeur d’eau (sueur). Ainsi, la membrane GORE-TEX ®
est parfaitement imperméable et respirante, garantissant un confort thermique
optimum. Intégrée sous forme de doublure, elle n’est pas visible mais constitue
l’ingrédient indispensable au confort «climatique» des pieds. Quel que soit le
terrain et les conditions, vous profitez pleinement de votre randonnée.
« J’ai choisi les chaussures GORE-TEX ® pour leur confort et leur fiabilité.
Elles évitent l’échauffement et protègent les pieds de l’humidité. »
lionel daudet

le secret de la qualité
En plus des performances exceptionnelles de la membrane, les produits
labellisés GORE-TEX ® bénéficient d’un contrôle qualité poussé lors de
leur élaboration et tout au long de la phase de fabrication. C’est le prix
de la garantie d’avoir les pieds toujours au sec.
Il ne s’agit pas seulement de tester les laminés GORE-TEX ® : les matériaux
extérieurs, l’isolation, la membrane et la doublure doivent également
résister à des conditions extrêmes. La fabrication de la chaussure n’est
lancée que si celle-ci est conforme aux normes de fabrication strictes des
produits GORE-TEX ® .
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pour plus d’informations sur les produits GOre-TeX ® ou trouver un magasin près de chez vous,
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préférer une tige relativement rigide, pour
un bon maintien de la cheville.
• Veiller à avoir une bonne semelle et un
bon amorti.
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en matière synthétique pour favoriser
l’évacuation de la transpiration.
• Informations sur l’entretien :
www.gore-tex.fr/entretien
scarpa KAilAsh GTX ®
salomon sKY GTX ®

30 agEnda TRaIL Escape #30
La saIson TRAIL
Les grands rendez-vous trails et courses jusqu’en juillet, en un coup d’oeil.
marS
Lyon urban trail
La troisième édition du trail
100 % urbain propose trois parcours
cette année : 40, 22 et 12
km. Une découverte unique des
quartiers les plus pittoresques
de la ville des frères Lumières.
27 et 28 mars 2010, à Lyon (69)
www.lyonurbantrail.com
aravis Snow trail
Premier trail des neiges pour
La Giettaz avec ce 12 km (700m
D+ et -) entre la chaîne des
Aravis et le Mont Blanc. Une
courses de crêtes avec un passage
sur au sommet du Torraz,
qui culmine à 1930m.
28 mars 2010, à La giettaz (73)
www.la-giettaz.com
aVriL
marathon des Sables
Bien connue des trailers, le
Marathon des Sables fête cette
année sa 25ème édition. Les 230
km de cette course en autosuffisance
alimentaire par étapes
emmènera ses 800 concurrents
au coeur du désert marocain,
entre dunes et montagnes.
du 2 au 12 avril 2010, au maroc
www.darbaroud.com
trail des glaisins
Troisième édition de ce trail
de 29 km en lisière du bois des
Glaisins. Particularité, l’ensemble
des bénéficies iront à l’association
«Vaincre les maladies
lysosomales».
3 avril 2010, à annecy (74)
http://usma74.free.fr
Signes trail Salomon
Mixant passages techniques,
sous-bois, cascades et cours
d’eau, ce trail de 42 km (existe
aussi en version 21 km), pour
2000m de dénivelé, emprunte
l’itinéraire du GR9, dans le Var.
11 avril 2010, à Signes (83)
http://signes-trail.com
trail drôme Lafuma
Trois parcours au choix pour ce
trail 100 % nature : 46, 21 et 10
km. Le cheminement en crête
est aussi l’occasion de découvrir
quelques uns des plus beaux
sites naturels autour du Buis.
18 avril 2010, à buis les baronnies (26)
www.traildrome.fr
trail des balcons d’azur
Au coeur de l’Esterel et au bord
de la Méditerranée, quatre courses
seront proposées aux trailers
: deux 17 km (dont un exclusivement
féminin) le samedi et un
52 et un 33 km le dimanche.
24 et 25 avril 2010, à mandelieu-
La napoule (06) www.traildazur.com
trail des Lacs 73
Une course de 20 km pour
800m de dénivelé sur des chemins
et sentiers en balcon, dans
le site naturel des lacs.
Le 25 avril 2010, à St Jean de Chevelu (73)
http://course-chevelu.over-blog.com
mai
trail de mimet Lafuma
Pour sa quatrième édition, le
Trail Mimet Lafuma propose
trois parcours, 42 (2800 D+), 21
km (1400 D+) et 10 km (400m
D+). Le parcours long comptera
pour le Challenge des Trails de
Provence.
2 mai 2010, à mimet (13)
http://traildemimet.over-blog.com
La trans’ubayenne
Ce classique des courses hors
stade propose un parcours
de 11,5 km entre Jausiers et
Barcelonnette, au coeur de la
Vallée de l’Ubaye.
9 mai 2010, à Jausiers (04)
www.athletic-club-ubaye.fr
ultra Celtic run
Une balade en Irlande ? L’Ultra
Celtic Run propose une boucle
de 160 km dans le parc national
de Killarney, sur les sentiers de
la péninsule du Kerry... à réaliser
en moins de 60 heures en autonomie
alimentaire !
11 mai 2010, à Killarney (irlande)
www.raids-aventure.com
merrel oxygen Challenge
Quatre jours durant, les
participants pourront choisir
parmi 3 sports répartis en
14 épreuves, de formats
et difficultés varié : trail,
orientation et VTT. A chacun
de construire sa combinaison
idéale !
du 13 au 16 mai 2010
Station du Lioran (15)
www.oxygenchallenge.com
grand raid 73 allibert trail
Ces deux courses sur sentiers
de montagne (73 et 23 km)
permettent de découvrir le
Parc Naturel Régional du
Massif des Bauges. Une course
aérienne, avec vue imprenable
sur les Massif du Mont Blanc et
de la Vanoise.
22 mai 2010, à Cruet (73)
www.grandraid73.fr
trail des allobroges
Huitième édition du Trail des
Allobroges (2pts UTMB), un
parcours de 58 km (4000m
D+) au départ de la Vallée du
Brevon. Deux autres courses au
progamme, le Trail des Crêtes
(35 km) et la Course Nature du
Brevon (15 km).
23 mai 2010, à bellevaux (74)
www.traildesallobroges.com

Juin
La transju’trail
Avec près de 1000 inscrits l’an
dernier, la Transju’Trail devrait
encore être un succès cette
année, avec deux courses au
programme (70 et 34 km), dans
le Haut Doubs et le Haut Jura.
6 juin 2010, à mouthe (39)
www.transjutrail.com
tecnica Speed race
Trailers amateurs ou confirmés,
vous aurez le choix entre quatre
formats de courses : Speed
Race (prologue de 4 km et trail
de 21 km), Mini Race (9 km),
Découverte (3 km) et Open
(montée sèche de 100m D+).
6 juin 2010, Plateau des glières (74)
www.tecnica.fr/tecnica-blog
Columbia Verdon Canyon
Challenge
Cadre magique pour un trail,
le Canyon du Verdon accueille
quatre courses, dont un ultratrail
de 100 km. La technicité
des sentiers va mettre à rude
épreuves les trailers, que ce soit
sur 8, 17, 30 ou 100 km.
du 11 au 13 juin 2010, à aiguines (83)
www.trailverdon.com
aravis trail
Course qualificative pour
l’UTMB, l’Aravis Trail, c’est 109
km à avaler en trois étapes, dont
une nocturne, pour un total
de 7500m de dénivelé positive
! Ceux qui ne se sentent pas
auront toujours la possibilité de
ne faire qu’une étape...
19 et 20 juin 2010, à thônes (74)
www.aravistrail.com
trail de l’Edelweiss
La cinquième édition de ce trail
propose deux parcours : 60 km
(3400 D+) et 23 km (1300 D+)
au coeur de la Haute Tarentaise.
20 juin 2010, bourg St maurice (73)
www.trailedelweiss.com
8 èME ThE NORTh fAcE ULTRA TRAIL
DU MONT-BLANc 2010
Les inscriptions sont (déjà) bouclées !
L
’UTMB a une fois de plus fait le plein des inscriptions. Le succès du king des trails
est complet. 6300 trailers prendront le départ de la prochaine édition qui aura lieu
du 24 au 29 aout. Plus de 55 nationalités seront représentées, avec majoritairement des
français, des italiens, des espagnols, des anglais, des suisses. Les japonais sont friands
de l’UTMB avec 110 coureurs au départ. Chez les cadors, on retrouve les grands noms du
trail. Le vainqueur 2009, Kilian Jornet remet son titre en jeu. La chasse est donc ouverte
pour l’italien Marco Olmo, le japonais Tsuvoshis Kaburaki (3ème en 2009) et l’escadrille
française : Sébastien Chaigneau (2ème en 2009), Vincent Delebarre, Thomas Lorblanchet,
Julien Chorier et le népalais Dawa Sherpa. Il va y avoir de la bagarre. Pour info, le
phénoménal espagnol, Kilian Jornet a bouclé le parcours en 21h33 minutes l’an dernier. Les
filles Karine Herry et Catherine Dubois ont confirmé aussi leur présence.
L’UTMB, ce sont quatre courses aux formats différents. Il y a le must, l’UTMB de 166
kilomètres, trois pays, 9400 mètres de dénivelé positif (2300 coureurs). Puis la course
Courmayeur-Champex-Chamonix (CCC) qui touche aussi trois pays, elle s’étire sur 98
kilomètres et 5600 mètres de dénivelé positif. (1800 coureurs) La TDS (Traces des Ducs
de Savoie) fait 106 kilomètres pour 6600 mètres de dénivelé (1200 coureurs). Enfin,
la PTL concerne trois pays sur 245 kilomètres et 19 000 mètres de dénivelé positif (70
équipes de 3 personnes).
infos : http://www.ultratrailmb.com
FRANCK ODDOUX

32 agEnda TRaIL Escape #30
Juin [SuitE]
trail de la Vallée des lacs
Au coeur des Vosges, c’est une
course de 58 km qui attends
les trailers, sur la route des
lacs : lac des Corbeaux, Lac de
Blanchemer...
20 juin 2010, à La mauselaine (88)
www.trailvalleedeslacs.com
marathon du mont-blanc
42 km 195, 2500m de dénivelé
positive, un passage à 2200 m
d’altitude avec vue imprenable
sur le toit de l’Europe, c’est
ce que propose le huitième
Marathon du Mont-Blanc. A
découvrir aussi en version Cross
(23 km) ou 10 km.
26 et 27 juin 2010, à Chamonix (74)
www.montblancmarathon.net
Western State Endurance run
37ème édition pour cet ultra
trail mythique, qui propose de
parcourir 100 miles (160 km)
à travers les Rocheuses californiennes,
entre Squaw Valley
et Auburn. Un certain Kilian
Jornet Burgada, vainqueur de
l’UTMB 2008 et 2009, est déjà
inscrit... Avis aux amateurs.
26 juin 2010, Squaw Valley (Californie)
http://ws100.com
JuiLLEt
trail Verbier-St bernard
Seconde édition de l’ultra trail
de 110 km entièrement en
Suisse. Au départ de Verbier,
les coureurs s’immergeront
dans les paysages grandioses du
Valais, avec notamment cinq
cols à plus de 2000m d’altitude.
Et il y a des points à prendre
pour l’UTMB, 4 pour la grande
boucle, 2 pour le trail de 62 km.
3 juillet 2010, à Verbier (Suisse)
www.trailvsb.com
restonica trail
Faut-il encore présenter le GR
20 ? Le mythique sentier qui traverse
la Corse du nord au sud, et
ici les vallées de la Restonica et
du Tavignano, sera le terrain de
jeu de ce trail et de ses deux distances
proposées, 33 et 68 km.
3 juillet 2010, à Corte (haute Corse)
www.restonica-trail.com
maratour des glaciers
Troisième étape du Challenge
Raidlight Trail Trophy, le
Maratour des Glaciers propose
42 km au-dessus des 2 Alpes,
en passant par le glacier, jusqu’à
3500m d’altitude. Le trail le plus
haut de France.
4 juillet 2010, aux 2 alpes (38)
www.raidlight.com
2-alpes-raidlight-trail-maratour.html
Semi trail de la dent du Chat
Les deux trails de 14 et 25 km
feront découvrir le massif de
l’Epine et sa célèbre Dent du Chat,
ainsi qu’un panorama à couper le
souffle sur le lac du Bourget.
4 juillet 2010, au bourget du Lac
www.tddc.360degres-evenements.com
FRANCK ODDOUX
Sky race new balance
L’un des plus beaux trails de
France et rendez-vous majeur
de l’été, le Trail des Cerces, se
déplace cette année dans la vallée
de la Clarée. Deux courses au
programme, 40 et 24 km.
18 juillet 2010, à Serre Chevalier (05)
www.trailserrechevalier.com
6000d & ultra 6000d
Après avoir soufflé ses 20 bougies
en 2009, la course mythique
répond toujours présente
! Au programme, toujours la
6000D, 60 km et 3000m D+,
avec notamment la montée
jusqu’au glacier de Bellecôte,
et la «petite» nouvelle, l’Ultra
6000D : 110 km (4400m D+) à
travers les villages de La Plagne
et le Parc National de la Vanoise.
24 et 25 juillet 2010, à aime (73)
www.la6000d.com
défi de l’oisans
Le Défi de l’Oisans est un trail
par étape qui prend place dans
les massifs de l’Oisans et des
Ecrins. Empruntant le GR
54, le parcours fait le tour des
deux massifs, soit 200 km avec
12 000m de dénivelé positive
répartis en 14 cols et 9 vallées à
accomplir en 8 étapes.
du 25 au 30 juillet 2010, aux 2 alpes (38)
http://smag.over-blog.com

à vos côtés tout au long du chemin
www.asolo.com
“ L’équipe Recherche et Développement Asolo intègre des grimpeurs chevronnés,
des alpinistes, des trekkeurs, des skieurs, tous ceux qui consacrent leur énergie à
imaginer l’équipement le mieux adapté à leur discipline. Nous voulons garantir que quelle
que soit votre Aventure, quand vous chaussez des Asolo, nous sommes à vos côtés tout au
long du chemin. ”

34 LE ShoPPing Escape #30
cAMP / vesTe fLash anoRak
Cette veste pour le ski alpinisme a la
particularité de pouvoir être enfilée
sans enlever son sac à dos ! Conçue
en Araneum, un tissu Ripstop
compact et léger, la Flash Anorak
affiche un poids de 112 g !
* À noter que la plupart de ces produits ne sont pas encore en magasin.
qUOI DE NEUf
EN 2011 ?
LA SPORTIVA / ChaussuRes CRossoveR goRe-Tex
Évolution de la Crosslite, la Crossover Gore-Tex reprend
la même base mais intègre une guêtre, très utile dans
les courses avec franchissement de cours d’eau.
BLAcK DIAMOND / pIoLeT fusIon
Bénéficiant de tous les avantages de
la fabrication en une seule pièce par
hydroformage, le Fusion intègre une
tête à vis permettant de changer de
lame sans outils.
Sélection : Loïc Martin
on a fait le tour du salon munichois iSPo
pour vous présenter ce qui nous a tapé
dans l’oeil*. Sélection.
KARRIMOR / saC gLobaL hub 65+15
À mi-chemin entre le sac à dos et le sac de voyage
à roulettes, le Global Hub est le compagnon idéal des
vacances sportives. Il intègre en outre un petit sac à dos,
pour les rando à la journée.
MSR / RaqueTTes LIghTnIng axIs
Facile à utiliser et très légère, puisqu’elle
affiche 1,8 kg la paire, la Lightning Axis 2010
intègre un réglage latérale des fixations pour
s’adapter au mieux à votre position de marche et une
cale de montée repensée, plus facile à utiliser.

35 LE ShoPPing Escape #30
PETzL / aCCumuLaTeuR CoRe
Petzl a dévoilé sa nouvelle avancée en terme d’éclairage frontale
: l’accumulateur Core. Derrière ce nom se cache une batterie au
Lithium qui remplace les piles, compatible avec les modèles Tikka
et Tikka XP. Livré avec son chargeur secteur, la batterie Core
est rechargeable via n’importe quel chargeur au standard USB.
Courant 2010, le logiciel Coretex viendra compléter le pack et
permettra de programmer l’autonomie ou la puissance d’éclairage
en fonction de vos besoins. On en reparle bientôt...
MILLET / saC À Dos RaDIkaL 32
Le sac à dos Radikal 32 a été conçu
pour les courses techniques en
montagne, été comme hiver. Il dispose
de tout ce qu’on attend sur
un sac d’alpinisme : portepiolet,
porte-matériel sur
la ceinture, porte-casque,
porte-skis...
SALEwA / fRee skI mounTaIneeRIng
Une nouvelle gamme fait son entrée chez
Salewa, le Free Ski Mountaineering.
Selon le concept «Climb to ski»,
cette ligne propose des vêtements
et accessoires adaptés aux
ascensions (liberté de
mouvements, possibilité
de mettre un baudrier...)
et aux descentes
(coupe plus larges,
bonne respirabilité..).
Ici la veste
Albonaska et le
pantalon Skeena.
SALOMON / ChaussuRes speeDCRoss 2 gTx
Chaussures en Gore-Tex ultra-légères, les SpeedCross sont
conçues pour les trailers les plus exigeants. Avec sa semelle
Winter Contagrip, accroche garantie sur tous les terrains.
DyNAfIT / fIxaTIons Low TeCh RaCe
Un nouveau pas vers la légèreté a
été franchi par Dynafit avec la Low
Tech Race. Composée de magnésium,
d’aluminium et de titane, son poids total
(butée et talonnière) est de...
111 grammes !

36 LE ShoPPing Escape #30
qUOI DE NEUf
EN 2011 ?
PRIMUS / skI wax seT
Fallait y penser, Primus
l’a fait. La bonbonne
de gaz nécessaire au
fonctionnement du réchaud
pourra désormais servir pour
farter ses skis.
ThE NORTh fAcE / vesTe kIshTwaR
Fabriquée dans un nouveau matériau textile breveté - le
Polartec Power Shield Pro - la Kishtwar offre un degré élevé
de résistance à l’abrasion pour affronter les parois rocheuses,
une surface hydrofuge qui repousse la pluie et la neige et
une coupe Alpine qui garantit un niveau maximal de mobilité.
Elle remporte au passage un ISPO Outdoor Award !
LOwE ALPINE /
vesTe poweR shIeLD pRo
La nouvelle softshell Lowe
Alpine innove en proposant,
en plus de ses propriétés
respirantes et thermiques,
une imperméabilité de 5000
mm schmerber !
hANwAG / ChaussuRes ChangTang
Ce nouveau modèle, fabriqué en
cuir de Yack, dispose d’une semelle
Ice Grip dont les crampons intègre
de la fibre de verres, pour une
accroche maximale sur tout terrain,
notamment la glace.

photo: John Laptad
37 LE ShoPPing Escape #30
©2010 Cascade Designs, Inc.
ThERMAREST / saC De CouChage haven
Une bonne idée de chez Thermarest : avoir
placé une ouverture dans le dos de leur sac de
couchage pour insérer un matelas. A tester.
20:45
PETzL / mousqueTon ange
Deux chiffres : 28 et 34. 28 g pour le
mousqueton Ange S en photo) qui
intègre le Monofil Keylock pour une
ouverture et une fermeture plus fluides.
34 g pour son grand frère, l’Ange L.
05:10
Le nouveau matelas Therm-a-Rest Prolite Plus vous procure 20% de chaleur en plus ainsi qu’un confort accru
que vous avez appris à apprécier. Notre mousse coupée en diagonale, en attente de brevet, le rend le plus léger,
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Thickness 1.5in / 3.8cm
23:00
Vous dormez à points fermés, vous êtes reconnaissants
de savoir que le confort vaut chaque gramme.
Réveil aux premières lumières du jour. En forme,
avec des kilomètres devant soi.
16:30
Arrivée au camp en avance – autre preuve que les
sacs légers sont ce qu’il y a de mieux.
Relaxe, appréciant la récompense d’avoir
voyagé vite et assez léger.
PATAGONIA / vesTe R3 hI-LofT
Conçue en Polartec Thermal Pro et Polartec
Power Stretch (recyclé à 70 et 60 %), la R3
Hi-Loft a remporté l’Eco Responsability Award
2010 du salon ISPO pour les composantes
écologiques des matières utilisées (recyclées et
recyclables) et les efforts effectués pour limiter
l’impact environnemental dans sa fabrication.
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MONGOLIE p.56
PayS du
VErtigE horizontaL
Reportages : christophe Raylat et franck Oddoux

Vue plongeante sur le
Wadi Rum en descendant
de la Grande Arche. Les
reliefs de grés offrent des
possibilités d’escalade
faciles et très spectaculaires
le long des « voies
bédouines ».

41 VoyagES JoRDanIe Escape #30
JORDANIE
suR La pIsTe Des nabaTÉens
de Pétra au Wadi rum, l’ancienne route des nabatéens est parsemée de merveilles
archéologiques et de paysages grandioses. marcher dans les canyons de Pétra à la
découverte des tombeaux sculptés dans le grès pour terminer le trek dans les sables du
dernier refuge de Lawrence d’arabie, constitue un programme somptueux pour remonter
le temps d’une Jordanie à la croisée des cultures. Texte et photos : Christophe Raylat

42 VoyagES JoRDanIe Escape #30
au sommet des ruines du château croisé de Chauback, nous
savourons la petite brise fraîche qui se lève et murmure les siècles
d’une histoire construite autour de la Route des Rois. Pendant
toute l’Antiquité, cet axe historique reliait la péninsule arabique aux
rives de la Méditerranée permettant un libre commerce des parfums
et encens. Les romains la baptisèrent Via Nova Trajana (nouvelle
route de Trajan) avant que les pèlerins cheminant vers La Mecque
ne la renomment Darb el Haj. Plus qu’un axe de migration, cette
croisée des cultures et des religions a laissé d’innombrables vestiges
qui témoignent d’une vaste période commençant avec les premières
maisons du néolithiques retrouvées à El-Beidah et se terminant par
les fortifications des Croisés. Des ruines plus ou moins bien conservées
dont la perle se nomme Petra et fut longtemps et jalousement préservée
par ses gardiens historiques, les bédouins bdouls. En quittant les
plateaux jordaniens et en descendant vers le petit village de Wadi
Moussa, la pénombre pousse nos imaginaires dans leurs ultimes
retranchements. Petra est là, à nos pieds, blottie dans ses murailles de
grès et déjà enfouie dans la nuit. Les petits marchands de Wadi Moussa
semblent bien indifférents à l’émotion d’une poignée de voyageurs tout
émus à l’idée de découvrir bientôt le chef d’œuvre d’une civilisation
nabatéenne qui demeure encore nimbée de mystère. Le site de Petra
fut occupé par les Edomites jusqu’au VIe siècle av. J.-C. mais ce sont
les Nabatéens qui ont façonné les parois de grès pour les transformer
en véritable cité religieuse et mortuaire. Ces « seigneurs du désert »,
initialement nomades et pillards, étaient soumis
à un code moral très stricte magnifiant l’idée de
liberté et interdisant la construction de maison
tout comme l’agriculture (semer quelconque
graine était hors la loi). La consommation de vin
était également sévèrement punie. La civilisation
nabatéenne s’enrichit très vite grâce au fructueux
commerce des parfums et de l’encens. Ce peuple
canyons de rêves
Lorsqu’on pense à la Jordanie, la pratique de sports aquatiques comme le canyoning n’est pas vraiment la première image qui vient
à l’esprit. Et pourtant, le versant ouest du grand plateau jordanien est strié de profonds canyons au creux desquels bouillonnent de
furieux torrents. Au printemps et à l’automne, les pluies qui arrosent les hauteurs offrent des débits impressionnants qui sont autant
d’invitation à plonger dans l’ocre des parois jordaniennes. Certains de ces canyons sont suffisamment longs pour nécessiter deux
jours de descente. L’occasion d’un bivouac exceptionnel dans un décor unique. Attention toutefois ces itinéraires engagés nécessitent
l’encadrement d’un guide de haute montagne ou d’un moniteur d’escalade (voir rubrique « avec qui partir »).

Ci-contre : Le petit canyon qui permet une sortie originale
du site de Petra avec son arche délicate, comme un
témoin fragile du glorieux passé des nabatéens.
En bas de g.à d.
• Le grand théâtre de Petra étonnamment bien conservé...
• Gravures rupestres dans le Wadi Rum, vieilles de plus
de 3000 ans.
• Les gardiens de Petra, bédouins de la tribu bdoul qui
vécurent longtemps dans les ruines de la cité nabatéenne.
démocratique et tolérant était capable de s’adapter rapidement aux influences
techniques ou esthétiques de l’antiquité. Il fit de sa capitale, Petra, une cité
unique dans le monde antique, à la fois plaque tournante du commerce régional,
nécropole royale et centre religieux. Son âge d’or dura trois siècles, entre le IIe
siècle av. J.-C. et l’an 106 de notre ère, lorsque l’empereur romain Trajan ordonna
à son armée de prendre le contrôle du royaume nabatéen. Petra conserva toutefois
son rôle prépondérant jusqu’aux deux tremblements de terre dévastateurs de
363 et 551 qui annoncèrent son abandon progressif. Les croisés laissèrent leur
marque avec deux petites forteresses et le sultan mamelouk Baybars fit une ultime
incursion au XIIIe siècle avant que le site tombe dans l’oubli. Ne subsistèrent
que les témoignages des historiens et géographes de l’antiquité (Flavius Josèphe,
Strabon, Pline l’Ancien, Diodore de Sicile) pour alimenter la légende de Petra,
capitale mythique des Nabatéens… En 1812, le Suisse Burkhardt entend parler
de la cité alors jalousement gardée par les bédouins bdouls persuadés qu’elle
regorge de trésors enfouis. Après trois ans de préparation, Burkhardt entre dans
Petra déguisé en marchand indien musulman, sous le nom de cheikh Ibrahim,
avec le prétexte de vouloir faire un sacrifice sur le tombeau d’Aaron. Il découvre
ainsi le Siq et les monuments principaux de Petra et masque difficilement son
enthousiasme à ses guides et aux bédouins de plus en plus soupçonneux. Il devra
fuir le site précipitamment pour rejoindre Le Caire où il mourra en 1817. La
renaissance de Petra était en route…
l’entrée seCrète De pétra
Une lumière translucide nous accueille aux portes du canyon du Siq. Notre ami
Ahmed, bédouin bdoul de Pétra est là, tout sourire. Derrière lui s’ouvre l’étroite
gorge de deux kilomètres de long qui constitue l’entrée classique vers le cœur de
Petra. Un défilé impressionnant qui débouche sur la puissante façade du Khazneh.
Le spectacle est certainement l’un des plus somptueux que l’on puisse imaginer
et pourtant Ahmed nous invite à prendre un autre chemin. « Pourquoi dévorer
sans vergogne le dessert, alors que l’on peut savourer lentement chaque plat ? La
découverte du kazhneh est encore plus forte si l’on a pris avant la pleine mesure de
notre cité ». Ainsi Ahmed nous conduit vers une autre entrée de Petra. A 8 km au
nord, le Siq el-Barid, également nommé « Little Petra » est un petit oued sablonneux
habité de lauriers roses aux senteurs enivrantes. Quelques bédouins gardant leurs
troupeaux nous saluent, les touristes ici sont encore rares. Des tombeaux et des
tricliniums bordent le petit canyon dont l’entrée est défendue par un passage très
étroit creusé par les nabatéens dans le grès. Nous marcherons ainsi trois heures,
remontant une petite vallée et dominant des escarpements où se dissimulent
peut-être d’autres vestiges insoupçonnés. Ahmed partage notre enthousiasme
PubLiCitE
guides
par
passion
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44 VoyagES JoRDanIe Escape #30
« les touristes ne viennent pas souvent ici, nous sommes pourtant
tout près de Petra. Avec plus de 40 km2, le site est suffisamment
grand pour que ceux qui veulent marcher puissent imaginer un
itinéraire original… » A quarante ans, Ahmed est né au cœur de
la cité, avant que le roi Hussein n’ordonne aux bédouins bdouls
de quitter le site pour des terres plus au nord. En échange les
« gardiens historiques » de Petra reçoivent une pension de l’Etat et
ont l’exclusivité de l’exploitation des petits commerces. Beaucoup
sont également devenus des guides érudits, comme Ahmed, avec
qui nous contemplons maintenant El-Deir, le Monastère, l’une
des merveilles de Petra. Les trois jours suivant nous mèneront de
recoins en canyons cachés à la découverte des richesses de la cité.
Descendre le Siq, contempler la finesse et la rigueur des lignes du
Khazneh, flâner sur les immenses terrasses des tombeaux royaux
ou sur les marches du théâtre colossal, prendre le frais dans l’un
des innombrables tricliniums aux parois taillées dans les vagues
d’ocre aux teintes subtiles… Marcher dans Petra nécessite de
prendre son temps et de laisser libre cours à sa curiosité.
le repère seCret De l’émir Dynamite
A quelques dizaines de kilomètres au sud le désert du Wadi Rum
nous attend ensuite pour trois jours de découvertes. Un désert aux
dimensions modestes. Comparé aux immensités sahariennes il
apparaît comme un jardin ou poussent des montagnes de grès. Un
jardin d’ocre et de jaune, un labyrinthe tissé de canyons facétieux.
En compagnie des bédouins de Rum, les journées de marche nous
conduisent entre les massifs par des failles souvent insoupçonnables
qui percent de part en part les forteresses de grès. De vastes étendues
de sable ocre se dévoilent au sortir des canyons et les bivouacs sont
établis au cœur de ces paysages qui évoquent si bien le « souffle vide »
cher à Lawrence d’Arabie. Véritable figure emblématique des lieux
celui que les bédouins surnommaient l’« Émir dynamite » utilisa le
Wadi Rum comme refuge pour lui et ses troupes de la révolte arabe
entre 1916 et 1918… Les marches dans le massif peuvent facilement
s’adapter aux niveaux physiques et techniques les plus variés. Depuis
la simple découverte jusqu’aux ascensions des « voies bédouines » qui

Lever de soleil contemplatif
au cœur du Wadi Rum.
permettent d’accéder aux sommets des djebels. Après ces quelques
jours au Wadi Rum, nous revenons vers Pétra où Ahmed a insisté
pour nous faire découvrir… « Une surprise ! Mais restez discrets et
prenez de bonnes chaussures ». Nous voici partis pour une journée
de marche au-delà du Jebel Haroun vers le Wadi Sabra, sur la route
d’accès historique des nabatéens. Le vallon sablonneux est occupé
par deux familles bédouines dont les enfants sont un peu effrayés
en nous voyant. Sur le versant gauche de la vallée, le relief abrite un
incroyable petit théâtre miraculeusement préservé. La surprise est
effectivement totale. Les lourdes pierres formant les gradins sont
pour la plupart intactes et surplombent à quelques mètres au-dessus
du sable. Comment soupçonner qu’au XXI siècle un tel vestige
soit ignoré de tous et serve d’enclos à un troupeau de chèvres qui
déambulent entre scène et gradins avec une indifférence incongrue.
Nous bivouaquerons sur place, savourant ces heures privilégiées en
compagnie des bédouins. Le thé bu sous les étoiles aura le goût fort
et sucré des émotions durables dont le souvenir nous habite bien
au-delà du retour…
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46 VoyagES JoRDanIe Escape #30
La Grande Arche du Wadi Rum,
l’une des curiosités du massif
que l’on découvre après deux
heures d’ascension.
Jordanie
Pratique
Meilleure période
L’automne et le printemps sont les meilleures saisons pour découvrir la
Jordanie. L’été est trop chaud (sauf dans les canyons) et l’hiver est trop rigoureux
pour les bivouacs dans le Wadi Rum.
Avec qui partir
• L’agence Nomade Aventure propose une randonnée
de 8 jours dans wadi Rum, avec une découverte
de Petra, avant de terminer dans les eaux
magiques de la Mer Rouge. À partir de 1192 euros.
www.nomade-aventure.com
• L’agence Stages Expéditions propose un séjour outdoor exceptionnel de 10
jours avec descente des plus beaux canyons du pays (et bivouac), explorations
des recoins secrets de Petra et ascension de voies bédouines encadrées par un
guide de haute montagne. 12 jours, à partir de 2200 €. www.stagexpe.com
• L’agence Club Aventure propose des séjours associant la découverte culturelle
et les activités outdoor (randonnée, canyoning). De 8 à 14 jours, à partir
de 1250 €. www.clubaventure.fr
• Le guide Philippe Brass propose des stages d’escalade avec ascensions de
voies bédouines dans le Wadi Rum. 8 jours, 1600 €. www.escalades.fr
comment s’y rendre
Vols de Paris à Amman à partir de 450 € (Middle East Airlines : www.mea.
com.lb). Depuis Amman des bus conduisent à Petra, Rum ou Aqaba (Jett bus :
www.jett.com.jo).
A lire
• Jordanie, guide Lonely Planet, édition 09/2009. Très complet, beaucoup
d’infos pour les activités outdoor sur tout le pays. 370 pages, 19 €.
- Petra, la cité des caravanes, éditions Gallimard. Pour tout savoir sur la citée
nabatéenne. 126 pages. 13 €
• Treks & Climbs in Wadi Rum. Guide Cicerone. Le guide de référence pour la
randonnée et l’escalade dans le Wadi Rum. En anglais. 240 pages, 26 €.
• Guide Bleu Jordanie. Parfait pour les informations culturelles, 322 pages,
23,90 €
• Les sept piliers de la sagesse, de T.E. Lawrence (Lawrence d’Arabie). A lire
absolument avant de découvrir la Jordanie. 25 €
Tous ces ouvrages peuvent être commandés sur le site
www.gaia-store.com

48 VoyagES suIsse Escape #30
Face à la redoutable face nord de la
Dent Blanche (4357 m), l’une des
plus belles montagnes des Alpes.

VALAIS
ROMAN
Les aLpes
pRÉseRvÉes
des chalets, des alpages, des glaciers
et des 4000, le Valais roman c’est
la Suisse des cartes postales, la
montagne comme on la rêve et qui
ressemble à un décor de cinéma.
mais ici tout est 100% authentique et
la vie pastorale perpétue une tradition
nomade unique dans les alpes. nous
vous embarquons pour une semaine
de randonnée, entre val d’hérens et
Val d’anniviers.
Texte et photos : Christophe Raylat

50 VoyagES suIsse Escape #30
Sac léger, nous avons quitté ce matin le village
de Saint Luc et l’Hotel Bella Tola. Un lieu rare,
de ceux qui font fantasmer les inconditionnels
du romantisme alpin, les nostalgiques de cet âge
d’or du tourisme, lorsqu’une poignée d’audacieux
anglais venaient explorer nos Alpes et ses sommets
encore inconnus. Raffinement et authenticité dans
la décoration sont renforcés par l’accueil « en habit »
d’Anne-Françoise et Claude Buchs, les propriétaires.
Un petit voyage dans le temps qui se transforme
en voyage planétaire sur l’étonnant sentier qui relie
les hauteurs de Saint Luc à Zinal. Au départ de
l’observatoire François-Xavier Bagnoud où l’on peut
prendre le temps d’observer les éruptions solaires,
l’étonnant « sentier des planètes » nous promène dans
notre système solaire réduit « à l’échelle », face à la
somptueuse couronne des 4000 des Valais. Le sentier
facile (puisque tout en descente) permet d’entrer en
douceur dans le val d’Anniviers et de tutoyer glaciers
et sommets sans souffrance excessive.
Zinal est un modeste village blotti au pied des grands
sommets du Valais. En arrivant il faut aller visiter
un mayen, l’un de ces chalets d’alpages construits
sur pilotis et qui furent les premières habitations
du village. Ils sont emblématiques d’un mode de
vie ancestral nomade dont les héritages sont encore
prégnants dans le Valais roman.
Pour comprendre ce nomadisme, il faut appréhender
le territoire dans sa globalité, depuis la vallée du
Rhône jusqu’aux alpages. L’étagement en altitude
déterminait une saisonnalité des taches structurées
en quatre niveaux : la vallée, le village, les mayens et
les alpages. Dans la vallée, large et ensoleillée, les sols
marécageux ne permettaient pas un habitat permanent,
en revanche les vignes étaient omniprésentes et
les valaisans descendaient de février à avril. Ils
remontaient ponctuellement au village cultiver les
champs de pomme de terre et de maïs (la polenta
constituait la base alimentaire). À partir d’avril, le
bétail était monté au Mayen (entre 1 500 m et 2 000 m).
Là, le foin engrangé durant l’été permettait de nourrir
les bêtes en attendant la montée aux alpage en début
d’été. La belle saison était consacrée également au
stockage du foin dans les mayens. A l’automne le
bétail était redescendu pour un mois au mayen avant
de retrouver les étables aux villages. Cette période
était également celle des récoltes céréalières et celle
des vendanges. Jusqu’à la fin des années cinquante,
les Valaisans avaient nomadisaient ainsi sur plus de
2 000 m de dénivelée. Une vie parfaitement adaptée
aux contraintes climatiques et géographiques de ces
vallées abruptes où la transition entre le Rhône coulant
à 500 m et les sommets à plus de 4 000 m se fait en
quelques kilomètres.
En suivant le tour du Val d’Anniviers, de mayen en
villages, en traversant les alpages et en franchissant les
cols, on est frappé par l’impact encore réel de ce mode
de vie sur le paysage valaisan. Malgré l’implantation
de remontées mécaniques et le développement
d’hébergements, les villages semblent demeurer intacts.
À gauche : Passage du col du
Torrent (2 916 m), entre val
d’Anniviers et Val d’Hérens.
Ci-contre à droite : La cabane
d’Arpitettaz, parfait refuge
helvétique, au pied du zinalrothorn
et du Weisshorn.
Reines de combat
C’est l’une des traditions les plus étonnantes des Alpes. La race des vaches d’Hérens (dites aussi vaches « noires ») produit
des combattantes acharnées qui s’affrontent spontanément dans les alpages. Dans tout le val d’hérens, ces joutes constituent
une forme de sport national avec classement permanent transmis quotidiennement dans la vallée. Les gardiens de troupeaux
tiennent des comptes quotidiennement et déterminent les classements. Reste la championne, Reine des Reine qui aura vaincu
le plus grand nombre d’adversaires au cours de la belle saison. Certaines sont même invaincues au moment de la « démontagnure
» lorsque les troupeaux descendent des alpages. De grandes confrontations sont alors organisées entre les Reines
des différents éleveurs Suisses, Italiens et Français. Pour les âmes sensibles il est bon de préciser que les vaches ne se
font jamais de blessures graves et les joutes ressemblent généralement à une poussée tête contre tête. Quand à la troisième
mi-temps, elle se joue généralement au Carnotzet, la cave du mayen, à grand renfort de vins et de fromages…

En arrivant à Grimentz on a même l’impression d’être
face à un décor de cinéma. Si bien que l’on se pose
quelques questions sur l’authenticité des lieux. Après
avoir traversé le village Jean Vouardoux, habitant de
Grimentz, nous accueille dans la cave de la maison
bourgeoisiale du village. Le regard pétillant, il semble
avoir compris nos interrogations. « Les touristes
passent souvent ici en croyant qu’il sont dans une sorte
de réserve protégé, ou une sorte de Disneyland alpestre,
c’est faux ! La vie continue ici comme elle a toujours
existé. Dans les villages, nous restons très attachés à
notre Bourgeoisie. Etre Bourgeois de Grimentz cela
signifie que l’on est né ici et que l’on en partage les droits
et les devoirs. Autrefois, cela fonctionnait comme une
société de village qui gérait la vie communautaire.
L’église, l’école, les reproductions de bétail et son
parcours tout au long de l’année. Lors des assemblées
bourgeoisiales, il y avait trois tables, celle des corvées qui regroupait les jeunes
à qui l’on distribuait des travaux collectifs pour l’année. La table des autorités
regroupait les notables à la tête desquels le Président était élu pour quatre ans.
Enfin, la dernière table était appelée « table des morts » et était occupée par
les anciens du village qui étaient souvent pris en charge par la communauté.
L’observatoire François-Xavier Bagnoud,
au-dessus de Saint Luc, où l’on peut
faire une pause dans sa randonnée
pour observer les éruptions solaires.

52 unE veRTICaLe Escape #30
Face à la couronne des 4000
du Valais avec le zinalrothorn
(4 221 m).
A droite : le barrage du lac de
Moiry, dont les eaux turquoises
semblent irréelles au pied des
immenses glaciers du Valais.
Aujourd’hui le rôle de la Bourgeoisie est moins fort
qu’autrefois mais reste très présent symboliquement. Nous
continuons à nous réunir régulièrement en assemblée
ainsi que dans le lieu le plus sacré (sic), la cave !… »
Autour de trônent d’intimidants tonneaux surmontés
de channes centenaires. Dans la pénombre fraîche et
chargée de fumets de vieux bois et de raisins plus vieux
encore, Jean Vouradoux sert délicatement un vin doré
par l’âge. Voici le moment solennelle de goûter le fameux
Vin des Glaciers. Plus qu’une tradition, l’héritage des
anciens vins de Rèze suit encore aujourd’hui le parcours
de ses ancêtres. Cultivé et mis en cuve dans la vallée du
Rhône, les tonneaux fabriqués en bois de mélèze sont
placés dans des cavités naturelles au pied des glaciers ce
qui permet au vin de vieillir très lentement. « goûtezmoi
ce petit cru 1886, 124 ans d’âge pour vous servir !
Un petit goût de noisette, non ? et aussi de « maggi »,
cette épice particulière qui rend notre vin unique… »
Jean nous tend un verre qu’il faudra vider à quelques
reprises pour mieux en percevoir les subtiles essences.
Avec un compteur ne descendant pas sous les 14,7° la
sortie de la cave est douce et légère. Déguster un vin du
XIX e siècle reste un événement non négligeable dans
une vie de randonneur…
Le lendemain, nous rejoignons le col du Torrent
qui nous ouvre les portes du Val d’Hérens tout
en offront un panorama hors du commun sur les
4000 du Valais (Cervin compris). La descente vers
Evolène est un excellent résumé de la vie pastorale
telle qu’elle perdure aujourd’hui. En ce début août,
les vaches sont dans les alpages où elles mènent de
vigoureux combats (voir encadré), les bergeries
fabriquent les fromages (n’oublions pas que le Valais
roman est le pays d’origine de la raclette), plus bas
les foins sont séchés aux alentours des mayens,
et dans la vallée, l’activité est essentiellement
tournée vers le tourisme avec les hébergements, les
commerces et les centres d’information… Après
une soirée sous le signe de la traditionnelle assiette
valaisanne (assortiment de viandes séchées), il est
temps de repartir vers une nouvelle variante aux
traditionnels tours de vallées. Direction Arolla et
le col de Riedmatten. Cette fois les glaciers sont
encore plus près et le sommet de la Pigne d’Arolla
(3 796 m) domine la montée dans les alpages. Le
passage du col est marqué par une trentaine de
mètres d’échelle qu’il faut franchir à la descente. Le
passage est aérien et ceux qui sont impressionnés

par le vide pourront emporter un brin de corde
et un baudrier. Après avoir franchi la crête des
Aiguilles Rouges, à 3 100 m, par une montée raide et
empierrée nous basculons à nouveau sur le versant
est pour redescendre vers la cabane des Aiguilles
Rouges à 2 810 m. De là, demain nous partirons
vers un sommet facile mais qui nécessite néanmoins
crampons et piolets. La pointe de Vouasson et ses
3 490 mètres forment un imprenable belvédère
sur les vallées environnantes. Au sommet, prendre
le temps de relire les jours écoulés, de revisiter les
lieux rares et imprégnés des saveurs d’un monde si
bien préservé. Ce haut Valais où l’on parle et chante
le français (non sans un sublime accent) et où les
jours glissent sous le soleil aussi facilement qu’un
petit vin des glaciers, frais et savoureux…
©2010 Cascade Designs, Inc.
en suIvanT Le TouR Du vaL D’annIvIeRs,
De mayen en vILLages, en TRaveRsanT Les
aLpages eT en fRanChIssanT Les CoLs, on
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54 VoyagES suIsse Escape #30
Valais Roman
Pratique
La meilleure période pour s’y rendre
La saison d’été, de juin à septembre est le meilleur moment
pour visiter le Valais en randonnée. L’automne présente aussi un
véritable intérêt mais beaucoup d’hébergements risquent d’être
fermés.
Avec qui partir
• L’agence Stages Expéditions a conçu avec les habitants du
Valais un séjour « terroir » exclusif entre val d’Anniviers et Val
d’Hérens. 6 jours avec hébergement en hôtels traditionnels. A
partir de 720 €. Renseignements à www.stagexpe.com
• L’agence Club Aventure propose de découvrir le Val d’Anniviers
en liberté, 6 jours à partir de 550 €: www.clubaventure.fr
• L’agence Allibert propose un tour du val d’Anniviers accompagné
en 7 jours. A partir de 735 €.
commet s’y rendre
• En voiture : après l’entrée en Suisse, depuis Genève et
Lausanne (possibilité de venir du Nord de la France par Berne),
par l’autoroute (A9) jusqu’à Sierre. Prendre la direction Martigny,
puis Sion, avant d’arriver à Sierre.
Depuis l’Italie, par le tunnel du Grand St Bernard puis Martigny,
Sion et Sierre.
• En train : depuis Paris en TGV, Strasbourg (via Berne et
Lausanne, compter 200 € AR). Depuis Lyon, Grenoble (via Genève
et Lausanne : à partir de 100 € AR). Liaisons toutes les 30 minutes,
vers Sion et Sierre, depuis Bâle, Berne, Genève, Lausanne et
zürich. www.voyages-sncf.com
• Par avion : vol jusqu’à l’aéroport international de Genève.
Transfert possible, en bus postal, jusqu’à Sion et Sierre.
Adresses utiles
• Tour du Val d’Anniviers
Sierre – Anniviers Tourisme : 10 place de la gare, Case postale
59, 3960 Sierre, SUISSE. Tél. : (00 41) 848 848 027 ; Fax :
(00 41) 27 451 71 15 ; www.sierre-anniviers.ch
Sierre : Musée de la vigne et du vin, tél. (00 41) 27 456 24 29 ;
fax : (00 41) 27 456 24 45 ; www.museevalaisanduvin.ch
Tour du Val d’Hérens
Evolène Région 1983 Evolène Suisse. Tel (00 41) 7 283 40 00
www.evolene-region.ch
info@evolene-region.ch
Petit lac dominant zinal et
belvédère idéal sur le Besso
et la couronne des 4000.
A cONSULTER
• Cartes : carte au 1/25000 du « Val d’Anniviers », avec tous
les chemins de randonnées, édité par les communes de la vallée.
Elle est automatiquement glissée dans le « pack » du Tour du Val
d’Anniviers. Possibilité de la commander sur Internet,
www.sierre-anniviers.ch
Carte au 1/25000 du « Val d’Hérens », également offerte au
départ de l’itinéraire.
Carte-Guide du Valais, éd. Guide Club Alpin Suisse, 1996, 41 € €
• Guides
- Haut-Valais, de Michael Wael, éd. Rother, 2002, 14 € €.
- 50 sentiers à thème dans l’espace Mont-Blanc : Haute-Savoie
– Savoie - Valais, éd. Atlas, 2001, 18,95 €.
• Beaux livres
- Du Cervin au Léman : les plus beaux tours du Valais,
Stéphane Maire, éd. Glénat, 2005,143 pages, 30 €.
- Combats de reines en Valais, Bernard Dubuis, éd. Payot-
Lausanne, 1984, 116 pages, 24,39 €
(à rechercher sur sites d’occasions).
• Romans
- Contes et légendes de la montagne Valaisanne, Maurice
zermatten, éd. Denoël, 1984, 282 pages, 23,32 €.
Ces ouvrages peuvent être commandés à la librairie Gaïa-store
www.gaia-store.com

56 VoyagES mongoLIe Escape #30

MONGOLIE
pays Du veRTIge hoRIzonTaL
La plongée dans la steppe commence à oulan bator, la capitale, jusqu’au désert
de gobi. un voyage dans le sud de la mongolie, pays fascinant, sauvage et rude.
rencontre avec le peuple nomade.
Texte et photos : Franck Oddoux

58 VoyagES mongoLIe Escape #30
PAGE DE DROITE.
En haut : Sud du pays.
Chaine montagneuse
désertique. Paysage
martien magnétique.
En bas : Comment se
déplacer en Mongolie ?
Pour les longs trajets,
4X4 obligatoire et solide
GPS. Pour le reste, aucune
hésitation, le cheval
reste le meilleur ami du
randonneur.
Vertige horizontal. Cet oxymore colle à la Mongolie.
Dès que l’on passe les portes de la capitale Oulan
Bator, cette sensation gagne, l’océan vert est bien
là. Comme dans certains cartoons, des panneaux
indicateurs sont plantés dans la poussière avec les
noms des quelques (rares) prochaines villes : toutes
sont à des centaines de kilomètres. Entre : rien. Ou
plutôt, si, toute la richesse, l’âme, l’ADN de la Mongolie
se trouvent là, dans ce vide qui n’a rien de sidéral. Le
contraste est total et brutal entre le béton gris postcommuniste
des villes et le souffle des steppes. Là
encore, le goudron d’Oulan Bator s’arrête brusquement
et les rares pistes de terre s’enfoncent dans l’immensité.
Cette Frontière est symbolique, entre modernité
urbaine affichée ostensiblement et traditionalisme
pastoral millénaire. Les deux mondes ne sont pas
cloisonnés, il n’est pas rare de voir un cavalier en
tenue Mongole descendre dans la capitale, cheval
fringuant. Dans les yourtes, la technologie gagne
doucement du terrain : panneaux solaires sur les toits
et parfois même télévision portable. Ces deux vases
communicants deviennent peu à peu déséquilibrés.
Les lumières de la ville, le mirage du confort attirent
les nomades : magnétisme. Il suffit que les conditions
météorologiques très sévères s’emballent et les centres
urbains se remplissent de pauvres hères. Cet hiver, les
Oulan Bator, deux moines
surgissent des bidonvilles
de la capitale.
médias se sont fait écho de la catastrophe naturelle
ayant touché le pays. Des températures de moins
quarante degrés ont décimé plus de deux millions et
demie de têtes de bétail, réduisant à la famine un tiers
de la population. Dans la mémoire collective, l’hiver
2001 avait été lui aussi une catastrophe humanitaire, les
nomades ayant été obligés d’abandonner leur style de
vie suite à la perte massive des troupeaux. Sur place, on
voit nettement que les villes n’absorbent pas cet afflux
de déshérités. Il n’est pas rare de voir en plein hiver des
fantômes humains terrés au niveau des conduits de
chauffage d’Oulan Bator pour éviter de geler sur place.
Les touristes de plus en plus nombreux en Mongolie ne
retiennent ou ne voient pas cette terrible déshérence.
Il faut s’immerger, plonger dans le grand vert pour
tenter d’oublier ces images amères…
le pays sans ombres…
Si le pré était une steppe, le bonheur se trouverait
là, aux pays des mongols. C’est sans doute pour ce
miracle inexpliqué que le tourisme est ici de plus en
plus prisé. A l’heure où le stress coule dans nos veines,
où les impératifs de nos emplois du temps sont nos
diastoles et nos systoles, la Mongolie est un refuge
apaisant. Sérénité. On respire. On vit. avec la nature.
On se trouve enfin en accord, avec la nature, avec

60 VoyagES mongoLIe Escape #30
soi. Et retrouve aussi le chemin de la simplicité, du
dépouillement, comme dans les déserts où l’économie
des gestes et des ressources nourrit la philosophie du
bonheur par le dénuement. Les nomades mongols
n’ont rien mais sont riches. Bien sur, on idéalise ces
rencontres, cette vie baignée par la lumière pure et
belle. Il suffit d’une maladie, d’un accident pour que le
quotidien se transforme en cauchemar. Mais la beauté
des paysages, la gentillesse de ces nomades à la fois
énigmatiques et terriblement accessibles interrogent.
Le bonheur semble être là, dans cette vie parfois âpre
mais simple. Il y a d’abord ce ciel et cette terre qui font
« Les DesCenDanTs De gengIs khan, sonT fIeRs,
pas D’une fIeRTÉ DÉpLaCÉe. IL suffIT De voIR LeuR
sILhoueTTe suR un ChevaL, Le poRT aLTIeR, La
maîTRIse mILLÉnaIRe De Ces hommes CenTauRes. IL
y a Le RegaRD peRçanT, Ces habITs TRavaILLÉs quI
nous paRaIssenT D’appaRaT maIs quI appaRTIennenT
pouRTanT au quoTIDIen. »
corps. Un bleu profond, moutonné de nuages blancs
qui se lie au vert sans cesse changeant de la steppe.
On se sent à la fois minuscule et partie prenante de
cet horizon. Il y a peu d’appui pour l’œil : pas d’arbre,
de routes, encore moins de panneaux, de sonneries de
mobiles, de soda américain. On se demande même où
sont passés les habituelles traces d’avion dans le ciel.
Une seule ombre se dessine : la sienne. La Mongolie
est propice à l’introspection. Difficile de trouver mieux
pour se retrouver et trouver l’autre…
un peuple riChe
La Mongolie a l’apparence d’un désert vert. C’est un
beau trompe l’œil. On n’y est jamais complètement
seul. Par le fruit d’une génération spontanée, surgit
toujours, une âme à cheval, un piéton improbable.
C’est indéniablement un pays de rencontre. Le face
à face est intriguant et toujours très chaleureux. Les
moyens de communication ne sont pas verbaux,
personne ne parlant anglais et encore moins français.
La langue des gestes, les sourires, les attentions sont
maitres à bord dans les échanges. Grosse particularité,
les Mongols aiment par dessus tout les photos, il n’y
a jamais rejet de l’appareil, ce qui ne dispense pas de
M

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Nomadisme, traditions
et bouddhisme tibétain.
La cosmogonie mongole
lie l’homme à la nature.
Au centre, une petite fille
joue avec l’appareil photo.
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Cela commence par des gestes
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approvisionner nos magasins en sacs plastiques
oxybiodégradables, mais aussi par des
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limiter le CO 2 produit, et surtout faire un
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imprimé sur un papier plus fin, et
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62 VoyagES mongoLIe Escape #30
« aveC La naTuRe. on ReTRouve aussI Le ChemIn De La
sImpLICITÉ Du DÉpouILLemenT, Comme Dans Les DÉseRTs
où L’ÉConomIe Des gesTes eT Des RessouRCes nouRRIT
La phILosophIe Du bonheuR paR Le DÉnuemenT. »
pratiquer les plus élémentaires règles de politesse…
Les descendants de Gengis Khan, sont fiers, pas
d’une fierté déplacée. Il suffit de voir leur silhouette
sur un cheval, le port altier, la maîtrise millénaire de
ces hommes centaures. Il y a le regard perçant, ces
habits travaillés qui nous paraissent d’apparat mais
qui appartiennent pourtant au quotidien. Ce n’est
pas une carte postale, ni du folklore. Les mongols
ne jouent pas, ils sont. Chaque rencontre, à des
centaines de kilomètres de tout signe de civilisation
se termine invariablement dans la yourte, cœur
des échanges familiaux et sociaux. Ce cocon de
feutre, filtre les agressions du climat extérieur, on
s’y retrouve comme dans un ventre chaud, rasséréné.
La coutume veut que le chef de famille fasse passer
un bol (souvent à la propreté douteuse) à ses hôtes.
Parfois un traducteur impénitent appelle ce breuvage
odorant de la vodka mongole. Le lait de jument
fermenté n’a vraiment rien à voir avec l’alcool connu :
dès les lèvres trempées prudemment dans le liquide,
on comprend vite la différence… Le bol retourne
chaque fois dans la main du patriarche. On garde
son chapeau dans la yourte, on marche toujours
dans le sens des aiguilles, on ne tourne pas le dos aux
objets religieux, on prend la nourriture de sa main
droite… tous réflexes qui sont très appréciés. Assis
en tailleur, autour du feu, la parole chantante fuse.
On peut même avoir l’insigne privilège de participer
aux chants lors d’un repas. Les histoires de rapaces,
d’esprits liant le bouddhisme et des croyances
ancestrales inspirent les vocalises. Ces navigateurs
de la steppe ne sont pas encore entrés dans la
modernité, c’est sans toute pour ça qu’ils fascinent.
En prise directe avec la terre, ils interrogent notre
propre style de vie. La vraie richesse est peut-être du
côté de cette Mongolie magnétique…

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La Mongolie en chiffres
• 1% des terres sont cultivées
• 80 % sont inexploitées
• 1 568 000 km/2 (675 400 pour la France)
• Environ 2,5 millions d’habitant
(densité population : 1,6 habitant/km2 )
Adresses
• Office du tourisme Mongol : http://www.mongoliatourism.gov.mn/
• Ambassade de Mongolie en France : http://www.ambassademongolie.fr/
• Biens Mongols inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco :
http://whc.unesco.org/fr/etatsparties/mn
• Informations pratiques : http://www.voyagemongolie.com
filmographie
L’histoire du chameau qui pleure, par Luigi Falorni et Byambasuren, 2003
Le chien jaune de Mongolie, par Byambasuren Davaa, 2006
Le long Voyage de Tsogt, par Xavier Simon, 1997
Urga, par Nikita Mikhalkov, 1991.
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64 LE ShoPPing Escape #30
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66 ESCaPE awaRDs Escape #29
TaRenTuLa paR TeCnICa
cATch ME If yOU cAN...
L’engouement du trail est passé par là… Les acteurs historiques de la
chaussure de trek se convertissent à la course en montagne, sur sentiers.
La Sportiva, Lafuma, Scott ou des fournisseurs comme Vibram investissent
le milieu avec plus ou moins de succès. il faut dire que les géants de la
discipline, les Salomon (la version mature de la Xt Wings 2 sera la chaussure
à battre cette saison), the north Face, adidas, mizuno, asics, nike…
occupent le terrain depuis de nombreuses années. tecnica, fort de son
know-how en matière de chaussant et de qualité de fabrication lance donc
une gamme ambitieuse. La tarentula pèse 320 grammes, «seulement»,
doit-on dire car elle est plus légère que la plupart de ses concurrentes.
Sa semelle, son châssis sont pourtant bien fournis en technologies
distillant un superbe déroulé et une bonne stabilité. un chausson
assure l’interface entre le pied et la semelle. La tarentula est
programmée pour des trails courts, en compétition, pour des
gabarits supérieurs à 70 kilos. Le verdict des podiums
dira si tecnica a tapé fort…
Prix public : 115 euros

Document non contractuel - Crédits photos : ©Galyna Andrushko - ©Jeffrey Van Daele - ©Piotr Morawski
Les magasins labellisés adhèrent à la charte des magasins «montagne authentique»
Il est constitué de professionnels ayant une parfaite
connaissance des pratiques liées à la montagne.
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singularisant par leur technicité, leur performance ou leur
rapport qualité-prix.
TWINNER
ECO COMPORTEMENT
Twinner est engagé dans une démarche d’Ecocomportement
visant à réduire l’impact de ses activités
sur notre environnement. Nous recyclons nos skis et
nos snowboards usagés. Nous utilisons des produits
biodégradables et écologiques (sacs, produits de
traitement, fart…).