VMM - FOOD MAGAZINE

FOCUs
Ramadan
Branle-bas de combat
chez les agro-industriels.
Le mois sacré du Ramadan fait office de grande messe annuelle pour les opérateurs de la
chaîne alimentaire. Agro-industriels, opérateurs de la grande distribution, importateurs de
produits alimentaires, fournisseurs,... mais aussi spéculateurs, tous préparent l’occasion
avec minutie. Certains plusieurs mois à l’avance.
Comme à chaque année et
avec l’approche du Ramadan,
les spéculateurs montent au
créneau. Objectif : créer un
environnement de suspicion à même
de fausser les règles de la concurrence
et engranger des bénéfices pendant
cette période de grande consommation.
L’effort avait fini par payer l’année
dernière puisque les pouvoirs publics,
pris de court, ont été contraints de
baisser ou de supprimer les droits de
douane sur certains produits. D’aucuns
ont encore en tête le feuilleton qui
s’est tressé autour des disponibilités de
lait, entre autres produits de première
nécessité.
Cette année le gouvernement a décidé
de ne pas se laisser faire. Depuis juin
dernier, il n’a eu de cesse d’émettre
des signaux rassurants à l’encontre
du consommateur. « Le marché sera
convenablement et régulièrement
approvisionné pendant le Ramadan »,
claironnaient les membres du
gouvernement à chaque sortie
médiatique. Et il est vrai que toutes les
dispositions ont été prises pour tenir
cet engagement. Résultat : à la veille du
Ramadan, les disponibilités dépassaient
de loin les besoin du marché.
Ainsi, pour le lait, produit stratégique
en pareille période, les quantités qui
pouvaient être mises en circulation
s’élevaient à 77 millions de litres,
soit près de 2,5 litres pour chaque
consommateur. Le Ministre de
l’Industrie, du Commerce et des
Nouvelles technologies parle également
de la commercialisation de quelques
250 millions d’œufs, soit près de 8 œufs
pour chaque Marocain
Des chiffres de la même grandeur sont
annoncés pour les différents produits
FOOD MAGAZINE - N° 3 / SEPTEMBRE 2008 22
de première nécessité tels les dattes,
le sucre ou encore la farine avec 2,35
millions quintaux. Dans la catégorie
des produits élaborés, les tomates en
conserves, produit phare du Ramadan,
les professionnels estiment ses stocks à
près de 16.000 tonnes cette année.
Bouchées doubles
Mais au-delà des disponibilités, il
faut souligner l’effort considérable
qui est consenti par les opérateurs
de la chaîne alimentaire qui mettent
les bouchées doubles afin d’être au
rendez-vous. Certain s’y préparent
six mois à l’avance, comme c’est
le cas des opérateurs des produits
laitiers et dérivés. Les industriels des
conserves de tomate dont l’outil de
production ne tourne convenablement
que pendant une courte durée dans
l’année, attendent cette occasion
avec impatience. C’est réellement
Abdelaziz Meftah
lors du Ramadan que leurs voyants
commencent à bouger.
Dans la grande distribution les
mises en place et la constitution
des stocks ne commencent que
tardivement. Mais dans tous les cas, les
opérateurs déploient leurs arguments
commerciaux et font étalage de toute
leur agressivité commerciale. Il faut,
en effet, essayer de convaincre un
consommateur qui voit venir cette
période avec beaucoup d’appréhension.
La situation est rendue d’autant plus
critique que le calendrier fait coïncider
cette année le Ramadan avec la rentrée
scolaire et la fin des congés. Cependant,
et selon les premières observations,
force est de remarquer que l’appel du
marché ne s’est pas fait attendre. Cette
année encore et comme les années
précédentes, le Ramadan sera le mois
des bonnes affaires pour les opérateurs
de l’agroalimentaire.