VMM - FOOD MAGAZINE

TRIBUnE lIBRE
Secteur du sel
les opérateurs hors la loi !
Inédite, la situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui les opérateurs du secteur
du sel. Inédite, mais aussi très inconfortable. A l’origine de ce malaise : une loi ! Plus
précisément celle promulguée en 1995 portant sur l’iodation du sel alimentaire. Des
études qui ont été menées à l’époque ont montré que 22% des enfants marocains
âgés entre 6 et 12 sont exposés aux maladies liées à la carence en iode. Des troubles
qui pénalisent les finances de l’Etat à hauteur de 2% du PIB. Ce n’est pas rien !
Aussi, pouvoirs publics,
associations professionnelles
et spécialisées,
Unicef, … se sont
mobilisés pour rectifier le tir. Des
spots publicitaires ont alors été élaborés,
un logo mis en place et les
industriels se sont rangés en ligne
d’attaque pour honorer leurs engagements.
Des investissements importants
ont été alors consentis pour
remettre à niveau l’outil de production
afin de pouvoir mettre sur le
marché un sel iodé répondant aux
exigences réglementaires. La loi a
par ailleurs été rectifiée en 2004,
faisant passer le taux d’iodation de
80 à 30 ppm. Soit, les industriels
s’y sont conformés. Seulement voilà,
les textes d’application n’ont jamais vu le jour. Pis
encore on ne sait vraiment pas le traitement qui leur a
été réservé. Du coup, les industriels, en voulant anticiper
les évolutions, encouragés dans leur démarche par
les pouvoirs publics, se sont retrouvés dans l’illégalité
totale car ils ont mis sur le marché un produit ne répondant
à aucun fondement légal. Partant, le spot publicitaire
de l’opération est en standby, le logo a perdu toute
sa crédibilité et les services de contrôle n’ont pas une
base juridique pour accomplir leur travail.
Et pourtant le texte en lui-même ne peut être que salutaire
pour le secteur car il rend obligatoire les normes
de qualité, ce qui va pousser d’une part un nombre important
d’opérateurs à se mettre à niveau et à travailler
dans la clarté et d’autre part parer à un sérieux problème
de santé publique.
FOOD MAGAZINE - N° 3 / SEPTEMBRE 2008 20
Ali El Amrani
Président de l’Association Marocaine de la
production et de l’industrie du sel
Ceci alors qu’une enquête réalisée
récemment par le ministère de la
Santé dans les régions du Haouz et
du Souss Massa a clairement montré
que le conditionnement du sel
s’effectue dans des conditions déplorables.
Une image en miniature
qui reflète en somme la situation
au niveau de toutes les localités du
Royaume.
Ceci dit, la profession ne reste pas
les mains croisées. Celle-ci est
en train d’élaborer un cahier des
charges en collaboration avec le
Ministère de la Santé comprenant
les spécificités pour l’iodation du
sel et aussi un manuel de bonnes
pratiques à destination des entreprises
qui veulent se mettre à
niveau, en attendant que les pouvoirs publics veuillent
considérer la question avec le sérieux requis.
Quelques chiffres du secteur
Le secteur du sel est animé par une
centaine d’opérateurs, producteurs
et conditionneurs confondus. Ils
produisent quelques 400.000 tonnes
annuellement, dont la moitié est
destinée à la consommation alimentaire.
L’autre moitié étant destinée à
l’industrie. La consommation de sel au
Maroc est de 7 kg/hab/an.