Amnestiy International 2013

Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains. Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés
dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.

21.10.2013 Views

A mais les observateurs ont dénoncé de nombreux achats de voix, ainsi que des cas de pressions exercées sur les électeurs. Liberté d’expression La liberté d’expression a été généralement respectée. Les personnes qui exprimaient des points de vue considérés comme peu patriotiques ou antinationalistes se heurtaient cependant à une forte hostilité de la part de l’opinion publique, voire, parfois, à des violences. Les auteurs de certaines de ces violences auraient manifestement bénéficié de la complicité de la police et des autorités locales, qui, par ailleurs, n’ont pas enquêté de manière appropriée sur ces actes ou ne les ont pas condamnés publiquement et sans ambiguïté. n Des militants de la société civile qui souhaitaient organiser en Arménie un festival de films azerbaïdjanais ont été violemment pris à partie et contraints d’annuler la manifestation à deux reprises. Le 12 avril, plusieurs dizaines de manifestants ont bloqué l’accès du lieu où devait se dérouler le festival, à Gyumri, la deuxième ville du pays. Ils ont agressé physiquement Guiorgui Vanian, organisateur du festival et président du Centre caucasien d’initiatives en faveur de la paix, et l’ont obligé à annoncer publiquement l’annulation de la manifestation. Les organisateurs ont déclaré que les autorités locales les avaient harcelés et avaient exercé sur eux des pressions psychologiques pour les dissuader de réaliser leur projet. Une seconde tentative, le 16 avril, pour organiser le festival à Vanadzor dans les locaux de la Helsinki Citizens Assembly (HCA) a également provoqué des manifestations et des violences. Environ 200 étudiants, militants politiques et anciens combattants de la guerre du Haut-Karabakh, entre autres personnes, se sont rassemblés devant les bureaux de la HCA. Ils ont pénétré de force dans les locaux, vandalisé le matériel, lancé des œufs et des pierres et blessé un employé. Plusieurs policiers ont assisté passivement à ces violences sans tenter d’y mettre fin ni chercher à assurer la sécurité du personnel présent. Malgré les appels de la HCA, les renforts de police ne sont arrivés qu’après les faits. Une enquête a été menée et une femme a dû payer une amende pour avoir jeté une pierre sur le bâtiment, mais il n’y a pas eu de véritables investigations impartiales dans cette affaire et les autorités n’ont pas condamné les violences. n Un bar d’Erevan fréquenté par des homosexuels a été attaqué le 8 mai. Une caméra de sécurité a filmé deux personnes en train de jeter des cocktails Molotov à travers les vitres de l’établissement. La police ne serait cependant arrivée sur les lieux que 12 heures après les faits pour mener une enquête. Deux jeunes gens ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête, mais ont été libérés sous caution peu après par deux parlementaires membres de la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA, parti nationaliste plus connu sous le nom de parti Dachnak ou Dachnaktsoutioun) qui ont cautionné l’attaque, affirmant qu’elle s’inscrivait « dans le cadre de l’idéologie sociétale et nationale ». Edouard Charmazanov, porte-parole du Parti républicain, au pouvoir, et vice-président du Parlement, aurait, selon la presse locale, justifié cet attentat. Torture et autres mauvais traitements Le Comité européen pour la prévention de la torture a publié le 3 octobre un rapport sur sa visite en Arménie en décembre 2011, dans lequel il indiquait que pratiquement aucune des recommandations faites à l’issue de ses précédentes visites sur la détention des personnes condamnées à l’emprisonnement à perpétuité n’avait été mise en œuvre. Il notait en outre que les conditions de vie déplorables qui régnaient à la prison de Kentron, à Erevan, étaient incompatibles avec les détentions de longue durée et que, pour les condamnés à la réclusion à perpétuité, elles constituaient de fait un traitement inhumain. Objecteurs de conscience À la fin de l’année, plus d’une trentaine d’hommes purgeaient une peine d’emprisonnement parce qu’ils refusaient d’effectuer leur service militaire pour des raisons de conscience. Le service civil proposé en remplacement demeurait sous le contrôle des autorités militaires. Le 27 novembre, la Cour européenne des droits de l’homme, appelée à se prononcer dans l’affaire Khachatryan & autres c. Arménie, a estimé que l’Arménie avait violé les droits de 17 témoins de Jéhovah. C’était la quatrième fois que la Cour rendait un arrêt condamnant l’Arménie sur la question de l’objection de conscience. La Cour a considéré que les droits des requérants à la liberté 22 Amnesty International - Rapport 2013

et à la sécurité, ainsi que leur droit à des réparations pour détention illégale, avaient été violés. Ces personnes avaient fait l’objet de poursuites pénales et de mesures de détention parce qu’elles avaient refusé de poursuivre leur service de remplacement lorsqu’elles s’étaient rendu compte que celui-ci s’effectuait sous l’autorité de l’institution militaire. Visites et documents d’Amnesty International v Une délégation d’Amnesty International s’est rendue en Arménie en juin. 4 Arménie. Les autorités arméniennes doivent protéger la libre expression et veiller à la sécurité des organisateurs d’un festival de films azerbaïdjanais (EUR 54/001/2012). AUSTRALIE AUSTRALIE Chef de l’État : Elizabeth II, représentée par Quentin Bryce Chef du gouvernement : Julia Gillard Une commission des droits humains a été mise en place au niveau national pour examiner tous les projets législatifs soumis au Parlement. Cela n’a toutefois pas empêché l’adoption de lois restreignant les droits des peuples indigènes du Territoire du Nord et réintroduisant une politique de délocalisation du traitement des demandes d’asile. Cette politique consistait à envoyer à Nauru ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée les demandeurs d’asile qui arrivaient en Australie par bateau. Contexte Le gouvernement avait annoncé en janvier 2011 qu’il ratifierait le Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants [ONU]. Or, ce texte n’avait toujours pas été ratifié fin 2012. Une commission parlementaire des droits humains a été mise en place au mois de mars pour examiner tous les nouveaux projets de loi et veiller à ce qu’ils comportent une déclaration de compatibilité avec les droits humains. Amnesty International - Rapport 2013 Droits des peuples indigènes Les jeunes issus des communautés autochtones du continent et des îles du détroit de Torrès étaient toujours largement plus nombreux à avoir affaire à la justice pénale par rapport au reste de la population. Ils représentaient ainsi 59 % des mineurs incarcérés, alors que les communautés autochtones ne formaient que 2 % de la population australienne. L’Australie a maintenu sa réserve à la Convention relative aux droits de l’enfant [ONU], qui permettait aux États et aux Territoires d’incarcérer des enfants dans des prisons pour adultes. n Dans l’État du Victoria, un jeune Aborigène de 16 ans a été maintenu à l’isolement jusqu’à 22 heures par jour dans une prison pour adultes, du mois d’août jusqu’au mois de novembre. n En avril, la police a ouvert le feu sur un véhicule présumé volé à bord duquel se trouvaient de jeunes Aborigènes, dans le quartier de Kings Cross, à Sydney. Deux garçons, dont l’un âgé de 14 ans, ont été touchés. Le rapport qui devait être établi sur les faits par un médiateur indépendant n’avait toujours pas été publié en décembre. En juin, un ensemble de mesures législatives visant à améliorer l’avenir des populations indigènes du Territoire du Nord ont été adoptées sans véritable consultation ou examen de la Commission parlementaire conjointe des droits humains. Elles étendaient les dispositions du programme d’intervention discriminatoire et controversé lancé en 2007, notamment en matière d’aide sociale et d’application de la loi dans les communautés autochtones. Ces mesures permettaient une forte ingérence des autorités dans la vie des populations indigènes du Territoire du Nord. En septembre, le gouvernement a décidé d’ajourner le référendum sur la reconnaissance constitutionnelle des peuples autochtones australiens. Réfugiés et demandeurs d’asile Au mois d’août, une loi réintroduisant la délocalisation du traitement des demandes d’asile a été adoptée. La capacité annuelle de prise en charge humanitaire du pays a été portée à 20 000 places en octobre. Une nouvelle loi adoptée en novembre prévoyait que les demandeurs d’asile qui arrivaient sur le territoire australien par bateau pouvaient soit voir leurs dossiers examinés dans un autre pays, soit rester en Australie mais avec des droits restreints. 23 A

et à la sécurité, ainsi que leur droit à des réparations<br />

pour détention illégale, avaient été violés. Ces<br />

personnes avaient fait l’objet de poursuites pénales et<br />

de mesures de détention parce qu’elles avaient refusé<br />

de poursuivre leur service de remplacement<br />

lorsqu’elles s’étaient rendu compte que celui-ci<br />

s’effectuait sous l’autorité de l’institution militaire.<br />

Visites et documents d’Amnesty<br />

<strong>International</strong><br />

v Une délégation d’Amnesty <strong>International</strong> s’est rendue en Arménie en<br />

juin.<br />

4 Arménie. Les autorités arméniennes doivent protéger la libre expression<br />

et veiller à la sécurité des organisateurs d’un festival de films<br />

azerbaïdjanais (EUR 54/001/2012).<br />

AUSTRALIE<br />

AUSTRALIE<br />

Chef de l’État : Elizabeth II, représentée par Quentin Bryce<br />

Chef du gouvernement : Julia Gillard<br />

Une commission des droits humains a été mise en<br />

place au niveau national pour examiner tous les<br />

projets législatifs soumis au Parlement. Cela n’a<br />

toutefois pas empêché l’adoption de lois restreignant<br />

les droits des peuples indigènes du Territoire du<br />

Nord et réintroduisant une politique de<br />

délocalisation du traitement des demandes d’asile.<br />

Cette politique consistait à envoyer à Nauru ou en<br />

Papouasie-Nouvelle-Guinée les demandeurs d’asile<br />

qui arrivaient en Australie par bateau.<br />

Contexte<br />

Le gouvernement avait annoncé en janvier 2011 qu’il<br />

ratifierait le Protocole facultatif se rapportant à la<br />

Convention contre la torture et autres peines ou<br />

traitements cruels, inhumains ou dégradants [ONU].<br />

Or, ce texte n’avait toujours pas été ratifié fin 2012.<br />

Une commission parlementaire des droits humains a<br />

été mise en place au mois de mars pour examiner<br />

tous les nouveaux projets de loi et veiller à ce qu’ils<br />

comportent une déclaration de compatibilité avec les<br />

droits humains.<br />

Amnesty <strong>International</strong> - Rapport <strong>2013</strong><br />

Droits des peuples indigènes<br />

Les jeunes issus des communautés autochtones du<br />

continent et des îles du détroit de Torrès étaient<br />

toujours largement plus nombreux à avoir affaire à la<br />

justice pénale par rapport au reste de la population.<br />

Ils représentaient ainsi 59 % des mineurs incarcérés,<br />

alors que les communautés autochtones ne formaient<br />

que 2 % de la population australienne. L’Australie a<br />

maintenu sa réserve à la Convention relative aux<br />

droits de l’enfant [ONU], qui permettait aux États et<br />

aux Territoires d’incarcérer des enfants dans des<br />

prisons pour adultes.<br />

n Dans l’État du Victoria, un jeune Aborigène de<br />

16 ans a été maintenu à l’isolement jusqu’à 22 heures<br />

par jour dans une prison pour adultes, du mois d’août<br />

jusqu’au mois de novembre.<br />

n En avril, la police a ouvert le feu sur un véhicule<br />

présumé volé à bord duquel se trouvaient de jeunes<br />

Aborigènes, dans le quartier de Kings Cross, à Sydney.<br />

Deux garçons, dont l’un âgé de 14 ans, ont été touchés.<br />

Le rapport qui devait être établi sur les faits par un<br />

médiateur indépendant n’avait toujours pas été publié<br />

en décembre.<br />

En juin, un ensemble de mesures législatives visant<br />

à améliorer l’avenir des populations indigènes du<br />

Territoire du Nord ont été adoptées sans véritable<br />

consultation ou examen de la Commission<br />

parlementaire conjointe des droits humains. Elles<br />

étendaient les dispositions du programme<br />

d’intervention discriminatoire et controversé lancé en<br />

2007, notamment en matière d’aide sociale et<br />

d’application de la loi dans les communautés<br />

autochtones. Ces mesures permettaient une forte<br />

ingérence des autorités dans la vie des populations<br />

indigènes du Territoire du Nord.<br />

En septembre, le gouvernement a décidé<br />

d’ajourner le référendum sur la reconnaissance<br />

constitutionnelle des peuples autochtones australiens.<br />

Réfugiés et demandeurs d’asile<br />

Au mois d’août, une loi réintroduisant la délocalisation<br />

du traitement des demandes d’asile a été adoptée. La<br />

capacité annuelle de prise en charge humanitaire du<br />

pays a été portée à 20 000 places en octobre.<br />

Une nouvelle loi adoptée en novembre prévoyait<br />

que les demandeurs d’asile qui arrivaient sur le<br />

territoire australien par bateau pouvaient soit voir<br />

leurs dossiers examinés dans un autre pays, soit<br />

rester en Australie mais avec des droits restreints.<br />

23<br />

A

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!