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Amnestiy International 2013

Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.

Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés
dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.

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T<br />

torture [ONU] ont publié leurs observations. À l’issue<br />

de sa visite en mai, le rapporteur spécial a<br />

notamment déclaré que la torture et les autres<br />

mauvais traitements étaient fréquents et qu’ils se<br />

produisaient dans des circonstances très diverses.<br />

Le Comité contre la torture a relevé en novembre<br />

des allégations nombreuses et concordantes faisant<br />

état de l’usage régulier de la torture et des mauvais<br />

traitements sur des suspects, essentiellement dans le<br />

but de leur extorquer des « aveux ». Ces actes<br />

seraient surtout commis pendant les premières<br />

heures de l’interrogatoire, lors de la garde à vue, ainsi<br />

que dans les centres de détention provisoire gérés<br />

par le Comité de sûreté de l’État et la Brigade de lutte<br />

contre la criminalité organisée, où les personnes<br />

étaient placées dans l’attente de leur procès.<br />

Des enfants, des personnes âgées et des témoins<br />

dans des procès de droit commun ont affirmé avoir<br />

été torturés ou, plus généralement, maltraités.<br />

Plusieurs méthodes étaient citées : torture à<br />

l’électricité, brûlure à l’eau bouillante ou à la cigarette,<br />

asphyxie partielle, passages à tabac, etc. Certaines<br />

informations faisaient état de viols ou de menaces de<br />

viol sur la personne de détenus des deux sexes, ainsi<br />

que de torture psychologique. La plupart des actes de<br />

torture et autres mauvais traitements étaient commis<br />

avant même que le suspect ne soit officiellement<br />

enregistré au poste de police. Les suspects n’étaient<br />

informés de leurs droits (de voir un avocat, d’avertir<br />

leur famille ou de garder le silence) qu’au moment de<br />

l’enregistrement de leur arrestation, une formalité<br />

censée être effectuée dans les trois heures suivant<br />

l’arrivée dans les locaux de la police, mais qui, dans<br />

la pratique, était souvent différée. On a relevé des cas<br />

où le suspect a été détenu au secret pendant<br />

plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant d’être<br />

enfin enregistré.<br />

n Cherik Karamhoudoïev, le chef de la section de<br />

Khorog du Parti de la renaissance islamique (PRI,<br />

opposition), a disparu le 24 juillet, pendant les<br />

affrontements dans la ville. Sa famille n’a eu de ses<br />

nouvelles que le 8 août et il a dû attendre près de deux<br />

mois avant de rencontrer ses avocats. Il aurait été torturé<br />

dans le centre de détention du Comité de sûreté de l’État<br />

de Douchanbé. Il a été inculpé d’organisation d’un<br />

groupe criminel et de détention illégale d’armes à feu.<br />

Les détenus étaient régulièrement interrogés sans<br />

qu’un avocat soit présent. Certains n’ont pas pu voir<br />

leur conseil pendant plusieurs jours, alors que la loi<br />

garantissait le droit de tout détenu de bénéficier des<br />

services d’un avocat dès l’enregistrement de son<br />

placement en détention.<br />

Les personnes accusées d’être proches de<br />

mouvements islamiques ou de groupes islamistes<br />

interdits étaient généralement détenues dans les<br />

locaux du ministère de l’Intérieur ou du Comité de<br />

sûreté de l’État. Elles étaient particulièrement<br />

exposées au risque d’être torturées ou maltraitées, et<br />

leurs chances de pouvoir consulter un avocat étaient,<br />

dans le meilleur des cas, limitées. Leurs défenseurs<br />

ne parvenaient pas, en outre, à se faire communiquer<br />

l’ensemble des éléments figurant au dossier de leurs<br />

clients.<br />

Un certain nombre d’informations ont fait état<br />

d’enlèvements perpétrés à l’étranger par les forces de<br />

sécurité du Tadjikistan, qui auraient ramené de force<br />

plusieurs personnes. Dans plusieurs cas, les<br />

demandes d’extradition visant des personnes<br />

accusées d’appartenance à des groupes islamiques<br />

ou à des partis islamistes interdits citaient des<br />

informations peu fiables ou incomplètes. Les<br />

personnes visées affirmaient avoir été torturées à leur<br />

retour au Tadjikistan.<br />

n Savriddine Djouraïev, 27 ans, a été condamné en<br />

avril à 26 années d’emprisonnement après avoir été<br />

reconnu coupable de conspiration en vue de renverser<br />

l’ordre constitutionnel « autour de 1992 » (il avait à<br />

l’époque sept ans). Il s’était réfugié en Russie en 2006.<br />

Le Tadjikistan avait demandé son extradition en 2009.<br />

La Russie lui avait accordé l’asile temporaire en août<br />

2011. La Cour européenne des droits de l’homme avait<br />

demandé à la Russie de ne pas l’extrader tant qu’elle<br />

n’aurait pas examiné son cas mais, en octobre 2011, il<br />

avait été enlevé à Moscou par des inconnus parlant<br />

tadjik, qui l’avaient ramené de force au Tadjikistan. Il a<br />

déclaré à ses défenseurs qu’il avait été maltraité<br />

pendant sa détention à Khoudjand et qu’aucun avocat<br />

n’était présent lors de son interrogatoire.<br />

En novembre, le Comité contre la torture a<br />

instamment prié le Tadjikistan de mettre fin à la<br />

pratique consistant à enlever à l’étranger des<br />

personnes et à les ramener de force au Tadjikistan,<br />

pour ensuite les placer en détention au secret. Il a<br />

également demandé aux autorités de veiller à ce que<br />

ces personnes ne soient pas torturées ou maltraitées.<br />

Obligation de rendre des comptes<br />

Un climat général d’impunité régnait toujours dans le<br />

pays. Un inspecteur de police a certes été reconnu<br />

306 Amnesty <strong>International</strong> - Rapport <strong>2013</strong>

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