Amnestiy International 2013
Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés
dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.
Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés
dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.
P Droits des peuples indigènes Le ministère de la Culture a publié en avril les textes réglementaires de la Loi relative au droit des peuples indigènes à une consultation préalable. Cette législation suscitait des inquiétudes, notamment parce que les peuples indigènes n’ont pas été consultés de façon appropriée lors de l’élaboration du texte. Le gouvernement a annoncé en août que le nouveau dispositif serait appliqué pour la première fois dans le cadre d’une consultation des peuples indigènes achuar, quechua et kichwa qui aura lieu en 2013 au sujet d’un projet d’exploitation pétrolière à Loreto, dans le nord du pays. Impunité Les efforts entrepris pour apporter vérité, justice et réparation aux victimes de violations des droits humains commises dans le passé ne progressaient toujours qu’avec lenteur et se heurtaient à des obstacles. La réticence du ministère de la Défense à coopérer pleinement et à divulguer les informations sur les cas demeurait un motif de préoccupation. Le Congrès a adopté en mai une loi garantissant l’octroi de réparations à toutes les victimes de violences sexuelles, mais le texte n’était pas encore entré en vigueur à la fin de l’année. Ainsi, les victimes de violences sexuelles (autres que le viol) commises au cours du conflit armé se voyaient toujours refuser toute forme de réparation. Droits sexuels et reproductifs Les femmes et les filles se heurtaient à des obstacles pour exercer leurs droits sexuels et reproductifs. La contraception d’urgence n’était prescrite dans aucun centre de santé public. Les directives nationales visant à réglementer l’accès à l’avortement thérapeutique, pourtant attendues depuis longtemps, n’avaient toujours pas été élaborées par les autorités. En novembre, le Comité contre la torture [ONU] s’est dit préoccupé par le fait que l’avortement à la suite d’un viol était considéré comme une infraction pénale, et par la décision de 2009 du Tribunal constitutionnel d’interdire aux autorités de délivrer des contraceptifs d’urgence. PHILIPPINES RÉPUBLIQUE DES PHILIPPINES Chef de l’État et du gouvernement : Benigno S. Aquino III Les défenseurs des droits humains et les journalistes risquaient d’être victimes d’homicides illégaux, et plusieurs milliers de cas de graves violations des droits fondamentaux n’ont toujours pas été élucidés. Des victimes de violations des droits humains, commis notamment sous l’état de siège de 1972 à 1981, continuaient de se voir refuser l’accès à la justice, à la vérité et à des réparations. Les Philippines ont adhéré en avril au Protocole facultatif à la Convention contre la torture [ONU] mais n’avaient pas encore établi de mécanisme de contrôle du traitement des détenus, comme ce texte l’exige. L’accès aux soins de santé reproductive demeurait soumis à des restrictions. Une loi sur cette question a été adoptée en décembre. Contexte Le gouvernement et le Front de libération islamique moro (MILF) ont signé en octobre un accord-cadre qui ouvrait la voie à une résolution pacifique du conflit armé engagé depuis plusieurs années sur l’île de Mindanao, mais qui ne tenait pas compte de façon exhaustive des droits humains. Le Congrès a adopté en octobre la Loi sur la prévention de la cybercriminalité, qui réprime d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 12 années la publication sur Internet de commentaires jugés diffamatoires. Devant le tollé déclenché, la Cour suprême a suspendu l’application de ce texte dans l’attente d’un examen judiciaire. Les Philippines ont adopté en novembre la déclaration des droits humains de l’ANASE, un texte qui était toutefois bien en deçà des normes internationales. Homicides illégaux Une quinzaine de militants politiques, d’opposants aux activités minières et de membres de leur famille, ainsi que six journalistes au moins, ont été victimes d’homicides illégaux. n Des journalistes de la radio ont été abattus par des hommes armés à moto : Christopher Guarin en janvier, Rommel Palma et Aldion Layao en avril, Nestor Libaton en mai, et Julius Causo en novembre. Les quatre 240 Amnesty International - Rapport 2013
premiers travaillaient pour la radio de Mindanao, Julius Causo pour celle de Cabanatuan. En septembre, le corps du journaliste et homme politique Eddie Apostol a été retrouvé dans la province de Maguindanao. Il présentait des blessures par balle à la tête. n En septembre, des inconnus ont tiré sur Timuay Lucenio Manda, chef de la tribu subanen et militant mobilisé contre les activités minières, alors qu’il conduisait son fils de 11 ans, Jordan, à l’école. Timuay Manda a été blessé et Jordan tué. Deux suspects ont été arrêtés. n En octobre, des soldats ont ouvert le feu sur la maison de Daguil Capion, chef de la tribu b’laan militant contre les activités minières, dans la province de Davao del Sur. Sa femme, Juvy, qui était enceinte, et leurs deux enfants, Jordan (13 ans) et John (huit ans), ont été tués. Les autorités ont annoncé que 13 soldats seraient jugés par un tribunal militaire, mais on ignorait s’ils seraient également poursuivis devant la justice civile. Trois ans après le massacre de Maguindanao, au cours duquel des milices armées par l’État et dirigées par des agents du gouvernement avaient tué 57 personnes, la moitié des 197 suspects n’avaient toujours pas été arrêtés par la police. Alors que les procès des auteurs présumés suivaient leur cours, les témoins potentiels du ministère public, les autres témoins et leurs proches continuaient d’être la cible de menaces. n Alijol Ampatuan, un témoin dont l’identité avait été tenue secrète et qui était prêt à identifier des membres de l’Organisation de volontaires civils ayant participé au massacre, a été tué en février. n Toujours en février, Hernanie Decipulo, un policier considéré comme témoin du ministère public, se serait suicidé en garde à vue. n En mai, Esmail Amil Enog, qui avait témoigné devant la justice, a été retrouvé mort, découpé en morceaux à l’aide d’une tronçonneuse. n La police a indiqué en juin que trois proches de témoins dans l’affaire du massacre de Maguindanao avaient été tués depuis les faits. En octobre, le Comité des droits de l’homme [ONU] a conclu que le gouvernement devait renforcer l’efficacité du programme de protection des témoins et enquêter « de façon approfondie sur tous les cas d’homicide de témoins et d’actes présumés d’intimidation de façon à mettre fin au climat de peur qui plane sur les enquêtes et les poursuites ». Amnesty International - Rapport 2013 Torture et autres mauvais traitements Trois ans après sa promulgation, la Loi contre la torture était toujours faiblement appliquée et personne n’avait encore été déclaré coupable de ce crime. Les victimes de torture, notamment les suspects de droit commun, hésitaient à porter plainte car ils craignaient de subir des représailles et de s’engager dans une longue procédure. n L’affaire Darius Evangelista se poursuivait. Des images vidéo montrant une séance de torture subie par cet homme en 2010 et permettant d’identifier les tortionnaires existaient. Sur les sept policiers suspects, deux seulement ont été inculpés. Ils ont initialement été placés en garde à vue mais, selon la Commission philippine des droits humains, ils ont disparu en avril 2012 et étaient toujours en fuite à la fin de l’année. Disparitions forcées Des informations ont de nouveau fait état de disparitions forcées de militants, d’insurgés et de délinquants présumés. n En janvier, après l’atterrissage à l’aéroport de Manille de leur vol en provenance de Zamboanga, Najir Ahung, Rasbi Kasaran et Yusoph Mohammad ont été appréhendés, apparemment par les forces gouvernementales. On était sans nouvelles de ces trois agriculteurs depuis. Les autorités ont refusé de remettre aux avocats assurant leur défense les enregistrements du système vidéo en circuit fermé et la liste des forces de sécurité en service à l’aéroport au moment de leur disparition. Après plus de 20 années de pressions de la part de la société civile, le Congrès a adopté en octobre le projet de loi contre les disparitions forcées ou involontaires. L’entrée en vigueur de ce texte, qui érige la disparition forcée en infraction et prévoit des peines allant jusqu’à la réclusion à perpétuité, était subordonnée à la signature du président. Impunité L’impunité persistait pour les actes de torture, les disparitions forcées et les homicides illégaux, bien que le gouvernement se soit engagé à éradiquer ces crimes et à traduire leurs auteurs en justice. Les affaires relatives aux violations des droits humains commises sous l’état de siège (1972-1981) ont été classées sans suites ou demeuraient au point mort. En novembre, le président a ordonné la création d’une commission interinstitutions chargée 241 P
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Droits des peuples indigènes<br />
Le ministère de la Culture a publié en avril les textes<br />
réglementaires de la Loi relative au droit des peuples<br />
indigènes à une consultation préalable. Cette<br />
législation suscitait des inquiétudes, notamment<br />
parce que les peuples indigènes n’ont pas été<br />
consultés de façon appropriée lors de l’élaboration du<br />
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Le gouvernement a annoncé en août que le<br />
nouveau dispositif serait appliqué pour la première<br />
fois dans le cadre d’une consultation des peuples<br />
indigènes achuar, quechua et kichwa qui aura lieu en<br />
<strong>2013</strong> au sujet d’un projet d’exploitation pétrolière à<br />
Loreto, dans le nord du pays.<br />
Impunité<br />
Les efforts entrepris pour apporter vérité, justice et<br />
réparation aux victimes de violations des droits<br />
humains commises dans le passé ne progressaient<br />
toujours qu’avec lenteur et se heurtaient à des<br />
obstacles. La réticence du ministère de la Défense à<br />
coopérer pleinement et à divulguer les informations<br />
sur les cas demeurait un motif de préoccupation.<br />
Le Congrès a adopté en mai une loi garantissant<br />
l’octroi de réparations à toutes les victimes de<br />
violences sexuelles, mais le texte n’était pas encore<br />
entré en vigueur à la fin de l’année. Ainsi, les victimes<br />
de violences sexuelles (autres que le viol) commises<br />
au cours du conflit armé se voyaient toujours refuser<br />
toute forme de réparation.<br />
Droits sexuels et reproductifs<br />
Les femmes et les filles se heurtaient à des obstacles<br />
pour exercer leurs droits sexuels et reproductifs. La<br />
contraception d’urgence n’était prescrite dans aucun<br />
centre de santé public. Les directives nationales<br />
visant à réglementer l’accès à l’avortement<br />
thérapeutique, pourtant attendues depuis longtemps,<br />
n’avaient toujours pas été élaborées par les autorités.<br />
En novembre, le Comité contre la torture [ONU]<br />
s’est dit préoccupé par le fait que l’avortement à la<br />
suite d’un viol était considéré comme une infraction<br />
pénale, et par la décision de 2009 du Tribunal<br />
constitutionnel d’interdire aux autorités de délivrer<br />
des contraceptifs d’urgence.<br />
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RÉPUBLIQUE DES PHILIPPINES<br />
Chef de l’État et du gouvernement : Benigno S. Aquino III<br />
Les défenseurs des droits humains et les journalistes<br />
risquaient d’être victimes d’homicides illégaux, et<br />
plusieurs milliers de cas de graves violations des<br />
droits fondamentaux n’ont toujours pas été élucidés.<br />
Des victimes de violations des droits humains,<br />
commis notamment sous l’état de siège de 1972 à<br />
1981, continuaient de se voir refuser l’accès à la<br />
justice, à la vérité et à des réparations. Les<br />
Philippines ont adhéré en avril au Protocole<br />
facultatif à la Convention contre la torture [ONU]<br />
mais n’avaient pas encore établi de mécanisme de<br />
contrôle du traitement des détenus, comme ce texte<br />
l’exige. L’accès aux soins de santé reproductive<br />
demeurait soumis à des restrictions. Une loi sur<br />
cette question a été adoptée en décembre.<br />
Contexte<br />
Le gouvernement et le Front de libération islamique<br />
moro (MILF) ont signé en octobre un accord-cadre<br />
qui ouvrait la voie à une résolution pacifique du conflit<br />
armé engagé depuis plusieurs années sur l’île de<br />
Mindanao, mais qui ne tenait pas compte de façon<br />
exhaustive des droits humains. Le Congrès a adopté<br />
en octobre la Loi sur la prévention de la<br />
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d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 12 années la<br />
publication sur Internet de commentaires jugés<br />
diffamatoires. Devant le tollé déclenché, la Cour<br />
suprême a suspendu l’application de ce texte dans<br />
l’attente d’un examen judiciaire. Les Philippines ont<br />
adopté en novembre la déclaration des droits<br />
humains de l’ANASE, un texte qui était toutefois bien<br />
en deçà des normes internationales.<br />
Homicides illégaux<br />
Une quinzaine de militants politiques, d’opposants<br />
aux activités minières et de membres de leur famille,<br />
ainsi que six journalistes au moins, ont été victimes<br />
d’homicides illégaux.<br />
n Des journalistes de la radio ont été abattus par des<br />
hommes armés à moto : Christopher Guarin en janvier,<br />
Rommel Palma et Aldion Layao en avril, Nestor Libaton<br />
en mai, et Julius Causo en novembre. Les quatre<br />
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