Amnestiy International 2013
Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés
dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.
Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés
dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.
M droits humains dans le pays. Bien que les rassemblements du PDM aient été en grande partie pacifiques, le 8 février des policiers s’en sont pris à des manifestants à Malé, déclenchant une réaction violente à Addu, la ville la plus méridionale de l’archipel. Une Commission d’enquête nationale, créée par le président Waheed en février, a conclu au mois d’août que Mohamed Nasheed avait volontairement quitté le pouvoir, reprenant les propos tenus par le président Waheed peu après la démission de son prédécesseur. La Commission relevait l’existence d’« allégations de brutalités policières et d’actes d’intimidation » et demandait que les enquêtes avancent, que leurs conclusions soient rendues publiques et que les responsables soient amenés à rendre compte de leurs actes. Utilisation excessive de la force Tout au long de l’année, les forces de sécurité ont régulièrement pris pour cible des manifestants pacifiques, dont des membres du Parlement, des journalistes et des passants, dans les villes de Malé et d’Addu, deux bastions du PDM. Des policiers ont frappé des manifestants à coups de matraque et les ont roués de coups de pied et aspergés de gaz poivre directement dans les yeux. Aux alentours de la démission de Mohamed Nasheed, entre le 7 et le 9 février, la police s’en est violemment prise à des cadres du PDM, et a poursuivi et agressé des manifestants blessés jusque dans les hôpitaux. n Le 7 février, les forces de sécurité ont agressé le parlementaire Ahmed Esa, le frappant notamment à la tête à coups de barre de fer et de matraque. n Le 29 mai, Mana Haleem, l’épouse d’un ancien ministre du gouvernement de Mohamed Nasheed, a été arrêtée par la police alors qu’elle rentrait chez elle. Elle avait longé la rue Majeedee Magu au moment où s’y déroulait un rassemblement de l’opposition. Des policiers lui ont asséné plusieurs coups de matraque sur les bras, le dos et les hanches avant de la placer en garde à vue. Torture et autres mauvais traitements Des personnes ont été torturées au moment de leur arrestation ou alors qu’on les emmenait au poste de police. Parmi les pratiques couramment utilisées figuraient les passages à tabac, la pulvérisation de gaz poivre dans les yeux et la bouche, la privation d’eau et, dans la ville d’Addu, l’incarcération dans des cages pour chiens. Défenseurs des droits humains Des personnes qui soutenaient la tolérance religieuse ou qui faisaient campagne pour la promouvoir ont été victimes d’agressions, et la police ou les autorités judiciaires n’ont pris aucune mesure pour déférer les auteurs de ces actes à la justice. n Le 5 juin, des hommes non identifiés ont entaillé la gorge d’Ismail « Hilath » Rasheed, qui a survécu à l’agression. Il avait déjà été victime de violences en décembre 2011 pour avoir plaidé en faveur de la liberté religieuse lors d’un petit rassemblement à Malé. n Le 2 octobre, Afrasheem Ali, membre du Parlement, a été poignardé à mort devant son domicile à Malé. Cet intellectuel musulman très respecté défendait le droit d’avoir des opinions religieuses différentes au sein de l’Islam. Obligation de rendre des comptes Les graves défaillances du système judiciaire ont accentué l’impunité. Ainsi, aucune loi codifiée ne permettait de garantir la même justice pour tous, et des personnes n’ayant pas reçu de véritable formation ont été nommées juges sans que leurs qualifications dans le domaine juridique n’aient été sérieusement examinées. Tout au long de l’année, les autorités ont été accusées de parti pris politique parce qu’elles ont accéléré les poursuites engagées contre des partisans de l’opposition inculpés de comportements délictueux lors de manifestations, alors qu’elles n’ont pas poursuivi des policiers et d’autres personnes soupçonnés d’avoir commis des violations des droits humains au cours de ces mêmes rassemblements. Peine de mort Au moins deux personnes ont été condamnées à mort, mais aucune exécution n’a eu lieu. Cependant, le président de la Cour suprême et le ministre des Affaires intérieures ont fait des déclarations laissant entendre que les exécutions ne pouvaient pas être exclues aux termes de la législation. Selon des informations diffusées par les médias, le gouvernement rédigeait un projet de loi visant à garantir l’application des condamnations à mort, ce qui a soulevé des préoccupations quant à une éventuelle reprise des exécutions, après une interruption de près de soixante ans. 192 Amnesty International - Rapport 2013
MALI RÉPUBLIQUE DU MALI Chef de l’État : Amadou Toumani Touré, remplacé provisoirement par Diouncounda Traoré le 12 avril Chef du gouvernement : Mariam Kaïdama Cissé Sidibé, remplacée provisoirement par Cheick Modibo Diarra le 17 avril, à son tour remplacé par Diango Cissoko le 11 décembre Le conflit armé dans le nord du pays et le coup d’État militaire qui a suivi ont donné lieu à de très graves violations des droits humains, exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées et torture notamment, commises par les forces de sécurité. Dans le nord, des groupes armés se sont livrés à des exactions, dont des violences sexuelles, des homicides délibérés et arbitraires et des châtiments corporels. Les deux camps ont recruté des enfants soldats. Contexte En janvier, des groupes armés touaregs et islamistes ont déclenché un soulèvement qui a provoqué, en mars, un coup d’État militaire à Bamako et le renversement du président démocratiquement élu Amadou Toumani Touré. Ces événements ont débouché sur une partition de facto du pays en avril. Un chef d’État et un Premier ministre ont été désignés en avril à titre provisoire, mais les chefs de la junte dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo restaient influents politiquement. Le conflit dans le nord a entraîné des pertes civiles et militaires ainsi que le déplacement de plus de 400 000 personnes, qui ont trouvé refuge dans le sud du Mali et dans les pays voisins – Algérie, Burkina Faso, Mauritanie et Niger. À partir du mois d’avril, la totalité du nord du pays était aux mains de plusieurs groupes armés, à savoir le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et trois groupes islamistes : Ansar Eddin, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). En juillet, le gouvernement a saisi la Cour pénale internationale (CPI) de la situation de crise au Mali, au motif que les autorités nationales étaient dans l’impossibilité d’enquêter sur les crimes commis et d’engager des poursuites contre leurs auteurs Amnesty International - Rapport 2013 présumés. En juillet et en août, la CPI a envoyé une délégation qui a procédé à un examen préliminaire pour déterminer si une enquête devait être ouverte. Les résultats de cet examen n’avaient pas été rendus publics à la fin de l’année. En octobre, des dirigeants africains de la CEDEAO ont décidé de définir un plan d’intervention militaire en vue de la reconquête du nord du Mali avec le soutien des Nations unies et de plusieurs autres gouvernements, dont la France et les États-Unis. En décembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a autorisé une force sous conduite africaine à prendre « toute mesure utile » pour reprendre les zones du nord contrôlées par des groupes armés. Violations des droits humains imputables aux forces gouvernementales Dans son combat contre le MNLA, l’armée a lancé plusieurs attaques sans discernement contre des cibles civiles dans la région de Kidal. n En février, un hélicoptère de l’armée a visé le camp de Kel Essouck, près de Kidal. Au moins 12 personnes ont été blessées ; Fata Walette Ahmedu, une fillette de quatre ans atteinte par un obus, a succombé à ses blessures. Torture et autres mauvais traitements ; exécutions extrajudiciaires Des personnes soupçonnées de sympathie à l’égard de groupes armés, ou prises pour cible parce qu’elles étaient touaregs, ont été victimes de torture et d’autres mauvais traitements, voire d’exécutions extrajudiciaires, imputables aux forces de sécurité. n En janvier, des soldats ont arrêté deux Touaregs accusés de fournir de l’essence à des groupes armés à Ménaka et les ont frappés à coups de crosse de fusil. n En avril, des soldats ont arrêté trois hommes non armés – dont deux Touaregs – accusés d’espionnage pour le compte du MNLA à Sévaré. Ils les ont frappés à coups de crosse de fusil avant de les exécuter sommairement. n En septembre, 16 Maliens et Mauritaniens ont été arrêtés par des militaires à Diabaly et exécutés de manière extrajudiciaire car on les soupçonnait de soutenir des groupes armés islamistes. Ces 16 hommes, qui appartenaient à un groupe de prédicateurs musulmans, la Dawa, étaient venus de Mauritanie pour participer au rassemblement annuel de leur mouvement à Bamako. Une enquête a été 193 M
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RÉPUBLIQUE DU MALI<br />
Chef de l’État : Amadou Toumani Touré,<br />
remplacé provisoirement par Diouncounda Traoré le 12 avril<br />
Chef du gouvernement : Mariam Kaïdama Cissé Sidibé,<br />
remplacée provisoirement par Cheick Modibo Diarra le 17 avril,<br />
à son tour remplacé par Diango Cissoko le 11 décembre<br />
Le conflit armé dans le nord du pays et le coup d’État<br />
militaire qui a suivi ont donné lieu à de très graves<br />
violations des droits humains, exécutions<br />
extrajudiciaires, disparitions forcées et torture<br />
notamment, commises par les forces de sécurité.<br />
Dans le nord, des groupes armés se sont livrés à des<br />
exactions, dont des violences sexuelles, des<br />
homicides délibérés et arbitraires et des châtiments<br />
corporels. Les deux camps ont recruté des enfants<br />
soldats.<br />
Contexte<br />
En janvier, des groupes armés touaregs et islamistes<br />
ont déclenché un soulèvement qui a provoqué, en<br />
mars, un coup d’État militaire à Bamako et le<br />
renversement du président démocratiquement élu<br />
Amadou Toumani Touré. Ces événements ont<br />
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Un chef d’État et un Premier ministre ont été<br />
désignés en avril à titre provisoire, mais les chefs de<br />
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Le conflit dans le nord a entraîné des pertes civiles<br />
et militaires ainsi que le déplacement de plus de<br />
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du Mali et dans les pays voisins – Algérie, Burkina<br />
Faso, Mauritanie et Niger.<br />
À partir du mois d’avril, la totalité du nord du pays<br />
était aux mains de plusieurs groupes armés, à savoir<br />
le Mouvement national de libération de l’Azawad<br />
(MNLA) et trois groupes islamistes : Ansar Eddin, le<br />
Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de<br />
l’Ouest (MUJAO) et Al Qaïda au Maghreb islamique<br />
(AQMI).<br />
En juillet, le gouvernement a saisi la Cour pénale<br />
internationale (CPI) de la situation de crise au Mali,<br />
au motif que les autorités nationales étaient dans<br />
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Amnesty <strong>International</strong> - Rapport <strong>2013</strong><br />
présumés. En juillet et en août, la CPI a envoyé une<br />
délégation qui a procédé à un examen préliminaire<br />
pour déterminer si une enquête devait être ouverte.<br />
Les résultats de cet examen n’avaient pas été rendus<br />
publics à la fin de l’année.<br />
En octobre, des dirigeants africains de la CEDEAO<br />
ont décidé de définir un plan d’intervention militaire<br />
en vue de la reconquête du nord du Mali avec le<br />
soutien des Nations unies et de plusieurs autres<br />
gouvernements, dont la France et les États-Unis.<br />
En décembre, le Conseil de sécurité des Nations<br />
unies a autorisé une force sous conduite africaine à<br />
prendre « toute mesure utile » pour reprendre les<br />
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Violations des droits humains imputables<br />
aux forces gouvernementales<br />
Dans son combat contre le MNLA, l’armée a lancé<br />
plusieurs attaques sans discernement contre des<br />
cibles civiles dans la région de Kidal.<br />
n En février, un hélicoptère de l’armée a visé le camp<br />
de Kel Essouck, près de Kidal. Au moins 12 personnes<br />
ont été blessées ; Fata Walette Ahmedu, une fillette de<br />
quatre ans atteinte par un obus, a succombé à ses<br />
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Torture et autres mauvais traitements ;<br />
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Des personnes soupçonnées de sympathie à l’égard<br />
de groupes armés, ou prises pour cible parce qu’elles<br />
étaient touaregs, ont été victimes de torture et<br />
d’autres mauvais traitements, voire d’exécutions<br />
extrajudiciaires, imputables aux forces de sécurité.<br />
n En janvier, des soldats ont arrêté deux Touaregs<br />
accusés de fournir de l’essence à des groupes armés à<br />
Ménaka et les ont frappés à coups de crosse de fusil.<br />
n En avril, des soldats ont arrêté trois hommes non<br />
armés – dont deux Touaregs – accusés d’espionnage<br />
pour le compte du MNLA à Sévaré. Ils les ont frappés à<br />
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sommairement.<br />
n En septembre, 16 Maliens et Mauritaniens ont été<br />
arrêtés par des militaires à Diabaly et exécutés de<br />
manière extrajudiciaire car on les soupçonnait de<br />
soutenir des groupes armés islamistes. Ces<br />
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prédicateurs musulmans, la Dawa, étaient venus de<br />
Mauritanie pour participer au rassemblement annuel<br />
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